vendredi 3 octobre 2014

Ashbox coma #yurikanesimulator

 
Les progrès de la médecine moderne permettent de soigner des grands brûlés dont l’indice de baux atteint un score de 140, contre 100 il y a encore quelques décennies.
L’indice de baux ? C’est l’âge de notre patient multiplié par la surface de son corps touchée par le feu. L’indice de Wallace nous permet de calculer cette surface - un pourcentage - à l’aide d’un QCM niveau brevet des collèges. Chacune des zones touchées offrent un certain nombre de points à l’image des cibles d’un stand de tir. Jeunes gens, veuillez donc remplir votre formulaire en répertoriant les zones touchées :
la main droite,
les deux bras,
le haut du torse,
le cou,
et la tête.
Si votre calcul approche de 50, ce ne sera pas le meilleur score de la journée mais cela vous autorise à poursuivre votre lecture. Le but du jeu n’est pas seulement d’obtenir le meilleur score mais de conjuguer ranking et survie du patient. Avec un indice aussi faible, nous pouvons affirmer que notre patient est loin d’être le plus à plaindre des grands brûlés, médicalement parlant.
Le patient est allongé sur un lit blanc dans une salle blanche immaculée.
Zéro poussière. Zéro bactérie. A la frontière de la vie.
La machine bat, inflexible, la machine respire.
Toute brûlure de plus de 10% de la surface du corps entraîne une réanimation du patient - la machine est déjà passée par là - aussi la brûlure entraîne un déficit de plasma dans le système circulatoire. La perte d’étanchéité de la peau et les perturbations hydroélectriques entraînent invariablement une baisse de la pression artérielle puis un choc hypovolémique.
Ensuite quoi ? 
La mort.
La machine gère l’hydratation du patient.
La machine nourrit le patient.
Conseil pratique : l’eau froide est un anesthésique très efficace mais ne laissez pas un grand brûlé se refroidir car les perturbations métaboliques dues aux pertes thermiques se chargeraient de tuer le sujet. 
Au bout du cinquième jour notons que toute brûlure est obligatoirement contaminée par les germes : c’est l’invasion microbienne, la majorité des grands brûlés ne succombent pas directement de leurs brûlures. La plus grande cause de mortalité est donc la septicémie. 
La machine s’occupe de l’asepsie, les médecins-machines prennent le relais.
Sédation. Prélèvements. Chirurgie. Coma. Surveillance. Réanimation. Monsieur Kane ?
Monsieur Kane ? 
Entendez-vous le rythme de votre cœur ? 
Rediffusé par notre système électronique d’amplification.
Monsieur Kane ? 
Entendez-vous le souffle de votre être ? 
Régénéré par le miracle de la danse des électrons.
Monsieur Kane ? 
Entendez-vous le rythme lancinant des machines ?
L’appel d’un monde stérile aux bornes camouflées par des dunes de cendres.
Ô Machine… je ne ressens qu’une lumière blanche, la chaleur du soleil frappant la cime du grand arbre, j’entends ce signal aigu, écho glacial, résonner depuis le sol, dont le battement couvre le bruissement de tes vibrations synthétiques. Le sonar accélère, reprend ses droits, je ne veux pas mourir. Encore une fois le timbre glacial de la machine s’emmêle à la pulsation de la ligne d’horizon. Les perspectives sont floues. Ces quelques balises ne me parviennent qu’après avoir franchi des tourbillons de limbes.
Monsieur Kane ? Reveillez-vous.
En d’autres circonstances, j’aurais plongé.

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