jeudi 29 août 2013

Une aube d'équations et de symétries [Mathias Richard presque oldies - 5]

Une aube d'équations et de symétries

Quand une musique rend l'espace-temps plus vrai, on ne l'entend plus, elle s'efface, elle a réussi son équation, son sortilège, elle n'est qu'un moyen pour nous faire passer ailleurs. Certaines musiques, si nous les accueillons, nous ouvrent à une vérité plus palpable pendant quelques instants, réveillant nos antennes endormies, nos capteurs sensitifs inutilisés à force de craindre la douleur : une aube d'équations et de symétries dévoilant de nouveaux angles, réveillant des figures, créant des cérémonies mentales, regonflant les veines de sentiments craints et délaissés, sentiments se révélant non pas nocifs mais puissants, animaux, psychédéliques et vitaux, comme une rouille et une pourriture émergeant en sculptures au cœur d'une forêt, comme des peintures tatouant des montagnes jusqu'à se matérialiser en dimensions d'où se lèvent des créatures, des végétaux, des plasticités, des creux, des chemins, un réseau de veines inconnues soudainement rendu visible par l'afflux d'un sang de pétrole miroitant s'épanouissant en virages, loopings, courbes, ruisseaux, angles durs et montées coupées à 90°, 180°, 270° : une récréation du sentiment de toutes les possibilités de la matière par les ondes, n'hésitant pas à passer par les douceurs et les coups de poignards, les guérisons et les réouvertures de blessures comme dans l'une de ces casses de voitures où métal, terre et plastique s'épanouissent en fleurs jamais vues et jamais pensées, parmi la pluie, les reptiles, les arcs-en-ciel d'essence, les insectes et les canettes de sodas multicolores se déversant de machines et distributeurs éventrés.

(Votre nouvelle drogue sera l'album "..." de X : fermez les portes, fermez les yeux, éteignez la lumière et surtout mettez le son bien fort.)


[respost modifié de camerasanimales 29.09.09]

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