Vision atomique / Désintégration des contours / Musiques drone



Dé-modélisation du réel / Injection
mutantiste interstitielle

Le
mutantisme ne renie pas les enseignements de la physique. Il en fait même un
terreau privilégié de son imaginaire. En revanche, le mutantisme appelle à
prendre conscience que ce que nous « expliquons » des phénomènes
physiques qui nous entourent n’est pas la conformation de ces derniers avec des
lois transcendantes et immuables, mais seulement la convergence de notre
compréhension (traduite en termes de modèles physiques, perfectibles et
non-holistes) de ces phénomènes avec leur manifestation à notre échelle modeste.
Cette prise de conscience réalisée, une fois établi ce rapport plus sain avec
le monde qui nous entoure, il est alors possible d’imaginer concevoir des modèles
physiques alternatifs (qui iraient du modèle déterministe hyper-localisé au
modèle stochastique à grande échelle). Le mutantisme est curieux et empirique.
Il invite à l’injection de paradigmes mutantistes dans les zones du réel
propices à l’émergence de possibles-jamais-vus. En incitant à la
réinterprétation de nos perceptions à l’aune de physiques alternatives, le
mutantisme espère favoriser l’émancipation de singularités sensorielles.
Bonus : Ré-échantillonnage
des contextes (Nyquist-Shannon rules !)
En
chantre de la multiplicité (voir ce
module dans le MM1.1), le mutantisme fait bien évidemment front contre les
tentatives de polarisation de la pensée et de réduction manichéenne des faits
et contextes, modus operandi[4]
très largement répandus dans le champ médiatique et dans celui, connexe, des
réseaux sociaux, puis, par infusion, dans l’opinion publique[5].
En effet, une intense polarisation de la pensée opère dès lors que doivent être
explicités des contextes politiques, sociaux et culturels. Ainsi, la plupart du
temps, la complexité première de ces contextes se retrouve
gommée, voire réduite à néant, certains enjeux potentiels sont d’emblée désamorcés
et l’essentiel des panels de forces en présence se voit éludé. Du fait de ces
simplifications et vulgarisations à l’aune de subjectivités inacceptables, la description du réel n’est plus conforme.
En d’autres termes, le théorème d’échantillonnage de Nyquist-Shannon, qui stipule que la représentation discrète d’un signal par des échantillons exige une fréquence d’échantillonnage au moins
supérieure au double de la fréquence maximale présente dans le signal échantillonné,
n’est plus respecté.
Le
mutantisme prône une restitution du réel conforme avec les préconisations
physiques de Nyquist-Shannon. Nos cerveaux n’ont pas à rougir des bande-passantes
énormes qu’offrent désormais les réseaux numériques de communication. Le
mutantisme revendique une utilisation à leurs justes capacités de nos
ressources cérébrales, une prise en compte exhaustive des multiples variables
(faits, acteurs, opinions, etc.) qui constituent un contexte devant être
analysé.
[1] On citera, à titre d’exemple, 2 projets ayant affiché leur volonté
délibérée de permettre à l’auditeur d’accéder à des états de conscience
altérés : Time Machines (qui ne sont autres que Coil) avec leur album
éponyme et Giles Corey avec Deconstructionist
.
[2] On n’inclura pas dans ce lot dit de « musiques
traditionnelles », les musiques tribales et autres pratiques musicales
dérivées utilisant la rythmique pour une accession à la transe
(électro-minimale, motorik, etc.).
[3]
Par « existant », on
entend notre croyance fermement entée comme quoi il n’existe qu’une seule
physique à même de décrire les phénomènes naturels, une physique qui fait
office d’indiscutable vérité, voire de transcendance malsaine. Pour peu que
l’on s’intéresse aux récentes évolutions de la physique fondamentale, il est
possible de constater que la compréhension humaine de certains phénomènes
physiques (à des micro- ou macro-échelles) nécessite désormais de s’aventurer
au-delà des marges des modèles classiques. Aussi, de nouvelles théories et de
nouveaux modèles s’échafaudent dans ces nouvelles directions. Des modèles
souvent en concurrence pour décrire le même phénomène. Des modèles qui, à
rebours, peuvent être en mesure de décrire correctement
notre réalité courante, et donc de compléter, voire de se substituer, aux
modèles de physique classique.
[4] Cf. le prêt-à-penser médiatique déjà dénoncé en exergue de ce module.
[5] Encore que ce concept doit être
manipulé avec précaution, car, paradoxalement, son thermomètre, bien souvent
déréglé, n’est autre que les médias.