Y en a qui sont morts de rire, moi je suis mort de rêve. On peut mourir de rêveries. Trop prolongées, trop prononcées. Je switche dans mes pensées, dans mes rêves, si profondément, si longtemps. Ça fait des années, des dizaines d’années, que je rêve, et je commence à comprendre trop tard que je vais en mourir, que j’en suis mort, que cela m’a fait prendre au quotidien un chemin si différent que l’on ne peut en revenir, il y a eu trop de temps, j’ai pris trop de temps, à rêver, le temps ne se rattrape pas, je commence à comprendre que rêver était un acte beaucoup plus radical que je ne le pensais, beaucoup plus dangereux pour moi-même que je ne le croyais : je suis mort d’avoir trop rêvé. Pas littéralement décédé mais dans un monde parallèle. « De l’autre côté. » Tomber dans un rêve comme tomber dans un trou, une grotte. Trop de rêverie, trop de temps perdu. J’ouvre les yeux et je me dis : je suis mort de rêve. Je vais me coucher et je me dis : quand je dors je suis un rêve vivant. Un rêve qui rêve. Un rêve qui rêve qui rêve qui rêve qui rêve.
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samedi 28 décembre 2024
vendredi 26 février 2021
FERMEZ. Mathias Richard
Fermez
Fermez les portes.
Fermez les écoutilles.
Fermez les fenêtres.
Fermez les yeux.
Fermez les cheminées.
Fermez les conduits.
Fermez les nuages, fermez le soleil.
Fermez tout.
Fermez les devantures, les portails.
Fermez les entrées et les sorties.
Fermez les routes, fermez les chemins. Fermez les terminus, les fonds, les sas, les courants les axes, tous les territoires.
Fermez les magasins, les épiceries, tout ce qui contient de la lumière.
Ouvrez la nuit, ouvrez les écrans, ouvrez les ténèbres, ouvrez le sommeil.
Fermez les vitres, fermez les respirations, fermez les bouches, les nez.
Fermez les parkings, fermez les salles, fermez les centres, fermez les accès, fermez chez vous, et même à l'intérieur de chez vous, et même à côté, fermez chaque chose, et même à l'intérieur de vous-même, fermez bien tout. Fermez les vannes, tous les tuyaux. Fermez les fermes, fermez les farmes, fermez les fourmes, fermez les firmes, fermez les familles, fermez les voitures, fermez les visages, fermez les vues, fermez l'eau, fermez la mer, fermez l'océan, fermez les quais, fermez la terre, fermez le feu, fermez l'air, oui surtout fermez l'air, surtout fermez l'air, fermez l'air.
Fermez les ronds, fermez les pupilles, fermez les iris, fermez les ronds-points, fermez les stops, fermez les voies, fermez les berges, fermez les églises, fermez les stades, fermez les marchés, fermez les marches, les rassemblements, dispersez les cendres, annulez les enterrements, et tous les mariages, fermez les cimetières, fermez les maternités, fermez les promenades, les balades, fermez les cagibis, les cabanes, les placards, les hasards, les maisons, les immeubles, les manoirs, les métros, les couloirs, les souterrains, fermez, fermez les trous, fermez les tous, fermez, toutes les ouvertures, toutes les respirations, fermez, fermez le futur, fermez le présent, fermez la mort, fermez la vie, fermez les possibilités, séparez, isolez, plus de toucher plus de peau plus de sexe, fermez, fermez les sexes fermez, enfermez les vivants, enfermez-vous les vivants, enfer, enfer vivant, enfermez les vivants, enfermez-les, tous, jusqu'au bout, jusqu’au dernier, fermez les avions, fermez les volets, fermez les cockpits, annulez les hélicoptères, fermez les ports, les aéroports, les transports, les bateaux, les stations, les ondes, les sex-shops, les concerts, les expositions, les théâtres, les cinémas, les cafés, les restaurants, fermez les lieux, fermez les endroits, fermez les envers, fermez les places, fermez les impasses, fermez les vasistas, fermez les paupières, les lèvres, serrez les dents, verrouillez les véhicules, les habits, ne respirez plus, fermez, fermez, fermez tout, fermez les formes, fermez les forces, jusqu'au néant, jusqu'à ce que tout devienne strictement immobile, jusqu'à ce que tout soit strictement séparé, jusqu'à ce que tout soit bien rangé et plongé dans des ténèbres complètes, jusqu'à ce que tout soit rien, calme, que cela ne respire plus, que rien ne passe ni dans un sens ni dans un autre, que rien, que rien ne se passe, que plus rien ne se passe, et tout cela, et tout cela, Au Nom de la Vie.
Fermez les dernières postes, fermez les guérites.
Fermez les cercueils. Fermez les cerceaux.
Fermez les cirques.
Fermez les clubs.
Fermez les zoos.
Fermez les festivals, les champs, les clairières. Fermez les falaises, les navires.
Fermez les rues, fermez les égouts, fermez les passerelles, les pontons.
Fermez la Terre, fermez l'Univers, fermez tout.
Fermez bien. Fermez tout. Fermez.
Fermez les fenêtres.
Fermez les yeux.
Fermez les cheminées.
Fermez les conduits.
Fermez les nuages, fermez le soleil.
Fermez tout.
Fermez les devantures, les portails.
Fermez les entrées et les sorties.
Fermez les routes, fermez les chemins. Fermez les terminus, les fonds, les sas, les courants les axes, tous les territoires.
Fermez les magasins, les épiceries, tout ce qui contient de la lumière.
Ouvrez la nuit, ouvrez les écrans, ouvrez les ténèbres, ouvrez le sommeil.
Fermez les vitres, fermez les respirations, fermez les bouches, les nez.
Fermez les parkings, fermez les salles, fermez les centres, fermez les accès, fermez chez vous, et même à l'intérieur de chez vous, et même à côté, fermez chaque chose, et même à l'intérieur de vous-même, fermez bien tout. Fermez les vannes, tous les tuyaux. Fermez les fermes, fermez les farmes, fermez les fourmes, fermez les firmes, fermez les familles, fermez les voitures, fermez les visages, fermez les vues, fermez l'eau, fermez la mer, fermez l'océan, fermez les quais, fermez la terre, fermez le feu, fermez l'air, oui surtout fermez l'air, surtout fermez l'air, fermez l'air.
Fermez les ronds, fermez les pupilles, fermez les iris, fermez les ronds-points, fermez les stops, fermez les voies, fermez les berges, fermez les églises, fermez les stades, fermez les marchés, fermez les marches, les rassemblements, dispersez les cendres, annulez les enterrements, et tous les mariages, fermez les cimetières, fermez les maternités, fermez les promenades, les balades, fermez les cagibis, les cabanes, les placards, les hasards, les maisons, les immeubles, les manoirs, les métros, les couloirs, les souterrains, fermez, fermez les trous, fermez les tous, fermez, toutes les ouvertures, toutes les respirations, fermez, fermez le futur, fermez le présent, fermez la mort, fermez la vie, fermez les possibilités, séparez, isolez, plus de toucher plus de peau plus de sexe, fermez, fermez les sexes fermez, enfermez les vivants, enfermez-vous les vivants, enfer, enfer vivant, enfermez les vivants, enfermez-les, tous, jusqu'au bout, jusqu’au dernier, fermez les avions, fermez les volets, fermez les cockpits, annulez les hélicoptères, fermez les ports, les aéroports, les transports, les bateaux, les stations, les ondes, les sex-shops, les concerts, les expositions, les théâtres, les cinémas, les cafés, les restaurants, fermez les lieux, fermez les endroits, fermez les envers, fermez les places, fermez les impasses, fermez les vasistas, fermez les paupières, les lèvres, serrez les dents, verrouillez les véhicules, les habits, ne respirez plus, fermez, fermez, fermez tout, fermez les formes, fermez les forces, jusqu'au néant, jusqu'à ce que tout devienne strictement immobile, jusqu'à ce que tout soit strictement séparé, jusqu'à ce que tout soit bien rangé et plongé dans des ténèbres complètes, jusqu'à ce que tout soit rien, calme, que cela ne respire plus, que rien ne passe ni dans un sens ni dans un autre, que rien, que rien ne se passe, que plus rien ne se passe, et tout cela, et tout cela, Au Nom de la Vie.
Fermez les dernières postes, fermez les guérites.
Fermez les cercueils. Fermez les cerceaux.
Fermez les cirques.
Fermez les clubs.
Fermez les zoos.
Fermez les festivals, les champs, les clairières. Fermez les falaises, les navires.
Fermez les rues, fermez les égouts, fermez les passerelles, les pontons.
Fermez la Terre, fermez l'Univers, fermez tout.
Fermez bien. Fermez tout. Fermez.
samedi 26 janvier 2019
OK Monsieur c'est pigé, merci !
OK Monsieur j’ai compris : je suis de la merde. J’ai une vie de merde, je bouffe de la merde, je bois de la merde. C’est pigé M’sieur, cool. Mon air est fait de merde, quand je marche dans la rue je marche dans la merde je suis un merdonaute, tout est de la merde partout, chuis un cosmonaute de merde dans une existence de merde, à chaque seconde je respire de la merde, j’écoute de la merde, elle rentre dans mes oreilles, mes pensées sont merdiques, mes espoirs sont merdiques, je m’habille de merde, j’habite et dors dans de la merde, et quand je rêve, quand enfin je rêve, je fais des grands rêves de merde dans des labyrinthes de merde sans fin, dans lesquels je cueille des fleurs de merde. Des dreams de dreum. Puis je me réveille, toujours dans la merde : les murs sont en merde, tout est en merde, je merde. Et même la merde c’est trop beau, merde c’est un mot trop beau pour moi, vrai Monsieur. Du coup j’ai des habitudes de merde, des addictions de merde, je fume de la merde, je fume de merde, et l’électricité et les ondes sont une merde invisible qu’est partout.
Et c’est pigé Monsieur, la vérité, c’est mérité. C’est ce que je mérite. C’est simple : je suis une merde, je pense de la merde, je mérite de vivre comme une merde. Je me mets dans la merde, et me fous encore plus dans la merde, et ça m’emmerde : je tousse de la merde, je crache de la merde, je mouche de la merde, je chie des pissenlits de merde, je pisse de la merde, mes larmes sont en merde, mon sperme est de la merde, j’ai une santé de merde, je fais des boulots de merde, j’ai des relations de merde, je regarde des séries et du foot de merde, je joue à des jeux de merde, et chuis habillé comme une merde. Tout est logique. Du coup je me comporte comme de la merde, et ne suis qu’une petite merde parmi beaucoup d’autres sous-merdes, dans un ensemble assez merdique. Le soleil lui n’est pas en merde, je crois, mais le pauvre il doit éclairer toute cette merde tous les jours, en attendant que quelqu’un comme vous, Monsieur, tire la chasse.
Alors oui Monsieur vous pouvez faire caca sur ma tête. C’est OK, pas besoin de demander, c’est bien la moindre des choses. Vu mes compétences de merde, mon expérience de merde, mes revenus de merde, mon utilité zéro, oui Monsieur je ferai les trucs de merde que vous demandez, sans problème. Faites caca sur moi c’est gratuit. Les gens font la queue pour me faire caca dessus, voilà un coupe-file. Faites caca sur ma tête, la mienne, celle de mes enfants, celle de ma femme, celle de mes parents, celle de mes potes, celle de mes voisins, faites caca dans ma bouche, faites caca sur ma porte, faites caca dans mon lit, faites caca sur moi, tous les jours, pas de problème. Faites comme tout le monde c’est normal. Je veux bien me tirer une balle dans la tête, mais ça fait un plop, comme dans une merde. Et chuis toujours là. Perdre dans un monde de merde, c’est dans l’ordre.
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# mot-pivot,
merde
mardi 17 avril 2018
Rien ne nous empêchera d'être joyeux. Mathias Richard
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les suicides, les morts, les dangers.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas le cancer, pas la guerre, pas les emmerdeurs, pas les emmerdeuses, pas les bombes, pas les tombes, pas les huissiers, les PV.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les impôts, le manque de fric, la faim, le sommeil, le froid, la canicule.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les meurtres, pas les viols, pas la torture, pas la brutalité, pas la perversion, pas l'injustice.
Je te le promets. Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les connasses ni les salopards, les fâcheux, les gros cons, les langues de pute, les lèche-culs, les traîtres, les jaloux, les médisants, les manipulateurs.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas la pollution, le triomphe de la bêtise, la disparition de la solidarité, l'effondrement de la culture.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas la mort, la maladie, (je te le dis), pas la souffrance, la violence, les foireux, les rageux en nage, les carambolages, les avions qui s'écrasent, tout ce qui s'effondre et ronge.
Rien
ne nous empêchera
d'être joyeux.
Les tueries, les massacres, les génocides.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Les tsunamis, les tremblements de terre, la comète qui détruira la planète.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux, tu comprends, tu entends.
La mélancolie, les regrets, la tristesse, les amours perdus, et ceux jamais advenus, les amis disparus, ceux qui te disent pas salut.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La dépression, la folie, la schizophrénie, l'apathie, la haine, le désespoir.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Toutes les impossibilités accumulées, les murs, les portes fermées, les salauds, l'incompréhension, le chômage, les boulots chiants, l'aliénation, l'exploitation, l'oppression, l'injustice, l'esclavage.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La joie
est un muscle.
Il faut
le travailler.
Ce qui vit
hors de la joie
n'est pas la vie.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les dettes impayables, les loyers en retard, les amendes, ni les comptes en banque bloqués, les choses que les autres ont et que tu n'auras jamais.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les agressions, pas les catastrophes, pas les accidents, pas les destructions, pas les décès, pas les enterrements.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les tyrans, les politiques, pas les Présidents, pas les menteurs, les hypocrites, les tricheurs, les arnaqueurs, les brutes, les lâches, les méprisants, les négligents, les mal intentionnés, ceux qui s'amusent à te contrôler.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les obligations, pas la honte, pas la culpabilisation, pas les critiques, pas les y a qu'à, les tu devrais, les ferme-ta-gueule.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les mauvaises nouvelles, les problèmes techniques, les bugs, les trucs qui marchent pas quand il faudrait.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les projets avortés, les pertes, les drames, les larmes, les familles éclatées.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les coups de marteau, les coups bas, les coups sur la gueule, les coups de latte, les coups de pute, les coups de pression, les voisins chiants.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les embouteillages, pas le rhume, pas les soucis, pas les crashes mentaux, les quiproquos, les paranoïas, les bad trips, la psychose.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Rien !
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Rien ne nous empêchera d'être heureux.
Rien ne t'empêchera d'être joyeuse.
Rien ne t'empêchera d'être joyeux.
Rien ne vous empêchera d'être joyeux.
La malbouffe, le réchauffement climatique, les prix trop chers, l'empoisonnement généralisé, la proche fin de la Terre.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Les Nazis, les terroristes, les fascistes, les va-t'en guerre, les racistes.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le sadisme, les turpitudes, la faiblesse, les tromperies, les trahisons.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le triomphe des imposteurs, le triomphe de la connerie sur Terre, la domination de quelques-uns sur tous, la télévision, l'uniformisation, le suivisme, les foules passives et bêlantes et conformistes.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Les gens de merde, les radios de merde, les films de merde, la société de merde, les médias de merde, les musiques de merde, les films de merde, les séries de merde, les jeux de merde, les personnes de merde.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le passé cauchemardesque, le présent qui pue, le futur apocalyptique.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le néant, le vide, l'ennui, le malheur, la malédiction.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La vieillesse, le manque de bol, le manque de pot, le manque de cul, le manque de chance, la mauvaise étoile, le destin foutu.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La nature martyrisée, les animaux martyrisés, les humains martyrisés, la Terre martyrisée.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Une vie sans but, dans un univers infiniment froid et vide et cruel et sans possibilité.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
L'enfer de vies mornes dans la solitude, la pauvreté, et la douleur.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Tout ce qui est inatteignable, la destruction de tout espoir, la disparition de tout ce en quoi nous aurions pu croire, l'impossibilité de toute amélioration, de toute utopie, de tout idéal, les rêves piétinés.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
L'échec, le manque d'amour, le désamour. Le gros manque de joie palpable, partout. Le flagrant, le profond, manque de joie palpable, partout.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La joie
est un muscle.
Il faut
le travailler.
Ce qui vit
hors de la joie
n'est pas la vie.
La joie
est un muscle, il faut le travailler.
Ce qui vit
hors de la joie n'est pas la vie.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux
Rien ne nous empêchera d'être heureux
Rien ne nous empêchera de célébrer.
Rien ne nous empêchera.
mardi 20 février 2018
jpeux pas. Mathias Richard
Jpeux pas baiser. Jpeux pas manger. Jpeux pas travailler. Jpeux pas dormir. Jpeux pas parler. Jpeux pas chanter. Jpeux pas danser. Jpeux pas penser. Jpeux pas réfléchir. Jpeux pas téléphoner. Jpeux pas rien faire. Jpeux pas marcher. Jpeux pas chier. Jpeux pas m'laver. Jpeux pas m'habiller. Jpeux pas boire. Jpeux pas brailler. Jpeux pas HP. Jpeux pas acheter.
Jpeux pas pas pas pas. Jpeux pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas pas pas pas pas pas. Jpeux pas pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas reposer. Jpeux pas me lever. Jpeux pas relax. Jpeux pas décompresser. Jpeux pas calme. Jpeux pas cool. Jpeux pas draguer. Jpeux pas trinquer. Jpeux pas tranquille. Jpeux pas péter. Jpeux pas détendre. Jpeux pas lâcher. Jpeux pas laisser. Jpeux pas aller. Jpeux pas laisser aller. Ça fait d'l'effet. Mais moi je sais. Qu'on est coincé. Dans ses pensées. Jpeux pas germer. Jpeux pas créer. Jpeux pas alcooliser. Jpeux pas pêcher. Jpeux pas pêcho. Jpeux pas chipoter. Jpeux pas chiper. Jpeux pas choper. Jpeux pas chaper. Jpeux pas chéper. Jpeux pas chuppa. Jpeux pas chuppa chupp. Chuppa chupp, chuppa chuppa. Chuppa chupp, chuppa chuppa, chuppa chuppa. Jpeux pas bébé, jpeux pas pépé, jpeux pas pépier, jpeux pas poupou. Jpeux paf ! Jpeux pas respirer. Jpeux pas conduire.
Jpas rien, jpas rien faire, jpeux pas pas rien faire.
Jpas rien, jpeux pas rien, jpeux pas rien faire, jpas rien faire, jpeux pas pas rien faire.
Jpeux pas pas pas pas. Jpeux pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas pas pas pas pas pas. Jpeux pas pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas, jpeux pas, jpeux pas, jpeux pas. (spousse pas jpige pas jpajpeu pish pash push pas chpou chpa jpeu jpige pas shp shpi sh jpeu...)
Jpeux pas bouger. Jpeux pas sortir. Jpeux pas rentrer. Jpeux pas prendre. Jpeux pas payer. Jpeux pas voyager. Jpeux pas roter. Jpeux pas goûter. Jpeux pas déguster. Jpeux pas m'amuser. Jpeux pas rigoler. Chuis pas un cas isolé. Chuis pas un cas isolé. Chuis pas un cas isolé. Chuis pas un cas isolé. Chuis pas un cas isolé. Chuis pas un cas isolé. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas entendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas entendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas comprendre. Jpeux pas expliquer, jpeux pas m'arrêter, jpeux pas taire, jpeux pas stopper, jpeux pas résister, jpeux pas oublier, jpeux pas cesser, jpeux pas fuir, jpeux pas partir, jpeux pas rien.
Jpeux pas participer.
Jpeux pas voir. Jpeux pas vivre. Jpeux pas vouloir.
Jpeux pas désirer. Jpeux pas plaisirer. Jpeux pas crazyrer. Jpeux pas lazyray. Jpeux pas libre. Jpeux pas foncer. Jpeux pas français. Jpeux pas subvenir. Jpeux pas aider. Jpeux pas rassurer. Jpeux pas fournir. Jpeux pas donner. Jpeux pas faire. Jpeux pas guérir.
Jpas rien, jpas rien faire, jpeux pas pas rien faire.
Jpas rien, jpeux pas rien, jpeux pas rien faire, jpas rien faire, jpeux pas pas rien faire.
Jpeux pas pas pas pas. Jpeux pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas pas pas pas pas pas. Jpeux pas pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas.
Jpeux pas, jpeux pas, jpeux pas, jpeux pas. (spousse pas jpige pas jpajpeu pish pash push pas chpou chpa jpeu jpense pas shp shpi sh jpeu...)
Je. Peux. Pas. Je peux pas. Je peux pas. Je peux pas pas, je peux pas. Je peux pas. Je peux pas. Je peux pas pas, je peux pas. Jpeux pas. Je peux pas. Je peux pas. Je peux pas pas, je peux pas. Je peux pas. Je peux pas. Je peux pas pas, je peux pas. Jpeux pas. Jpeux pas...
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mercredi 2 août 2017
Le vertige - Mathias Richard
toujours, tous les jours
à chaque instant, un vertige
un vertige, un vertige
je dois / fermer les yeux
pour me / reconcentrer
est-ce que tu, comprends, le vertige
est-ce que tu ressens, le vertige
c'est un vertige, permanent, ce n'est pas n'importe quoi, c'est la vérité, c'est la seule réalité,
le vertige, est la seule réalité
le vertige, est la seule vérité
tout le reste, ce sont des à-côtés,
tout le reste, c'est du blabla,
moi je suis né et j'ai grandi, dans un vertige, qui n'a cessé, de grandir, mais j'ai toujours dû, le cacher, faire comme si, faire comme si ça n'existait pas,
moi je parle à ceux qui ont un vertige, je parle à ceux qui vivent dans un vertige
je propose qu'on fasse, un monastère, une communauté, un rassemblement, où enfin on serait entre gens qui ont le vertige, on n'aurait plus besoin, de faire semblant,
nous avons dû être, des caméléons, nous avons dû, marcher droit, plus ou moins, pour arriver, jusque là
nous avons dû faire comme si nous n'avions pas le vertige, nous avons dû faire comme si
je voudrais qu'on soit vrais,
y a des gens, nés dans un vertige
ce n'est pas un choix
ce vertige, c'est la vérité
le reste, c'est rien, c'est du blabla, de l'adaptation, de la sociabilité,
la vérité, c'est le vertige
le reste, c'est, du, blabla,
le reste, c'est rien
ce qui n'est pas le vertige
c'est
rien
nous sommes
une religion
LA
religion
la seule la vraie, religion
religion, invisible
celle dont on ne parle pas, depuis toujours
une religion, qui ne se dit pas
qui est sur toute la Terre
depuis des centaines de milliers d'années
nous sommes une religion
la seule, religion
la seule chose qui vaille
le reste
c'est juste, des croix à cocher
dans des documents
des croix à cocher
dans des vies
le reste c'est juste des années entières perdues
le reste c'est juste des vies entières perdues
le reste, c'est rien
un vertige te fait tourner la tête
tu cherches à l'éteindre avec des cigarettes
tu cherches à l'éteindre avec de l'alcool
un vertige te fait tourner la tête
tu mets de la musique ça le canalise et l'amplifie
un vertige te fait tourner la tête
un vertige te fait tourner le corps, les épaules, le torse, les jambes, le bassin
un vertige te fait tourner la tête
tu es une tige
une vibration
(une feuille dans le vent, une algue dans la mer, un nuage qui change de forme)
tu sens les sensations, tu sens les pensées, tu sens, le corps
tu sens l'ouverture, l'ouverture, de tout ce qui est possible, de tout ce qui est enthousiasmant, de tout ce qui est déchirant
c'est un truc qui te tord les nerfs
tu as un vertige
en toi
un vertige, c'est quand tout tourne, tout tournoie
tout vrille, tout tourne
un vertige c'est quand tout est immobile
et qu'on voit les lignes de vitesse
au ralenti
chaque ligne de vitesse, tu la vois, tu peux l'attraper
entre tes doigts
la regarder
tout à coup tout repart à toute vitesse et continue
et en même temps
tu vois toutes les images du monde
toutes les images du monde possibles
tous les visages, toutes les plantes, tous les objets, toutes les pierres, toutes les couleurs, toutes les lumières
tous les gens, tous les bâtiments, tous les animaux, tous les insectes, tous les poissons
tous les recoins, tous les soleils, toutes les planètes
c'est ça le vertige
tout est là, en même temps
c'est immobile et ça va à toute vitesse
Qu'est-ce qu'on en fait de ce vertige ?
Qu'est-ce qu'on en fait du vertige ?
Est-ce qu'on respecte le vertige ?
Est-ce que l'on respecte assez le vertige ?
il faut des écoles pour maintenir le vertige, le cultiver le développer
il nous faut des écoles de vertige
des camps disciplinaires de vertige
des camps sans camp, juste des gens qui marchent dans la rue au hasard, et dont l'unique goût, et but
est d'écouter le vertige, de le développer, de l'amplifier, de le prendre en compte, de le respecter, de s'en inspirer
les cordes les vibrations il faut marcher dessus, glisser dessus
danser dessus
on bouge à toute vitesse, tout en restant immobile
ce moment
où tout
s'ouvre
où tout
s'écartèle
tu marches au pas dans ta tête
tu marches, dans un rythme qui s'accélère, implacable, qui s'accélère, qui monte
c'est insupportable
tellement, c'est enthousiasmant
et bon
dans cet élan, ce mouvement
tu es à toute vitesse
ça va tout droit, à fond
à fond, à fond, l'extrême, à fond, quand on va dans l'extrême, à fond, que c'est simple, que ce n'est que ça, que c'est la seule chose, que c'est la seule chose pour laquelle on est né, que c'est la seule chose qui compte dans notre vie, que c'est ce moment, où tu as envie de
trembler, crier, sauter
écarter les bras, en te disant c'est là
on fonce dans le tunnel, à toute vitesse, et les lumières ne sont plus que des traits, et les lumières disparaissent que le tunnel devient noir et on va de plus en plus vite, avec une détermination mortelle, à tombeau ouvert à la vitesse des ténèbres
et c'est pour ça
c'est la seule raison la seule chose
ce n'est pas une raison, c'est juste
ce moment où on se dit, on y va à fond, jusqu'au bout, on y va à fond, jusqu'au bout,
et là on se dit, on est là, on y va à fond, jusqu'au bout, à la vie à la mort on s'en fout,
c'est juste
la gloire, la totalité
on y va à fond, parce que c'est trop bon, que c'est la seule raison
à toute vitesse sans bouger
quand tu sens que ça monte, que c'est insupportable tellement ça monte,
que ça monte toujours, et tu sens que ça pourrait monter toujours plus, toujours plus sans jamais s'arrêter de monter, c'est insupportable
ça monte, tu es dans cette montée, si loin que tu ne vois plus d'où tu es parti, ça monte et c'est horrible, c'est insupportable,
c'est une vitesse noire, une vitesse militaire, une vitesse extraterrestre
c'est une vitesse
une vitesse de ténèbre, une vitesse de trou noir
une vitesse où tout est là en même temps
une vitesse qui est partout
une vitesse qui est sans pitié,
inexorable
une vitesse où l'on peut mourir
en étant joyeux
une vitesse qui est une stase, un truc arrêté, insupportable
une vrille immobile
un truc qui met ton corps en mouvement, au pas, en rythme
un truc où on va jusqu'au bout
truc
à fond
un truc où on va jusqu'au bout un truc à fond
mes yeux sont dans la tête d'un oiseau, d'une chauve-souris, d'un caméléon,
ça me fige à fond
ça me fige à toute vitesse
avec
une détermination absolue
car c'est la seule chose
la seule réalité
la seule vérité
un trou de vertige
de trous en trous, de tunnels en tunnels à toute vitesse
en fermant les yeux
on sent le vertige dans chaque muscle dans chaque bout de peau
dans chaque pouce des ongles, des poils
on sent la gloire et l'intensité
c'est à fond, c'est jusqu'au bout, c'est ultime, c'est total, c'est la vérité, la seule vérité, la réalité, celle où on voit tout en même temps
au fond de toi tu sais
le vertige est la seule vérité
la seule réalité
moi je ressens un vertige
tout le temps tous les jours
je dois constamment me réfréner, me calmer, m'adapter
pour avoir une simple discussion
quand je dis vertige c'est pas n'importe quoi
créons un monastère
des gens qui ont le vertige
le vertige, la seule vérité, la seule réalité, créons des monastères
du vertige
jeudi 25 mai 2017
Tu pleures
Tu pleures de l'eau.
Tu pleures du feu.
Tu pleures de la terre.
Tu pleures de l'air.
Tu pleures de la pierre, tu pleures du bois.
Tu pleures du fer.
Tu pleures du métal.
Tu pleures de l'électricité.
Tu pleures des circuits.
Tu pleures du plastique.
Tu pleures du béton, du bitume.
Tu pleures tout.
Tu pleures des éclairs, des orages, des nuages, du vent, des vagues.
samedi 13 mai 2017
Sans. Mathias Richard
Sans blague, sans tabac, sans nicotine.
Sans caféine, sans sucre, et sans gluten.
Sans allergène, sans paraben, sans paraffine.
Sans toucher, sans contact, sans irritant.
Sans danger, sans engagement, sans obligation.
Sans implication, sans lendemain, sans huile de palme.
Sans fumée, sans acide gras, sans colorant.
Sans additif, sans horizon, sans domicile.
Sans pensée, sans rêve, sans miracle.
Sans futur, sans perspective, sans attente.
Sans réalité, sans vérité, sans mérite, sans issue.
Sans rien. Sans rien. Sans rien. Sans rien.
Sans nom, sans sans, sans sentiment, sans sensation.
Sans pays, sans origine, sans religion.
Sans destination, sans famille, sans amour.
Sans bruit, sans onde, sans langue.
Sans fracas, sans caca, sans agent toxique.
Sans pénétration, sans silicone, sans souci.
Sans ajout, sans idéal. Sans utopie, sans idée. Sans voix.
Sans sang
Sans sens
Sans sensation
Sans sentiment
Sans centime
Sans sue
Sans sangsue
Sans sens unique
Sans sein
Sans 500
Sans sou, sans ci, sans ça, sans souci
Sans cible
Sans sensible
Sans sable
Sans silence
Sans hélice
Sans lasse
Sans seul
Sans merde
Sans semble
Sans s'assemble
Toute une vie
Sans
Une vie
Toute une vie
Sans
Une existence
Sans
Toute une existence
Sans
Sans délai, sans importance, sans retour.
Sans succès, sans gloire. Sans argent, sans estime.
Sans déconner, sans compromis. Sans malentendu, sans raison.
Sans mot
Sans froid
Sans illusion
Sans elle
Sans air
Sans noyau
Sans prétexte, sans blabla, sans chichi, sans problème.
Sans ami, sans ennemi, sans fin, sans début.
Sans histoire. Une vie, toute une vie, sans.
Sans arête, sans arrêt.
Sans remise, sans crédit.
Sans toi, sans moi, sans édulcorant.
Sans mensonge, sans doute, sans ambage, sans ambiguïté .
Sans capote, sans lubrifiant. Sans acide citrique, sans glucose. Sans amiante, sans protection.
Sans choix, sans drame, sans joie, sans lendemain, sans rien.
Sans sol. Sans ciel. Sans cible, sans but, sans tout.
Une vie
Sans
Toute une vie
Sans
Une vie
Sans
Toute une vie
Sans
vendredi 16 septembre 2016
[Machine MR-16] Le mot-pivot
Le mot-pivot
1/ Choisir un mot (ou un syntagme / un groupe de mot).
2/ Faire tout un texte avec ce mot (ou syntagme) répété :
- soit de toutes sortes de manières, ordres, et dans toutes sortes de formulations (exemples : Volé, Rose, Changer, Illuminé) ;
- soit en appui rythmique fixe (base ou contrepoint) (exemples : Attention, Non, La vague, Contrôle, Déjà).
Rappel. Tout comme la poésie “classique” a créé les rondeaux, les sonnets, les fables ou la poésie en prose, les gens d'aujourd'hui peuvent créer des formes et des formats.
“Dans le livre A travers tout, il y a des syntextes, des prenssées, des mots-pivots, de la Poésie Corps Musique.”
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