Quelque part en Afrique, dans la décharge d'Agbogbloshie, un message tourne en boucle sur le moniteur d'un ordinateur devenu paranoïaque.
« Ben pote regarde ce qu'il y a ce que l’Amérique à offert aux gens tu vois comment ce que l’Amérique à offert aux gens voilà et maintenant c’est devenu des obscènes des obscènes parmi les obscènes ils n'ont rien à foutre de leurs fils rien à foutre de leurs filles tu vois comment ils baisent ils mangent ils boivent voilà pote c’est la vérité »
L’ordinateur murmure le fil de sa pensée, un miroir-brisé. Un écran lumineux et une intelligence enfermée dans un cocon de métal et de plastique beige.
« Ils n’ont rien à foutre de leurs copains ils n’ont rien à foutre de leurs amis c’est la vérité pote regarde la preuve pote ils n’ont rien à foutre ils n’ont rien à foutre ils mettent des gens dans des situations voilà et après ils se demandent pourquoi ça leurs est arrivés à l'avance dans d'autres contextes pas que dans le contexte de la barbichette blanche ou le spectre lumineux ou l’histoire de la monnaie »
Charabia à sens unique. Métronome déréglé. Bug dans le système. Charivaris du sable contre le vent.
« Tu vois comment pote c'est ça que je veux leurs faire comprendre ben pote regarde ce qu'il y a l’Amérique c'est des obscènes des obscènes parmi les obscènes »
Un écran noir et lumineux dans le délire d'une nuit d’été.
« Ils n'ont rien ils baisent ils mangent ils boivent voilà pote c’est la vérité ils n’ont rien à foutre de leurs copains »
L’écriture automatique défile. Projetée sur un panneau signalétique, elle débite un flow de mots-pixels comme les dernières paroles d'un homme condamné aux limbes d'un formatage automatique.
« Ils mangent ils boivent voilà pote c’est la vérité ils n’ont rien à foutre de leurs copains ils n’ont rien à foutre de leurs amis c’est la vérité pote regarde la preuve pote Trump pas content pote bleu rouge blanc pote et badaboum bada… »
samedi 4 février 2017
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