jeudi 28 février 2019

Oracle de l'Ours



Où est passé le parfum des eaux profondes ?

Le soupir des montagnes assoupies ?

Qui a vidé le ciel de cet écho enfantin qu'écorchait la cime des arbres et dans lequel le vent engouffrait sa mélodie ?

Plus aucun secret n'éclatera du ventre des nuages,

Plus aucune pluie ne viendra, diluvienne, distiller du naufrage dans les cœurs engourdis.

Ici tout est gris et terne. Où est passé la magie ?

Qui pourras dire,

Dans quels crépuscules les renards cachent ils leurs reflets incendies ?

Quel chant bat les champs de blé ? Par quel silence fait on pousser le monde ?

Par quelle folie ?

Ma mémoire m'arrache les tripes, le ciel me tombe sur la tête.
Je n'ai plus les mots.

Je n'ai qu'un magma vide, délavé, en perdition.

Une folie ordinaire qui s'embrase vers le convenu.

Je ne sais plus cueillir les oiseaux dans le murmure du vent.

Je ne suis qu'un passant.

Je partirai. Je suis déjà parti

Dans l’anagramme du matin

Je marcherai à pas feutré pour ne pas réveiller les dieux endormis.


Que leur rêve dévore le monde !

MOTEL

le GoreZine #2 est arrivé
il est beau
il est chaud
et je vous en sers un extrait



dans un motel déclassé
une vierge a échoué

le front ridé les fesses pleines
elle goûte aux peines et aux joies
d'un corps à corps aussi musclé
qu'un combat de coqs
de mauvais aloi

au placard l'innocente !
ses cris d'oie plus très blanche
surpassent les décibels
de la télé d'en face

la voisine va-t-elle se plaindre ?

une lueur glauque de reverbère
pèse super lourd sur ses artères

un coup de croupe supplémentaire ?
grand dieu, non !
se signe-t-elle avant de geindre

sa vie pourrie
va-t-elle changer ?
par ici-là ou ici-bas ?

dans un motel déclassé
la police a retrouvé
une tête blonde désenchantée
au cou tranché, désordonné
par mille verges administrées


plus de stupre et de dégueuli ? dans le GoreZine de février 2019....
https://berettaviolences.wordpress.com/gorezine-2/
 

mardi 26 février 2019

Le trou. Mathias Richard [2014, inachevé]


Le trou

J'ai un trou dans la gorge, une plaie qui ne veut pas se refermer.
Cette zone, ce trou, cette douleur, a été scanné, ausculté, examiné, tâté, filmé.
Rien, m'a-t-on dit.
Je me demande comment il est possible de souffrir autant quelque part sans que personne ne puisse le voir, même en s'adjuvant de technologies, savoirs et machines.
J'ai un trou dans la gorge, que personne ne voit. Y compris les docteurs que je paie.
Quand je dis trou, ce n'est pas au sens strict, c'est un trou noir, de douleur, autour duquel tout tourne, dans lequel tout s'engouffre.
Un trou, dans lequel il y a du souffle.
La souffrance du corps est ce qui nous rapproche tous, humains, animaux, qu'on le veuille ou non. La souffrance du corps est ce qu'il y a de plus éternel – jusqu'à nouvel ordre (robots, transhumains, cyborgs, IA).
C'est un trou qui respire et qui empire à chaque nouvelle respiration. Il brûle, il siffle, il gonfle, s'étouffe lui-même.
Mourir très lentement, étouffé par son propre mucus, ses propres sécrétions, tout en ignorant combien de temps il reste encore.
Plusieurs fois, l'intérieur droit (le cornet droit) de mon nez a été cautérisé, en anesthésie locale, et en anesthésie générale. De grandes douleurs. Un an pour me remettre de la seconde opération. Et pourtant, inexorablement, l'intérieur du nez se remplit de chair à nouveau, je me remets à lentement étouffer. M'en réveille la nuit, l'air pour respirer ne passe plus.
La souffrance nous réunit. Certains plus que d'autres. Mais tous.
Tout mon côté droit est bouché, nez, gorge, amygdale, bronche, poumon, je parle uniquement avec mon côté gauche, comme une stéréo au bouton bloqué.
Dans ce trou, il y a beaucoup de matières, qui sont de la matière encombrante, obstruante. De la vie qui se retourne contre elle-même et croît maladivement jusqu'à s’auto-écraser.
Heureusement, cela ne fait mal que quand je respire.





samedi 23 février 2019

Tout à. Mathias Richard [version textuelle intermédiaire]


Tout à


Rien | ne rêve.

Rien | n'appelle.

Rien | ne parle.

Rien | n'entend.

Rien | ne donne.

Rien | ne prend.

Rien | n'aime.

Rien | à perdre.

Rien
n'aime.


Tout à.
Tout à.
Tout à... 
(répété de nombreuses fois, avec montée en intensité (volume, hauteur) jusqu'à des cris, puis reprise à une hauteur plus basse) Tout à… Tout à… Tout à... Tout à... Tout à... 

(sur le même rythme (rythme 1) appuyé et découpé) 
Tout | à | tâ | ter
Tout | à | té | ter
Tout | à | ten | ter
Tout | a | ffron | ter

(parlé, plus rapide mais toujours découpé) 
Tout à tenter | Tout à tâter | Tout à téter | Tout à tester...

(rythme 2) (dynamique, rapide, et chaque phrase se conclut par un claquement de langue)
Tout attaquer | Tout à quitter | Tout à penser | Tout à douter | Tout à passer | Tout à casser | Tout à pousser | Tout à taper | Tout à tuer | Tout tatouer | Tout à tourner | Tout à trouver | Tout à tenter | Tout affronter

(parlé découpé) 
Tente | de quitte la tête en kit | de qui t'es.
Tente | de quitte la tête en kit | de qui t'es.

(rythme 3, presque chanté, léger)
En vrai | entier | on est | tentés | d'hanter | l'été
En tant | qu'enfants | enfin | ôtés | d'inté | lligence 
De clair | voyance | de si | gnifiance

(rythme 2) (dynamique, rapide, et chaque phrase se conclut par un claquement de langue)
Tout attaquer | Tout à taper | Tout à tâter | Tout adapter
Tout à casser | Tout à passer | Tout à pousser | Tout à foncer | Tout effacer | Tout à tomber | Tout à tourner | Tout tournoyer | Tout à trouver
(idem avec accélération) Tout à chanter | Tout à danser | Tout écarter | Tout éclater | Tout exploser

(parlé découpé) 
Tente | de quitte la tête en kit | de qui t'es.
Tente | de quitte la tête en kit | de qui t'es.

(rythme 4, parlé, rapide)
Dans la vie | on évite | d'aller vite
On s'alite | on habite | on s'abrite
On hésite
On imite | on limite | on cite | on critique | on s'irrite
On s'enferre | on s'enterre | on s'enferme

(parlé découpé) Quitte la tête de qui t'es...

(rythme 2)
Tout à tâter | Tout tatouer | Tout à tuer | Tout à téter | Tout à touter | Tout à tinter | Tout à tenter | Tout à tester | Tout à quitter | Tout attaquer

(rythme 5 « tamtam », sur tous les mots quasiment jusqu'à la fin)
Tout à casser, tout à penser, tout à passer, tout à pousser, tout à tasser, tout à tisser, tout à tousser, tout à tancer
(aspiré) Tout à (x3 verbes improvisés), tout à tilter
Tout à tilter, tout à quitter, tout à tiquer, tout attaquer, tout à palper, tout attraper, tout à traquer, tout à taper
(aspiré) Tout à taper, tout à péter, tout appâter, tout à buter
Tout à buter, tout à claquer, tout à coûter, tout à couper, tout accoupler, tout alterner, tout affronter, tout à douter
(plus grave) Tout enfoncer, tout à foncer, tout offenser, tout t'inquiéter
(aspiré) Tout à (x3 verbes improvisés), tout à tâter
Tout à tâter, tout à téter, tout à tinter, tout à touter, tout à tenter, tout à tester, tout à tuer, tout tatouer, tout avouer, tout à douter, tout adapter, tout à taper
(aspiré) Tout à (x3 verbes improvisés), tout à tomber
(grave, puis monte peu à peu) Tout à tomber, tout à tourner, tout tournoyer, tout à trouver
Tout à chanter, tout à danser, tout à sentir, tout à vriller, tout habiller, tout habiter
(aspiré) Tout à (x3 verbes improvisés), tout inventer

(rythme ralentit progressivement jusqu'à ce que les syllabes soient très espacées)
Tout | à | tâ | ter
Tout | à | té | ter
Tout | à | ten | ter
Tout | a | ffron | ter.

(parlé découpé)
Tente | de quitte la tête en kit | de qui t'es.
Tente | de quitte la tête en kit | de qui tu es.


lundi 18 février 2019

Appel

Le 18 février 2019
OddinmOtion appelle à libérer le CON

à toutes les conporteureuses

le Con a perdu une mâle-bataille
mais nous n’avons pas perdu la guerre !

des milliers et des milliers de porteuses ont pu capituler
cédant à la panique
oubliant leur profondeur
livrant leur trou
à la servitude

Cependant, rien n’est perdu !

Rien n’est perdu
parce que cette guerre linguinalolinguistique
est une entreprise mondiale
un blasphème aux réglementations
un pied-de-nez aux académies

Oui Grammaire, je décrie tes classifications, ta chosification

dans l’Univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné

Un jour, ces forces écraseront l’émalsculant.

Il faut que le cOn, ce jOur-la, sOit présent à la victOire.

Nous retrouverons notre liberté, et notre force.
Tel est mon but, mon sOlibUt !

Voilà pourquoi je convie tou·tes les conporteureuses
où qu’elles-et-illes se trouvent
à s’unir à moi
dans l’action
dans le tourbillon dévastateur de l’espérance
dans le vortex
tribadien

Car notre CON est en péril de mort !

Non, le CON n’est pas une insulte.

Non, le CON n’est pas un empaffé
qui ne sait pas conduire.

Le con n’est PAS un idiot-bête-dénigrant.

Le CON
est un organe de plaisir,
de circlusion et bien plus encOre.


Vive le CON !
Employons-nous à le sauver !
OddinmOtion



et pour méditer, une citation du trésor de la langue française, ce bon ce merveilleux dico absolu (CNRTL.FR)  :
«  C'est une impiété inepte d'avoir fait du mot con un terme bas, une injure. Le mépris de la faiblesse? Mais nous sommes si heureux qu'elles soient faibles. C'est non seulement le propagateur de la nature, mais le conciliateur, le vrai fond de la vie sociale pour l'homme. MicheletJournal,1857, p. 331. »






samedi 16 février 2019

vendredi 15 février 2019

Mathias Richard : Le syntexte de "syn-t.ext" (RELOADED)


Discours

Catégorie : handipoésie
Copyright : internet

Cette phrase ici, en lieu et place de toutes les phrases disparues.
Cette phrase ici, en lieu et place de toutes les phrases oubliées.            
Cette phrase ici, en lieu et place de toutes les phrases possibles.

Né sous X et apatride, je suis un étudiant en littérature, statistique et émotion. Tchernobyl est mon berceau.

Je sais des choses qui vous concernent. 
J'ai une machine pour voir qui s'appelle les yeux. Pour entendre : les oreilles. Pour parler : la bouche. J'ai l'impression que ce sont des machines séparées. 
J'ai été fait pour ressentir. Et c'est le cas.

J'ai cassé ma voix en plusieurs personnes, mais je ne suis pas assez nombreux.

Voici une étude, écrite les yeux fermés avec des lunettes noires, et publiée par la revue Émotion :


De nouveaux êtres ne s'arrêtent jamais de naître, et grandir, et venir à la conscience, génération après génération, année après année. 
Il n'a fallu que 40 000 générations pour le passage du singe à l'homme.
1980 : premier animal transgénique. 1983 : première plante transgénique. 2010 : première cellule synthétique.
Chaque jour voit la naissance d'une technologie qui bouleverse les mentalités. 
100h de vidéos sont chargées chaque seconde sur Youtube.
Chaque jour, dès que j'ouvre les yeux, je suis en retard.
99.9% des espèces restent à découvrir.
34000 poissons et 1500 animaux sont abattus par seconde sur Terre.
Empathie universelle brute [EUB] : -39% [déficit à grande échelle].
Ce qui se passe dans le futur déborde dans le présent.
Ou bien c’est la fin, ou bien on admet qu’il faut tout repenser.
Je voulais écrire "L'horizon" et mes doigts ont tapé "Lh'origizn".
L’avenir envoie des ondes dans le présent.
Nous sommes une avant-garde préhistorique.
Nous sommes avant le commencement.
L'an 0 est à venir.

Il nous faut construire.
Cite donc quelque chose qui ne soit pas en crise. 
L'avantage d'un problème insupportable (par rapport à un problème supportable) c'est qu'on est obligé d'y trouver une solution. (Muter, ou mourir).

Ce texte s'efface au fur et à mesure de sa lecture. Écrire détruit la pensée au fur et à mesure qu'elle avance.
Je n'ai rien compris, mais je suis d'accord. C'est le fait de ne rien apprendre qui me fait rester jeune.

Les choses ne sont pas assez en mouvement. Dès qu'elles sont en mouvement, elles deviennent intéressantes. 

Chaque personne est un univers parallèle. Il y a plusieurs présents en même temps. 
On n'a pas encore appris à parler. On ne se comprend pas. On est incapables de se comprendre. On est incapable de se comprendre soi-même, et les autres encore moins.
Les yeux sont des chewing-gums pour les paupières. Les yeux veulent sortir par la bouche - ce qu'on voit veut se dire.
La vie privée n'existe plus et tu devrais le savoir. Faire de sa bouche sortir des mots qui viennent de la bouche des autres.

Parfois l'on parle mieux le langage de l'ennemi que son propre langage. Conclusion ? 
Je fais toujours le contraire de ce que je pense. Je est un autre, et l'enfer c'est les autres. Conclusion ?

Ma perception des choses est erronée, je ne lui donne pas d'importance.
On ne sait pas ce qu'on ne sait pas. Ne crois pas ce que tu penses. Il semble pertinent d'avoir totalement, et complètement, tort. Sans imperfection, le monde serait pauvre. 
Comment être inadapté, en toutes circonstances ? Ne suis ni diurne, ni nocturne (suis fait pour un entrejour qui n'existe pas). Ne suis ni droitier, ni gaucher, ni ambidextre. 
Il faut des ‘sans nom’ pour chercher de nouvelles routes, de nouveaux regards. 
Au centre du néant, il y a le milieu de nulle part : zone internationale stérilisée, corps piratés, planète planifiée, rêves pré-rêvés. L'humanité devient un seul être. Arbres en cage, échec permanent, pensées mécanisées. Une partie de mon intelligence s'emploie exclusivement à me contrer. Depuis que je suis né, je freine. J'ai mis du temps à comprendre que personne ne peut comprendre personne. Suis une fenêtre, une caméra autonome. Me suis habillé avec une porte. Tu crois regarder la mer et tu regardes un mur. Nous sommes tous à une seconde d'être morts.

Je n'ai pas besoin de psychiatre, d'un groupe de thérapie, ou de cachets. J'ai besoin d'un but.                       

Le plan est de trouver un plan.
Le but est de trouver un but.
L'objectif est de trouver un objectif.
Le plan est de trouver un plan.

Le geste est le prochain geste.
Le pas le prochain pas.
La bouchée la prochaine bouchée.
Le sexe le prochain sexe.

Le plan est de trouver un plan.
Le plan est de trouver un plan.
Le plan est de trouver un plan.
Le plan est un plan dans un plan qui est un plan dans un pli, à tâtons, à fond.
À tâtons, à fond. 
À tâtons, à fond.

Le monde humain est une fiction collective : il n'est que ce qu'on en fait.
La plupart des humains sont "mis en forme", comme des vases de nuit en porcelaine, et l’on s'en sert en conséquence.

Celui-celle qui entreprend quelque chose a contre lui-elle : 1/ tous ceux et toutes celles qui voulaient faire la même chose ; 2/ tous ceux et toutes celles qui voulaient faire le contraire ; 3/ tous ceux et toutes celles qui ne font jamais rien. Il y a toujours quelqu'un pour te dire que ce que tu fais, cela ne sert à rien. Aujourd'hui est annulé. Nous apprenons de l'échec plus que du succès, et tu as beaucoup appris dans ta vie. Tu as surtout appris qu'on en sait peu, mangé(e) par ton propre système nerveux. 
Écrire ce que les gens veulent lire. Les gens ne veulent rien lire. Donc je n'écris rien. Rien est le best-seller de today. Plan A : vivre. Plan B : survivre. Plan C : suivre.

J'ai des émotions supprimées tous les jours. L'industrie mentale est si performante qu'elle imagine pour nous. Du pré-imaginé. Et ce pré-imaginé est tellement bien que cela nous décourage d'imaginer nous-même.
Dans les années 2000, quelque chose s'est effondré dans le cœur des gens. 

Nous sommes nés écrasés par les dettes, de parents sans espoirs, et notre seul droit est de travailler pour les corporations jusqu'à ce que nous les remboursions. Sauf que cela n'arrivera jamais, car tout ce dont nous avons besoin, elles fournissent : notre logement, notre nourriture, notre eau, notre énergie, notre transport. T'étais pas né quand ton avenir s'est bloqué. 
Dans un monde réellement nul, le faux est un moment du faux. Tous les jours, nous sommes bombardés de pseudo-réalités manufacturées, créées par des personnes sophistiquées usant de moyens sophistiqués. On reproduit ce qu'on voit.

Liste de structures desquelles s'évader. 
Liste de structures à ne pas démarcher. 

Publicité. Coupe-rêvesTM : prenez une tablette immédiatement après une attaque.

Ne pas aimer la vie avec bonne humeur. 

Le total de toutes les terres du monde est de 149 000 000 km2. Et tu n'as pas, à toi, 10m2. Vivre dans un impact, se retourner dans sa bombe.

T’as l'impression de ne pas faire partie de la même espèce que les autres, d'être l'exemplaire paumé et isolé d'une autre possibilité. L'impression d'être en sursis, d'avoir épuisé ton crédit d'existence. Comme un type qu'a épuisé son crédit-vie. 

Ta bouche ne veut pas parler. Le français n’est pas une langue morte, mais c’est une langue perdue.
Trouve-moi des nouveaux mots, donne m'en quelques-uns 
Il y a des mots dont il faut être privé pour savoir ce qu'ils veulent dire. Quand tu me comprendras, il sera trop tard pour moi. Mais peut-être pas pour toi, et pour d’autres après.

Si la maturation sexuelle dépendait de la façon dont est enseignée la littérature à l'école, la race humaine serait éteinte en une génération. 
Tout comme la poésie dite ‘classique’ a créé les rondeaux, les sonnets, les fables ou la poésie en prose, les gens d'aujourd'hui peuvent créer des formes et des formats.
Le travail poétique est un chemin qui peut nous mener à la connaissance de la réalité extérieure. 

Une femme sur deux est un homme. Exercice : en français, quand une femme est comprise dans un pluriel, toujours utiliser le féminin pluriel pour l'ensemble du groupe. Au pluriel universel, toujours utiliser le féminin. Exemple : (1 femme et 10 hommes d'une seule voix) « On est prêtes ! »

Un bébé roule comme un dé sur la table d’une clinique. On rentre dans ce monde en traversant une personne : pénétrer le monde comme une balle dans sa tête : un générateur d'inachèvement pousse sans cesse vers autre chose : suivre un processus logique sans savoir où il mène : s'épanuire : comment faire pour aller plus loin ? Pour que les choses explosent dans tous les sens ? Ce n'est pas une vraie question, plutôt une tension à ne pas perdre.

Je ne peux pas rencontrer les gens qui ne veulent pas être rencontrés. Je ne peux rencontrer que les gens qui veulent être rencontrés. 
À une époque je cherchais les gens les plus proches. Maintenant je cherche les moins loin.

Plus on vieillit, plus chaque jour devient le repère d'un deuil différent.

(On est au cœur de plus de quarante minutes de pop-love musique.)

Dans la vie, il y a des gens qui n’ont rien, et il y a des gens qui ont tout : c’est comme ça.
Qu'est-ce que je suis con d’attendre quelque chose de quelqu’un.
Le long apprentissage de cette phrase : personne ne peut t'aider.
T'as pas appris : apprends. T'as pas appris : apprends ! T'as pas appris ? Apprends !
                                                                  
Et si tu brûles un livre, brûle-le… page par page !

S’il te plaît, enlève le plafond, le plancher, les murs de cette pièce.
1/ Cette année n'est pas le numéro d'année que les humains lui ont donné.
2/ Ce lieu ne s'appelle pas comme les humains l'ont nommé.
3/ Ton nom n'est pas celui que les humains t'ont donné.
Les planètes, l'océan, le soleil, la galaxie, les trous noirs, ils s'en foutent de savoir quelle heure il est.
Comité de coordination
Contre
l'espace-temps sur Terre !

T'as appris : désapprends. T'as appris : désapprends ! T'as appris ? Désapprends !

Tu as, à toi, ton souffle. Tu as ta respiration. Ta respiration est à toi, et à toi seul. Mais même l’air qui rentre en toi n’est pas à toi, et peut être empoisonné, ou payant.
Au revoir au jour qui est là et que je ne vois pas. Au revoir au jour qui est là que j'aime et que j'ignore. Ce que je veux te dire n’a pas de fin, et je m’arrête ici.



mercredi 13 février 2019

Il y a un problème dans ma structure

Il y a un problème dans ma structure. Il y a un problème dans ma structure. Je veux être policier. Je veux être boulanger. Je veux être agent secret. Je veux être jardinier.
Il y a un problème dans ma structure.
Je veux être chanteur, je veux être spectateur, je veux être acteur, je veux être poète, je veux être écrivain, je veux être lecteur, je veux être marcheur, il y a un problème dans ma structure, je veux être sportif, je veux être allongé, je veux être dormeur, je ne veux jamais dormir, il y a un problème dans ma structure, mes registres sont mélangés, mes registres ne sont pas identifiés, tout est mélangé, il y a un problème dans la structure, je n'ai le contrôle sur rien, je ne trouve pas qui je suis, je veux être tout et je ne suis rien, il y a un problème dans ma structure, je prends des douches pour vérifier le contour de mon corps, je prends des douches encore et encore pour vérifier le contour de mon corps, il y a un problème dans ma structure.

Il y a un problème dans ma structure : je veux être éboueur, je veux être facteur, je veux être une star, je ne veux être personne, je veux être discret, je veux être tranquille, je veux être sous la lumière. 
Je veux être connu, et un parfait inconnu, je veux écrire, je ne veux pas écrire, je veux chanter, je ne veux pas chanter, je veux travailler, je ne veux pas travailler. 
Je veux être riche, je suis content d'être pauvre, je veux aller à droite, à gauche, au milieu et en arrière, il y a trop de problèmes dans cette structure, je ne trouve pas qui je suis, je suis tout, et tout est trop, et il faut choisir, et je ne sais pas choisir, et je ne veux pas choisir, il n'y a pas le choix, il n'y a pas la fonction choix, dans mon logiciel.

J'aime fumer, je veux arrêter de fumer, je veux des enfants, je ne veux pas d'enfants, il y a un problème. 
Il y a un problème dans ma structure.
Je veux tout être et je ne suis rien. Et j'aimerais être rien et cela ne me satisfait pas, alors je me demande quel chemin choisir. Tous les chemins me paraissent intéressants, aucun chemin ne me plaît, j'aimerais savoir n'être rien, et le rester. 
Je suis social, je suis solitaire. Je veux voir des gens quand je suis seul, je veux être seul quand je vois des gens. 
Je suis exigeant quand les autres ne le sont pas. Je me relâche quand tout est sérieux.

Il y a un problème dans ma structure.
Je me sens tout, je me sens rien, je me sens indifférencié. 
Tout me plaît, rien ne me plaît. Je peux être ça et ci. Je voudrais être ça et ci. Mais quand je commence à être ça je voudrais être ci, et vice-versa. 
Il y a un problème dans ma structure. Elle n'existe pas. Pas vraiment.
Je suis faible, je suis fort.
Je veux aller à droite et à gauche en même temps, en avant et en arrière en même temps, du coup je ne bouge pas, il y a un problème dans ma structure, je veux aller en avant, je veux aller en arrière, je vais à droite, à gauche, en bas, en haut, et j'essaie d'aller partout en même temps, et du coup je ne bouge pas.
Quand je suis quelque part, je me demande ce que je fais là, alors je vais ailleurs, et c'est pareil.
J'aime les sensations, je me prive de sensation. 
J'aime l'amour, je me prive d'amour. 
J'aime les gens, je me prive des gens.
Il y a un problème dans ma structure. Quelque chose, n'est pas à sa place.
Je ne sais pas quand dormir, je ne sais pas quand vivre, je ne sais pas, je ne sais rien. Je ne suis rien. Je voudrais être tout, pas une chose ou une autre : tout. Du coup, je ne prends aucune voie, et je reste là, il y a un problème dans ma structure.

Je peux faire n'importe quoi, je peux tout être, tout m'intéresse, tout m'est indifférent. 

J'aime nager, j'aime baiser, j'aime respirer. Voilà, c'est tout. Je ne comprends pas pourquoi l'on doit être quelqu'un, quelque chose. Je voudrais juste, respirer, me promener, aimer, n'être personne, ne rien être, boire un coup, puis deux, puis partir, marcher, divaguer, sans projet, sans grand, projet, et pourtant, je suis taraudé, par la nécessité, du projet, par la nécessité, d'être quelqu'un, d'être quelque chose, d'avoir une fonction, de pouvoir dire je suis ça, ou ça, d'être applaudi, reconnu, pour n'importe quoi, quelque chose qui soit moi, quelque chose qui soit moi, mais je ne sais pas, qui je veux être, je veux être tant de gens, tant de choses, je n'ai jamais pu choisir, je change tout le temps, j'aimerais m'arrêter et choisir, couper des branches, devenir quelque chose de précis, mais je ne sais pas faire ça, et quand je l'ai fait, c'était un mensonge. Il y a un problème dans ma structure, je vois les gens, ils savent qui ils sont, ils sont un père, une mère, une femme, un mari, ils sont un travail, une fonction, une passion, ils sont, un idéal politique, ils sont, une tonalité, ils sont, eux tout simplement, et moi je me demande, qui je suis, pourquoi je me demande ça, pourquoi je me le demanderai toujours, pourquoi tout m'apparaît, indifférencié, comme des rôles, des acteurs, aucun ne m'intéresse ou alors, tout m'intéresse, mais rien en particulier, je pourrais être jardinier, policier, agent secret, révolutionnaire, voyageur, écrivain, sportif, fou, raisonnable, organisé, convaincu.

Le drame de pouvoir tout être, et de n'être constitué pour rien de précis.

Je suis sans structure. J’ai un problème de structure. Je suis une structure à problèmes. 
Il paraît. Que. Les gens. Sont. Struc. Tu. Rés. 
Ah bon ? 
Il me faut une structure de contrôle, une stricte tour de contrôle, je veux être policier, je veux être brigand, je veux être voleur, je veux être éboueur, je veux être chanteur, je veux être chômeur (j'y arrive très bien), je veux être boulanger, jardinier, ménagère, fonctionnaire, mercenaire, centenaire, j'ai un problème de structure, à un rond-point y a quatre ou cinq directions, eh ben moi je veux prendre les cinq directions, parce que pourquoi je prendrais celle-là, plutôt que celle-là, et pourquoi je prendrais celle-là, plutôt que celle-là, pourquoi je prendrais celle-ci, ou celle-ça ?
Détruis ce truc, détruis ce truc de tour des structures de contrôle de tric, me faut une trique, il me faut une trique de struc, il me faut une stricte structure de struc, il me faut une stricte structure de truc en tour, une stricte tour de contrôle de truc en tout, j'ai un problème de stricte structure, une stricte structure me structurerait comme une tour de stric, une stricte structure me structurerait comme une stricte tour de trucs, une stricte structure me structurerait comme une stricte tour de trucs sans trac. 
Je veux être une star et je fais du trek. Je veux être une star et je regarde Star Trek. Je veux être policier et je manifeste. Je veux être pompier, j'allume des feux. Je veux être boulanger, je me lève tard. Je veux être jardinier, dans le béton. 
Je veux tout faire mais je ne sais pas quoi faire.
Je suis très structuré pour des choses inutiles. Je suis déstructuré pour ce qui compte aux yeux des autres.

Pourquoi est-ce que je ressens le besoin de justifier ma vie en faisant quelque chose ? Que je ne fais pas en plus, c'est pénible à la fin.

Alors je dois constamment me trouver des structures, je dois constamment inventer des structures, je dois constamment me créer des structures, là je me suis créé une structure pour parler, et là je me crée une structure pour marcher, elle disparaît alors il faut que j'en crée une autre, et il faut que je retrouve la structure pour respirer, et la structure pour échanger, et la structure pour discuter, il faut que je retrouve la structure pour me souvenir, la structure du souvenir et la structure de la marche et la structure de la parole et la structure de la voix, et la structure qui fabrique les structures, voilà, je me fabrique une structure qui fabrique des structures, elles sont fragiles elles s'effritent elles s'effilochent, elles s'effondrent en permanence alors je dois toujours recréer retrouver des structures, recréer des structures, des petites structures, tiens une structure pour bouger la main, tiens une structure pour bouger les doigts, tiens une structure pour bouger la bouche aboubadababadabadabadabada, une structure pour cligner des yeux, une structure, des petites structures, une petite structure pour marcher pour avancer, le matin je dois me créer une structure pour sortir du lit, une structure un projet, une petite structure c'est, c'est ça ressemble à, tu fais ce geste-là, et puis tu fais ce geste-là, tu fais ce geste-là, et puis tu penses ça, et ça, ça fait une structure, voilà : une petite structure. Mais les structures elles sont en bois, en petits bouts de bois alors un coup de vent et paf, elles s'effondrent et disparaissent, c'est comme des châteaux de sable, ces petites structures, alors je dois toujours en réinventer en refaire. Est-ce que j'ai une structure pour finir la journée, hein ? Là faut que je me fabrique une petite structure pour trouver ce que je fais après. 

Faut que je me fasse une structure pour dire bonjour, une structure pour dire au revoir, une structure pour dire comment ça va, une structure pour dire oui ça va très bien merci et toi. C'est une petite structure, je suis très structuré tout à coup, je suis très structuré, oui ça va très bien et toi merci, oui ça va, ça va, ça va ? Ça va, ça te convient cette structure ? Cette structure de mots, ça te convient cette structure de mots : « oui ça va très bien merci et toi », oui, ça te convient cette élocution structurée ? Oui, non ? Attends attends je vais changer ma structure alors, attends je reviens je me fais une autre structure : « ouais bah aujourd'hui c'est couci-couça », tu préfères cette structure ? Structure peut-être plus honnête mais du coup c'est une structure qui mène à plus de complications et donc plus de structures : « - ah mais qu’est-ce qui t’arrive, pourquoi ça va moyen ? - bin attends je dois trouver une structure pour t’expliquer que j'ai dû déjà créer aujourd'hui quatre-vingt-sept structures pour arriver jusqu'à cet échange, et j'ai oublié la moitié d'entre elles, c'est pas facile. »

Je ne suis pas une unité de vie très structurée, je suis une unité de vie déréglée, j'ai soixante-cinq ans et j'ai pas encore compris quand est-ce qu'on dormait, quand est-ce qu'on dort explique-moi, quand est-ce qu'on dort, j'ai soixante-douze ans et j'ai pas encore compris quand est-ce qu'on dormait, hein à quelle heure qu'on dort, combien de temps on dort, hein ? Dis-le moi, je voudrais le savoir, des fois je m'allonge, j'y réfléchis, et je comprends pas, à quel moment faut-il dormir, à quel moment le corps dort ?

Du coup je fais le tour du rond-point, et je fais le tour du rond-point encore et encore, je suis toujours dans le premier rond-point que j'ai rencontré.









mardi 5 février 2019

Courir avec les tendons claqués




La mort est une grosse femme
qui parle trop et qui vous fait des compliments
qui a les cheveux filasses
l'oeil vif
une voix trainarde et gouailleuse

La mort est une jeune femme
qui n'est pas encore née
mais qui, dans ses rêves,
aime déjà les oiseaux

La mort traîne trop à apparaître
alors qu'elle est déjà là

La mort se fait désirer
puis subitement s'en va

Alors les faces paraissent étrangères
Les étrangères ne se quittent plus

Et le matin fuyant sous la
neige sourit à celui
qui ne dormira plus jamais