(texte republié à cause d'un gros problème de caractères mutants infiltrés dans la première version)
Au matin de noël, le soleil a l'insolence de pointer le bout de son nez. Reprenons une bonne dose de nihilisme en attendant l'hiver. L’exorciste ne prit jamais la décision de partir le néant pris forme autour de lui sans qu’il ne s’en rende compte. Néant était déjà en lui. Ne put que suivre chemin. Laissa libre court à son destin. Une esquisse de liberté s’affirma à l’horizon. De toute évidence, nous avions à faire à des visions. Ainsi qu’à un processus. C’est un avertissement quand il n’y a plus de mots pour
[…]
pour un road movie, oui, mais un road movie autour de chez moi, hors de chez vous, hors-vie, hors-moi, formule spirale, tourne en rond je tourne des films de routes de campagne à l’abandon je trace des bornes je compte les pommes pas de béton mais du bitume granuleux qui fond au soleil de juillet et s’éclate les nuits de pleine lune. Entre les deux : poste frontière. Le front l'extérieur contre le front de l’intérieur. Le front contre de la terre entière. La terre réclame du sang. Dans le sens du nouvel âge et qui vogue, équinoxe, heure d’été. Automne or. Au tonnerre. Au tour de (f)rance des arrêts de car. L’hiver approche, j’aime l’hiver, j’aime 10 centimètres de neige, j’aime le monde à l’arrêt, mes pas craquent sur le sol, mes pas frappent le sol, l’univers ne meurt pas dans une explosion, il se refroidit peu à peu, de plus en plus, de plus en plus pale, la neige se transforme en cendre, j’aime marcher comme fouler les cendres de la terre, l’horizon est une forêt sombre dont les feuilles n’ont pas pas échappées aux attaques de rayons cosmiques. Les humains non plus : ils soignent leurs plaies devant des programmes télévisuels distordus mélanges de clowns synthétiques et d’épiphanies antiques Star Wars Academy, la pythie squatte les ondes, elle fume des blondes, clope sur clope sur clope sur tes cendres, crache le cancer dans les yeux embrumés, tu pourris de l’intérieur ça commence par les yeux, tu portes des lunettes ? tout le monde porte des lunettes tu les changes tous les ans ça te fait une sortie le samedi après t’es content ta mutuelle te sert à quelque chose ça te fera chaud au coeur le jour où tu décompenseras aux soins palliatifs en tremblant comme un peuplier en pleine tempête tu récompenseras ton entourage ta famille toute ta famille enfant petits enfants petits petits petits par une belle transe, de beaux souvenirs, c’est tout ce qui compte emporte les avec toi, cache les précieusement dans ton coeur, ta vie défile devant tes yeux mais tu t’accroches, ne les oublie pas : monde sublunaire à l’abordage pour entités spiritophages, pourquoi t’agiter ? Tu n’as qu’à laisser faire, laisser tes désirs, lisser ta peau, lancer tes amarres, l’enjeu de tes destins joués aux cartes par une poignées d’anges grimés en démons.
J’ai vécu les 30 dernières années comme un anthropologue qui s'immisce dans la vie des tribus autochtones pour comprendre les subtilités de leur mode de vie. Je vous observe jeter aux feux, jours après jours, ce que nous avions mis tant de temps à bâtir. Comment pourrais-je ne pas avoir de l’envie de reconstruire le puzzle en le pulvérisant en un tas de cendres ? Je peux vous dire que c’est pas joli joli et je n’ai pas eu de mal à m’adapter à la théorie des 5 B = BAVARDER (parler de tout et de n’importe quoi avec n’importe qui tant que l’on aborde pas l’essentiel) / BOIRE (se liquéfier le cerveau et le foie avec de l’ethanol, label art de vivre) / BAISER (surtout en parler sans en parler) / BOUFFER (des cadavres d’animaux industriels combinés à une batterie chimique d’exhausteurs de vie) / BOUGER (au supermarché ou en vacances, mer ou montagne ? Pepsi ou Coca ? Frites ou Nuggets ?) / Si le Christ (Jesus, Krisna, X????, Whatever…) revenait sur Terre aujourd’hui, il ne viendrait pas détruire les supermarchés, incendier les églises ou haranguer le pape un jour d'homélie pascale comme certains le prétendent - pour jouer à se faire peur avec le père noël. Une partie de l’humanité le prendrait seulement pour un illuminé de plus, aussi véhément et convaincant que puisse l’être un chef de secte et le laisserait parler sans lui prêter plus d’attention qu’un anarchiste en mal d’attention sur Twitter. Le reste le tiendrait pour hérétique, blasphémateur, incendiaire ou tout simplement bien trop dérangé pour ne pas exiger qu’on l’empêche par tous les moyens de bouger et d’ouvrir la bouche avant d’envoyer le psychopathe qu’il est en hôpital psychiatrique - JESUS WAS A PSYCHOPATH MANIC DEPRESSIV DISORDER MOTHERUCKER - GPS existentiel : D.IEU vole toujours à mon secours : pour bien m’enfoncer la tête sous l’eau. C’est comme ça que j’ai appris à nager. GEOKORTEX : notre cerveau est la plus formidable technologie de navigation disponible de ce côté de la suburbia de l’Univers - nous sommes des parasites évoluant dans des machines de chair à la recherche de je-ne-sais-quoi-je-ne-sais-où nous avons oublié les règles du jeu en débarquant par l’utérus - l’Adversaire a tenté de stopper la biodynamique du Temps et de l’Espace en me clouant sur une croix mais manque de bol - j’avais un pion d’avance - Estás muerto fils de pute. Chacun de nous est prête, roi et thaumaturge, j’étais devenu le prêtre exorciste qui guérit le cancer à coup de décibels et d’incendies de forêt.
L’affiche sur la vitrine du Lapin Noir annonce : EXORCISME DE NOEL : 23H : avec Walter Van Der Mäntzche : chanteur des Vermines Volantes (noise progressif acoustic) / GRATUIT. Répétition générale du spectacle d’ouverture du Haine(s)fest en comité réduit, ce soir il n’y aura que le top du top des sans-amis, des sans-abris, des sans-vies, des sans-familles pour fêter la noël autour d’une grosse dinde aux antibiotiques et d’une montagne de plastique offerte à des gnomes surexcités à la cocacolaaféine. La rue des bars donne directement sur un enchevêtrement de rues pavées étroites et tordues comme au moyen âge, ça monte ça descend, ça descend très fort dans le véritable coeur de la ville, village dans la ville, la cuve Saint Vincent, de la montagne couronnée nous descendons une sente escarpée à la lumière des torches et dans les effluves capiteuses de l’encensoir. La descente pourrait se poursuivre dans les entrailles de la butte, la légende dit qu’un lac souterrain sous-plombe la cathédrale, je l’ai déjà visité en rêve, mais cette nuit le programme est clair : filer dans une sorte de forêt quasi sauvage au centre topographique de la ville. 40.000 habitants tout autour de nous, routes nationales, autoroute, aérodrome, héliport et pourtant même en plein jour vous n’entendriez que le croassement des corbeaux ou le bruissement des feuilles qui rejoignent le sol. Un avant-goût du désert, à la fois lieu de méditation idéal et refuge des drogués, des branleurs, des toxicos et des SDF, pas besoin de panneau d’entrée pour comprendre où l’on est : cadavres de bouteilles, paquets de clopes, sachets de junk food et boîtes de médicaments tapissent le sol. Une fois passé ce porche vénéneux, s’attendre à ce que le monde disparaisse derrière chaque arbre. Je n’ai besoin que de tracer un cercle avec la fumée d’encens pour que ma troupe prennent place autour de l’autel. J’avais passé trois jours et trois nuits à construire un totem de troncs d’arbres et de branches mortes, la sculpture s’élève à quelques mètres du sol. Pour l’allumer il ne suffit que de mettre le feu à quelques écorces de bouleau ça flambe instantanément, j’avais vu ça à la tv dans MAN VS WILD, même en plein hiver ou sous la pluie. Avec un peu d’essence pour accélérer de la combustion. BOOMBOOMBOOM c’est le son du solstice qui frappe à la porte du temple / BOOMBOOMBOOM c’est l’entrée des novices dans la légende / BOMBADABADABXXM JX PXRLX XSRPXT DE LA FXRXT LE FEU fait apparaître un portail - de branches/braises s’élevant dans les airs - le public y a disparu - qui était là déjà ? : des portraits, des déjà-morts, des parcelles de mondes, des ombres, de nouveaux liens entre nous, nos ancêtres et le cosmos. La terre réclame des coups, le sang réclame la chair, la chair part en fumée. Des portes, des ponts, des tunnels. Des émotions, simples et limpides. Des apparitions, cryptées, brutales et spontanées. Des gestes, hermétiques et inspirés, pour de nouveaux rituels désincarnés, départs de nouvelles sagas. Un trait. Terriblement simple et direct - dans le feu de l’action - presque inaccessible - sans aucune concession, ni repenti. L’esprit de la forêt vient à moi sous la marque d’un cerf géant, sorti de terre, bois végétaux vibration brame raccord avec l’esprit de destruction retombe face à face à spectateurs abasourdies aussi hagards qu’un gibier pris au piège. Le maître des lieux à tunique fougères capture le regard plein de pitié d’un homme pour se faire homme à la place de l’homme devenu bête à la place de la bête sacrifié d’un coup de hache sur le collet. Tête sur le sol. Tête vers la cime des flammes. Tête sur la tête. A bout de bras un masque pour crier par delà mon corps, masque pour déjouer le gardien des portes double face double vues double sens entrée sortie - CONNEXION - faire place à la parole des anciens et de la belle endormie sur laquelle nous avons construit cette ville. GEANTE ! SORT DE TON SOMMEIL ! SEIGNEUR ENDORMI ! SOUFFLE FIN DE PARTIE ! REPOSE COURONNE SUR L’HOMME DECAPITE ! La grande mère se lève emportant la vanité des hommes, la confusion retourne à la confusion, oeil dans l’oeil, chaos par chaos, cercle de cendre s’étend à perte de vue jusqu’à jamais. Cercle de feu est épargné, face au lac reflet de lunes, reflet planète bleue dans l’autre monde / déserté / des les terres / délangage / déserte le monde ou le monde me déserte / hors temps / hors de loi / dehors de moi / hors du cercle : la scène larsen, écho sonar fréquence ralentie à l'extrême (moins 666 battements par minutes) rompre le cercle magique et entrevoir le soleil se poser sur la ville. Le réveil est fini.
Le message est vivant.