mercredi 27 janvier 2016

ULTRAVORTEX SAISON 3 Épisode 5 : Sur la question des satellites


ULTRAVORTEX SAISON 3
Épisode 5 (final)
Sur la question des satellites


Professeur Kane,


À l’échelle du cosmos, toutes les vérités humaines finissent par être balayées par des paradoxes. Sur Mercure, les jours sont plus longs que les nuits. Sur Venus, c’est l’effet de serre indispensable au développement d’une vie à la surface qui aurait détruit la planète. Notre Soleil, lui, nous donnera la mort aussi bien qu'il nous ait donné la vie. Un jour nous finirons sans doute par apprendre que l’image du rayonnement fossile de l’univers que nous contemplions comme une trace du passé n'était qu'une prévision du futur.


Vous le savez tout aussi bien que moi, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Cette sagesse ne souffre d’aucune contradiction et aucune idée ne peut expliquer avec une telle économie de moyen la structure paradoxale de l’univers. Un savoir sur lequel repose toute notre science ésotérique. Il y aurait des centaines de façons d’aborder la question et la réponse. Prenons un exemple simple ; dans ce jeu de miroirs qu’est la réalité, avez-vous déjà vu la Lune ? Ou plutôt, à quand remonte la dernière que vous avez posé un regard rêveur sur la surface du Grand miroir, c’est ainsi que nous l’appelons.


Pour y avoir fait exploser une bombe atomique, la NASA sait que la Lune est une sphère vide. Un artefact conçu pour permettre à la vie de se développer sur Terre, en générant marées et marées, en ouvrant la voie à des cultes à mystères, en donnant aux hommes l'idée de quitter le nid pour se rendre dans l'espace. Un magnifique marchepied. Il en va de même pour les lunes de Mars découvertes du jour au lendemain, et dont la présence était certifiée par une prophétie de Swift en 1727.


Les scientifiques collectent parfois ce genre de faits incroyables et décident qu’il n’y a aucune raison de les ébruiter. Les artistes ont parfois des intuitions, mais personne ne les prends au sérieux. Dans la majeure partie des cas nous sommes dispensés d’intervenir. Le caractère presque magique des grandes découvertes scientifiques du vingtième siècle, la théorie des quanta, la relativité, ou encore la psychologie des profondeurs, pour faire court, sont encore tellement en décalage avec la réalité des sciences sociales que si une équipe de scientifiques se penchait sur notre Livre Interdit pour publier et certifier ne serait-ce qu'une ou deux pages de son contenu, cela aurait autant d’impact dans la société que la découverte de l’Amérique pour les hommes du néolithique.


Il faudra attendre encore longtemps pour que les prêtres d’une nouvelle religion, dans le sens littéral du terme, ne fassent le lien entre toutes ces connaissances pour créer une vision cohérente du cosmos. En attendant, nous avançons dans la brume. L’édifice se monte pierre après pierre, dans un ouvrage dont nous ne verrons probablement jamais l'issue telles les générations de maçons qui se sont succédés à la construction de la grande muraille de Chine. Saviez-vous qu'un grand nombre de ces ouvriers étaient enterrés dans les fondations de l'édifice, ce qui en fait la plus grande nécropole humaine ? À l’échelle d’une civilisation, c’est le confort qui nous tue et le sacrifice qui nous fait vivre. Nos descendants nous remercierons d’avoir su réprimer nos peurs, celles du vide, du gouffre métaphysique et de la tentation du nihilisme.


En parlant du passé, le Livre Inconnu ne parle que du futur. Son contenu pourrait être rendu public, décrypté, sans qu'il ne remette en cause notre organisation. Celui qui en découvrirait le sens profond passerait pour un farfelu, de ce genre d’illuminés catalogués dans la rubrique piposcience de Wikipedia. Il ouvrirait un blog, ou réussirait à se faire éditer dans une obscure maison d’édition pour diffuser ses hérésies, ce qui serait un moyen pour nous de repérer les esprit vifs de notre temps. Notre organisation réfléchit à ce genre de solution, c’est pourquoi nous tâtons le terrain avec des “cobayes” comme vous, passez moi l’expression, mais il s’agit bien là d’une expérience dont nous avons le secret. Depuis la scission, dans le savoir occidental, de la recherche spirituelle et scientifique, l'ésotérisme est devenu une passion triste pour esprits malades. Fort heureusement nous possédons les sels à mêmes de dissoudre les plus grossiers des candidats. La plus grande erreur des esotéristes amateurs ou prétentieusement “initiés” est de se lancer dans une quête éperdue, sans fin, sans fond ; à visiter les lieux sacrés, interroger les livres, se perdre corps et âme sur le plan de l’illusion tout en croyant détenir des clés, alors que le monde s’évertue à nous montrer sa vérité dans une mise en scène d'une simplicité confondante.


Prenons un exemple simple, les médias nous prouvent tous les jours la véracité ce haut paradoxe, pour qui cherche à voir. Chaque divertissement, télévisuel ou informatique, est une manière de vous montrer que vous vivez en cage (la Terre) en attendant que l’on vous sélectionne depuis les coulisses (la base lunaire). Tout est fait dans ce monde pour vous poser des fers et vous domestiquer jusqu’à ce que vous ne sentiez plus votre bâillon. La liberté ici-bas réside dans le fait que chacun choisi ses propres fers. L’ésotériste choisi lui même sa prison mentale, par paresse et exaltation égotique, mais nous pouvons en sortir quelques-uns du troupeau.


Aujourd’hui, nous venons à vous, vous avez joué le jeu, votre jeu, avec vos cartes et notre Comité a apprécié le programme à sa juste valeur. Nous sommes ceux du dessous et du dessus, les grands inconnus. Ce qui veut dire que nous sommes aussi bien partout en tous lieux et parfaitement connus. Nous vous invitons à passer de l’autre côté ou sauter d’un niveau dans le jeu. Contrairement à une rumeur tenace, nul besoin de choisir entre la pilule bleu ou la pilule rouge. Vous avez toujours le choix, mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, aussi vrai que notre vérité est mortelle.


Signé : Ces inconnus qui travaillent pour l'Univers.




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