lundi 21 novembre 2016

- EXTRAIT de "Tokiozaki, la brigade de Silicium" -

DAISY

14 ans – Ancien enfant du Bloc C – Née en Incubateur –
Échappée du bloc C il y a 2 ans, 3 semaines, 2 jours et 4 battements de cœur – Les rêves d’Elliot nous permets de savoir que l’ancien enfant du Bloc C est toujours en vie – Leur télépathie onirique est constante


La nuit, quand je dors, je fais des petits points dans la ville. Cirage noir sur le mur. Une voix pixelisée. Des petits points. Rien d’extraordinaire. Des points de suspensions et cette volonté de connaitre la suite de la phrase. Trois points a l’épiderme colonie de Tokiozaki. Noirs. Carrés. 2 cm d’espace entre eux. Bords épais. Corps semi-transparents. 3 cm de largeur et cette inscription au feutre bleu et indélébile : « Welcome To Tokiozaki ». Cirage noir sur les nano-robots d’un mur froid à l’exacte réplique des outrages du temps. Façade ouest d’une chambre d’hôtel. Hôtel perdu à Tokiozaki. La nuit, quand je dors, je fais des petits points au cirage noir. Rien d’extraordinaire. L’épiderme onde liquide de ma joue transmet aussitôt une fréquence blanche avant que les nano-robots prennent la fuite devant les fréquences doublant d'une octave à l'autre, devant 3db par octave, laissant, derrière eux, une traînée noire a l’odeur de cuir mal ciré. Laissant trois petits points trônant sur le mur d’entrée de mon hôtel. La nuit, quand je dors, je vois des photographies. Images. Polaroids d’une époque que j’ai du connaitre. Un peu comme le gout du sucre. Ou la chaleur d’un corps, même biomécanique. Ce genre de sensation gravé au burin dans la chair. Coups de marteaux. Empruntes mémoriels. Je connaissais ce jeune garçon assis à coté de moi. Je connaissais cette carte postale du passé. Le mur ou nous étions perché. Les grattes ciels enracinés dans la banlieue ouest. Le vent. L’odeur ou plutôt l’absence d’odeur. Je connaissais tous cela. Comme face à une personne familière, vous vous surprenez à poser votre votre main sur la sienne. Échanger un souffle, deux, et puis rien. Le vide. Comme si je n’existais que l’espace d’un rêve. Dans ce rêve je fermais les yeux devant le baiser d’un soldat de silicium. Il s’appelait Elliot. Je crois que je l’aime. Je ne sais pas. On verra demain soir.

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