mercredi 3 août 2016

prenssée L

1] C'est fou quand même de comprendre aussi peu les choses et depuis aussi longtemps. C'est fou d'être autant au bord de tout. Il faut appeler une chatte une chatte. Un jour tu as été le futur. Mais quand je te vois, j'ai un trou de mémoire. Des fois y a des mots qui sortent de ma bouche qu'ont pas encore tout à fait pris de forme. J'ai du mal à parler parce que j'ai bugué ma pensée : les rapports de causalité, de dualité. Là je viens de regarder une série, ça m'a effacé la tête. C'est une histoire qui commence à la fin et qui finit à la fin. (Rassurez-vous, il ne se passera rien.) Elle me dit : on ferait des chansons je parlerais de ma chatte tu parlerais de ta bite. Elle me dit : tape dans le fond et casse tout dedans. Tout ce qu'elle ne sait pas faire, elle me l'apprend. Elle va à l'épicerie avec 2€ pour acheter une brosse à dent, elle revient avec une bière. Est-ce qu'on peut se rendre sourd soi-même, avec sa propre voix, en chantant ? Comment rester constitué ? Comment ne pas s'effondrer ? Comment ne pas exploser ? La vie contre la vie, la vie contre la vie, la vie contre la vie, la vie contre la vie, ça donne la mort, vie+vie=mort. J'en ai marre de vivre des moments exceptionnels avec toi. Je voudrais vivre des moments ordinaires avec toi. Quand je pense à toi, je pense au mot problème. Je t'appellerai Problema. Moi aussi j'apprécie que tu sois là, existes, que tu sois toi, mais tu le sais. On crée des choses, on fait des choses, on danse. Elle dit des trucs extraordinaires, mais personne n'écoute. On s'exerce au sexe. On s'ex. Xerce. Au sexe. Frotte ta chatte contre mon cœur, c'est du feu qui fait mouiller. Tu es de la bande. Tu es du vertige. Terre terrestre. Ciel céleste. Mort mortelle, vie vivante. Œil oculaire. Bouche buccale. Océan océanique. Parole parlée. Bruit bruyant. Silence silencieux. Feuille feuillue. Arbre arboricole.

je suis un bout de vie
tu es un bout de vie
nous sommes des bouts de vie
des bouts de vie debout
des bouts de vie partout
des bouts de vie qui bout

2] (Il y a trop d'énergie dans un homme : souvent de quoi remplir et faire vivre dix hommes, mais ce qui en ferait vivre dix, concentré en un seul, le tue.)

Je suis en prison. Dans une prison ouverte. Je marche le long des murs de la ville. Je fais les courses. Je rentre chez moi. Je fais à manger. Je regarde la télé. Je regarde internet. Tous les jours. Chaque jour. Chaque heure exige d'être vécue. Chaque jour il faut se réveiller. Chaque jour il faut dormir. Chaque jour il faut respirer. Chaque jour il faut évacuer. Chaque jour il faut ingérer. Chaque jour il faut parler. Chaque jour il faut penser. Chaque jour il faut payer. Chaque jour il faut sourire. Chaque jour il faut se recoucher. Tu sais comment ça marche ; tu t'arrêtes, tu meurs. Continue d'avancer. Tant que tu arrives à respirer, il faut te battre. Respire. Continue à respirer. Respire. Ne respire pas. Respire. Ne respire pas. Respire. Respire pas ! Respire. De l'air gratuit partout...

3] - Vous auriez une cigarette ? - Non. - Alors un téléphone ? - Non. 
- 3€ ? - Non.
- 10€ ? - Non.
- Vous auriez l'heure ? - Non.
- Du tabac des feuilles ? - Non.
- Un joint ? - Non.
- Un truc à boire ? - Non.
- Alors un truc à manger ? - Non.
- Des allumettes ? - Non.
- Du feu ? - Non.
- Vous avez pas 2mn ? - Non.
- Pouvez signer cette pétition ? - Non.
- Un autocollant ? - Non.
- Un tract ? - Non.
- Une réduction ? - Non.
- Tu veux du shit ? - Non.
- D'autres trucs ?  - Non. - De la coke ?  - Non. - Du speed ?  - Non. - Des médicaments ? - Non.
- Savez-vous dire non ? - Oui.



à écouter en même temps : 
(un extrait (fin) mis en boucle du morceau "Water" de Blonde Redhead)

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