En associant de manière très fine les facteurs de répétition, de matériel acoustique et de volume sonore ce disque permet d’aller jusqu’au bout de l’expérience des sensations binaires. Approcher le saint des saints de l’univers matériel illusoire. La transe provoquée par l’accumulation implacable de riffs et des roulements de tambours ne laissant de place qu’à l'étouffement devrait finir par vous fendre le crâne et mettre votre cerveau à l’air libre dans une pluie de sang. La pratique de la plus haute magie ne consiste pas à se déguiser en Harry Potter et transformer des PS3 en PS4. Le vrai mage, à force d’ascèse, d’expérimentation narcotiques et de répétition de mantra, cherche à régresser dans la perception de l’univers analytique jusqu’à revenir à l’âge mental d’un nourrisson et rouvrir ainsi sa fontanelle, ce petit trou au sommet du crâne des nourrissons qui ne se résorbe qu’au bout de quelques semaines de vie. Le magicien passe sa main sur son crâne en souriant comme un handicapé mental sous traitement anxiolytique. A ce moment là : le troisième oeil voit la lumière. Sachez que votre cerveau ne voit jamais la lumière. L’épaisseur de la boîte crânienne l’en empêche. Tout ce que vous voyez passe par les globes orbitaux. C’est le principe de la caverne de Platon. Le crâne gerbant des cadavres sur la pochette de Season in the abyss est une bonne illustration de la finalité du travail magique. Faire fit de toutes ses préconceptions, faire feu de tout préjugé non expérimenté, vomir la multitude de ses personnalités conformistes, régurgiter l’ensemble jusqu’à ce qu’il n’y ai plus rien à cracher qu’une pépite aux allures de pomme de pin miniature. La petite perle lumineuse qui vous guide dans l’ombre et que l’on confond si souvent avec l’ego. Le monde est un jeu de lumière et la conscience est pilotée par un singe schizophrène. Dans ces conditions, l’ouverture du troisième oeil est vécue comme une extase (= une sortie du corps). Il est possible qu’un album de metal tel que celui ci, qui vous ballade au pas de charge dans les recoins les plus sombres de ce parc à thèmes pour psychopathes que l’on appelle le monde civilisé soit la méthode la plus radicale de transmutation qu’ai trouvé l’humanité à l’ère de l'Électricité.
Affichage des articles dont le libellé est sensations électives. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est sensations électives. Afficher tous les articles
vendredi 13 juin 2014
vendredi 25 avril 2014
Slayer 2/3 (Reign in blood)
A la naissance nos poumons sont refermés sur eux mêmes. La première inspiration ne réclame aucun effort. Dans le yoga on apprend les notions de prana et apana. Le mouvement d’inspiration est naturel, celui d’expiration nécessite un effort, et conformément à la tradition numérologique, le souffle alterne chiffres pairs et impairs.
0 = une inspiration = le monde s’ouvre = non action (ou plutôt laisser faire).
1 = une expiration = le monde est mis à l’écart = dualisme de l’intelligence analytique.
On alterne jusqu’à 9 et l’on revient à 0 et ainsi de suite.
Lorsque je médite j’utilise cette technique qui me permet de garder ma concentration (le manque de concentration, la procrastination et les digressions intempestives sont des défauts contres lesquels j’essaye d’opposer la résistance la plus ferme). Si l’on trouve le point d’équilibre entre expiration et inspiration, l’on atteint le point ternaire (ne cherchez pas sur google c’est un concept personnel) et l’on ouvre une porte sur un autre monde. En assimilant inspiration et expiration en un seul mouvement, c’est l’inverse, l’on pénètre dans le monde de la non dualité. Avec Slayer, n’espérait atteindre aucun de ces deux états. Vous êtes dans la version binaire de l’univers holographique. Si la première inspiration de votre vie ne réclame aucun effort elle vous brûle les poumons. C’est le baptême du feu. Le seul que je conçoive. S’ensuit votre premier souffle. La première parole. Le premier hurlement. La première vibration humaine de l’album Reign in blood est l’archétype du cri primaire. Je l’ai vu de mes yeux le cri primaire. L’accouchement d’une femme n’est pas un moment unique car il marque la naissance ou la venue au monde. Non, au bout de neuf mois, le foetus a eu tout le temps de se faire une idée du monde extérieur - bruits, langages, impressions tactiles, jeux d’ombres et de lumières lui sont familier. Il s’attend à tout sauf à une décharge d'oxygène qui viendra lui enflammer un organe encore inconnu pour une saison dans les abysses programmée pour durer le temps d’une vie. La naissance est une forme de sacrifice. Le ventre de la femme s’ouvre. Elle se livre entièrement laissant de côté toute autre émotion que la souffrance et la fatalité du parcours de l’enfant qui cherche à rejoindre la lumière en grappillant centimètre par centimètre / Pulsation / Contraction / Pulsation / Le corps de l’enfant doit passer. Coûte que coûte. La chair de la mère comme le crâne de l’enfant seront marqués à vie par le sceau du passage de l’utérus. L’innocence n’existe pas et je n’ai qu’une confiance relative dans les personnes nées par césarienne. D’un point de vue symbolique il y a quelque chose de malsain, de presque diabolique dans ce détournement des fonctions naturelles. Avant que l’idée de sacrifice ne soit inhibée par le christianisme sous la forme d’un rituel on en peut plus ennuyeux que l’eucharistie, il était courant, dans l’antiquité, d’égorger des bêtes, des béliers, des taureaux - la symbolique variait selon le cycle temporel. A l’ère du Poisson, forcément, nous sommes revenu sur des pratiques nettement plus soft core : rompre le pain le pain et boire le calice jusqu’à la lie. Je ne sais pas ce que nous réserve l’ère du Verseau, mais dans l’antiquité, disions-nous, il existait un rituel portant le nom de taurobole dédié à honorer la déesse Cybèle. Le candidat à l’initiation - une sorte de prêtre - était enfermé dans une cage au dessus de laquelle l’on venait placer le taureau. L’animal sacrifié, perclus de coups de lances, ployant l’échine sous une pluie de lames, chacune portant le poids d’un pêché à expier et la promesse d’une vengeance à venir, l’animal se vidait de son sang sur l’homme-prêtre-nouveau-né sous la forme d’une pluie dont il ne pouvait s’extraire sans être marqué lui aussi par la perte de son innocence. Il avait vu. Il avait accompagné l’animal jusqu’à sa dernière pulsation. Homme devenu animal regardant la mort à travers les yeux du sacrifié. Animal devenu homme regardant le dernier souffle de vie s’échapper à travers les yeux de l’initié. L’animal s’en va et l’homme revient au monde sous le regard hébété de ses congénères qui redécouvraient après chaque sacrifice la révélation sans cesse renouvelée de la Mort et de la Vie.
vendredi 18 avril 2014
Slayer 1/3 (God hates us all)
Ma mère collectionne les chats. Les petits chats en bibelots. Moi je collectionne les gif animés. Je vous vois déjà hurler à la mort qu’il ne s’agit pas d’une collection, ce n’est pas physique, ce n’est pas {blablablablablablablablabla} et je vous laisse parler parce que le disque est déjà lancé et que vos paroles se perdent dans le bruit du générique d’introduction. Ma mère collectionne des chats alors qu’elle n’a jamais eu de chat : what else ? Dans ma petite collection de petites vignettes animées j’ai un dossier “Gore” lui même classé en plusieurs sous dossiers dont un porte le doux nom de “Chirurgie expérimentale du dimanche”. Je chérie l’idée que des hommes s’initient à la chirurgie dans leur garage le week-end comme d’autres s’essayent au bricolage, au jardinage, à la pâtisserie ou à la couture. Dans un film inconnu : un type se fait exploser le cerveau dans un micro onde (pas la peine de jouer au cinéphile en me donnant le titre du film je ne vous entends toujours pas). La qualité dégradé du plan, l’explosion de douleur, le feu d’artifice sanglant, le rythme qui semble s’accélérer à chaque passage, à chaque fois que l’on cherche à capter un détail et que l’image redémarre à zéro - la destruction méthodique répétée à l’infini serait une bonne approche pour formuler une allégorie de ce disque que la zone de mon cerveau dépositaire de la gestion des mes accès de nihilisme me force à écouter. C’est une façon comme une autre pour mon néo cortex de se dédouaner de l’existence de mon cerveau reptilien. Un jour il existera des programmes de réalité virtuelle où l’on pourra frôler la mort, simuler l’impact d’une balle traversant votre crâne. Ce jour là Slayer arrêtera de sortir des albums studio pour créer des programmes en 4D. Le groupe jouera dans ton salon avec un avatar de Jeff Hanneman pendant 45 minutes en tirant des balles synchronisées à une vitesse oscillant aux alentours de 250 BPM avec des guitares mitrailleuses. Une sécurité bloquera toute tentative de déconnexion. Obligation contractuelle de servir de cobaye jusqu’au bout. Les veines de ton salon IKEA/CONFORFORAMA se vident de leur sang. A 5 contre 1 dans un utérus artificiel carbokevlar acceptant chaque impact de balle comme une offrande. En plus de te voir percer de toute part / la chair repoussant vitesse réelle façon salamandre / c’est là que le chirurgien du dimanche intervient : chaque cri du chanteur s’inscrit sur ta peau avec des coups de scalpels vengeurs. Tu peux toujours crier. Je ne t’entends pas. Je suis le voisin sympa qui te torture dans son garage le dimanche après midi à l’heure du café. Je suis la victime consentante et le bourreau désolé. Quand rien ne va je deviens mon propre bouc émissaire. Pas le temps de réfléchir entre les balles. C’est comme cela que l’on croit prier DIEU et que l’on fait ami ami avec des entités démoniaques. Nous nous voyons éjecté dans ce monde de la pire des manières. Dans les larmes. Dans les cris. Dans les sangs. Le sien. Et celui de sa mère. DIEU nous hait tous et DIEU a tout mis en place pour qu’on lui le rende bien.
jeudi 3 avril 2014
Love Computer (Beck - Everybody's Gotta Learn Sometimes)
“De-stiné, nous étions tous les deux dé-stiné…” Tous les enfants des années 80 connaissent la petite ritournelle tirée des sous doués en vacances. Je rêve d’un remake américain de ce film. C’est la mode depuis un moment, les remakes, tout le monde y passe, Robocop, Predator, Superman, Total recall… Hoolywood commence a piller son propre patrimoine alors attendez vous à ce que des scénaristes en mal d’inspiration ne transforment les vieux films de Max Pécas et Claude Zidi en ca$h machine. J’imagine déjà l’affiche de “Mon curé à Malibu”, avec Steve Buscemi dans le rôle de Paul Préboist et Cameron Diaz en bikini. Sauf que j’envisage ce film non pas comme une comédie graveleuse mais en une sorte de thriller intimiste et étrange, établissant le postulat que le « Love Computer » existe bel et bien. Si l’on considère que l’âme contient l’ensemble des processus cognitifs connus et inconnus d’une personne, l’on peut définir l’amour comme la rencontre fusionnelle de deux âmes. Alors il n’est plus possible de séparer des amoureux dont l’alliance originelle pourrait remonter bien avant leur rencontre, voire bien avant leur venue au monde. La réalisation du film serait nette et sans bavure, les effets spéciaux au service de l’émotion, Michel Gondry ferait danser des couples plus ou moins jeunes pour l’éternité au son d’Everybody's gotta learn sometimes… whouwhouwhou...
vendredi 28 mars 2014
En Picardie on a pas de neige mais on a de la pluie (Taake - Nordbundet)
En Picardie on a pas de neige mais on a de la pluie. Vos amis vous font une blague. Anesthésie générale. Réveil douleur blanche. En combinaison de ski avec des moon boots aux pieds dans un ancien champ de blé stérile alors que rien ne perce à l’horizon pas un arbre, pas un poteau EDF, pas une ferme, pas un tracteur, pas un homme, que de la terre grise à perte de vue. Pas même un couple de corbeaux ni même un cimetière. Il pleut. Sur une terre. Oubliée des hommes. Le ciel est gris. Gris au pluriel. Un million de nuances de gris et il y a bien une soucoupe lumineuse qui tente de percer la brume mais vous ne savez pas s’il s’agit de l’astre solaire ou de la pleine lune qui cherche à vous envoyer des signes. Ton unidentité se morcelle à mesure que la brume patauge à la surface du cercle. Un million de nuances de gris et autant de facettes de toi qui se font face à face à face aux même faces dans un cauchemar de personnalités parallèles conjointes connexes disruptives dégradées disturbées déconnectées reconnectées rebootées oubliées refoulées carbonisées. Le pire ce ne sont pas les lumières et les ténèbres mais les interstices entre chaque face de toi moi même. Le moment de glissement entre deux fissures. La seule issue est de rejoindre les ténèbres et de se mettre à nu comme un ver et de creuser la terre pour y trouver le grand noir et pour s’y planter comme une graine et repousser sous la forme d’un arbre à l’écorce sombre sans feuille dansante dans le vent. Il n’y a pas de vent. Chaque pleine lune est l’occasion de prendre un peu plus tes aises dans le ciel. Chaque millionième de millionième de nanogramme de nutriment de la plaine est subtilisé pour ta croissance. Chaque pleine lune est l’occasion d'accélérer ta route vers l’espace. Une Puissance sacrifie la Terre pour porter le regard des corbeaux jusqu’à la vision des dernières traces de civilisation.
jeudi 20 mars 2014
Pure reborn (Lorde - Pure heroine)
Une voiture roule [à l’envers] dans la suburbia. Je n’ai entr'aperçu que cette image du vidéo clip. Une seconde. L’impact du cliché. Je roule en ligne droite l’oeil fixé sur le rétroviseur. Je n’ose imaginer quels genre de gouffres s’ouvrent dans les banlieues d’occidents. Aux USA on appelle ça des sinkholes. Toujours les yeux braqués sur le passé. Vous auriez pu percuter un gosse. Un chien au moins. De quoi briser le silence. Susciter l’émotion de la communauté. Je ne parle même pas de déclencher un mythe en écrasant son papa qui courrait sur le bitume pour passer sous la barre des trois heures le jour du prochain marathon d’une quelconque mégalopole. Dans la précipitation - toute relative : ici même les alarmes sonnent au ralenti - dans l’excitation de l’accident vous auriez fait l’amour à votre mère - dans l’herbe d’une pelouse parfaitement taillée et encore humide du coup d’arrosage automatique du matin - qui passait par là par inadvertance déguisée en byatch’ pour son cours hebdomadaire de pole dance avec les copines. Maman retrouve bébé. Bébé retrouve le ventre chaud de maman. Pure reborn. D’inceste en renaissance anesthésiée par des nappes de rayons cosmiques fréquencée inconnue. Un nouvel oedipe filmé en direct par une caméra de surveillance ferait sauter les serveurs de Youtube. Sinkhole s’ouvre sur le sol. J’écris toujours skin-hole comme un trou d’acnée sur le visage de la Terre. SKIN HOLE / TROU D’ACME / CLIMAX CLIMATISÉ. Le spectacle de l’occident s’efface en spectre je plonge dans un affaissement-effacement de terrain. C’est l’écho de ma chute qui surgit. Au ralenti affaibli / affadi / abilify / en lieu et place de vapeurs d’héros s’échappent du trou fumant des vagues d’aripiprazole. Une fine pellicule sur la surface du bitume pour qui sait encore écouter cette vibration qui nous vient des profondeurs sur les ondes longues. La route défile. Les pistes défilent. Le temps déroule. Toujours aussi lentement en attendant qu’il se passe quelque chose. Les saisons passent. Le bitume craque. La vieillesse est le seul effet spécial disponible dans cette partie du cosmos.
lundi 10 mars 2014
Fixmer / McCarthy – Between The Devil
Il est toujours difficile de ne pas se laisser influencer par une pochette d’album. Bien que cela puisse paraître totalement anachronique au jeunes gens qui (ne) liront (pas) ce texte (car j’ai la flemme de réaliser une note d’écoute en podcast plutôt qu’en version texte), il a existé une époque où l’on pouvait acheter un disque sur la seule promesse de sa pochette. Si aucune radio autre que NRJ ou NOSTALGIE ne passait dans votre patelin, si aucun journaliste de la presse papier spécialisée n’avait chroniqué le disque que la maison de disque lui avait quand même offert et si aucune de vos connaissances n’en avait entendu parler alors il faut bien considérer que dépenser plus de 100 francs pour un album sous l’influence de la seule pochette relevait de la profession de foi ou de l’hypnose. Avec cet album de Fixmer / McCarthy le problème est tout autre. C’est que le décor est directement planté comme une rangée de miradors autour du périphérique. Un Mickey-troll à tête de mort m’invite dans un Disneyland Nazi transformé en camp de concentration. J’esquisse quelques pas de danses - habillé en pyjama à rayures jaunes et rouges - avec des gardes en armes - masques Disney fantaisis et Trolltentenkopf en 3D sur les épaulettes de leur costume Hugo Boss. On rejoue Nuremberg façon free party à guichet fermé. Un logo MacDonald’s inversé a remplacé la svastika dextrogyre / Take my hand and falling down / Take my hand and falling down / Take my hand and falling down / ad lib / Take me by the hand / Dans la grande parade tout le monde les mains en l’air :
+ remue les hanches baÿbé pour la danse de l’été
+ une version géante d’Eva Braun en hologramme sur un manège de guerre tournant nous apprend le mouvement :
Un pas en avant.
Un entrechat sur le côté.
Une balle dans la tête.
Et on reprend :
Un pas en avant.
Un entrechat sur le côté.
Une balle dans la tête.
Et on reprend : boom
Et on reprend : ba da boom
Et on reprend : boom
Et on reprend : ba da boom
Et on reprend : boom
Et on reprend : ba da boom
Et on enchaîne :
Les deux bras en l’air.
Un moulinet vers Shamballa.
Un moulinet vers Ultima Thulé.
La parade des damnés de l’ère numérisée sera télévisée. Ca mérite un sourire : I THROUGH A SCREEN - YOU KNOW WHAT I MEAN - I THINK I'M SO OBSCENE
Et répète après moi :
/ On your knees we can pray all night long
/ Understand you can stay
/ Or you can go
/ I said you go
/ I said you
/ I said
/ I
+ remue les hanches baÿbé pour la danse de l’été
+ une version géante d’Eva Braun en hologramme sur un manège de guerre tournant nous apprend le mouvement :
Un pas en avant.
Un entrechat sur le côté.
Une balle dans la tête.
Et on reprend :
Un pas en avant.
Un entrechat sur le côté.
Une balle dans la tête.
Et on reprend : boom
Et on reprend : ba da boom
Et on reprend : boom
Et on reprend : ba da boom
Et on reprend : boom
Et on reprend : ba da boom
Et on enchaîne :
Les deux bras en l’air.
Un moulinet vers Shamballa.
Un moulinet vers Ultima Thulé.
La parade des damnés de l’ère numérisée sera télévisée. Ca mérite un sourire : I THROUGH A SCREEN - YOU KNOW WHAT I MEAN - I THINK I'M SO OBSCENE
Et répète après moi :
/ On your knees we can pray all night long
/ Understand you can stay
/ Or you can go
/ I said you go
/ I said you
/ I said
/ I
ECRAN NOIR DE FUMEE
ET SOUDAIN : Pause ! Dans l’agitation, courir après le train fantôme, la chaufferie du parc de la mort commence à gargouiller sérieusement et la grosse tête du centre connaît tous les noms des participants. Invité spécial, visite guidé dans les coulisses, la fabrique à sang turbine, le compresseur à son meilleur, on jette des corps dans la marmite pour alimenter le circuit : ET EN RYTHME BORDEL. Bain de sang dans le river boat : ET TOUT LE MONDE LES MAINS EN L’AIR. Bain de sang dans le grand huit : ET TOUT LE MONDE SAUTE EN L’AIR. Bain de sang avec les pirates des caraïbes : ET TOUT LE MONDE EXPLOSE EN L’AIR. Tu ne me connais pas me susurre le nazi : You don’t know me en traduction automatique. ALLEMAND ANGLAIS FRANCAIS l’histoire repasse les plats : ANOTHER NIGHT LIKE IT'S SOME RELIGION / ANOTHER DAY LIKE YOU'RE JESUS CHRIST / le château de princesse n’en finit pas de brûler car le sang doit toujours couler pour établir une nouvelle religion. Quand tout est perdu c’est que la fenêtre de tir est bonne. Je suis la victime désignée. Alarme interne. Décharge internet. Désintégration digitale. Autoportrait fractal. Dans la capsule du Space Mountain trafiquée en lanceur spatial j’attends mon tour comme les autres. Le drone de la télévision recueille mes impressions. Le public a voté : “cet homme a la tête du premier singe qui a découvert le barbecue : A LANCER : YOU’RE NOTHING : DESTROY NOTHING : mon dernier mot : j’ai perdu : mon dernier mot : j’ai perdu mon identité.
FONDU ROUGE SANG
Je passe de l’autre côté sans passer par la case décollage. Atterrissage souterrain. Décollage décochage. Dispersion network. Dividualités exacébés. Système nerveux désacouplé. Homme déparpillé à tous vents. Dans la clameur des cloches. J’ordonne un pas en avant. Tu perds ta jambe. J’ordonne un claquement de doigts. Tu joues aux osselets avec ta tête. Humanité flasque de chair. Mer de sang en bulle hoolywood chewing gum on se presse tous pour être au premier rang. Le diable souffle le souffre dans son golem autoproclamé Homme. Le béton ça bouge. Avec le plastique. Ca pulse.
ET REBOOT EN MODE SHUFFLE
mardi 4 mars 2014
Slint - Spiderland
Attendre 2014 pour découvrir un album de 1991 au gré d’une suggestion google est un plaisir de maître. On passe à table. J’enlève ma peau. Je met la nappe. Je passe à la trappe. J’avais emporté un livre avec moi. Le festin nu. Tout le monde (sauf les cadavres) s’accorde à dire que ce livre relève du génie. Je dis OK. Tout le monde prétend (toi aussi) avoir un avis sur le titre. Je dis NON. Cela doit bien faire 10 ans que je cherche le sens de ce titre. Je n’ai jamais voulu chercher une définition sur Google (je fais semblant d’avoir un avis en société) et pourtant à chaque fois que je jette un coup d’oeil à ma bibliothèque il y a la tranche de ce livre qui me regarde. William S. Burroughs se marre avec sa voix caverneuse - wah wah wah wah - planqué entre deux pages - rire filtré pédale wah wah bloquée - le fusil en main et vise entre mes deux yeux. Son cri perçant ricoche dans mon crâne : LE FESTIN NU. Nu ? oui mais dépiauté, desossé, decharné, en douceur, en silence, en délicatesssssse. On met ma peau sur la table ? Oui mais la douce chaleur d’une drogue interlope coule dans mes veines. Chaque nerf est offert en corde de guitare à des invités aux pas feutrés. Ils ont mis ma peau sur la table mais ils ne veulent pas me faire souffrir. Ils veulent me faire pleurer mais sans goûter mes larmes. Ils ne me regardent pas tout cherchant la lueur derrière le masque. Ils n’ont pas de visage. Ce sont des souvenirs que j’avais caché bien loin sous le tapis. Piqué nexus après nexus sur ma peau la réunion d’une nouvelle configuration polymorphique de mon système nerveux forme un écrin de câbles tendus aux extrêmes. Mon coeur se glisse dans la boîte. Ils parlent à la troisième personne du pluriel. Ils partent sans laisser le moindre indice de leur passage. Je reste seul avec ma faim.
dimanche 2 mars 2014
UFOMAMMUT - ORO - Opus Primum
Une musique pour créer dans un tremblement de fond. Tu te réveilles un matin et tu te dis qu’il te faut de quoi écrire. De quoi repartir de zéro. La veille tu as jeté tout par la fenêtre du onzième étage. Ce qu’il te faut. Le strict nécessaire. Un stylo. Un bloc note. Un litre de café noir pétrole. Dans la furie de la veille tu as complètement zappé l’attaque du Centre Carrefour. Le type qui a eu l’idée d’appeler le CENTRE le CARREFOUR a tout simplement été touché par la grâce. Avant de continuer sa vie d’esclave de la drogue et du fric. Le centre carrefour avait subit un tremblement de fond. Il ne s’agit pas d’un tremblement de terre mais d’un retournement tectonique des fondations. Dans Dagon (H.P. Lovecraft) le narrateur t’explique avant de mourir suicidé par le monstre marin qu’il a rencontré un monolithe aux hiéroglyphes inquiétant sorti des profondeurs des mers et des âges. Il est devenu fou. C’est le genre de révélation qui t’arriveras lorsque tu te rendras devant le Centre Carrefour que tu n’as pas vu exploser en confondant les puissantes arrachitectures des fondations de la réalités en vagues arachnitechtoïdes prédatrices aussi sonisuïdales que ténébreuses avec les explosions de ton mobilier en kit et de tes écrans de télévision. Le monolithe siffle. Tout pilleur qui se respecte serait effrayé par le sifflement grave provenant des décombres. Et toi tu avances sur les monticules de bétons, métaux, plastiques, chairs, surface de gravas-bruits-visuels-incantations-graphiques. Le soleil à son zénith balance un max de rayons cosmiques. Pause sur les ruines. Ville abandonnée sur le champ. Un hélicoptère au matricule inconnu dans le contre jour. Ecrire = Impossible. Ce que l’homme hurle tu ne pourrais le retranscrire. Ni en noircissant des feuilles ni en enregistrant le son qui sort du spectre de la réalité préhensible. Tu attends les mots - observe la course déclinante du soleil car tu savais qu’il y avait quelque chose à trouver dans les décombres. Tu attends car derrière l’ombre d’un gravas se dessine un autre gravas. L’ensemble de la désolation forme une nappe abstraite le résultat de l’expérience sensible et vivante de la catastrophe. La chute du soleil modifie tour à tour les ombres et propose de nouvelles configurations du chaos. Chaque ombre s’accentue et dessine des recoins des repères des interstices pour l’apparition de monstres avant coureurs de la prochaine catastrophe. Entre chien et loup le monolithe est le seul à briller sous le feu du projecteur MONOLOR. Monolithe Or fruit du coeur. Alchimie à l’échelle du système solaire. Un homme hurle dans les décombres quand les démons se coagulent en magma bouillonnant. Tu hésites à descendre en te demandant s’il y a de la vie ou de la mort là dessous. Eclairage lumière brute intensité maximum. Les affleurements de ténèbres se dissimulent au balayage du faisceau. La marée monte. La périphérie devient interzone. Une lumière sombre sort depuis les ténèbres. Lumière noire habitée par le coeur en fusion du centre de la Terre. Trou noir. L’hélicoptère passe en lumière infrarouge. Un haut parleur diffuse des instructions de sécurité aux populations. VOUS ETES MORT NE BOUGEZ PLUS. Cryptage neutrinos. L'accélération des particule détruit le signal. Tu ne comprends que des bribes souillées par le langage de la Bête tapie tout en dessous du dessous. Syllabes sibyllines : EEEEYYYYY / HHHHOOOOOOOOO / AAAAAAHHHHHaaaEEEEEEEooo / IIIIIIImmmmmllllllllllAAAAAAAA / En boucles. Allo la Lune ! La physique Newtonienne ne répond plus. Tu navigues sur la mer noire dans une barque composée d’un bloc de béton armée d’une tonne de long. C’est à ce moment que le tremblement de fond doit percuter la vibration ultraviolette de ton ADN. Simulation neutronale à son maximum. Tu comprends chaque creux des lignes de ta main. C’est toi qui te parles là dessous. Alors continue à écrire en boucle, en vague, en naufrage, en transe. Ne ralentie pas sinon tu risques de te réveiller.
Inscription à :
Articles (Atom)