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vendredi 24 octobre 2014

ULTRAVORTEX Episode 1 : De la nécessité de sauver le démon qui se cache au fond de chacun de nous (ULTRAVORTEX : Les dernières nouvelles du Vortex)




ULTRAVORTEX - Episode 1

De la nécessité de sauver le démon qui se cache au fond de chacun de nous


« Je ne m'arrêterai pas avant d'être devenue aussi célèbre que Dieu » - Madonna


Le soleil avait frappé un peu fort à l’heure de l’apéro. Charlie Runkle, l’agent des stars, n’en cru pas ses oreilles. Le prochain concert de Madonna se terminera sous une douche de sperme, prodiguée sur la chanteuse bionique par une délégation de moines de Shaolin. ll fixait l’écran en ravalant des bulles de mousse à la saveur de Mojito.

Du côté Tokyo, la Gouvernement Toshiba/TDK/Toyota avait remplacé les concours de bite par des épreuves d’éjaculation en longueur. Avec un peu de chance et des valises de dollars placées dans les bonnes mains, la discipline deviendrait Olympique avant 2030, de quoi faire irradier la culture Nipponne à travers les âges et baiser ces enculés de Chinois sur leur propre terrain.

Dans le train de quatre heures quarante-quatre ; à côté de moi, une femme secrète. Une brune en noir et blanc sur laquelle se reflète la lueur de mes rétines. Elle m'envoie une cigarette à demi-éteinte sur le plexus et me lance : « Vous êtes morte ».
Je la regarde l'air interloqué.
De son sac, elle sort un certain nombre d'objets, dont la photo d’un souvenir de jeunesse, et surtout un tee-shirt rouge aux grosses lettres blanches. Je comprends pourquoi elle me donne ces reliques, et surtout pourquoi elle se fait si insistante. Il s’agit de Pamela Ebola, la célèbre actrice et chanteuse du groupe EBOLA BLASPHEMIKA.
Près de vieux entrepôts abandonnés et d’épaves de voitures - très éloignés de la ville, j’attends. Habillée d’une sorte de blouse blanche qui ressemble à une tenue d'infirmière, Pamela semble avoir des soucis pour installer je-ne-sais-quoi. Une femme qui passait par là a décidé de l'aider. Seulement, Emma se retrouve attachée sur une table d’opération. Son rôle : regarder la télé située sur le mur et prévenir lorsque l’image sera nette.
Emma - toujours attachée - commence à voir une femme nue sur l'écran (une vidéo enregistrée). Emma n'appelle pas immédiatement. Emma est intriguée par l'image, la femme de la télé a l'air d'être prisonnière, et, Pamela (toujours dans la vidéo) écarte les cuisses de la femme, commence à lui les découper dans le sens de la longueur. Emma se met à hurler quand elle réalise enfin le piège de l’image. Plus tard, bien après que Pamela ait fini son opération, je me réveille, je suis Emma, je ne l’ai compris qu’au moment où l’écran s’éteignit. Je ressors des bouts de métal cassés, un collier avec des perles et un tas d'autres objets de mon corps, son offrande à une morte.

La base du Jeu, c’est de rester en vie le plus longtemps possible.

Walter Van Der Mäntzche, barman au VORTEX, a entendu dire que les conductrices de Mini Cooper sucent en gorge profonde et avalent sans broncher. Son patron lui demande si un concessionnaire pourrait lui confirmer l’info. Et l’autre qui continue à hurler dans le carré VIP. « DON’T TRY DON’T TRY DON’T TRY »
(un coup de laser dans les yeux pour changer d’ambiance)
— Suffit pas d’se cramer les doigts, les foies, les bras, le fin fond du cervelas… hurla ce fils de pute de Kevin Bukowsky.
(une coupe de Champagne pour calmer la transe)
— Y’a que les anges qui peuvent se cramer les ailes !
— Tu n’écris qu’à propos du sexe, du suicide et de la difficulté de vivre dans un monde qui te demande de passer huit heures par jour derrière un bureau…
(un ange passe l’entrée de la discothèque)
Le poète répond : « Va te faire enculer ».
Ce n’est pas juste une question de culture, tout le Système tend à ce qu’une information soit comprise par tous les habitants de la planète. Ce n’est pas que le cheval soit un mauvais symbole, c’est que l’on ne pouvait quand même pas obliger les choristes à sucer un cheval sur scène ? Quoiqu’un compromis reste possible... l’Organisation Acapulco Gold propose de les faire chanter dans des micro-pénis de poney. Sans une solution choc, la carrière de Lady Gaga pouvait s’arrêter nette. L’OAG pouvait reprendre le fil de ses activités courantes, les paris sur les marchés financiers et le développement de son réseau d'hôtels de massage en Extrème-Occident.

BREAKING NEWS : Une équipe de chercheurs déclare avoir retrouvé une chaussette perdue par Elvis Presley le 29 Novembre 1976 dans un hôtel de San Fransisco. La Fraternité MEMPHIS PRIMA MATERA se déclare favorable à l’étude de l’authenticité de la relique lors de son prochain Congrès Annuel.
Il leva les bras vers le ciel tel un Ted Bundy interpellé par ses démons et enchaîna :  «  Et la conscience ? Qui êtes-vous pour dire que vous êtes plus conscient qu’un trisomique, qu’un chien, qu’un arbre ou qu’une pierre ? Vous êtes plus complexe sans doute, mais conscient, laissez-moi rire : HA HA HA  ». Le Dalaï-Lama avait totalement pété les plombs en répondant aux questions du robot-présentateur de CNN.

Situation délicate : Une femme (connue (dont nous tairons le nom (bien que personne n’ait eu l’occasion de lui demander son autorisation))) chez le Docteur. Secret médical oblige (nous ne parlerons pas de …).
La femme : il y a comme un antivol coincé dans ma cicatrice.
Le Docteur INTERPOL (impatient) : comme ceux des vêtements ?
La femme : trois points sutures, trois bons de réductions chez H&M.
Le Docteur INTERPOL : et vous pensez aux soldes ?
La femme (pleure) : j’aimerais surtout pas que ça sonne, j'ai essayé de retirer la puce de ma cicatrice mais elle est coincé dans une des sutures.
Le Docteur INTERPOL (inquiet) : je dois vous avouer une chose au sujet du rituel de la couture des bouches gonflantes.
La femme (en admiration) : !
 Le Docteur INTERPOL : Voila, un garçon de ma connaissance s’approche et me coud le visage avec du fil de cuisine. Le front et les tempes. Je sais que ce qu’il vient de faire est grave. Ma secrétaire le chasse de la maison. J’essaie de retirer le fil tout doucement mais ça me fait très mal et le bas de mon visage gonfle à un tel point que j'ai du mal à parler. Je vous en dirais plus à la prochaine consultation.

Et soudain : des coups de feu. L’homme cagoulé veut prendre le bus en otage, prêt à se faire sauter la cervelle à coup de calibre 12. Les passagers descendent, tous, sauf moi. Il conduira le bus jusqu’à ce qu’il tombe en panne sèche, jusqu’à ce que le Monde oublie ses crimes, jusqu’à ce que je devienne complice de son érotisme de preneur d’otages.
Docteur INTERPOL doit prendre la fuite. Traqué par des bouchers réunis en un groupe de tueurs armés dans l’hôpital psychiatrique Nikola Tesla - un labyrinthe. Traqué comme un gibier dans son propre piège psychotronique, l’étau se resserre. Sur le toit, au dernier étage, des mecs avec des tenues blanches de mecs qui découpent la viande de mecs eux-mêmes en tenues blanches. Tous portent des lunettes noires, même les morts.
Surtout les morts.
- Détermination terrifiante et organisée.
Dans ces conditions, la défenestration devient un plaisir d’esthète. Pas le temps d’y penser qu’on lui enfile  un sac poubelle sur la tête. Une fausse ambulance l’attend en bas. Un spectateur nous raconte la scène, son coeur s'accélère et la dernière image du film se pose sur les lunettes des tueurs cherchant des témoins avec leurs regards précis et implacables. Le spectateur, lui, se fond dans les murs, se prostre dans la contemplation de son Moi profond,  s’explique explique que cette construction est vivante, dangereuse, qu'il se passe des choses qui font peur aux gens, c’est bien pour cela qu’on enferme les fous ici, personne ne croira ce qu’ils voient, pas plus eux que les médecins : d’anciens alcooliques en réinsertion habillés de blouses blanches.
« Ca n'existe pas », dit-il, dans le sens où ça n'existe pas signifie : «  La construction est vivante ». Même les significations divergent, il suffit de le dire pour que la porte se déforme comme une bouche et qu’apparaissent des bras qui l’aspirent.
ICI : Trou noir !
Nikola Tesla se réveille dans un lit, un lit qui bouge sous lui pour lui faire sentir qu’il est prisonnier. Le matelas, les draps, frissonnent. Il veut dormir, alors le lit le jette sur le sol. Il est inutile de lutter contre une prison qui ne cessera jamais de vous avaler pour mieux vous recracher.
Le Docteur vient à sa rencontre, en « ami », pour enterrer un truc sous le parquet, au pied du lit : un squelette de buffle portant encore de la chair sanglante sur les os. Sa tête est enroulée d'une étoffe noire et deux cornes d’or. Le trou ouvre la porte vers une tour, elle même menant au Puits aux Messages, un trou sans fond où s’accumulent des tas de livres et un parchemin enroulé avec de la peau. Nikola Tesla déroule le parchemin qui lui était destiné. Le message disait : « Tu vas mourir le 9 »
— Quel jour ? quel mois ? quelle année ?
— Le Rayon du Destin, vous connaissez ?
Une porte se ferme.
— Encore une de vos chimères, Docteur…
—  Et l’oeil de l’Ancêtre, vous ne pouvez plus dire que...
Une nouvelle planète violette tachetée de noir se tenait à côté de la Lune. La première du système. Une nouvelle lune apparaît au dessus du Soleil Noir (encore plus choquant). La rencontre provoque un faisceau lumineux violet avec une bande noir au milieu dans l'espace que l’on ne peut suivre qu’à une vitesse démesuré pour finir sur le Soleil qui se met à perdre ses flammes pour revenir à son état de cailloux grotesque. Du haut de la galaxie, l’explosion ne laisse aucune zone d’ombre.
—  Je crois qu’il était nécessaire de sauver le démon qui se cache au fond de chacun de nous.

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jeudi 4 septembre 2014

La Centrale - Chapitre 3 - Elliott

 
La Centrale - Chapitre 3 - Elliott
Moi. Elliott. Chauffeur du président. Attente hors de vue. Réunion genre haute sécurité comme ils disent. Comme si ce monde n’était pas déjà haute sécurité. Le genre où même les repliflics dans mon genre n’ont pas le droit d’assister. Alors je me grille une blonde. Privilège section 1.
Parking aérien. Dernier étage. Plein air. Pas autre surveillance que la mienne. Assez rare pour être noté. S’il n’y avait cette fuckin’ histoire de psychovirus tout irait comme dans le meilleur des mondes surtout de ce coté ci de la frontière. Attente sortie du président. Caresse mon arme. De là-haut : le réseau suburbain révèle la férocité de son découpage arbitraire et sécurisé. Les conditions climatiques changent. Lueur pourpre prend possession du ciel. Lumière verte - elle - annonce l’ouverture de la porte. Le voila qui arrive avec son directeur de cabinet ce gros lard de Roger-Louis. Cent kilos sur la balance.
— Direction la Capitale, et que ça saute nous sommes déjà en retard.
— On va où au juste ?
— Roger-Louis est au courant, veuillez donc aider ce pauvre à porter cette caisse et ne me dérangez plus, voulez-vous.
— Qu'il se démerde, Ro-ger-Lou-is.
— Ménagez-vous mon cher Elliott. Une longue soirée nous attend.
— Genre tournée des grands ducs ?
— D'une certaine manière vous aurez la possibilité de laissez libre court à votre programmation naturelle à la violence. Maintenant. Mettez là en veille.
Sur la route. Ciel éteint. Plus une seule lueur ici-bas. Si ce n’est le spectre phosphorescent de l’éclairage suburbain. Il persiste jour et nuit une forme d’énergie dans l’atmosphère. Je romps le silence. 
Demande si réservation OK. Si destination précise. Quel protocole ? Si toutes les checkpoints sont avisés de notre virée nocturne ?
Pas de réponse.
J’attrape le regard de Roger-Louis dans le rétroviseur. Détourne la tête pour réponse.
— Dis donc gros lard. Je rentre sur le ring dans moins de 2 minutes 40 secondes. T'as intérêt d’avoir une idée précise du trajet.
— Hum, j'y réfléchie.
— Tu m’entends bordel ? 
— Laisse couler… pour le moment.
Je stoppe la bagnole. Net. Sur bande d’arrêt d’urgence. Il n’a pas le temps de broncher que je l’ai déjà sorti de la caisse. Je le claque aussi sec devant. A la place du mort. Un papier annoté au stylo bic. C’est quoi ce bordel. Surprise. Visite quartier rouge. Remets col de chemise en place. Clin d’œil à Roger-Louis.
— Ce soir ça va être chaud.
J’ai parfois ce genre de poussée de violence avec mes clients. C’est aussi pour cela qu’ils me payent. C’est ma programmation. Je ne suis ni médecin ni majordome - configuration Conduite Agressive. Garé dans une petite ruelle. Sombre et rougeâtre. De sorte d’entrer par l’un des axes les moins animés. Aucune enseigne. Quelques clochards. Une paire de festifs déjà bien entamés. Lueur rouge diffuse. Dans les moindres recoins de cette ville dans la ville.
— Nous sommes attendus.
Première phrase prononcée par le président depuis notre départ. S’en suit un ordre. Porter cette putain de malle. Elle pèse une tonne. Vraiment. Une rue à traverser. Voila ce qui nous attend. Pas plus. Seule chose à l’esprit : danger permanent. A peine traversé la route que l’un des marginaux se rue sur le président. Je lâche la malle. Le bras levé du clochard s’arrête net quand je lui explose la tronche avec la crosse de mon flingue. Ce con me fait trébucher. Flingue reste plantée dans la bouche. Ressors l’engin. Des dents. De la bave odeur d’alcools. Du sang. Ombre blafarde passe au loin. Autre clochard fixé. Remets un dernier coup. Pour l'exemple. Dans la purée qui servait de figure à ce pauvre type.
— Ce n’est pas le moment de vous adonner à vos loisirs, me rappelle le président, nous avons une mission à remplir.
Reprendre mallette en main. Porche du numéro 2012. Long corridor. Toujours éclairé par la radiation rougeâtre émanant du sol. Type assit sur une chaise. Scan corporel en cours. Seul ? Le président me fait un signe de la main. Invitation à poser la mallette. Le type me fait non-non de la tête. Désigne ma veste. C’est le flingue qu’il veut voir à terre. Le président me fait oui-oui. Ne suis alors plus qu’un porteur. Cela en dit long sur l’espèce d’interlocuteur qui nous attend derrière les murs de cette friche. M’exécute avant que le gardien ne prenne la parole.
— Bienvenue par ici. C’est un tableau, tu crois que c'est un tableau, mais tu veux faire quelques retouches sur ton œuvre et là tu t'aperçois que le tableau est vide, rien ne tient… les mecs ? vous ne comprenez pas ? Ca ne m'étonne pas.
Je laisse le gardien divaguer. Se lève. N’avais pas vu son visage. Ne le vois toujours pas. Est masqué. Se remet les couilles en place. Se levant avant de nous interpeller à nouveau.
— Est ce que l'on peut me considérer comme vide ? Prenez-moi et lancez-moi dans une cage sombre et fétide, au fond d'un puit sans fin, aux entrailles de la terre…et voyons ce quel genre de monstre en sortirait.
Observe mes acolytes. Ne crois pas qu’ils s’attendaient à ce genre de comité d’accueil. Président prend l’initiative d’arrêter le délire du fêlé. Qu’est ce l’on peut bien foutre ici dans ce trou à rat au lieu d’écumer les bars et les bordels de ce maudit quartier ? Question qui tourne en boucle dans mon cervo.
— Des perturbations sont à prévoir, des fractales, un langage, sort de mes yeux, ce serait perturbant comme situation, si je ne connaissais pas la raison pour laquelle tout cela agit en moi.
— Nous avons rendez-vous avec un certain Yuri Kane… Nous sommes les...
— …les émissaires, précise Roger-Louis.
— Parfait. Alors portez cette malle au milieu de la route. Ouvrez là et rejoignez-moi.
Marche arrière avec la malle. Roger-Louis et le président sont pris d'un doute. Comme pétrifiés. Comprends la situation à l'ouverture de caisse pleine d’armes scalaires au milieu de ce quartier blindé de tarés en tous genres. Il ôte son masque grossier. Se retourne en haut de l’escalier. Yuri Kane. Impossible de louper son visage de chairs brûlées reproduit sur tous les supports possibles et imaginables depuis 48 heures. N'a pas perdu de temps pour se faire remarquer. Pourquoi nous ? Pourquoi nous installons-nous dans cette pièce ? Pourquoi ce monologue ? Connexions en cours.
— Je vais renaître. Je serai un ange. J'agite mes ailes profanées au milieu de vos lumières.
Il nous invite à regarder par la fenêtre. Explosion ténébreuse. Rouge comme la nuit. Rouge cauchemar.
Une vision à travers la vitre : une face. Le visage de la mort. Se forme dans la fumée d’un champignon de nature atomique. Otages de nos illusions incapables de déterminer s’il s’agit d’une véritable déflagration. D’un mirage. Ou d’une épiphanie. Impossible de bouger. Ne serait-ce qu’un seul membre. 
Zéro négociation à l’ordre du jour.
— Je resterai à vos cotés. Le fantôme du monde marchera à jamais dans vos pas. La fin c'est maintenant.
Sur ces mots - seuls que j’ai pu saisir - Yuri Kane s’éclipse. En reprenant le contrôle de ma main je cherche mon flingue réflexe au creux de mon bras. Eclair traverse cortex. Forte intuition que cette arme est inutile. Certitude d’être déjà contaminée. Prendre le choix en mode autopilote. Prendre l’une de ces armes. Dehors. Me battre comme un être humain. A coté d’autres êtres humains. Pour une cause d’êtres humains. Aussi mutants soient-ils ?
Accepter ce don ?
La lumière parcourt ma peau réclame à révéler mon essence. Mon point dans le cœur. J’accepte et chute. Les particules de mon corps se détachent dans le ballet électrique de la spirale. Elle irradie tout sur son passage sans aucune forme de distinction. Perception totale de l’univers. Autant avouer qu’il n’y a aucune chance d’échapper à cette vague.
A cet instant précis. C’est ce qui en fait toute sa beauté.
Fin provisoire de transmission des données.
La fin c’est maintenant.
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Texte complet (3 chapitres) disponible en livre numérique (fichier EPUB) en cliquant ici : YKS2_La-Centrale_Walter-Van-Der-Mantzche_2014.rar / Compatible tablettes, liseuses et pc (via logiciel Adobe Digital Editions)

vendredi 29 août 2014

La Centrale - Chapitre 2 - Mère Supérieure

 
La Centrale - Chapitre 2 - Mère Supérieure
— Messieurs ! Bonjour à tous ! Saluons nos nouveaux arrivants ! Nous voici réunis dans cette salle des célébrations en ce beau dimanche de septembre pour élire l’homme du mois.
Yuri esquisse un sourire dérivant vers un rire psalmodique au fil du diaporama - des portraits de morts défilent sur l’écran. Dans la salle, nul ne murmure, juste une harmonie de grincements de toutes sortes. Et du tissu que l’on arrache des accoudoirs. Des macchabés tout frais s’exposent en cinémascope avec leur plus beau visage, celui d’une mort captée en direct par les systèmes vidéos de la Centrale. Je surplombe ce groupe d’hommes attentifs à la moindre saute d’humeur du personnel encadrant.
— Avant d’entrer dans le détail de notre programme de divertissement mensuel, j’aimerais introduire notre réunion par une minute de silence en hommage à certains membres de notre établissement. Ces hommes qui nous ont quittés dans des circonstances tragiques durant l’été.
Chaque mois, nous sommes réunis dans ce que certains de nous appelons la Salle des Célébrations. D’autres emploient le terme de Salle des Exhibitions, ou La Salle, plus simplement, avec tous les sous entendus que cette simple formule implique. Des hommes dans le public, mais aussi des mannequins, nous ne faisons qu’une distinction de principe entre ce qui respire et ne respire pas. Ici, ce sont nous, les femmes, qui décidons de tout. Les rares hommes avec un peu de pouvoir son issus de ce lot de sacs à viande qui attendent sagement la mort ou rêvent d’un ticket de sortie entre deux tortures et humiliations. Regardez-le se pavaner, le Yuri Kane, là-haut sur son estrade, juste un mutant parmi tant d’autres. Si l’on ne les tenait pas par les couilles, ils seraient capables de former une nouvelle caste. Et pourquoi pas faire la loi ici ? Ou encore pire, dehors. Mais comme j’aime bien le rappeler à mes copines de jeu : la loi c’est moi.
— La coutume veut que l’on explique les règles du jeu pour les nouveaux arrivants. Même s’ils ne sont pas nombreux ce mois-ci. Le principe ? Des volontaires sont appelés sur l’estrade pour participer au concours de l’homme du mois. Les règles sont simples. Première règle : tous les volontaires peuvent participer, le gagnant intégrera le personnel encadrant. Seconde règle : si nous n’avons pas un minimum de trois participants, comme d'entendu, nous désignerons de gré ou de force les participants. Troisième et dernière règle : les règles du jeu seront fixées au fur et à mesure du déroulement du jeu.
Toujours avoir l’œil. En voila un qui se lève, hésite un instant, le regard torve, et se rassied. Je vais le ramoner. Trop tard mon p’tit gars. Il en faut toujours un pour l’exemple. Comme si j’allais laisser filer un détenu sans en profiter pour travailler mon jeu de matraque. Le spectacle se joue autant à l’écran que dans le public. Tu seras le premier volontaire. Je le traîne sur l’estrade. Il crache ses dents au pied des marches. Mes deux chéries auront l’honneur de désigner les autres volontaires dans la salle et l’équipe sera au complet.
Dans notre Centrale, chaque volontaire occupe une case du panoptikon. A la fois surveillé et surveillant de l’ensemble du dispositif - nous c’est lui - lui c’est moi. Chacun veille sur la mort de son voisin.
Les moteurs crépitent dans le couloir. La surprise du jour.
Le personnel encadrant. Ce sont nous, les femmes. Nous sommes immunisées contre cette altération génétique dont souffrent les volontaires. Et ici nous pouvons laisser libre court à notre imagination. La mort plutôt que la détention. Cela vaut mieux que la dégénérescence qui les attend. C’est prouvé scientifiquement et approuvé démocratiquement par le Comité de Recolonisation. Vous voyez le monde se transformer et le monde se met à vous parler ; d'après ce que disent les rares mutants à avoir survécus.
— Je lance le premier de nos jeux. Sur une idée originale de Maria, chaque volontaire va prendre place sur une moto pilotée par l'une de ces charmantes créatures.
L'écran se sépare en trois parties, chaque moto porte une caméra directement reliée au système vidéo interne. Le bourdonnement des moteurs envahit la pièce alors que les bécanes ne se trouvent encore que dans le dédale de couloirs du sous sol.
Apparition sur l'estrade : les filles jouent de l’accélérateur. Les odeurs d’essence et d’huile fumante annoncent un après midi brûlant. Les volontaires prennent place. Je sors de mon uniforme des colliers rilsan pour neutraliser les passagers les mains liées dans le dos. L'un d'eux réclame un casque. Tu rigoles ou quoi ? Chaque mois nous testons de nouveaux jeux. Aujourd'hui place aux plaisirs motorisés !
— Mademoiselle, me laisserez vous le plaisir de conduire l'une de ces motos ? Je me dois d’être au cœur de l'action. Qu'est ce que je risque au final ? 
Je fais signe à l'une de mes assistantes pour qu'elle laisse sa place à Yuri. Qu'il s'amuse lui aussi, avec un peu de chance, il finira par se planter comme un con. Pour toi, chéri, ce sera sans casque. Rassurez-vous, nous sommes un personnel agréé avec autorisation légale d'utiliser la force si nécessaire. Nous n’avons aucun tabou à la Centrale.
Etat d’urgence sans répit.
— J'ai l'intention de prendre tous les risques, ma belle.
Quels risques ? Laisse-moi rire ? Nous n'avons aucun compte à rendre ni aucune statistique à fournir sur la mortalité en ce lieu. Car au bout du compte nous atteindrons toujours notre objectif de 100%. Ici ou dehors, personne ne veut savoir ce qu'il se passe. Depuis la manifestation des symptômes le monde est bien content d'avoir trouvé nos vieilles cliniques à l'abandon et un personnel féminin autant dévoué à la cause qu’immunisé à la mutation.
— Maintenant, chers amis et chères amies, il est temps pour moi de donner le départ de ce nouveau jeu. J'en profite pour vous remercier, tous, je dois vous quitter mais je vous assure que je ferai tout mon possible pour assurer le spectacle.
A voir les trois motos s’engouffrer dans la gueule du minotaure j'ai le sentiment que quelque chose est sur le point de m’échapper. La retransmission audiovisuelle des acrobaties de mes consœurs réveille en moi un désir d'accident. Mes doigts picotent : adrénaline en intraveineuse, comme une poussée de sève à l’aube d’une équinoxe. Dans ces moments j'ai toujours l'impression de renaître.
Les trois motos se suivent. Enchaînent les virages. Yuri tient la tête de la course sur la roue arrière. D’un poil. Anna reprend la seconde position en perdant son passager encastré dans un garde corps. Quel dommage. L’objectif se fixe sur cette scène de crime où les deux motardes s'occupent de finir le candidat malchanceux en le jetant par dessus la rambarde direction l’étage du dessous. Le bruit sourd des craquements d'os et de cartilages transpercent le bruit des machines. Je ne me lasserais jamais d’observer la rigueur et l’obstination dont mes filles font preuve au travail. Tous observent la mise à mort lente et savoureuse du premier candidat.
En arrière plan, Yuri Kane se plante, secoué de spasmes, porté par son épilepsie, projeté dans tous les sens - le signal vidéo se coupe brutalement - une vague d’angoisse immerge la salle avec l’attente du retour du programme. Comme j'accours en direction de la salle de contrôle une voix résonne dans les couloirs.
— Chers amis, le jour est venu pour nous de recevoir un message. Un message en provenance des profondeurs de la réalité. Nous portons en nous une clameur, une vibration qui ne demande qu'à voir le jour. Cette lumière en nous va jaillir !
J’accepte une double dose d'adrénaline pour affronter l'électricité concentrée dans l'air. C'est tout le bâtiment qui gronde lorsque la tronche de Yuri Kane refait surface dans le cadre de l’image en format cinémascope.
— Comme vous pouvez le constater, il semblerait que notre charmant personnel de surveillance ai perdu la main. 2 à 1 pour l’équipe des volontaires ! Je compte sur votre engagement pour assurer le score.
La porte de la salle de contrôle entrouverte, il ne fait aucun mystère de ses intentions, deux gardiennes dévisagées baignent dans leur sang les yeux grand ouverts bloqués sur la frayeur d’un phénomène qu’elle n’aurait jamais du approcher. Ma main se pose sur le pod par réflexe et je défonce la porte avec détermination, pour lui sauter dessus en mode valkyrie. Avant toute chose, avant le cri guerrier, avant de me réserver le droit de lui infliger la punition la plus créative de ma carrière : lui administrer une décharge électrique non létale, le bloquer, lui faire craquer les os un par un histoire de faire durer le plaisir. Avant de passer la porte je suis paralysée par une sensation inconnue. Sûr qu’il m'a brisé la colonne - aucune douleur dans mon corps - silence radio en provenance de mon système nerveux. Yuri se débarrasse de sa puce de contrôle en croquant sa propre chair.
— Tu seras heureuse d'apprendre que j'ai de grands projets pour toi.
J'aurais du pouvoir bouger. J'aurai du pouvoir le maîtriser. Le mettre plus bas que terre. J'étais tout simplement hors de mon corps. Ou hypnotisée. Une lumière s’empare de lui. Un fluide orange iridescent suinte par tous les pores de sa peau. Il est nu. La puce sanglante vulgairement abandonnée dans le tas d’effets personnels maculés de sang. Et j’étais toujours autant incapable de me déplacer, ne serait-ce qu’un doigt pour presser l’écran tactile.
Yuri regarde le désert par un écran de contrôle. Nous recevons en direct les images d’une émeute en cours. Ici ou ailleurs. Dans cette Centrale ou une autre. Il suffisait d'une étincelle pour mettre le feu à ce magma de désirs de destruction refoulés. Tous les prisonniers ont cette lumière dans les yeux.
— J'ai toujours connu cet endroit. Toi aussi jeune femme. Ta réalité n'est qu'une projection fade et sans saveur. Une illusion sans profondeur. Là où je suis je lève le voile sur un monde empli de vibrations interdites à vos sens. L'écran a totalement disparu. Brisé. Le monde me parle de nouveau comme il a toujours su le faire. Il est temps pour notre espèce de mettre les pendules à l’heure.
Il prend congé de mon corps marinant dans le sang de mes sœurs. J'observe sa progression sur les dizaines d'écrans qui me font face comme un montage de plusieurs réalités concurrentes. Il retrouve une moto au palier numéro deux. Remonte par tous les étages souterrains pour transpercer un sas de sortie ouvert à la tempête de sable. Le désert lui ouvre les bras. Stop devant la dernière caméra de surveillance pour m'envoyer un ultime message. Je ne peux pas entendre ce qu'il dit mais ses lèvres me parlent comme s'il utilisait un langage connu de tous. Un groupe d'hommes apparaît dans l'écran de contrôle de l'escalier. Je ne retrouve l'usage de mes sensations que pour goûter une dernière fois à la douleur.
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Texte complet (3 chapitres) disponible en livre numérique (fichier EPUB) en cliquant ici : YKS2_La-Centrale_Walter-Van-Der-Mantzche_2014.rar / Compatible tablettes, liseuses et pc (via logiciel Adobe Digital Editions)


vendredi 22 août 2014

La Centrale - Chapitre 1 - Matricule #2351 (#raysday)


La Centrale - Chapitre 1 - Matricule #2351
La gardienne active ma puce sous cutanée d’un coup de scan. C’est la première et dernière attention qu’elle me portera. Ma mère, elle, jette un dernier regard sur ma main qui change de couleur. Cette lumière est idéale pour saisir les moindres détails de son visage. Une planète volcanique déserte et offerte à des chirurgiens autistes pour un cours d’expression plastique à coups de bistouri.
Sans attendre, une subalterne me prend en charge pour la visite guidée.
Je quitte le Bureau d’Enregistrement des Volontaires au Programme de Recolonisation avec la surprise de traverser un lieu bien plus calme que les rumeurs ne le laissaient entendre. Les gens se font des idées et pensent que les Centrales ont des allures d'hôpitaux psychiatriques de films d’horreur. Tout à l’air propre, une odeur de javel à la menthe vous prend la gorge indistinctement de l’endroit où vous vous situez, la couleur verte uniforme des murs ne permet pas de s’y retrouver entre les niveaux et les ailes que la subalterne me fait traverser au pas de charge. Le claquement de ses hauts talons résonne dans tous les boyaux du niveau souterrain parcouru de jeux de lumière inquiétants. Des cellules vides sans dessus dessous - un mouvement de tête mécanique pour chaque cases qui auraient une histoire à raconter si nous n’étions pas seuls dans l’embranchement de tunnels débarrassés de toute forme de signalétique.
Le regard vide de la gardienne est encore plus terrorisant que l’absence de vie en ce lieu.
Impossible de descendre plus bas. Nous devons nous trouver au niveau inférieur. Chaque cellule possède son détenu, lui même posté devant un un écran de télévision branché sur le circuit de contrôle. Il m’arrive d’apercevoir l’ombre de mon image traversant l’allée comme à contre courant.
Aucun d’entre eux ne semble respirer.
En ralentissant à l’approche d’un énième carrefour, les prisonniers aux costumes oranges révèlent leur vraie nature. Des mannequins, de tous types, occupent les cellules, toutes les cellules, de toute la diversité humaine, certains neufs, musclés, obèses, d’autres à l’histoire trouble, martyrisés, amputés.
Ils se tiennent droit, gardiens d’une certaine idée de la dignité.
A voir l’autorité dont fait preuve ma gardienne dans ces gestes et sa démarche exemplaires, je me dis que cela doit figurer le comportement que l’on attend de nous.
La Centrale est une zone grise entre prison et hôpital, entre la zone verte et la zone tout court. Une lumière naturelle surgit du plafond pour éclairer un assortiment de fleurs en plastique, ma gardienne me confie que ce sont des reproductions de plantes sauvages apparues récemment dans le coin, et que personne ici n’a le temps de penser au suicide, tout en évoquant à demi-mot viols, agressions, meurtres et autres spectacles perpétrés par son équipe de surveillance.
— Les voilà, dans la réserve, me dit-elle, avant de disparaître dans une ombre.
Elles m’ignorent.
Le néon grésille, apporte une touche de mystère synthétique à leurs petits jeux cliniques quand ses étincelles daignent se poser sur leur peau ; papotages, rires, regards pernicieux, esquisses de pas de danse dans les travers d’un réfectoire aménagé en salle de spectacle. Le claquement de la porte propage la déclaration d’une intolérable indolence.
Des volontaires prennent place derrière moi. J’imagine qu’ils vont passer une comédie ou un film d’action sur l’écran blanc, comme dans les avions, ou au pire un quelconque programme éducatif. L’un d’eux pose la main sur mon épaule et me souhaite la bienvenue.
— On pourrait croire que les gens s’amusent ici, mais tu vois ce n’est pas forcement le genre de la maison. Ils font ce qu’ils veulent… personne ne t’apprendra les règles à respecter ici… c’est parce qu’il n’y en a aucune. Sauf sortir d’ici, tu vois c’est p’t’être encore la seule règle inflexible en ce lieu. Tu peux tuer une infirmière, éventrer un surveillant. Mais attention. Ils se vengeront. Ils ont tous les droits. C’est le jeu qui veut ça. Le jeu ! Mon ami !
Il continue à parler de la zone, que tous veulent rejoindre, par tous les moyens. La lumière baisse d’intensité. Je n’ose ouvrir la bouche. Ne pas attirer l’attention me semble la mesure de survie la plus élémentaire. Sa main a perdu toute trace de sa crispation initiale
— Je te laisse, j’ai d’autres projets pour ce soir. C’est une rediffusion...
Sa combinaison orange continue à scintiller dans la pénombre. Sans générique ni bande annonce la lumière percute l’écran : le visage glacé d’un homme au maquillage trop appuyé se prêtant au jeu de la balance des blancs.
Sans un mot, il entame une course dans les couloirs. Le tour du propriétaire d’un labyrinthe. Nous le suivons à travers salles blanches, ascenseurs, bureaux, tunnels, trappes, escaliers, salles d’attente, parfois il se retourne et nous lance le sourire carnassier d’un rat de laboratoire heureux de nous montrer sa connaissance totale du piège dans lequel il est cloisonné.
Un gros plan laisse entrevoir les cicatrices d’une brûlure sur la totalité de sa face.
Il ne portait pas de masque.
— ...il faut bien tenter sa chance un jour. Voici les chambres, voici la cantine, voici le système de sécurité ultra perfectionné, voici la blanchisserie, voici le laboratoire, voici la cuisine, voici la chambre froide, voici…
L’équipe de tournage le suit dans l’un des miradors. Plan d’ensemble : L’homme sans visage se saisit d’un fusil à lunette tendu par l’une des surveillantes. Le poids de l’engin met en mouvement les arabesques chiffrées composant le tatouage qu’il cachait sous son brassard noir - la marque impérissable des anciens de chez Darkmatter.
— Pour la sécurité de tous nous allons vous dévoiler l’extérieur.
L’entrée ? La sortie ? Un no man’s land.
— Et nous allons, pour l’exemple, vous montrer ce qu’il peut arriver à chacun d’entre vous si nous décidons par simple plaisir de vous autoriser à rejoindre la zone.
Il empoigne le fusil, installe un silencieux au bout du canon. Il a tout son temps, le geste précis, hypnotique, fusionnel, limite hypostatique. La caméra opère un brusque demi-tour + zoom approximatif vers le sol. Un vieil homme en uniforme réglementaire passe la tête par une porte, guette les environs sans repérer l’agitation dans le mirador et s’enfuit en courant. Courre mon ami !
Première pression : la jambe explose sans que le présentateur ne sourcille.
Seconde pression : la jambe réduite à un filet de peau et de cartilages. Le prisonnier ne semble pas voir l’origine des tirs alors continue à ramper. Au présentateur de reprendre la parole pour couper le concert de grincements de dent.
— Alors maintenant, chers volontaires, que fait-on ?
Il replace son brassard, ne nous lâche pas des yeux, l’occasion pour l’une des infirmières de sortir de la réserve. Elle se rhabille elle aussi, ajuste les plis de sa jupe, un fouet dans la main, ça claque, électrise la salle, frôle l’un des spectateurs. Retour caméra sur le morceau d’homme rampant.
— Alors que fait-on ?
Le spectateur ne peut pas répondre. Les yeux dans l’écran.
— ALORS ! QUE FAIT-ON ? Hurle-t-elle une seconde fois pour lui fouetter le visage jusqu'à ce qu’il tombe sur le béton.
Nous nous ne le voyons plus mais le bruit du chien de garde ne laisse aucun doute sur l’état de la face de ce mutant. Voici l’équipe de tournage descendue du mirador.
— Je suis extrêmement déçu par notre public d’aujourd’hui, très déçu, voyez-vous. Alors je choisis pour vous. La caméra suit le mouvement du canon. Une gerbe géante de feu, de sang, d’os embrase le mur du réfectoire.
— La mort ! Messieurs dames, la Mort !
L’infirmière réapparaît à l’écran. Elle traîne un homme au visage lacéré suintant divers fluides corporels. Non loin de là, un demi-corps expire en dégoisant des insanités. Le cadreur réussi à se faire remarquer pour le final : couple au premier plan / prisonnier agité de spasmes avec le fouet profondément enfoui dans la gorge à l’arrière / pitbull au morceau de jambe poussiéreux dans la gueule - pour compléter le tableau. L’infirmière s’agenouille pour entrouvrir le pantalon du présentateur, ce qui contraint le cadreur à serrer son plan sur le visage parsemé de tics de notre vedette.
— Mes chers amis ! Notre programme de présentation touche à sa fin. Voici le message qu’il faudra retenir pour aujourd’hui. Notre personnel ne reculera devant aucun sacrifice pour satisfaire votre sécurité.
Un coup de feu retentit. Dernier râle de douleur avant de rendre l’antenne.
— C’était Yuri Kane, en direct de la Centrale Autogérée de la Zone Est.
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