lundi 16 octobre 2017

prenssée y


En France on n'a pas de pétrole mais on a des idées. À Marseille on n'a pas d'idées mais on a des rats. (Et des cafards.) Et c'est bien trop beau pour être photographié. L'endroit est si touristique qu'il se filme lui-même. 
L’œil humain perçoit plus d'informations que n'importe quel télescope jamais construit à ce jour. Tu regardes d'un œil fixe le soleil qui se lève, hors d'état de concevoir la réalité du monde. Une ligne haute tension, une autoroute, un sens giratoire, un supermarché, un programme informatique. Des bébés aux yeux couleur de mer. 
On dit que la réalité, c'est ce qui ne disparaît pas quand on arrête d'y croire. Je scrute chaque seconde, soigneusement, l'une après l'autre. (Je vois une seconde qui dure deux secondes). Je ne pense rien du tout de ce qui n'est pas vrai. 
Chut, les plantes dorment (les ronces ronflent). Tu dors sans dormir comme une méduse sans cerveau. Dans cet état de stase où même se coucher est fatiguant, cet état où cela demande moins d'effort de ne pas se coucher. (La Mer bouge mais elle ne se déplace pas.)
Un cerveau produit assez d'électricité pour faire fonctionner une ampoule. Goûte une pensée sauvage, c'est délicieux. Mange les yeux des morts pour voir ce qu'ils ont vu. Récolte les idées en coupant les têtes avec des idées dedans. Agglutine des cerveaux encore vifs en une grappe juteuse. Rassemble l'énergie psychique de 200 000 pensées en une seule. Boum. Cet endroit offre une expérience du chaos dans sa chair. C'est la ville où l'on naît le plus. Géographie des cris. J'ai des mondes en moi, qui poussent. Tout me dérange, je réussis même l'exploit de m'auto-déranger. Je sais même pas quel problème je suis en train d'essayer de résoudre. Je bad-trippe. Mais.         Je.   Sais.   Plus.   Pourquoi.   Dans ce bruit continu, il y a des moments de calme aléatoires. Ils seront balisés avec des petites ténèbres. En vrai c'est mieux que comment je le dis. Restons en vie pour continuer à fumer.

T'as des jours bizarres, et des jours très bizarres. Là t'es dans les jours très bizarres. C'est une démarche générale de libération, psychique et physique, personnelle et collective. Mon sac à dos me suit. J'essaie de le semer. La lumière au fond du tunnel est un train (qui fonce). J'ai beau marcher, tourner, mon sac me suit toujours. Roule aveugle. Fonce aveugle. Je ne suis pas ça. Je ne suis plus ça. Je ne suis pas plus que ça. Je ne suis plus que ça. Je suis ça qui. Qui vraiment quoi. Roule aveugle. Je ne suis pas ça. Fonce aveugle. Je ne suis pu ça. J'ai du désir pour cette brune, et pour cette rousse, et pour cette maigre, et pour cette grosse, j'ai du désir partout, qui déborde, qui me sidère, cette petite j'aime son sourire, et celle-là ses yeux et sa poitrine, celle-ci j'aime son odeur, cette autre c'est comment elle parle qui me rend fou, j'ai du désir, du désir partout, ça bouge, ça vibre, c'est pas clair, ça part là et là, dans plusieurs directions, ce désir c'est bon, c'est un truc dans l'air et y a rien de mieux. Tendu, torsadé, cordon ombilical d'un arbre. Des dizaines de personnes se retrouvent connectées sur une même ligne téléphonique et discutent ensemble, interconnexion par les voix. Le sable coule comme de l'eau en formant des gouttes. On vient à nous les uns les autres. Visages déstructurés et recomposés. Je n'ai pas très, n'ai pas, je n'ai plus peur de la peur. Il y a de l'espoir dans les gouttes de pluie. Une langue de cascades s'interpénétrant. Les barrières entre nous disparaissent. Rien ne nous y a préparés. Enfin des rêves. Ça faisait tellement longtemps. Le fucking monde réel est tellement bon. Je fais une cure d'air. Sète-Troie : 2 partout.

T'es composé de 7 quadrilliards d'atomes (7,000,000,000,000,000,000,000,000,000). Toutes les 8 secondes, tu produis plus de nouvelles cellules qu'il n'y a d'habitants au Brésil. C'est la sélection naturelle cosmique : que ton univers sorte vainqueur de la compétition qui l'oppose à une infinité d'autres univers.  

De plus en plus de gens, de plus en plus méchants. Nous vivons dans un royaume de conneries, un royaume que tu as habité pendant bien trop longtemps. Le manque de créativité s’acquiert. Il est nécessaire à la survie ici. Reste toujours prêt, à tout rater, à tout moment. Le mal-être, ça s'apprend. Vivre consiste pour une bonne part à résister à la pensée, à ce qu'on pense pour nous. 

85 personnes sont plus riches que 3 milliards d'autres. Un professeur d'économie conséquent tue un à un les élèves de sa classe. Dix balles entrent dans dix têtes. Que dix machines effacent et remplacent. Des choses doivent mourir pour que l'on puisse grandir. L'Histoire avec une grande hache. Une loi générale régit l’univers : tout s’écroule. Le seul moyen de contrôler une émeute sous amphétamines est que les forces de l'ordre en prennent aussi. 

Scène récurrente : des gens médiocres te font la leçon. Celui qui t'ouvre toujours sa phrase par un compliment pour la fermer par un reproche, avec l'apparence intelligente et mauvaise de certaines fioles de poison, des reptiles et des poignards. À quoi ça sert la politesse quand un mec te chie sur la gueule. Ton humeur est tellement noire que tous les lampadaires s'éteignent autour. 
Cette sensation entêtante (que l'on veut pourtant éviter). Que l'on n'a rien en commun avec personne. Que tout mène vers la solitude. Mécaniquement.
Une personne souhaite changer le monde pour une seule raison : toutes les autres personnes. Et échoue pour cette même et inévitable raison. 
Il reste toujours trop de piliers pourris debout, trop d'humanité infectée pour que l'homme puisse fleurir. Il n'y a rien à attendre de quiconque. C'est une notion pourtant simple que tu as toujours eu du mal à intégrer. La morale : une stylistique des comportements. Peut-être cette stylistique est celle qui compte le plus, même si c'est irrecevable aujourd'hui (voire de tout temps). 

Lieu Des Rencontres, là où la terre finit. Sur la plage de Souviens-Vague, ta peau dit le contraire de la mienne. Complètement décalée, t'essaies de te décaler toujours plus pour retomber à l'endroit mais là t'es au moment où t'es complètement à l'envers, tourne-disque sur le plafond. Riche, tu as percé à jour les riches, et pauvre, les pauvres, tout comme, en bonne santé, les gens en bonne santé, et malade, les malades, comme pour finir, un peu cinglée, tu as percé à jour les cinglés, et vrai malade mentale, les malades mentaux. École insatiable de la vérité. École inconsolable. Le geste de la pensée a un prix, l'accès à la vérité est douloureux. Connaître et se connaître impliquent d'être en risque. Rituel face au vide : jouer au morpion avec les os de ses prédécesseurs. Parler avec du sang. Instructions répétitives chuchotées dans l'oreille. (Test, test, test, testament). Naître dans une tombe. Du death metal dans la maternité.
Un(e) poète est un(e) malade pratiquant l'egothérapie. Ça donne des frissons jusque dans des zones inconnues de l'anatomie. Il y a un manque en toi. Un trou. Tu le sens. T'as tout essayé pour le remplir. Un vide. Et la soif de le combler. Tu sais que je le sens aussi.
- J'aime pas comment tu fumes.          
- Et moi, j'aime pas ta coiffure.
- Ah oui ? J'aime pas ta chemise !
- Ouais ? Ben, j'aime pas ta nana.
- Moi, j'aime pas ta mère.
T'es de mauvaise humeur, ça veut dire que tu vas mieux. Mais si tu veux faire un concours de fragilité fais gaffe, dans ce domaine je suis forte.

Les temps ont changé. Plein de jeunes gens ne connaissent pas la signification du mot pogo. Internet a tué le rock. La musique est devenue une affaire spécialisée, de chapelles et professionnels, non plus un lien sacré, l'affaire de toute une génération et de ses rêves. La musique n'est plus une religion, la musique n'est plus que de la musique. Le rock n'est plus une religion, c'est une secte. (Dont je suis).
Écoute ce truc, c'est comme si cet album avait été fait à l'intérieur d'un rêve de quelqu'un dans un autre monde. 
(Une parole donnée, un effort que déploie l'individu pour se lier au discours qu'il énonce). 
Tant de gens rêvent de ce disque, sans savoir qu'il existe déjà, qu'il est là. Alors fais-le écouter, tant que tu le peux. (La fin parfaite serait "pas de fin"). Les choses sont là, déjà là. Ce qui manque, c'est des gens pour les voir, les entendre. 
Tout est possible. Mais rien ne se passe.





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