jeudi 30 septembre 2021

Texte lecture-performance Mathias Richard @ cipM (11 septembre 2021)


J’ai perdu ma joie de vivre. Je sais pas comment faire pour la récupérer, elle est partie, d’un coup, j’ai même pas fait attention tout de suite. Mais jour après jour je me suis aperçu que quelque chose avait changé, et maintenant je suis dans les ténèbres complètes, et je sais : j’ai perdu ma joie de vivre. Je ne me rendais pas compte que j’avais ça. J’avais ça, c’était un muscle, ou une lumière (une toute petite boule de lumière) ou quelque chose, qui faisait que j’avançais. Et... c’est parti. Petit à petit sans que je me rende compte, puis d’un coup, voilà. Et la déchirure est nette. Crac. Je ne la vois plus, je ne la sens plus, je ne sais pas où elle est, je ne sais pas si elle existe encore, ni si elle peut revenir, ou si une greffe est possible, à partir d’une autre joie de vivre. Non je crois qu’il faut que ce soit la mienne, ou rien. On peut pas vivre avec la joie de vivre de quelqu’un d’autre, c’est comme passer ses journées à respirer dans une bouteille d’oxygène artificiel. Petite annonce : je suis donc à la recherche de ma joie de vivre, si vous l’avez vu merci de m’appeler au 06... ou de l’attraper ou de me dire où elle est. Forte récompense !



Ah ça c’est le t-shirt de quand j’ai besoin d’aller mieux.

À la frontière de la poésie et de la frontière, à la frontière de la frontière !



Je suis rien. Je suis fort. Je suis rien. Je suis fort. Je suis fort. Je suis rien. Je suis fort. Je suis fort. Je suis fort. Je suis rien. Je suis rien. Je suis rien. Je suis fort. Je suis fort. Je suis rien. Je suis fort. Je suis fort.

Je suis heureux. Je suis tranquille. Je suis heureux. Je suis tranquille. Je souris. Je suis aimé. On m'aime. Je suis aimé. Je suis fort. Je suis tranquille. Je suis tranquille. Je suis heureux. 

Je suis simple.
Simple. Simple… Un putain de simple d’esprit.



Qu'est-ce que c'est violent, la vie. Qu'est-ce que c'est violent la vie. 
La vie est violente.
La vie est violente.
La vie est violente. Vie, violente.
Quelle violence, la vie. Quelle violence la vie.



Des fois il fait trop nuit, mais là il fait trop jour. Et j'adore cette lumière. C'est une lumière de comme quand j'étais petit. C’est une lumière qui rend heureux.

Quand la lumière s'éteint, mes yeux s'ouvrent :

J’imagine ton sexe en texte.
J’imagine ton corps en texte.

- Pilule rouge ou pilule bleue ?
- Les deux !

C'est terrible d'être de la vie qui pense. De la matière condamnée à penser. A réaliser sa propre existence en même temps que sa disparition imminente.

Cette épreuve m'a fait devenir un homme. Et elle m'a tué.

Je ne suis pas fait pour être vivant.

Le présent est soudain devenu du passé, mais un passé vraiment très très lointain.
Le présent est soudain devenu un passé mais vraiment très très lointain.

Lu sur un mur : "J'ai besoin de nous".

Mutation Conscience 481

Un appareil à penser les pensées s’est développé.

Nous sommes contrôlés industriellement. Nous sommes contrôlés intellectuellement. Nous sommes contrôlés intellectuellement industriellement.
S'adapter aujourd’hui, c'est lutter contre des dispositifs industriels et informatisés de captation de notre attention. (Ne pas être pris dans ces dispositifs, c’est plus difficile à faire qu’à dire. Constatant qu’à chaque fois qu’on parvient à devenir plus libre, à s’en échapper, on se retrouve plus seul, ce qui est plus une punition qu’une récompense).

Mais, si on est tous exclus, alors on sera tous ensemble ? 
Eh bien : non…

Quand on n'a rien d'autre que soi. On se casse le nez / sur un monde d’images.
Préfère ta vie aux séries. Préfère ta vie aux séries. Préfère ta vie aux séries. 

Personne. Je ne suis pas. Personne. Je suis une personne. Je ne suis pas personne. Personne. Je suis. Personne. Je ne suis pas. Personne. Je suis personne. Je ne suis pas personne. Je suis important. Je suis gonflé. Je gonfle, je gonfle, tellement je suis important. Je ne suis pas personne. Je suis rempli de plein de choses, je suis gros. Je suis énorme. Je suis gigantesque. Je dors.

Je ne suis pas du matin. Et je ne suis pas du soir. Je suis du tout. Du tout le temps !
Autre version. Je suis ni du matin, ni du soir. Chuis de jamais !

Respire. Respire. Respire. Respire des fleurs. Respire. 

J'en ai marre de subir la dictature des soi-disant « normaux ». La dictature des normaux.

avec ma main de pain de mouche de mutation Suzuki
putain
j’écris des Poèmes dans le Ciel
Kendall Jenner, Coco Chanel, Charogne
sur les nuages au-dessus de la Mer

à Marseille 
où les gabians m’appellent
Danse-avec-les-rats

je tire les penaltys avec la tête
ouverture définitive
ouverture définitive

comme un attaquant au foot mon mental marche au but
faut que je marque des buts, faut que je marque des buts

je fais apparaître un mot
à l’intérieur d’un autre
suis sexe fait mots

Je me suis caché dans une tête, je me suis caché dans un trou dans la tête. Je n’ai rien à voir avec ma tête mais je cherchais un endroit où me mettre et il se trouve que dans ma tête il y a des trous où personne ne fait attention, où personne ne regarde tellement tout le monde est distrait. Du coup j’ai pu me mettre dans un trou temporaire dans ma tête. Camouflé dedans.

La personne te regarde droit dans les yeux et rit mais elle parle à quelqu’un d’autre dans son téléphone.
En tout lieu, déconnecté des gens qui l’entourent, quelqu’un crie répétitivement « Allô, allô !? ».

Plus il y a de moyens de communication, plus nous sommes seuls ? On pourrait parfois le croire...

Je suis las, las comme si on avait fait des trous dans mes bras et mes jambes et que la force s’en était écoulée.

Toujours la pensée (torturante) que je devrais être quelqu’un d’autre (que moi).

Je ne sais plus ce que c'est que faire, je ne sais plus ce que c'est que dire, j'ai l'impression qu'on m'a volé mon corps.
Mon corps a été affaibli, démusclé, grossi. Rendu immobile, mou, de force.

Trop loin / pour atteindre / la poubelle !

Marcher dehors m’a fatigué les yeux, je ne suis plus habitué à voir autant de réalité.
Mes yeux mangent le monde tellement ils sont contents de voir.
C’est Carnaval dans la rue tout le monde porte des masques maison ! (De toutes tailles, couleurs, matières, motifs). Des masques de protection respiratoire, et des lunettes noires réfléchissantes. Impression d’être en pleine soirée électrogothique. 2020 : Cyberpunk a gagné.

Le drapeau flotte sur Pôle Emploi. Je répète, le drapeau flotte sur Pôle Emploi !

Ceci est un poème de M. RICHARD Mathias, né le 12/06/1974 à Paris-11 clinique rue des Bluets, et demeurant au 135 rue d’Aubagne, Marseille-06. Fait à Marseille, le 29/04/2020, à 21h20, je soussigné !

Il m’est impossible d’être la personne que je suis. Tous les jours je me demande qui je devrais être.
Je ne peux pas être la personne que je suis, tous les jours je me demande qui d’autre je devrais être.

Mais le plus grand jeu 
est de ne pas jouer.

Tous mes gestes sont reproductibles. Tous mes gestes sont jetables. Tous mes mouvements sont reproductibles. Tous mes mouvements sont jetables. 
Tous mes gestes sont applicables, apprenables, reproductibles, renouvelables.
Tous mes gestes sont jetables. Tous mes mouvements sont jetables. Ceci est un mouvement jetable. Pour un système jetable total !

Je suis poursuivi par les éboueurs. Mais lâchez-moi ! 

Je voudrais pouvoir faire partie du monde sans m’y brûler. C’est possible ?

Idée de poésie sonore. Ne dire que des suites d’adjectifs commençant par « IMM ». Exemple : « Immense ! Immonde ! Immérité ! Immodéré ! Immarcescible ! Immobile ! Imminent ! Immuable  !… » Immaculé !

J’allume Radio FG : « Envie de changing ? Claude is in the clouds. Sur le son lounge des rooftops, ils sont extrêmement big ! »

Perverbes à Transe-en-Provence. Quand on vit au pays des vacances, on n’est jamais en vacances ? (Le non-être et le non-été.) La sécurité du Auchan est assurée par une barricade de Heineken. Ouf !

J’aimerais vraiment avoir une fonction « Recherche » dans ma tête. Pour retrouver les éléments de ma propre vie. Ça me paraît presque un scandale que cela n’existe pas. 

Je m’aperçois que l’on peut passer toute une vie sans avoir sa place, dans ce monde. Pas quelques mois, pas quelques années, pas dix ans, non : du début à la fin.

Je m’envoie des messages à moi-même en croyant que je suis quelqu’un d’autre.
Ainsi, j’arrive à me faire chier moi-même (en croyant que je suis quelqu’un d’autre).


Dans les champs qui m’intéressent, je ne vois pas de relève. La relève s’est suicidée. Ou l’a été.

Il y a des portes de nulle part partout pour toi chéri !

Une espèce de pitbull, mais femelle : une ptite belle !

Prépare chaque mutant comme on prépare un explosif.

Y en a qui prennent leur inaptitude à communiquer pour un don.

J’ai la magie. La magie dans la tête. J’ai la magie. La magie dans la tête.
La vie. Veut. Vivre… La vie / veut / vivre.
I want to be a body / a nobody. / I just want to be a body / a nobody.
Nuit, partout ! Soleil, nulle part !

L’endroit où je suis né. N’existe plus.
L’endroit dont je viens. N’existe plus.

J’existe (vraiment) de justesse.

Promené la braguette ouverte mais / avec un masque !

Aucun de mes textes n’est représentatif de mon écriture.

On sait, on s’effondre.

Je dors avec une chaise sur la porte au cas où elle soit défoncée.

Je relis mes anciennes interviews pour me souvenir de qui je suis.

Actes d’auto-renforcement. Se relire soi-même pour se persuader d’être soi-même. 
Se persuader que l’on est soi-même.

Chaque seconde est une bonne nouvelle.

Des enfants qui ont des enfants, on appelle ça : des parents ! Nés d’une vague on rampe debout !
Né d’une vague, je me noie sur la terre ferme.
Dans des petits grains de numéros.
À la recherche de la rigolite !

Des 4x4 chassent du PQ.

Comment une ville aussi belle peut être aussi moche... 

Dans les villes il y a des gens partout. C’est malheureux d’être partout. On aimerait être quelque part, ou nulle part, mais on est partout. Du coup on est tout le temps dérangé. Car on est tout le temps là. Quand on est partout, on est à droite, à gauche, au milieu, en dessous, au-dessus. Quand on est partout, on est derrière chaque fenêtre, chaque tête, chaque porte, chaque mur, chaque escalier. C’est très pénible d’être partout, et très fatigant. Les gens vous marchent dessus, vous crient dessus, vous roulent dessus, s’appuient sur vous, discutent dans votre oreille, pissent dans votre bouche, quand on est partout y a toujours un truc qui cogne sur la tête, un coup de marteau, un échafaudage, un coup de batterie, un freinage, une sirène, un bébé, quand on est partout tous les sons du monde se mélangent dans sa tête, une seule tête, dans une seule tête les disputes, les trébuchages, les portes claquées, les sonos à fond, les dérapages, les accidents, les fêtes, les rires, plein de rires bourrés et de cris et de disputes et de télés à fond avec des dessins animés dans la tête, c’est ça quand on est partout, sans paupière, sans bouchon, sans armure, sans protection, à chaque seconde on est cogné, frôlé, secoué, vibré comme dans un saladier d’entraînement de cosmonautes pour milieu extraterrestre, à chaque seconde tous les sons dans tous les sens à fond ! Faut être solide, faut être costaud, faut être zen, faut être relax, faut être concentré, faut être calme, pour être partout.

Des portes qui dansent forment la charpente des routes.

À une époque, j’étais meilleur pour la joie que pour la tristesse. On dirait que ça a changé.

Quand je pars du magasin je dis au revoir à la machine.

La voie de moindre résistance, c’est de se faire écraser.

Je suis tout le temps en train de penser à tout ce que je ne fais pas.

La clim’ et le chauffage allumés en même temps.

Qui n’a jamais eu sa bouteille à pisse ?

Ne
te
décourage
pas.

Ne
te
dé-
cou-
rage
pas.

Ouvre bien les yeux, regarde, garde-les ouverts, jusqu'à ce que tout devienne net.
Il faut couper les courts d'eau, il faut briser. Il faut stopper et démarrer. 
Traverse. Traverse l'averse. Traverse de l'autre côté. Traverse jusqu'ici. Traverse dans la réalité. Traverse vers la netteté. Traverse jusqu'ici. Saute. Traverse. Saute. 


Immaculé ! Immense ! Immonde! Immuable ! Imité ! Immmmmmmmmonde !
Immmmmmense ! Immmmortel ! Immmobile ! Immaculé ! Immaculé ! Immaculé !











Photo : Jessica Luhahe

samedi 4 septembre 2021

Événement Caméras Animales au cipM (11 septembre 2021)

 

Le samedi 11 septembre 2021, à 15h, le cipM (Centre international de poésie Marseille) consacrera un après-midi aux éditions Caméras Animales  (présentation, lectures-performances, stand, pot...).

Les intervenants seront Antoine Boute, Beurk, Tyfen Guilloux, Nora Neko, Mathias Richard, et Annabelle Verhaeghe.

Plus de précisions en suivant ce lien : http://cipmarseille.fr/evenement_fiche.php?id=1414

(Entre autres choses, le nouveau livre de Mathias Richard y sera présent !).

Venez :)