Religions : debriefing
Fin des religions traditionnelles.
Remise en cause de la métaphysique existante.
Changement de plan.
Pour la première fois depuis le début de l'humanité, des générations sans religion apparaissent.
Avec la diminution de la religion, les comportements liés à la morale religieuse diminuent.
Avec la diminution de la religion, les comportements liés à la morale religieuse diminuent.
Avec la désagrégation de la société traditionnelle, les solidarités traditionnelles, familiales, locales, régionales, nationales, professionnelles... s'effritent voire disparaissent.
Apparaît l’image d’un être autonome, rationnel, affranchi de toute pensée religieuse.
L'effacement des religions traditionnelles ne fait que rendre plus sensible les questions de la morale et du lien entre les humains.
C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que le sacré tient aussi peu de place dans l'imaginaire et la vie de tous les jours (sans compter les cérémonies, rites de passages...), cela explique des manques, des vides, puisqu'une place importante dans notre cerveau-corps existe pour cela. Le sacré "ruse" et se retrouve parfois attrapé, fondu, pris en charge par d'autres systèmes que la religion : l'art, la littérature, la musique, la science et la technologie, par exemple (mais aussi l'économie, l'argent ; le nationalisme ; le sport ; le star system, les people)
Il y a un bilan du christianisme à opérer clairement, plutôt que d'être dans l'entre-deux, un non-dit, une "ambiance" civilisationnelle. Mon cas : né athée dans un pays semi-athée, post-chrétien, première génération dans ma famille à grandir sans éducation religieuse, mais imprégné d'un habitus chrétien peu clair, prégnant. Il faudrait précisément comprendre, établir, ce qui nous vient de là, quelles sont les règles et usages qui, hors de la stricte religion chrétienne et des questions de "Livre" (choses pouvant apparaître comme un peu folkloriques, des œuvres mêlant Histoire et fiction), peuvent garder une pertinence dans d'autres cadres et contextes.
Est-ce que l'on peut se contenter de la disparition de la religion ? N'était-ce pas un geste qui correspondait à quelque chose d'important ? Qui pourrait être pensé, pourrait être continué d'une autre manière ? Pendant quelques centaines de milliers d'années, la religion (sous diverses formes, chamanisme, animisme, panthéisme, polythéisme, monothéisme, etc.) a été comme un "muscle" dans notre cerveau, notre pensée. Est-il possible de s'en passer ? Est-ce que ce "muscle" (cette habitude, cette configuration) continue à fonctionner, même sans religion, et à appliquer sa logique à d'autres domaines (l'art, la science...) ? Ce "muscle" souffre de ne trouver d'objet sur lequel s'appliquer, et créée en certains d'entre nous une souffrance, une inconsciente nostalgie de l'absolu, une nostalgie de l'abandon de soi-même, un manque incompréhensible, comme un "trou" dans notre cerveau, qui nous lancerait des signaux d'alerte sans que nous comprenions pourquoi.
Dans un pays comme la France, l'effacement de la religion sur maintenant plusieurs générations ne fait que rendre plus cruciale (et palpable) la question du lien entre les gens, de ce qui les relie, et de la morale.
La religion avait une fonction d'unification (de la société), et de justification des règles, en particulier morales. Sans elle, nous sommes désunifiés et déréglementés.
On a remplacé les églises par les supermarchés, et les curés par des écrans. Les modèles de comportements et pensées sont dispensés par les mass-médias et les entreprises (corporations).
Un bilan du christianisme (comme des autres religions dans des contextes civilisationnels similaires) est nécessaire (par ses héritiers ou non), afin d'en dégager clairement ce qui en est spécifique et pourrait en être sauvé, retenu (et ce qui peut être jeté aux oubliettes) et permettre à des sociétés futures de fonctionner plus harmonieusement. Et -peut-être- trouver un moyen de relier les gens avec un certain abandon (dans la solidarité, l'amour, l'empathie, l'entraide, le projet).
Le christianisme fut-il un mensonge nécessaire pour favoriser dans la société des comportements comme la bonté, l'attention à l'autre, l'altruisme ? A-t-on besoin d'un telle illusion pour que de tels comportements existent et soient valorisés ? (On remarquera que je sous-entends que de tels comportements sont souhaitables). Ou est-ce que cela n'a rien à voir et qu'il n'y a aucune connexion (entre religion et attention à l'autre), que les cas d'altruisme ont des bases animales et sont éternels, et/ou encore sont liés à l'existence de toute société ? (Voir l'organisation des abeilles : 50 abeilles égoïstes pour 1 abeille altruiste, cette proportion permettant à l'ensemble de bien fonctionner). Il faudrait établir une "histoire de la bonté" (de ce concept) à travers les âges et les différentes civilisations. Tout cela pour un jour être capable d'établir de nouvelles valeurs (transvaluation, ré-évaluation, néo-valuation) en supprimant ce que pouvaient avoir d'absurde, erroné ou inutilement rigide, certains aspects passés.
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