jeudi 30 janvier 2014

[1.2 – alpha-test] Difficulté de toute politique humaine


Difficulté de toute politique humaine
en l'état actuel de l'humanité
Pouvoir, animalité, micropolitique, empathie
(pour une prise de conscience humanimale accentuée)

Il est rare de croiser un mouvement, un parti ou un modèle pleinement satisfaisant. En politique il faut inventer et non plus reprendre. Il faut que de nouvelles pensées surviennent, mais l'époque (du moins l'espace-temps français) n'est pas à ça et se prête au conservatisme et au repli. Ce que l'on peut faire : créer les conditions d'apparition de nouvelles pensées - chercher à créer et penser hors de ce qui est déjà.


Micropolitique (micropolitique relationnelle) ou l'un des points aveugles du politique

Une partie des échecs politiques, des échecs d'application de systèmes politiques, vient du fait que ses protagonistes veulent changer la société, les autres, le groupe, l'ensemble, mais pas eux-mêmes. (Perpétuant inconsciemment, à l'échelle micropolitique, relationnelle, interpersonnelle, les mêmes schémas primitifs de pouvoir, quelles que soient les idéologies défendues à l'échelle politique et intellectuelle). Et finalement au sein de tant de groupuscules dits révolutionnaires, anarchistes, communistes, d'avant-garde, ou simplement mouvements politiques porteurs de projets et d'idéaux, sont souvent perpétuées des logiques psychologiques non dites (non empathie, soumission/domination, hiérarchies, interdictions, etc.) très ordinaires.

Il faut atteindre un point de crise personnelle pour se connecter au dehors, pour ouvrir les yeux, pour sortir de sa gangue.
La capacité individuelle à résister aux forces et à créer peut ensuite créer une forme collective.
La révolution personnelle est préalable à toute révolution collective.
Toute révolution doit commencer à l'intérieur de chaque individu par une transformation de la façon de juger et d'agir. C'est pourquoi il est difficile de se dire révolutionnaire sans être révolutionnaire, c'est-à-dire sans changer de vie, c'est-à-dire sans l'être dans la sphère privée.
La révolution authentique se révèle non pas dans des paroles abstraites, quand bien même elles sont argumentées, mais dans les actes et paroles personnels au quotidien : la micropolitique.

Appelons ainsi micropolitique relationnelle la façon dont on interagit avec les autres, dans des contextes quotidiens, personnels, intimes : la sphère du privé (qui n'est qu'artificiellement séparée de la sphère du politique).
Pour dire les choses autrement : ça ne sert à rien d'avoir des grandes idées et paroles si on se comporte comme de la merde en privé - avec les personnes concrètes que l'on côtoie.



Psy-analyse, éthologie humaine et politique 

Les êtres humains peuvent difficilement faire de la politique, puisque chaque personne ne se comprend et ne gouverne déjà pas elle-même.
L'Homme est primitif. Mais il nie qu'il est primitif. Ce qui fausse tout ce qui a trait à une "vérité" dans les relations humaines, sociales -et inter-espèces-, ainsi que dans les rapports à soi-même, et à sa propre vérité. L'Homme croit qu'il fait les choses pour une idée alors que c'est pour une envie. Il croit qu'il fait ses propres choix alors qu'il n'a pas analysé ses déterminismes.
A partir du moment où l'on ne se connaît pas soi-même, cela fausse la possibilité d'être dans la vérité avec quelqu'un d'autre. (Parfois deux faussetés assemblées ensemble se donnent l'illusion d'être dans la vérité, mais le retour à la réalité, plus ou moins reporté, est toujours cinglant.)
Comment des êtres qui ne se comprennent pas eux-mêmes pourraient savoir ce qui est bon pour leur société ?
Si l'humain veut changer il faut d'abord qu'il comprenne ce qu'il est, et où il est.
D'où l'importance de considérer : le Temps, l'Espace, le fonctionnement (mécanisme) humain.



Humanimalité *

Étonnamment, encore beaucoup d'humains sont dans le déni de leur propre animalité, en particulier du fait qu'ils sont des grands singes (ce qui est le point de départ de tout positionnement sans faux-semblant : concernant les humains, j'apprends plus d'un éthologue que d'un psychologue).
Mutantiste : se voit et s'accepte comme un animal, un spécimen de l'humanité qui est une variété de grands singes ayant pris le contrôle de la Terre.
Notre particularité : très instinctifs ET très intellectuels. Corps et pensée. Sensation et mot. (Sans contradiction : de l'amphibien à l'androïde, l'élan de l'animalité est précisément l'élan de l'évolution, l'élan de se dépasser, survivre un peu plus loin. Le cerveau est animal, la pensée est une manifestation animale.)
Évitons de prétendre hypocritement (comme on l'entend souvent) ne pas avoir de volonté de pouvoir ou de domination (élan contenu à l'intérieur de chaque être humanimal, que cela soit activé ou en puissance), mais cette volonté, connaissons-là, ayons-en conscience, pour s'en distancier et en rire (la littérature, entre autres, peut aider à cela -Sade-) : la connaître assez pour l'utiliser comme moteur mais aussi savoir la mettre de côté afin de ne pas empêcher, afin de ne pas brouiller, afin de permettre l'échange avec l'autre.

* Ce mot-valise (qui devrait remplacer le mot actuel d'"humanité") est un emprunt à l'écrivain et penseur Michel Surya.



Différenciation (solitude universelle) et empathie

Étant donné la faiblesse constitutive, la bassesse intrinsèque de l'humain (que chacun peut expérimenter en soi et hors de soi), seule une bienveillance inconditionnelle, "idiote", semble être une solution dans les relations humaines (dans une première approche du moins : il ne s'agit pas, en cas de malveillance ou d'agression, de "tendre l'autre joue") qui sont de toutes façons placées sous le signe de l'incommunicabilité ("avec tout Homme, je suis seul", "nous naissons, vivons et mourons seuls", etc. : cette donnée (cet état différencié de chacun d'entre nous) explique la recherche d'états d'indifférenciation temporaires tels que les décrit Bataille dans L'Érotisme : sexe, rire, fête, drogues, religion/sacré, poésie... ajoutons-y la musique et la danse ; peut-être un aspect d'internet également).   
La capacité d'amour, de bonté, d'empathie, l'intelligence affective, est la forme d'intelligence la plus supérieure, sophistiquée, fine, avancée. Amour = intelligence.



Le nihilisme créateur

Le nihilisme faible détruit toutes les valeurs sans en créer de nouvelles.
L'humanité ne sait pas véritablement vivre ; elle n'est que balbutiante.

Une distinction entre nihilisme "fort" et nihilisme "faible" peut être résumée ainsi :
- Le nihilisme "faible" détruit/dénie toute valeur (sans en proposer).
- Le nihilisme "fort" (ou volontariste) crée/propose des valeurs (tout en sachant qu'elles sont des constructions). Ce qui débouche sur le mutantisme.

Il faut créer de nouvelles valeurs, de nouveaux codes. A son stade primitif, le mutantisme ne sait pas complètement définir ces nouvelles valeurs (codes), mais sait que ce travail doit être effectué, et cette conscience est déjà un premier pas (dont on aurait tort de négliger l'importance).



Conclusion

On observe chez les humains une contradiction entre politique et micropolitique.
Une politique sans application micropolitique, personnelle, est une fausseté vouée à s'effondrer.
L'Homme est un animal dominateur qui joue à la politique sans se comprendre lui-même, ce qui est extrêmement dangereux. La politique doit être pratiquée par des humanimaux auto-conscients.
L'amour est la réponse la plus simple au constat de la différenciation des êtres.
L'humain doit passer par une phase de nihilisme créateur.




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