samedi 21 février 2015

ULTRAVORTEX SAISON 2 Épisode 4 : 999 SHADES OF DESTRUCTION


ULTRAVORTEX SAISON 2
Épisode 4
999 SHADES OF DESTRUCTION

« Peut-être même que nous allons commencer une rébellion ou une révolution, et foutre la merde autant que nous le pouvons. Je veux laisser une impression durable sur le monde. » 
Eric Harris

L’histoire vraie de cette blogueuse Modes & Techniques  aux 132.516 visites journalières. 132.516 nuances d’éclats de sperme et d’éjaculations spectrales. Odile (pseudo-crypto-crocodile) vingt-trois ans de carrière dans la mécanique de pointe. C’est un fantasme qui l’amena ici. Les lois de la thermodynamique, elles seules, étaient inviolables


Bloc opératoire post mortem. Implantation sous cutané de longs poils noirs, crin de cheval synthétique, par  la technique dites des trous désuppurants. Le long du cou, le collier de joie, le ventre ouvert comme un manteau, les entrailles sur le sol, la vie ne tient qu’à un fil, à recoudre, à défendre, à défense, à la manière d’un cadavre qui rêverait d’un bonus de fin de niveau.


Une clé vous permet d’ouvrir la boîte à souvenirs, sauf qu’aucun des objets ne vous parle, qu’ils n’appartiennent ni à votre enfance ni votre vie d’adulte, que la boîte est minuscule et les objets sont trop imposants pour être vrai. La clé et la bonne boîte étaient réunis au bon endroit, non la bonne personne. Malgré l’émotion de l’ouverture, à votre tour de distribuer les rôles.


Avec un pc et une connexion internet. Un caméscope et une clé 3G. Dans une voiture. A contre sens. En pleine nuit. Pleins phares. Pour se rabattre au dernier moment. Quand vient l’autre voiture. En face. Diffusion en direct. Montage en direct. Destruction de biens publics. Casses de véhicules. Alcool sans limite. Drogues sans origines. Débats métaphysiques avec des inconnus dans les bars avant d’enchaîner sur une série d’agressions verbales dans les stations essences des aires d’autoroute.Sans compter sur des lectures de poésies éthyliques dans des friches industrielles. Les réveils sauvages de quartiers résidentiels à la corne de brume. L’annonce de l’aurore. Petit matin sur un champ à l’aspect d’un astre déserté par l’hiver, ou la mer déchaînée du haut d’une falaise, ou devant une usine incendiée aux ruines encore fumantes. C’est fun. C’est du vandalisme. C’est de l’art. C’est en direct. Du pur plaisir. Pour nos centaines de spectateurs.


Un autre jeu : deux filles doivent rester deux semaines dans une pièce de dix mètres carré. Sans fenêtre. Sans sortie. Sans aliments. Sans toilettes. Le reste n’est pas précisé. Elles se connaissent mais ne peuvent se voir, « le défi de la mort », comme le disait la voix-off. Les jours s'accélèrent. Assis. Debout. Couché. Sur le ventre. Sur le dos. Compter les jours avec des ongles. Au point qu’elles ne puissent plus se lever. le plafond était devenu trop bas, et la caméra, infrarouge. Et l’on compte les minutes avec elles, sans chercher à décrocher de l’écran.


« J’observe moi aussi une saturation du phénomène, des choses gardées depuis trop longtemps dans l’obscurité. Une connaissance ignorée qui tend au ravage. Nos ancêtres sont en passe de réclamer le solde de notre dette. Je parle ici d’un holocauste qui ferait passer n’importe quelle guerre ou génocide pour un test sur un panel de consommateur. »


Un cadeau pour l’anniversaire de Jason Poison (super idée de dernière minute) : une explosion ! Noir total dans sa maison. Un technicien rallume. Le pied arraché, la viande sanglante, la chair perdue, le sourire aux lèvres - sacré Jason ! - allongé sur le toit de son immeuble particulier, inconscient, et mutilé. Toute sa famille le soutient, chacun porte son tuyau de sang, un nouveau rituel domestique, c’est tout ce qu’il avait réclamé.


Percuté de plein fouet par l’avalanche d’informations reçue dans ses boîtes noires éparpillées à la surface du globe, Al Zimmer n’avait pas besoin d’écran pour se prendre l’impact en face interne - dans son état de fatigue, l’information filtra depuis le fond de son âme jusque sur le mur blanc de la Cellule Gargantua, sans demander la politesse à sa conscience. Il tomba raide sur le dos, percutant la moquette poisseuse dans le craquement microscopique de la frontière du Royaume des ombres, c’est tout juste s’il eut le temps de se rendre compte de sa futile contribution au lent et nécessaire travail de pourrissement à l’oeuvre dans l’univers. Même un flic de la trempe de Zimmer ne pourrait se jouer de la redoutable souveraineté de l’entropie.


Votre fils est en retard pour aller à l’école. La routine. Il uploade un clip sur youtube. Le scénario de son clip amateur est d’une simplicité enfantine :
1 - Il prépare ses affaires de cours. Tout simplement.
2 - Il nous présente son pistolet fétiche. Celui du jeu vidéo qui était vendu dans le pack avec la console Pack Warrior à 399 euros. Un Glock 18. Chambré pour des munitions de 9 mm Parabellum, avec un chargeur de 30 munitions, proposant tir semi-automatique ou automatique. En choisissant le mode automatique, ce pistolet offre une cadence de tir de 1.100 coups minutes. C'est le plus petit pistolet mitrailleur de la planète. Votre fils à un goût certain pour les armes à feu.
3 - Il vide son chargeur trente secondes pile poil après la première sonnerie du matin. Quand tous ses petits camarades sont en rang par deux pour attendre le professeur qui viendra leur donner leur dose de poison quotidien.
Tout le monde est prêt ?
(silence)
Action !
(le petit oiseau va sortir)
Faites le bien face à la caméra ! Ne coupez pas ! Ne montez pas ! Ne mentez pas ! Une seule prise suffit, soyez naturel, soyez décomplexé, soyez fier de vos actions. Faites le plan fixe. N'oubliez rien. N’y revenez plus. Surtout : ne laissez aucune zone d'ombre qui puisse permettre une liberté d’interprétation au spectateur. Le propos doit être total.
30 balles / 25 victimes.
Papa, maman, ne soyez pas désolé. Vous n’êtes pas responsable - vous pouvez même vous satisfaire d’avoir mis tout en œuvre pour le développement personnel de votre fils chéri.
30 balles / 25 morts.
C'est un pourcentage de réussite formidable pour un débutant. Félicitations ! Passez au second niveau, soyez fier de votre fils. Il a réussi quelque chose dans sa vie.
Et vous ?
Et votre fille ?
Elle attache l'une de ses petites amies à un lit - ici, peu importe le décor - en voyage de classe à la neige ou à l'internat ou dans le lit conjugal. Peu importe le modèle de l’appareil filmant la scène. Ce qui compte c'est que votre fille alignera tous les objets de sa vanity case sur la table. Déodorant, laque, shampoing, après-shampoing, crème adoucissante, crème amincissante, baume pour les lèvres, crème pour les mains, tube de dentifrice, crème de jour, crème de nuit, crème dépilation, tube de rouge à lèvre, tube de mascara, lotion démaquillante, bombe de laque aérosol, tube de gel, bouteilles de parfum, tampons hygiéniques. Votre fille est devenue présentatrice de télé achat.  Elle nous conseille des produits miracles qui voilent les vérités de notre chair : rides, odeurs, poils, cheveux gras, lèvres gercées, boutons, peau sèche, mauvaise haleine. Votre fille s'improvise guérisseuse, option design et marketing. Soyez fière d'elle. Elle suit tous vos conseils : elle compte réussir dans la vie. Regardez comme elle est rigoureuse et appliquée. Ses outils de travail, un alignement parfait de phallus synthétiques et luisants, du plus petit au plus large. Bien rangées, comme sa chambre. La fille idéale. Elle est décidée à les réintroduire uns à uns dans le vagin de sa victime. En gros plan. Sous toutes les coutures. Court circuit. Maman n'était pas là. Dîner entre amies ou vernissage. Papa rentre tard ; travail, maîtresse ou réunion. A ce stade, je vous permets de parler de l'endroit où vous étiez l’instant où vous avez découvert ces vidéos. En avant première. Ca fait du bien de parler. C’est écrit dans les pages « psycho » du programme télé ou de votre revue préférée, votre manuel de vie hebdomadaire. À ce stade, l'enfer, c'est votre couple, assis sur le canapé du salon regardant en boucle les dernières productions audiovisuelles de vos bâtards. Et vous pouvez restez là une éternité, en refusant d'admettre la vérité qui se reflète dans l’écran géant du salon. L'ordre des choses aujourd'hui, c'est votre fils qui a oublié de vous informer qu'il connaissait le maniement d'une centaine d'armes à feu. Pistolet, fusil à pompe, pistolet mitrailleur, fusil d'assaut, fusil de sniper, mitrailleuse, qu'il connaît quasiment par cœur le descriptif technique de toutes ces armes. Le calibre, la capacité de tir, la force de perforation, le poids, la maniabilité, le temps de recharge, la cadence de tir, le recul et la précision. Pour certaines d'entre elles, il est en mesure de vous donner le prix au marché noir. Vous trouverez ce genre de réponse en feuilletant les manuels d'utilisation des jeux vidéo que votre fils a commandé au père noël. L'ordre des choses aujourd'hui, c'est votre fille qui a parfaitement sentie que le design des produits cosmétiques qu'elle utilise donne le sentiment d'avoir été moulé sur des pénis plus difformes les uns que les autres. Votre fille qui manipule quotidiennement, depuis sa plus tendre enfance, des sexes mutants alors que vous éprouvez les plus grandes difficultés à lui parler sans réserve des « choses de la vie ».
Cherchez des réponses dans des manuels d'utilisation de vos produits cosmétiques.
Elles ne s’y trouvent pas.
L'ordre des choses, c’est une absence manifeste de destin, le monde était sclérosé. L’impression fatale sur les esprits que plus rien n’était possible. Nous attendions tous un signe pour relancer l’histoire ou tout arrêter pour de bon. Que tout s’effondre ou que tout recommence. certains avaient compris avant tout le monde la nécessité de déclencher l’impensable, et les cibles étaient nombreuses : papa, maman, professeurs, policiers, état, multinationales, peoples, tout ce qui fait le monde. Et ça tombe plutôt bien, le monde entier est à portée de clic.

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