jeudi 31 août 2017

Pentagramme


1/ La réalité est trop violente pour toi. Tu as besoin, d'être protégé.
Mais tu n'as pas de protection. T'es en plein dedans en direct, non-stop.
Tu es trop fragile. Tu as besoin d'être protégé. Mais personne ne vient au monde pour protéger quelqu'un d'autre.
Personne n'est venu au monde pour te protéger.
Bizarrement ce qui te protège, c'est de protéger quelqu'un, d'autre.
Mais tu n'as trouvé personne à protéger pour te protéger toi-même.
Tu n'as trouvé personne qui veuille bien être protégé par toi - ce qui t'aurait protégé.
Tu n'as trouvé personne à protéger, afin de te protéger. Tu dois avoir, un bug, quelque part. Ou c'est normal, ou c'est simplement normal, que ça n'aille pas, ce n'est pas fait pour aller, rien n'est fait pour aller, rien n'est spécifiquement fait pour aller, bien.

Tu as besoin d'être protégé.
C'est évidemment trop demander à quelqu'un. Tu n'as pas envie de le demander.
Tu rêverais peut-être
qu'on te le donne
sans avoir, à réclamer.

Ça t'arrache la gueule 
de le dire.
Tu es fragile. 
La réalité, est trop violente pour toi. 
Tu as besoin, d'être protégé.



2/ Il faut se déplacer. Toi tu le sais mais je ne le sais pas. Je le sais mais je ne le sais pas assez.
Il faut se déplacer. Je le sais mais je ne l'applique pas, pas assez. Il faut savoir les choses dans son corps, pas dans sa pensée.

Le déplacement, c'est la vie. Au milieu des gens, dans des transports en mouvement, on s'aperçoit que chez soi on était en train de macérer dans son jus, et que cela n'avait 
aucune 
importance
aucune, pertinence
aucune justesse.

Il faut se déplacer, en entier.
Il faut se déplacer, tu le sais.
Il faut se déplacer, je le sais.
Je le sais mais je ne le sais pas, pas assez.
Je le sais mais je ne le fais pas, pas assez.
Il faut se déplacer, sans penser.

Au milieu de tout au milieu des gens, on s'aperçoit qu'avant on macérait dans son jus, et que cette macération
n'avait 
aucune 
importance
que c'était ridicule, une sorte d'erreur.
Il faut se déplacer. 



3/ Belle personne tu es. Belle personne.
J'ai vu l'humanité, et je t'ai vu toi.
C'est difficile de ne plus t'aimer. Je t'ai aimé un peu trop fort pour revenir en arrière. 

Tu es la plus belle personne que j'ai rencontré dans ma vie.
Tu m'as montré que c'était possible, que ça existait.
Tu es la plus belle personne que j'ai vu dans ma vie.
Même en ne te voyant plus, il me reste un peu de cette lumière, que tu m'as donnée, qui sortait de toi, sans que tu le fasses exprès.

Tu m'as montré 
que c'était possible
que ça pouvait exister
que ça existait.
Tu m'as montré que c'est possible
que ça peut exister
que ça existe.

Le seul problème, c'est que depuis toi, les gens m'apparaissent plats, mais plats plats plats.
Le seul problème, c'est que depuis toi, les gens m'apparaissent plats, mais d'un plat, mais plats plats plats. 
Le monde est devenu plat.
Avec toi, la Terre était ronde. Pleine de vallons, de montagnes.
Depuis toi, tout est plat. 
Depuis toi, tout est plat, plat. Tout est plat, plat plat plat. 
Je voudrais pas en faire un plat. Mais, tu es la plus belle personne, que, j'ai, rencontré, vu, aimé, parlé, croisé. 
Et, j'y peux rien, pour moi c'est pas, rien, car, tu m'as montré, que, c'est, possible, qu'une belle personne, existe, sur la Terre, pour de vrai, pas du chiqué, pas du triché non, naturel, sans faire exprès.
Tu  m'as montré, que, c'est, possible, que, ça peut, exister, que ça, existe. 
Le seul problème, c'est que, depuis toi, les gens m'apparaissent plats, mais d'un plat, plat plat plat, plat plat plat plat. Avec toi, la Terre était ronde. Et depuis, c'est plat plat plat, plat plat. (chantonné) Plat plat plat plat plat...



4/ La vie c'est du gâteau. Un gros gâteau, on fait une indigestion. Un énorme gâteau qu'on mange tout le temps, même quand on n'a pas faim.
La vie c'est du gâteau, c'est cadeau. Tu manges, tu vis. Tu vis, tu manges. Tu dors, c'est toujours du gâteau. Tu roules en voiture, c'est du gâteau. Un gros gâteau.
Avec de la chantilly, des pièces montées, des fruits, et c'est fourré.
Trop cool la vie. On nage dans la chantilly, les pièces montées. On nage tout en mangeant. Même les yeux fermés, on ouvre la bouche, on mange. On ferme la bouche, on mange quand même. On est tellement plein de vie qu'on n'en peut plus, on fait une indigestion. Mais c'est pas grave, on nage dans la mousse au chocolat. Tout va bien, c'est simple.
Et toi, tu me demandes comment vivre. Fada.

La vie c'est facile : il suffit de vivre. Ça se passe tout seul.
La vie c'est simple. Tu vis et voilà, c'est fait. 
La vie c'est bonjour.
C'est un coup de fil.
C'est mou.
C'est comme tout.
La Vie Facile, c'est Ricard. Ça coule. Et c'est cool de source.
C'est bête comme chou, c'est con comme la lune, c'est un soleil.
Comment faire pour vivre ? Eh ben tu vis. Paf. Tu vis jusqu'à ce que. Faut juste se laisser aller. Ça se fait tout seul.
Et arrête de croire que tu pourrais faire quelque chose. Tu peux rien faire. Mais tu peux vivre.
Voilà, t'as ta réponse. La vie, c'est du gâteau. La vie, c'est un cake. La vie, c'est une meringue. Question suivante.
La vie, c'est pas une pizza, c'est un banana split. 
C'est pas une lasagne, c'est du nougat.
La vie, la vie la vie la vie. C'est pas du caviar, c'est un clafoutis. 
La vie, c'est pas un kebab, c'est un baklava.
La vie c'est pas des pâtes à la bolognaise, c'est pas du coq au vin, c'est
des bonbons, des Kinder, des œufs de Pâques.
T'as compris ?
La vie, c'est cadeau. La vie, das ist ein Geschenk. (La vie, la vie la vie la vie.)
Alors me fais pas chier, t'as ta réponse. 
La vie c'est pas des nouilles, c'est des litchis.
C'est pas un canard laqué, c'est un beignet.
C'est pas un cheese, c'est un sundae.
La vie c'est pas une paella, c'est une tartelette, aux poires, aux prunes, aux pommes.
La vie c'est pas du pâté, une tartiflette, un mafé, un burrito, des croquettes, c'est une charlotte aux fraises, des profiteroles, de la pâte d'amande, des chouchous au nutella.
La vie, c'est un éclair au chocolat. 
La vie c'est une religieuse au café.
La vie c'est un mille feuilles. C'est pas un coq au vin, c'est pas une langouste. C'est pas un cassoulet. C'est pas un couscous. C'est pas de la choucroute. C'est pas de la bouillabaisse.
Bref.
C'est pas des saucisses aux haricots. 
La vie, c'est pas un plat principal, c'est un dessert. 
La vie, c'est sucré, c'est pas salé.
Tu veux mon avis. La vie, c'est pas un steak, c'est une glace.
Tu veux mon avis, la vie.
C'est pas des frites, c'est une compote. Une compote. Une salade de fruits.
La vie, c'est pas des choux, c'est des choux.
La vie, c'est pas une crêpe, c'est une crêpe.
La vie, c'est pas une salade, c'est une salade.
La vie, c'est pas une tarte, c'est une tarte.
Voilà, t'as ta réponse. La vie c'est ça. Question suivante.



5/ Le calme est un trip. Un trip de calme.
Y a des trips de sexe. Des trips de violence. Des trips de pouvoir. 
Mais on parle pas tellement
des trips de calme.
De trips de cool.
Y a des trips de parano. Y a des trips d'angoisse. Des trips d'obsession. Des trips de flippe.
Mais on parle pas tellement
pas souvent
des trips de calme.
Le calme est un trip. (hun hun)
Le calme est un trip. (asp)
Le calme
est un trip. (asp asp)
Le calme est un trip. 

Un trip de calme
c'est
on est calmes

et après
on est encore plus calmes

puis ensuite
on est super
super calmes

et après
on est très, très très, extrêmement très, très très, extrèmement très
très calmes
vraiment très calmes
calmes
Quand le calme t'envahit
Quand le calme t'envahit (humph)
Quand le calme  (humph)
c'est l'air qui rentre  (humph)
dans tes poumons  (humph)
inspirez  (humph)
expirez 
Vous êtes calmes
Vous n'avez jamais été aussi calmes

Vous êtes 
le calme
fait 
chair, corps, os, eau, sang
Des entités calmes
Des calmes puissants
Des calmes tellement calmes qu'ils émanent du calme
qu'ils ont des auras de calme
et répandent le calme
autour d'eux
un calme profond
une paix 
intérieure
une sagesse
on est calmes  
le sang est ralenti
la respiration est ralentie
le cerveau est ralenti
c'est un trip de calme
est-ce que tu sens le calme
pénétrer en toi (asp)
est-ce que tu sens le calme petit à petit
se glisser et ramper
sous ta peau   (han)
ça fait comme une seconde peau de calme en dessous la peau
une armure de calme
une aura de calme
(aspire)
et maintenant (souffle)
tu souffles le calme  (souffle)
tu souffles le calme  (souffle)
le calme est une came (mh)
le calme est une canne 
le calme est une came
la came est une canne qui est calme, calme
calme comme la surface d'un étang
sans vent
rien ne ride la surface
et à l'intérieur c'est plein
c'est plein
c'est lent
c'est sage
c'est...
on est calmes 
on est très très calmes, c'est un trip de calme

on parle
des trips d'angoisse
des trips de pouvoir
des trips de violence
des trips de jalousie
des trips de possession
des trips de speed
des trips de bad trip
mais on parle pas
trop souvent
des trips de calme
le calme est un trip (asp)   (asp)
le calme est un trip trip
le calme est un trip (ouh)
le calme est une came, trip  (t^)
le calme est une trame, clip
le trame est une came, clip
le calme est une came, canne
le calme est une canne, une came
le calme est un trip, dont on ne revient pas
le calme est un trip, dont tu ne reviendras pas
on est calmes
on devient de plus en plus calmes
on vieillit, le sang se 
ralentit
tout se ralentit
on devient calmes
de plus en plus calmes
on n'y peut rien
on devient calmes
de plus en plus calmes
le calme est un trip (asp)
le calme est une came (ph)
le calme est une canne (han)
le calme est un trip (hun), on est calmes
le calme est un trip
on est de plus en plus calmes
on reste calmes
on devient calmes
on devient très très calmes
le calme est un trip (hun), (on reste calmes)
le calme est un trip (hun), (on reste calmes) (insp)
le calme est une tripe 
hun / ha
hun / ha ha

le calme est une trappe
par où 
le bruit 
s'en va

le calme est une troupe
une troupe
tranquille
très tranquille

le calme est une trompe
de silence
(danse)

le calme est une trappe
dans laquelle      
tous les bruits
disparaissent

le calme est une trappe
par où, tout le bruit
s'en va



le calme est un trip
le plus grand trip
on est camés au calme
calme junkies
junkies au calme
passe-moi du calme
le calme est en moi
on est méga-calmes
on trippe
on trippe
on est calmes on trippe                          
pétés au calme
c'est le trip
profond
du calme
du grand grand calme
(du calme
du grand grand calme)




----------------------------------------

Ces cinq textes ont été improvisés à la suite sur un enregistreur vocal lors d'une même ballade d'1h30 le long du Cher et autour du Lac de Tours le 9 août 2017.
(Après coup, certains ont été un peu augmentés et arrangés).

mercredi 30 août 2017

lundi 28 août 2017

Didier Ober (7)


Etre
et
ne pas être
Ce n’est plus une question
seulement une contradiction
à vivre
Etre et ne pas être
Etre vivant
en étant mort




source : raison basse

vendredi 25 août 2017

Didier Ober (6)


Vivre – Sortir à l’air libre
N’attendre rien
juste respirer
respirer regarder
marcher
rêver
N’attendre rien
qu’hostilité et mépris
Se rappeler à la mauvaise conscience
de ce monde




source : raison basse

mardi 22 août 2017

Didier Ober (5)


Des journées passées à ne pas voir la lumière du jour
Des journées passées à perdre son temps
dans les salles encombrées et illuminées aux néons
- Salles aux murs et aux lumières jaunes -
où chacun attend son tour
les yeux fixés dans le vide




source : raison basse

samedi 19 août 2017

Didier Ober (4)


Deux heures de la nuit
à l’ombre d’un pylône électrique
nouveau dieu de la civilisation zéro
je ronge ma main décomposée
puis le bras de ce corps purulent
que j’ai décidé d’engloutir
afin qu’il ne reste aucune miette
de ce corps atrophié
déchet d’une civilisation usée
afin que les restes de mon cadavre
ne viennent s’amonceler
sur les piles de débris humains
déjà immenses
qui vous empêchent
de respirer





source : raison basse

vendredi 18 août 2017

Fin de la VisioCam

18 ans – Enfant du bloc D. – Né en Incubateur – Le dernier rêve de Murphy nous permets de savoir que la cause de l'anomalie arithmétique est due à un sommeil forcé de la VisioCam, tous les soirs, pendant 5 minutes. Les lentilles caméras de surveillance semblent brouillées par une tempête cathodique. Possible faille de la VisioCam.

Fin de la VisioCam

9.

Le cerveau Murphy ralentissait  progressivement. Le tracé électroencéphalographique révélait des ondes amples et de basse fréquence.  C'est dans ce temps en suspend qu'il amorça sa nuit. C'est dans ce temps en suspend qu'il tombait, étage après étage, dans les limbes oniriques d'une nuit d'été.

Nuit de fête

« D'ou l'importance que prennent, à longs intervalles, ce bref éclat du miroir perdu » Récite Murphy face au tube néon.


Après les présentations, le tube néon enleva son chapeau de lumière avant de terminer par :

« Les colonies de l'oubli »

Flash bleu !

Le Docteur et Julia entrent dans sa chambre par une fenêtre dessinée au fusain. 5 minutes de liberté, pas une de plus.

- Comment tu vas Murphy ? Demande le cadavre en
décomposition.

Des lambeaux de chair qui peu à peu se transforment en silicium. Adulte d'or et d’ivoire dans le songe de cette nuit de noces.

Murphy souleva la tête en direction du docteur. Un hochement avant d'observer les palmes à ses pieds. Et Murphy plongea dans le sol-onde-liquide d'un parquet en bois.

- Troubles psychotiques non décelés, sourit celui qui a passé sa
vie à être une machine d'affects et d'analyses.

Et Julia éclata de rire. La tête à l'envers, sur le lit de Murphy, les yeux plongés sur le plafond et ses milles lunes, elle pensait à un dauphin nageant au milieu de la chambre.

mercredi 16 août 2017

Didier Ober (3)


les murs gris asphyxiant
l’horizon électrifié
la vie s’effondre
comme les fleurs
se recourbent
et fanent




source : raison basse

mardi 15 août 2017

lundi 14 août 2017

Ta respiration - Mathias Richard


T'as une super respiration. J'adore ta respiration. Je suis fan de ta respiration. Elle a un bon rythme, une bonne ambiance, un bon son, elle est trop cool. Tes poumons sont cool. Y a une bonne atmosphère près de ta bouche, ton nez, ton ventre, tes poumons, ton cou. J'aime ta respiration, je veux être à côté, pour dormir, pour parler, pour baiser voir comment elle s'accélère. Faire de la marche en montagne et en forêt, avec toi, avec ta respiration. T'as une belle respiration, tu sais. Le prends pas mal, t'es faite comme ça, tu peux remercier ta mère, tu peux remercier tes parents, t'es BIEN faite, faut pas en avoir honte, faut assumer, je sais c'est pas facile quand tu marches dans la rue, tous les mecs se retournent et t'embêtent et te zyeutent et t'écoutent, c'est ça d'avoir une super respiration, une grosse respiration, la change pas, pas besoin de la cacher, de la modifier, pense à toutes celles qu'ont pas une respiration comme ça, t'aimerais sérieusement avoir une respiration de merde ? Alors arrête de te plaindre et de rougir et assume ta respiration bordel prends-en gloire, tu peux être fière, tu es une femme qui a une respiration de belle femme, de sacrée femme, une respiration éclatante, une sexy respiration, c'est pas une respiration c'est une bombe. Et moi je veux être à côté. Si tu veux bien...

Je veux respirer ta respiration.
Je veux mettre mon nez dans ta bouche.
Je veux mettre mon oreille dans ton nez.
Je veux laisser ma bouche ouverte devant ton visage, ta bouche et ton nez, je veux
te sniffer.
(inspiration vive)
Me rythmer sur ton rythme, apprendre à respirer comme ça, me synchroniser, à la recherche de la totale synchronisation respiratoire et mystique
dans un même souffle
dans un même élan
dans une même fatigue et lassitude
dans une même excitation
tout ce qui m'intéresse
c'est ta respiration
le reste est secondaire
pardon.
De la respiration en vrai. Pas de K7 enregistrée. Ça marche pas. 
Il faut que l'air ait circulé en toi, rentre en toi et sorte de toi. Pour que ça le fasse. Bébé. Bébé adorée. Ce souffle unique me donne envie de te niquer et qu'on se perde dans nos souffles.
(respiration accélérée)
C'est ta respiration qui me fait tout ça chérie, surtout n'arrête pas de respirer.
N'arrête pas de respirer bébé, n'arrête pas. Oh oui.
Je peux encore rester un peu près de toi, près de ta bouche ?
Je respire et sniffe ton air tant que je peux.
Et on va se calmer.
Je me calme.
Là.
OK.
Je suis calme.
Au revoir.


dimanche 13 août 2017

quelques vers


Didier Ober (2)


CHAQUE JOUR
SE RÉVEILLER UN PALIER PLUS BAS
DANS UN VIDE-ORDURES SANS FOND




source : raison basse

vendredi 11 août 2017

Didier Ober (1)


Aliénation programmée
Destin enchaîné
Rêves écrasés
sous les rouleaux compresseurs de la réalité bétonnée
Nous payons de notre vie
pour nourrir ce qui nous détruit
Tout se vend et se jette !




source : raison basse

Un Homme et son piano

Un Homme et son piano. Cet Homme qui ne sait pas qu'il joue le même morceau depuis 1371315 touches frappées. Non, il ne sait pas qu'il appartient maintenant au monde de ceux qui ne sont plus, au monde des fantômes. Non, il ne sait rien de cela. Malgré le silence, il continue à jouer. Malgré le son absent de son piano, il continue à marteler délicatement le bois du regard. Malgré tout, il vit au rythme de l'emprunte de ses pouces, index et majeurs contre les touches blanches et noires. Requiem de l'oubli à trois doigts. Requiem d'un fantôme ne vivant que pour son instrument. 



Qu'importe, tant que la beauté du geste est là. 

Tant que la beauté du geste est là, la mort ressemble à un rêve.



Le rêve de cet Homme n'a pas de son. Le rêve de cet Homme n'a pas de visage. De dos, plongé dans son piano, il rêve qu'il goûte une note sucrée. Le sucre fait place à de l'eau. Le do majeur pianoté d'un geste aussi beau que désintéressé. Il n'y a aucun regard porté sur son visage manquant. Il n'y a aucun mots, amas sémantique d'une pensée déjà biaisée. Il n'y a aucun jugement. Juste le geste, sa précision, son attention et une glace à la vanille offerte d'un geste désinvolte.



Cet Homme n'a pas de nom.

Les mots n'appartiennent qu'aux vivants.





Pour les vivants, les mots ne sont que des instruments de défenses, d'excuses, de complaintes, d'analyses stériles d'une situation en constante orbite autour de l’ego. Le pianiste n'a pas de nom. Perdu parmi une foule masquée, il est juste la, présent, ici et maintenant, lui et son piano. Aucun nom pour celui qui en porte un milliard. Aucun nom pour celui que à cesser d'être. Il n'est plus. Souvenirs délavés, passé flouté, il navigue entre la danse de ses doigts et le regard perdu dans cet instant magique ou le moindre mouvement laisse une traînée de couleurs bleues, vertes, oranges et jaunes suspendues dans les airs.

///

Pianiste : Vincent Rouard

Texte et photos : S.d

dimanche 6 août 2017

lé #8 (extrait||version texte)



CD


Vinyle
face A
Ô ma lyre immortelle !

« Vous qui venez ici dans une humble posture,
Débarrasser vos flancs d’un importun fardeau »
                   Emmanuel Arago, Le petit endroit.



PREMIER MOULÉVEMENT

                        étreinte des seins dans l’anonymat
                        la mort est une nécessité cryptée à encoder en décimal
savoir vivre est un art de vacuité autrement dit
dyptérophobie du local WC la fonction Ctrl+X est un lent déroulement blanc grêlé de reproésie à jet d’urine
                         enceinte des trains instagramette de papier pic et pic et colégram bour et bour et ratatam
                         savoir vivre est une suite de mots en contrôle C

régime de coïncidence hasard antécédent
nos deux wagons se télescopant au format mp4
                                                sept fois lingual dans le trou
                        tu roulerons à dos éreinté nous rouleras à siphon ouvert
et je seriez à la place du nerf optique
toi à celui du diamant dans le sillon
éclats de l’œuvre au lé le cerveau de D
                        esnos et celui de D
                        uchamp gamahuchant
en esprit en protéine
en programmation en pneumatique
en chair en poumons
                       l’épaisseur de la ride
                       cinétique anima côte aurorale
                       à l’état natif
             mystique osmose entre le Pro
             fesseur C
             horon et C
             avanna
test + 1 + 2 + 3 … + 10 etc.
définir l’aiguillage ou l’Uzi au niveau du disco
urs politique

une façon de sarcophage       enveloppe flexible       et de vaisseau spatial transgénérationnel le corps protéiné hybridé à des synapses non tout à fait implémentées du niais       perdant peu à peu       de son sang de son sens et de son corps en perfusion pour entrer assurément dans le cerveau et au-delà dans des actes appris et des processus de pensée
avant l’automatisation le devenir-nid se réifiait en gestes répétitifs sur une chaîne de montage
un logé mon enclos ma clôture et membrane une enveloppe à l’humain de la canalisation pompe d’exhaure
ingénieur et dessinateur technique       en fournissant       les applications lui permettait-on de s’accomplir plans en coupe AA de plusieurs catégories de matière       grise       et de cols bleu-blanc-marche ex-niards chacun d’entre eux devenu une automobile avec informatique embarquée

lorsque le trou-grand-duc ou anus-vautour fauve ou foutre dieu sortiront en bondissant des robots       à tricotin-roues       l’automobile en tant qu’être anté-chiant du post-mortem pond par ailleurs des kilomètres de croquettes digérées sur les trottoirs et les abords des arrêts-pipi

souvent les seuls agents détergents sont les roues des utérus à roues qui les étalent partout et tes chaussures de néo-ex-niard
les premières ont l’aspect mutant du criard-ex-chieur-pisseux devenu OS1 ou OS2 ou ingénieu-nieur en ayant contribué au devenir-clavier de la machine à quatre roues
les seconds les reproduiront

voilà où trouver l’ennemi social l’usine à croquettes et toutes les médiations les intermédiaires
pour en assurer la conception la publicité la diffusion le transport la distribution
les mange-merde
les lèche-culs
les suce-sang
les bouffe-vies
les ferme-horizons
les conservés
les intéressés
les pourcentagés
les jougs-au-pas
les ferme-mots
les experts-du-fion
les compères-du-pot
les pieds à coulisse
de la dernière série
les assermentés
des chaînes
les beaufs
qui se la jouent à
3 500 € par mois
etc dans mon cul l’etc
chier par procuration et pisser partout
se triturer la socialisation via chiens interposés les néo-niards adultes en sont experts traits       d’union       entre deux dégénérations d’usines à croquettes et leurs tapis à vomir de la boîte à son chien-chien et du paquet à son matou et des robots auto-cooling-roulants

en concurrence avec les pneus et les semelles pour étaler la merde en tant qu’intime transformation mutante       des usines       à croquettes certains éditeurs et autres producteurs de la culture soi-disant à gauche et du bon sentiment génuflexionnel façon confession              sur papier matériel ou virtualisé que recyclent-ils sinon de l’usinage de croquettes de mots

les souliers des gens et les pies qui sont des coprophages bien connus noir blanc et mutants
                       de la mauvaise haleine
                       MH le meilleur chanteur de méthane a oublié son clignotant droit vert et mutant
corps méthanisé marchandisé transparent portant capsules de travail produits et producteurs
siège de gauche il y a
capsule au-dedans pas conducteur mis en attente
ceinture airbag un embryoniard dedans

130 rappel
ne chier pas plus vite
que l’aire à venir
pompes à robots
hauteur maxi 2,3 mètres

dépose de merde en famille
oubliée la viande d’un niard de 5 ans
près la pompe n° 3

un autre ailleurs dix cent
dézingués pour quelques litres dans ton réservoir

illusion d’individualité
du grand corps financier
dès qu’il pond un niard niais cent chiards chiants
tant et tant
de marques pour dupliquer
la mêmeté

de l’ingénierie œuvrée
par l’industrie
du BTP et de l’énergie
fossilisée

l’on démembre de l’humain
             approximativement égal ≈
             à de la grande étendue de
             matière

             traces de pneus frein pas
             ≈ rein pas
                       démembre de l’humain
en rouleaux
transgénérationnel
1-2-3 voies
où s’accrochent leur cul
                       en devenir

             post-mortem

croquette quasi mondialisée
et musique en CD
conserve de son trompette avec
ou sans
sourdine
             on lance le CD au plafond
                          et il reste collé

                                       en est-il autrement
                                                  du PQ
                                                             poétique

             en général et des médias
             gratuits en particulier

le capot paludéen émergera
à marée basse
PQ hexadécimal en pointillé
PQ en ligne continue
PQ en glissière de sécurité
PQ au chromé du pare-chocs
PQ sur les essuie-glaces
PQ sur le pare-brise
PQ resté dans le cul à l’arrêt-pipi
PQ dans les croquettes du chien
les ablutions n’ont pas eu lieu
liste inaboutie incongrueauniveau du siphon
PQ vacancier avec vélo
de trois néo-chiards
sur le hayon 2 grands post-idem
sur le toit bref

des siècles de crime et
d’assassinat
l’accélérateur de progrès
en marche en LOA

ne leur coûte pas chair (sic)
à carburant et ça pleure après le barbu-niard
qu’ils ont dans le slip
l’Uzi derrière la fermeture Éclair
le décompactage en fichier arrêt-caca

SECOND MOULÉVEMENT

                                       LE CHŒUR DES PRÊTRES
                          « Les entrailles des victimes
                          Nous annoncent que les dieux
                                       Sont joyeux ;
                          Poètes, soyez sublimes !
                          Car vos chants harmonieux
                          Sont écoutés dans les cieux. »
Émile Augier, Sapho.

                                       LES POÈTES
                          « Il est un blog où chattant chibre
                          Le branle-bas n’est pas sérieux ;
                          La hanche assise  en équilibre —
                          Taillant bavette est tôt aux pieux.
                                       À peine la sève,
                                       Monte à ces bords roux
                                       Qu’un des culs se lève
                                       Et pète un bon coup !
                          Son vit dressé l’autre est bien mis ;
                          Au trou du gland la langue est bleue
                          Quand, ocreux, est glissant le pli
                          Qui n’est labeur d’aucune queue.
                          L’odeur peu à peu s’élabore ;
                          Osant le recul, elle va.
                          La bouche en avant la dévore.
                          A-t-il tourné sa glotte en bas ?
                                       À peine la sève,
                                       Monte à ces bords roux
                                       Qu’un des culs se lève
                                       Et pète un bon coup !

                                       LE PEUPLE
                                       « Meure la tyrannie !
                                       Malheur à qui s’endort
                                       Dans cette ignominie !
                          Plutôt la mort ! »
                                  Ibidem.

 
 
#2 versionaud<>ioemboutie



lerte polluti c'estdansl'#



 

A Faceless God


   « Un jour, cela se fixe (ce qu'on appelle la maturité, l'homme fait). Cela va assez loin dans une certaine direction, mais dans l'autre, ça ne voit pas une lampe à deux pas. Et alors il n'y a plus rien à faire, car on est proprement fait, dans toutes les acceptions du mot. », c'est du moins ce qu'en dit Julio Cortázar. Interrupteur des grands fonds, clavier Azerty à membrane, ou clavier souple, au-delà des rebonds, lchographie est une lamproie (« hic sunt dracones »), une multiprise, un amplificateur de voix : il n'est pas permis de s'adresser au concepteur au-delà de 230 volts.