dimanche 15 août 2010

Jericho

La vie n'est pas dure à Jericho, mais Averell est décidé à s'enfuir. C'en est trop. Pendant les cinq dernières années de sa vie, il a dormi, pour se réveiller toutes les cinq minutes, le temps d'une bouffée d'air. Ensuite il replongeait dans le sommeil. Cinq ans auparavant, sa mère mourait et il plongea alors dans cette léthargie.

Autour de lui, Jericho battait son plein. C'était une petite ville cerclée de remparts sur une montagne d'Israël. Le commerce allant, la ville évoluait exactement comme elle l'avait voulue. Son roi était un berger qui avait été hissé sur le trône pour une raison idiote, et le voici maintenant qui gouvernait bien. Averell consacrait le temps de son éveil à observer l'organisation de la ville et sa gouvernance. Bien sûr, il ne saisissait la vie de la cité que par bribes éparses, ce qui rendait le tout assez incongru.

Selon lui, le roi-berger dirigeait la ville depuis un temps indéfini. Il ne résisterait pas longtemps, des rumeurs circulaient selon lesquelles il était trop lâche dans la direction de la cité. Par conséquent, des gens pouvaient à tout moment se liguer pour renverser la couronne.

Averell apprenait tout ça par cette femme qui l'accueillait dans le monde à chacun de ses réveils. En effet, après que sa mère apprit que ses deux pieds n'allaient pas tarder à se trouver dans la tombe, elle confia son garçon à une jeune femme. Très vite, il tomba en léthargie, sans avoir même le temps d'apprendre le nom de la jeune femme. Elle se penchait vers lui quand il ouvrait les yeux et lui apprenait les nouvelles du monde. Elle le lavait peut-être, le faisait manger. Ses grandes boucles brunes chatouillaient le visage d'Averell, lui fournissant un semblant de vie, à chaque fois. Une impression qu'il ne pouvait pas cerner l'envahissait alors et le berçait, le plongeait dans la petite mort, encore une fois.

Ce devait être, sans doute, par amour pour elle qu'Averell se résigna au réveil.

Et c'était un lundi. Le soleil pointait de bonne heure. Dehors résonnait les bruits d'une cérémonie religieuse. Averell se leva, et s'approcha de la fenêtre. En bas, les gens hurlaient. La fille aux boucles brunes apparut derrière lui, il sentit ses pas. Elle lui dit de ne pas se fier à Jéricho, tout deux étaient loin maintenant.

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