jeudi 30 août 2012

Manifeste du Mur Bruitiste (HNW) (2008)


"L’individu n’a plus d’autre alternative que de refuser en masse la vie contemporaine promue et prônée. Le comportement juste se trouve dans le bruit et le repli, dans un refus de capitulation à la manipulation, à la socialisation, au divertissement.
Le Mur Bruitiste ne promet pas de redonner un sens et des valeurs à l’existence vécue. Le bruit opaque, morne et continu permet une réduction phénoménologique totale, un moyen contre l’interpénétration existentielle: désengagé dans l’apaisement bestial pur et inaltéré.
Le Mur Bruitiste est pro anomie, l’anomie volontaire. Il remet en question l’institution de toute relation, annihile tout ce qui survient dans un repos menaçant.
Le Mur Bruitiste est une récusation sociale. Il récuse toute notion de groupe, communauté, organisation et admet l’alternative de la claustration postmoderne hikikomori. Le refus est dans le repli car tout acte –qu’il soit considéré futuriste, dada, situ, anarchiste ou straight edge- est devenu inapte. L’actionnisme du délabrement ne peut faire face à la récupération factice, à la prostitution, de notre civilisation dérivative.
Observer l’extérieur abject ne doit être qu’un dernier rappel du non-sens humain avant l’épochè contestataire. Toute chose et tout être deviennent sans signification.
Le Mur Bruitiste est la perte de conscience du temps pour vivre en abîme et se laisser couler dans l’instant.
Le Mur Bruitiste est la perte de conscience physique.
Le Mur Bruitiste est la pratique ininterrompue du bruit mental.
Le Mur Bruitiste est la pureté militante dans la non-représentation.
Vigilants des derniers soubresauts, adoptons une nouvelle posture dans le repli – ni soumission, ni fuite, ni fléchissement – afin de pouvoir affirmer « je n’ai jamais été là » dans le désert créé par l’effacement de notre environnement. Perdre tout espoir est la liberté.
Dans l’isolement du mur bruitiste, le néant cellulaire, devenir son ombre - impassible meurtrier de soi - et ainsi devenir l’ombre de l’homme, inconnaissable, impersonnel.
Dans le Mur Bruitiste, aggraver son être, se tenir ignoré et ignorant de tout ; le repli exige l’élaboration d’une indétermination pure qui se forge dans l’oubli des éléments contraignants émotionnels et intellectuels.
Le Mur Bruitiste, obscurité d’un calvaire spirituel, est la non-opposition entre l’être et le néant, une berceuse sans fin.
Le Mur Bruitiste répand ses vertus occultes par les vrombissements et les bourdonnements de ses formules hermétiques, il désagrège et appelle à la désintégration irrévocable."

Je ne suis pas vraiment d'accord sur le fond, avec l'isolationnisme hikikomori, le côté pro-autisme, le nihilisme "délabré", mais bon, je trouve le texte très bon en lui-même, et toute personne tripant sur la musique a un moment ressenti (et donc comprendra) ce qui est dit ici. La jouissance souveraine du bruit/son pour mettre à distance une civilisation à chier, un monde à vomir.
Ce manifeste "Vomir" daterait d'octobre 2008, si j'ai bien compris l'auteur est Roro Perrot. Son site : www.decimationsociale.com
Cela m'est arrivé via Lucille Calmel, elle-même via Cdrik Croll, merci à eux.

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