OK Monsieur j’ai compris : je suis de la merde. J’ai une vie de merde, je bouffe de la merde, je bois de la merde. C’est pigé M’sieur, cool. Mon air est fait de merde, quand je marche dans la rue je marche dans la merde je suis un merdonaute, tout est de la merde partout, chuis un cosmonaute de merde dans une existence de merde, à chaque seconde je respire de la merde, j’écoute de la merde, elle rentre dans mes oreilles, mes pensées sont merdiques, mes espoirs sont merdiques, je m’habille de merde, j’habite et dors dans de la merde, et quand je rêve, quand enfin je rêve, je fais des grands rêves de merde dans des labyrinthes de merde sans fin, dans lesquels je cueille des fleurs de merde. Des dreams de dreum. Puis je me réveille, toujours dans la merde : les murs sont en merde, tout est en merde, je merde. Et même la merde c’est trop beau, merde c’est un mot trop beau pour moi, vrai Monsieur. Du coup j’ai des habitudes de merde, des addictions de merde, je fume de la merde, je fume de merde, et l’électricité et les ondes sont une merde invisible qu’est partout.
Et c’est pigé Monsieur, la vérité, c’est mérité. C’est ce que je mérite. C’est simple : je suis une merde, je pense de la merde, je mérite de vivre comme une merde. Je me mets dans la merde, et me fous encore plus dans la merde, et ça m’emmerde : je tousse de la merde, je crache de la merde, je mouche de la merde, je chie des pissenlits de merde, je pisse de la merde, mes larmes sont en merde, mon sperme est de la merde, j’ai une santé de merde, je fais des boulots de merde, j’ai des relations de merde, je regarde des séries et du foot de merde, je joue à des jeux de merde, et chuis habillé comme une merde. Tout est logique. Du coup je me comporte comme de la merde, et ne suis qu’une petite merde parmi beaucoup d’autres sous-merdes, dans un ensemble assez merdique. Le soleil lui n’est pas en merde, je crois, mais le pauvre il doit éclairer toute cette merde tous les jours, en attendant que quelqu’un comme vous, Monsieur, tire la chasse.
Alors oui Monsieur vous pouvez faire caca sur ma tête. C’est OK, pas besoin de demander, c’est bien la moindre des choses. Vu mes compétences de merde, mon expérience de merde, mes revenus de merde, mon utilité zéro, oui Monsieur je ferai les trucs de merde que vous demandez, sans problème. Faites caca sur moi c’est gratuit. Les gens font la queue pour me faire caca dessus, voilà un coupe-file. Faites caca sur ma tête, la mienne, celle de mes enfants, celle de ma femme, celle de mes parents, celle de mes potes, celle de mes voisins, faites caca dans ma bouche, faites caca sur ma porte, faites caca dans mon lit, faites caca sur moi, tous les jours, pas de problème. Faites comme tout le monde c’est normal. Je veux bien me tirer une balle dans la tête, mais ça fait un plop, comme dans une merde. Et chuis toujours là. Perdre dans un monde de merde, c’est dans l’ordre.
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