vendredi 8 mars 2019

Martyr


Combien de fois es tu tombé du tonneau des danaïdes en jurant avoir touché le fond ?
Combien de fois le chant des sirènes a t il percuté ton navire intime ?

Combien d'étoiles ? Combien de satellites répercutent le doute tes incendies ?

Combien de rêves s'égarent dans les écarts de ta dichotomie ?

N'es tu donc jamais allé que d'une errance à l'autre ?

D'une brume confortable à un brouillard épars ?

Quelle arcane courbe la voie de ton arc intime ?

Quels mots lèveront le voile du vent qui te transperce ? Et pour quelle mélodie ?

N'as tu donc d'autre folie que de vouloir fuir là où le soleil disperse ton ombre ?

Quelle tristesse écorche tes yeux et te force à sourire ?

Par quel serment ?

Par quelle promesse maquillée en échec ? Par quelle folie ?

Tu parle de la liberté comme tu jette une mauvaise carte de ta main,

En te défaussant.

Et je te vois sourire.

Tu voudrais tout renverser

Les mots, les gens, les idées,

Jusqu'à ta propre morale.

Tu craches tes poumons mais il ne te reste plus de spleen.

Tu serres les poings mais ta colère est imprécise.

Tu as perdu le feu. Tu fais semblant. Tu dégouline dans ton propre cadavre.

Tu bégaies les échos capricieux d'une vieille rage.

Tu écumes un vieux refrain sans beauté

Comme la lune régurgite une lumière morte dans des ténèbres plates.

Tu aimerais croire encore à la folie. Mais tu n'es pas fou.

Tout juste névrosé.

Tu frappes mou.

Tu fais semblant de crier pour croire que tu existes.

Tu t'inventes des drames pour oublier que les chinois envoient des chiens sur la lune. Dans le même monde que toi.

Des années que tu traînes ta carcasse dans une routine folle.

On fait roter des moteurs, on puce des animaux,

Et toi tu crois encore à l'originalité.

Tu as la stupeur des sycophantes. Tu te cache derrière ton propre dos.

Tu voudrais écrire des uppercuts en secret,
Donner des coups de couteau dans les mots,
Plastiquer le langage et le faire péter à la gueule des morts vivants.

Tu n'es même plus un solipsiste depuis que tu as la même vie que tout le monde.

Les singes fument de meilleures cigarettes que toi,
Les singes baisent mieux que toi. Et plus souvent,
Les singes lancent de la merde sur des touristes allemands.
Alors que toi tu passes tes vacances dans une boite de merde à Berlin. Enculé vas !


Tu es ton propre zoo.


Il n'y a aucune vérité dans le pétrole qui ronge ton corps.

Tu éructes des sophismes plat à l'oreille des sourds pour avoir un peu d'attention.

Tu déguises tes reflets pour aimer autre chose que toi même. Mais tu n'aimes personne.

Tu balbuties à bout de souffle l'illusion du mouvement.


Tu t'agites pour te faire croire que tu n'es pas encore mort,
Mais tu l'es !
Tu t'es tué toi même !

Tu t'es noyé dans le chants des Hellénides - Mais tu en tire aucune ivresse...
La pluie déchiquettera ton corps et recrachera tes rouages pour seule réponse !


Je ne te connais pas.


Non.


Je ne te connais pas mais je pense à toi qui regarde par la fenêtre un soir d été.
Je pense à ta solitude et à la chaleur qui t entoure.

Et je pense à toute cette tendresse qui recouvre le monde. Parfois. Par moment.



Allez vas,

Au loin,

La où siffle le vent.

Tu trouveras quelque chose – Là.

Tu te trouveras toi. En dehors de toi même.

Car rien ne résiste aux Dieu. Pas même nos vies.
Ici bas.

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