mardi 9 février 2016

CHRONIQUES SUICIDAIRES DE LESTER GIOVANNI OLIVEROS RAMIREZ (traduites par Laurent Bouisset)


I´LL SEE YOUR SOUL SPLIT INTO HEAVEN OR IN SOME OTHER HOPELESS PLACE de l'artiste guatémaltèque Alvaro Sánchez

Lester Giovanni Oliveros Ramírez nous a envoyé cet extrait de son roman inédit intitulé Crónicas Suicidas (Chroniques suicidaires). Nous l'en remercions et vous laissons plonger sans plus attendre dans les méandres et les “complications” de la capitale du Guatemala, fouillée ici dans ses névroses par un narrateur humain, caustique et répugnant (les trois).


Lunes 20 de enero / Lundi 20 janvier

        5:00 PM. Vivimos a la vuelta del Cerrito del Carmen. Parecerá una broma pero el hotel donde convivimos se llama también El Carmen y es muy limpio, el mejor que encontramos entre todos estos hoteles que plebeyamente se les llama, a lo sumo, Moteles; pocilgas con una cama de sábanas grises y paredes chisgueteadas de meados, semen o mierda. No sé cómo le hacen para marcar con mierda las paredes, dicen que son los adictos al crack, que lo hacen por joder. Me dan más inquietud los dedazos de sangre en algunos cuartos, no creo que sean por molestar a nadie, más que a la víctima de un crimen pasional. Hay historias y verdades alrededor.

         17h. Nous vivons juste à côté du Cerrito del Carmen. Vous ne me prendrez pas au sérieux si je vous dis que l'hôtel dans lequel nous logeons s'appelle aussi El Carmen et est très propre, le meilleur qu'on puisse trouver dans la catégorie de ce qu'on appelle communément des motels, c'est-à-dire en gros des porcheries équipées de lits aux draps gris et de murs tapissés de pisse, de sperme ou encore pourquoi pas de merde. J'ignore comment ils s'y prennent pour chier sur les murs, il paraîtrait que ce sont les addicts au crack qui le font pour emmerder le monde. Ce qui m'inquiète davantage, ce sont les traces de sang dans certaines chambres, je ne crois pas qu'on puisse parler dans ce cas-là d'une volonté de nuire, mais bien plutôt des traces d'un crime passionnel. Des histoires parfois vraies circulent, à ce sujet.

        Todo esto fue después de que saliéramos de mí apartamento, que nos sacaran todas nuestras pocas y sencillas pertenencias, y nos sentenciara la policía a ya no volver por el barrio. Ni modo, mucho escándalo en la vía pública. Así me gustaría llamar a un libro de recetas para molestar vecinos burgueses, escándalos en la vía pública, ya no aguanta nada la sociedad, vivimos histeria y comemos viendo el televisor manchado de sangre, con noticieros cada vez más fieles a la realidad, una cabeza por acá, un bracito por allá, más allá la mano, señores, esto es un carnaval del horror, buen provecho, cómo está el asado, te gusto el chirmol. Es una mierda vivir con miedo, pero más mierda es ser uno bizarro y vivir entre miedosos.

        On a débarqué dans ce rade, après avoir quitté notre appartement, c'est-à-dire après qu'ils ont foutu dehors les quelques rares trucs qu'on possédait et qu'ils ont envoyé les flics nous avertir de ne plus jamais foutre les pieds dans ce quartier. Qu'importe ! Ça a fait un max de scandale sur la voie publique. J'aimerais appeler ainsi un livre de recettes pour emmerder les voisins bourgeois, scandales sur la voie publique, la société est simplement à bout, on vit dans l'hystérie et on mange face à la télé qui pisse le sang, gavés d'informations toujours plus fidèles à la réalité, une tête ici, un bras par là, un peu plus loin tu trouves la main, messieurs dames, c'est un carnaval de l'horreur, bon appétit, comment tu trouves la viande ? T'as kiffé la salade ? C'est la merde vivre avec la peur, mais c'est encore plus la merde d'être un type bizarre et de vivre entouré de trouillards.


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