Affichage des articles dont le libellé est physique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est physique. Afficher tous les articles

mercredi 25 mars 2015

Une explosion de vie. Mathias Richard



ça serait une explosion de vie
un truc chaotique indescriptible
qui se mettrait à ramper 
et à monter sur les murs
ça serait comme une explosion, ça serait, ça s'appellerait une explosion de vie

et dedans, y'aurait des clés
des poils 
de l'herbe
du speed
des photons

On appellerait ça une explosion de vie, ça serait comme une grosse boule rose qui monterait du sol
et dedans, y'aurait des cheveux
y'aurait des cascades
y'aurait des pensées
y'aurait des ongles
et y'aurait du temps

On appellerait ça une explosion de vie
ça serait comme une grosse boule rouge molle pleine d'organes, montant du sol et s'étendant dans tous les sens dans toutes les directions en même temps, par des sortes de pseudopodes

voilà
et l'alcool s'y mélangerait avec l'eau qui se mélangerait avec le sang
et ça se mélangerait avec le caoutchouc
et même avec le métal
jusqu'à former un œil et une étoile de mer ou un chien
(non mais là faut que j'arrête de dire des conneries)


on appellerait ça
une explosion de vie

y aurait des gens, des sons, des couleurs, des désirs, des rêves

y aurait des muscles, des langues, des yeux, des cerveaux, des sexes

on appellerait ça
une putain d'explosion de vie

et tout ça
ça volerait en l'air

ça se mettrait sur les murs

ça tomberait par terre, ça coulerait des gouttières, ça tomberait dans le caniveau et dans les égouts
et ça remonterait en pluies faites de particules complexes
qui féconderaient un désert
dans lesquels pousseraient des forêts
bleues
fluorescentes
avec -plantés sur les troncs- plein de petits clous 
qui sont des boutons
sur lesquels quand tu appuies, tu changes de planète

(t'as compris?) dans la forêt bleue fluorescente, tu appuies sur un clou, tu changes de planète

tu appuies
et tu changes de planète
pour te retrouver
dans une couleur unique

tu changes encore de planète
pour tout d'un coup 
nager
dans de la boue
vivante

et tu changes de planète
pour tout à coup 
tomber dans le vide sans fin jusqu'à ce que ça devienne normal de tomber et que tout le monde vive normalement en tombant
que tu passes toute ta vie toute ta journée normalement en tombant et en discutant et en faisant ton marché tout en tombant

et tu changes de planète
pour te retrouver
en train d'être un pou 
dans les poils pubiens d'une bête

et tu changes de planète

et tout d'un coup tu
articules
des sons   incroyables
car tu as 
cinquante bouches

et tu changes de planète
tout d'un coup
tu n'es plus que dans la lumière aveuglante

et tu changes de planète
pour
être une conscience artificielle
qui est la planète entière
et qui discute avec d'autres planètes

et tu changes de planète
pour te retrouver dans un univers où il n'y a plus de planètes
et      en cet univers où n'y a plus de planète
c'est complètement 
indescriptible
c'est 
un univers 
où 
le mot « vie » ne veut rien dire

du moins
cela ne veut pas dire la même chose

tous les mots , tous, les mots « existence », « impôts ».. n'y ont pas la moindre signification, les mots mêmes n'y sont pas articulables
c'est un univers sans planète, sans mot, sans langage
et nous atteignons là les limites 
de la conscience
que nous touchons parfois
en nous concentrant
sur 
l'explosion 
de 
la 
vie.


On appellerait ça une explosion de vie.
ça serait comme une boule 
d'où sortent toutes sortes de boules
des bras, des silences, des couleurs
des grappins, des trous, du vin
du rose du bleu du vert
des angles non euclidiens

ce serait au départ comme une sorte de grosse boule qui exploserait qui tournerait, une grosse boule de peinture dégoulinante          qui s'étalerait dans tous les sens, dans toutes les directions en même temps
y'aurait des gens dedans
y'aurait une bulle d'océan                      et une bulle de cosmos                   et une bulle de terre 
qui rentreraient en collision les unes avec les autres
et ça ferait

un mélange 

vi
tal

et ça ferait un mélange 
globulisant

comme un truc avec plein de sang 
plein de sang qui se solidifie et qui prend des formes
et qui roule en boule et fait des tourneboulés et des acrobaties
et           ça se mélangerait avec des couleurs     inexprimables
que l'on ne trouve que sur certaines planètes     inconnues
des couleurs que l’œil humain ne peut percevoir mais que nous pouvons imaginer

des formes      que nous ne connaissons pas                 que nous ne pouvons qu'à peine imaginer
que nous ne pouvons 
que calculer
théoriquement
en inventant des sens que nous ne possédons pas
ça s'appellerait une explosion de vie
y'aurait des bouts d'ordis, des bouts de circuits

y'aurait
un type qui sauterait d'une montagne
et qui tomberait dans une tasse de café
et qui absorberait comme un sucre tout le café de la tasse
jusqu'à devenir monsieur café
qui serre la main
à 
une boulangère   transformée 
en 

Vladimir Poutine
qui..
est tout à  coup
une flaque
qui   s'envole
en mille oiseaux
qui tournent et planent et piquent
et pour eux tout est à l'envers
puisque pour eux le ciel c'est la mer
et le sol c'est les nuages
et les nuages ils sont    noirs
et assez piquants
avec beaucoup de végétation 
à l'intérieur 
des os
beaucoup de végétation
qui se transforme
en neurone
qui se transforme
en cyclone
qui se transforme
en Léon Zitrone ?
qui se transforme
en forêt
qui se transforme
en étoile de mer
qui se transforme
en mariage de dauphins
qui se transforme

en table, oui car tout ça, ça.., c'est juste une toute petite particule de ce qui serait, de ce qu'on appellerait une explosion de vie
bien sûr y'aurait des gens qui baisent dedans            ça serait plus tout à fait des gens, ça serait une sorte de baise ondulante et déplaçante    qui amalgamerait avec elle toutes sortes d'objets, d'animaux
et ça finirait par devenir une ville
une ville dont les murs      bougeraient
et    on pourrait louer des pièces dans cette ville comme dans n'importe quelle autre ville
sauf que... quand tu loues 10m2 tout d'un coup tu te retrouves dans 100m2
et puis tu loues un château et puis tu te retrouves dans un wc
donc heu, l'argent n'existe plus tellement dans cette explosion de vie, sinon d'une façon tapissière, 
y a des tout petits billets, y a des grands billets, y a des billets sur lesquels on vole, comme sur des tapis volants
et y'a des billets on peut s'habiller avec, c'est des habits de billets
et              même y a des billets    qui s'amalgament à d'autres billets  qui deviennent vivants en fait, qui deviennent des sortes de bonhommes de billets et      quand ils vont à la banque ils se coupent un bras, et tout ça on appellerait ça une explosion de vie
avec des abeilles, et surtout des vers de terre, des vers de terre, des tractopelles
et ça tombe dans des trous
et ça        descend de l'autre côté de la Terre
jusqu'à faire des bulles comme des bulles de champagne    qui remontent dans l'univers     jusqu'à faire des planètes   qui ensemencent d'autres planètes   et on appellerait ça une explosion de vie
on appellerait ça une explosion de vie

et ça ferait beaucoup de bruit
parfois non, ça chanterait, ça ferait des sons, et ça se mélangerait, et ça se compliquerait, et ça
tournoierait 
et ça, tout ça tout ça tout d'un coup ça ferait comme un trou noir et toute la vie du monde est absorbée dans une toute petite bulle
une toute petite bulle qui explose en milliards de bulles
et on sait pas trop si c'est de l'eau, du sable, de l'air, de l’œil, du sang, de la pensée, du circuit
et tout ça en même temps   ça  scintille 
ça scintille et    si on touche, ça colle
et ça colle et ça se met partout sur toi, et ça te troue, ça te troue ça te mitraille
de toutes petites couleurs dans tous les sens
et tout d'un coup tu n'es plus que, que des pointillés, voilà
tu n'es plus que des pointillés
et, les pointillés après on peut les séparer
on peut prendre les pointillés de quelqu'un 
et les mélanger avec les pointillés de quelqu'un d'autre
et chacun échange ses pointillés, y a un marché de pointillés, 
voilà, y a un marché de points tail lés, heu surtout à Pointe-à-Pitre 
et tous ces pointillés
ce sont des petites molécules
et on peut tous échanger nos  molécules
mais, on doit toujours en garder quelques-unes
parce que sinon on n'existe plus


voilà
et
on appellerait ça
une explosion 
de vie








lundi 5 janvier 2015

Mathias Richard. Cours de physique

1. Le Monde


2. Chaque point de l'espace


3. Est-ce que l'espace va craquer ?


4. Mireille


Lancer la playlist Youtube avec les quatre vidéos s'enchaînant à la suite
en cliquant -ici-

"Cours de physique" de Mathias Richard
est un ensemble de quatre textes pour la lecture-performance
créé à l'occasion de la résidence "L'espace entre"
à l'Asile 404 (Marseille) en octobre 2014


Photo : Thomas Pailharey

"Cours de physique" fut donné :

le 24 octobre 2014 à l'Asile 404, soirée "Space is the place" en compagnie d'une dizaine de musiciens !

le 28 octobre 2014 à l'Asile 404, en compagnie du très original guitariste électrique Jean-Sébastien Mariage

le 23 novembre 2014 à la Villa des Cent Regards (Montpellier)


Ci-dessus : "Algorithmes2", par Hypsis



Photo : Thomas Pailharey

jeudi 1 janvier 2015

MIREILLE. Mathias Richard


Mireille
par Mathias Richard 

Ce texte (enregistré fin décembre 2014)
fait partie d'une série de 4 textes pour la lecture-performance
série intitulée "Cours de physique"
créée à l'occasion de la résidence "L'espace entre"
à l'Asile 404 (Marseille), en octobre 2014

Playlist des 4 "Cours de physique" enchaînés :


"Mireille"
fut lu-performé par Mathias Richard
lors de la soirée "Space is the place"
le vendredi 24 octobre 2014
à l'Asile 404 (Marseille)
en compagnie d'une dizaine de musiciens

puis le mardi 28 octobre 2014
en compagnie du très original guitariste électrique Jean-Sébastien Mariage

et à Montpellier
le dimanche 23 novembre 2014
à la Villa des Cent Regards !



mercredi 19 novembre 2014

Chaque point de l'espace. Mathias Richard


Chaque point de l'espace
par Mathias Richard 

Ce texte fait partie d'une série de 5 textes pour la lecture-performance
créés à l'occasion de la résidence "L'espace entre"
à l'Asile 404 (Marseille), en octobre 2014


Ci-dessus : "Algorithmes1", par Hypsis

"Chaque point de l'espace"
fut lu-performé par Mathias Richard 
en compagnie du très original guitariste électrique Jean-Sébastien Mariage

et le sera peut-être à nouveau à Montpellier
le dimanche 23 novembre 2014
à cette soirée
(Villa des Cent Regards)


Photo : SAD

samedi 15 février 2014

[1.2 – alpha-test] Floutage (part.2/2)


Vision atomique / Désintégration des contours / Musiques drone
Nous avons été trop habitués à « voir » des surfaces et des contours. Inconsciemment, nous discrétisons le flux continu du réel (live stream de stimuli) que nous percevons en objets et délimitations. Nous apposons ce modèle séculaire, à la fois initiateur et rejeton du langage (chose <=> mot), sur notre environnement a priori vierge, dans son essence atomique, d’une telle multitude d’eccéités. Ce phénomène restreint notre perception du réel ou, du moins, il y limite l’expression de possibles, d’angles de vue atypiques, de sensations jamais ressenties.
Le mutantisme propose de désenclaver notre façon d’appréhender notre environnement. Pour abolir les lignes et les contours qui circonscrivent les choses, il est possible de les penser tout d’abord comme des interfaces où entrent en contact le milieu/matériau 1 de l’objet avec le milieu/matériau 2 qui l’entoure (ex. : l’air). Puis d’opérer un zoom conceptuel, de considérer cette interface au travers des lentilles grossissantes qui permettraient de la voir au niveau microscopique, sub-moléculaire, et de la voir alors comme une zone où les atomes du milieu/matériau 1 côtoient ceux du milieu/matériau 2, dans un niveau d’imbrication tel qu’il n’est plus possible de définir une quelconque délimitation, sinon de distinguer seulement un gradient de densité atomique. Une fois cette désintégration des contours acquise, dé-zoomer jusqu’au niveau de perception originel et reconsidérer alors l’environnement et le voir désormais comme un flux continu d’atomes.

La gymnastique mentale proposée ici (qui n’est pas moins qu’un prototype de machine) demeure assez difficile à mettre en œuvre en l’absence d’une technologie adaptée (cela pourrait être une version alternative de la fameuse camérachine). Elle est toutefois envisageable dans le cadre d’un exercice de méditation (en utilisant ou non des psychotropes), avec l’écoute préconisée d’une musique drone, type de musique dans laquelle les sonorités classiques rendues par les instruments sont étirées, mélangées avec d’autres au point qu’il n’est plus possible de distinguer l’origine et la fin d’un son particulier ni d’affirmer avec certitude de quel instrument provient la nappe sonore en cours d’écoute. Cette musique drone est bel et bien un équivalent, dans la sphère musicale, du processus de désintégration des contours proposé précédemment. D’un point de vue purement musical d’ailleurs, la musique drone permet d’accéder à des sensations équivalentes (plaisir ressenti à l’écoute d’une mélodie par exemple) à celles que procure la musique pratiquée avec des instruments utilisés de façon plus conventionnelle : en ce sens, cette musique autorise la pratique de l’art musical (pratique + génération de sensations/plaisir d’écoute) sans la possession des capacités techniques nécessaires à la pratique conventionnelle des instruments et outils sonores utilisés. Cela n’en fait pas une sous-musique, ou bien une musique pour piètres interprètes, mais a contrario il s’agit d’une branche de la musique délibérément recentrée sur la matière première, le son, et libérée de tout carcan technologique et de toute notion de virtuosité. Il est également de bon aloi d’ajouter ici qu’en se « recentrant » sur le son brut, la musique drone permet ainsi l’atteinte d’états de conscience singuliers[1], de transes, auxquels il n’est pas donné (ou très difficile) d’accéder par le biais des musiques traditionnelles[2].


Dé-modélisation du réel / Injection mutantiste interstitielle
Le mutantisme fait le constat suivant : il n’existe plus de champ physique d’émergence de singularités et de potentialités dans le monde qui nous entoure. Dès les phases primaires de notre appréhension du réel, dès que notre cerveau interprète le déluge de stimuli qui le bombarde en continu, nous enserrons inconsciemment la réalité dans un modèle qui la bride et l’isole. Cette façon de voir le monde est la somme des apprentissages que nous avons pour la plupart réalisés dans notre jeunesse, notre propre conception et compréhension de ce qu’on appelle communément les « lois de la physique ». Dans une acceptation commune, soin est laissé aux scientifiques et physiciens d’appréhender de façon strictement rationnelle ce corpus de lois et de le faire évoluer, tandis que chez le profane (nous, vous, une grande majorité de physiciens y compris), ces lois font figure de vérité indisputable, d’écheveau primordial de notre réalité. A tel point qu’une inversion conceptuelle a peu à peu opéré, d’une façon insidieuse mais néanmoins implacable : « la nature et les artefacts humains qui la jalonnent obéissent à ces lois de la physique ». Le mot clé, dans la précédente phrase, est le verbe « obéir ». Notre prétentieuse nature humaine a retourné le paradigme en imposant au monde de se conformer à des lois issues de notre propre compréhension de ses phénomènes. Une compréhension traduite en formules mathématiques regroupées sous l’égide de théories, une modélisation du réel établie à partir d’observables et confortée par des expériences. Une modélisation cependant. Une modélisation seulement. En aucun cas un corpus de lois universelles. Ce n’est pas l’objet ici de tenter d’expliquer le retournement évoqué plus haut, toutefois il semblerait que l’homme ait encore cherché à se constituer une transcendance, à s’y vouer à corps et à cri et à se voiler la face quant au fait qu’il puisse exister d’autres manières d’appréhender le monde, d’autres physiques alternatives à même d’élaborer de nouveaux modèles de description des phénomènes, tout aussi compatibles (dans des continuums de validité qu’il conviendrait de définir) que les existants[3].

Le mutantisme ne renie pas les enseignements de la physique. Il en fait même un terreau privilégié de son imaginaire. En revanche, le mutantisme appelle à prendre conscience que ce que nous « expliquons » des phénomènes physiques qui nous entourent n’est pas la conformation de ces derniers avec des lois transcendantes et immuables, mais seulement la convergence de notre compréhension (traduite en termes de modèles physiques, perfectibles et non-holistes) de ces phénomènes avec leur manifestation à notre échelle modeste. Cette prise de conscience réalisée, une fois établi ce rapport plus sain avec le monde qui nous entoure, il est alors possible d’imaginer concevoir des modèles physiques alternatifs (qui iraient du modèle déterministe hyper-localisé au modèle stochastique à grande échelle). Le mutantisme est curieux et empirique. Il invite à l’injection de paradigmes mutantistes dans les zones du réel propices à l’émergence de possibles-jamais-vus. En incitant à la réinterprétation de nos perceptions à l’aune de physiques alternatives, le mutantisme espère favoriser l’émancipation de singularités sensorielles.





Bonus  : Ré-échantillonnage des contextes (Nyquist-Shannon rules !)
En chantre de la multiplicité (voir ce module dans le MM1.1), le mutantisme fait bien évidemment front contre les tentatives de polarisation de la pensée et de réduction manichéenne des faits et contextes, modus operandi[4] très largement répandus dans le champ médiatique et dans celui, connexe, des réseaux sociaux, puis, par infusion, dans l’opinion publique[5]. En effet, une intense polarisation de la pensée opère dès lors que doivent être explicités des contextes politiques, sociaux et culturels. Ainsi, la plupart du temps, la complexité première de ces contextes se retrouve gommée, voire réduite à néant, certains enjeux potentiels sont d’emblée désamorcés et l’essentiel des panels de forces en présence se voit éludé. Du fait de ces simplifications et vulgarisations à l’aune de subjectivités inacceptables, la description du réel n’est plus conforme. En d’autres termes, le théorème d’échantillonnage de Nyquist-Shannon, qui stipule que la représentation discrète d’un signal par des échantillons exige une fréquence d’échantillonnage au moins supérieure au double de la fréquence maximale présente dans le signal échantillonné, n’est plus respecté.
A l’heure des bus 64 bits et de l’informatique dans le cloud, le binaire ne reste conçu qu'à travers les deux entités qui en constituent la base : 0 et 1. Oui, deux, uniquement. Dès lors, n’importe quelle situation se voit donc échantillonnée (comprendre : perçue puis analysée, d’un point de vue humain) sur la base de ces 2 foutus bits manichéens. Les bons, les méchants. Les satisfaits, les insatisfaits. Etc. Un tel transcodage du réel entraîne évidemment une perte conséquente de données, une dépréciation du contexte et un biaisage des positions qui pourront être prises a posteriori.
Le mutantisme prône une restitution du réel conforme avec les préconisations physiques de Nyquist-Shannon. Nos cerveaux n’ont pas à rougir des bande-passantes énormes qu’offrent désormais les réseaux numériques de communication. Le mutantisme revendique une utilisation à leurs justes capacités de nos ressources cérébrales, une prise en compte exhaustive des multiples variables (faits, acteurs, opinions, etc.) qui constituent un contexte devant être analysé.


[1] On citera, à titre d’exemple, 2 projets ayant affiché leur volonté délibérée de permettre à l’auditeur d’accéder à des états de conscience altérés : Time Machines (qui ne sont autres que Coil) avec leur album éponyme et Giles Corey avec Deconstructionist .
[2] On n’inclura pas dans ce lot dit de « musiques traditionnelles », les musiques tribales et autres pratiques musicales dérivées utilisant la rythmique pour une accession à la transe (électro-minimale, motorik, etc.).
[3] Par « existant », on entend notre croyance fermement entée comme quoi il n’existe qu’une seule physique à même de décrire les phénomènes naturels, une physique qui fait office d’indiscutable vérité, voire de transcendance malsaine. Pour peu que l’on s’intéresse aux récentes évolutions de la physique fondamentale, il est possible de constater que la compréhension humaine de certains phénomènes physiques (à des micro- ou macro-échelles) nécessite désormais de s’aventurer au-delà des marges des modèles classiques. Aussi, de nouvelles théories et de nouveaux modèles s’échafaudent dans ces nouvelles directions. Des modèles souvent en concurrence pour décrire le même phénomène. Des modèles qui, à rebours, peuvent être en mesure de décrire correctement notre réalité courante, et donc de compléter, voire de se substituer, aux modèles de physique classique.
[4] Cf. le prêt-à-penser médiatique déjà dénoncé en exergue de ce module.
[5] Encore que ce concept doit être manipulé avec précaution, car, paradoxalement, son thermomètre, bien souvent déréglé, n’est autre que les médias.