Mon grand-père a quatre-vingts ans.
Je ne sais pas beaucoup de son enfance, mais je crois qu'il l'a vécue à la campagne, dans une ferme, avec sa famille. Ils élevaient des poules et des vaches. Tous les champs aux alentours leur appartenaient. J'espère qu'ils étaient heureux. Je le pense. L'air frais rend les gens plus forts et plus apaisés.
Je ne sais pas comment s'est passé la guerre pour lui. Il m'a raconté une fois avoir retrouvé dans un de ses champs un obus qui n'avait pas encore explosé. J'imagine que son père est mort. Je ne sais pas si c'est à cause de la guerre. J'espère qu'ils ont mangés autre chose que des topinambours, même si je trouve le nom rigolo.
Je ne sais pas comment il a rencontré sa femme. Mais je sais qu'ils sont encore très amoureux. C'est peut-être l'habitude qui les tient l'un dans l'autre. Si c'est le cas, merci quand même. Ils passent leurs vieux jours dans une maison aux murs blancs. Et mon lit est au dernier étage, et je lis des Achille Talon en attendant que le Père Noël soit passé.
Maintenant, il est à l'hôpital. Et ma grand-mère va aller dans une maison de retraite, seule.
Je vois le cadre dans l'entrée avec un dessin le représentant jeune. Je l'emporte. Je vais à l'hôpital.
Je lui dis de se lever. Il se lève.
Nous allons tous les trois dans un de ses champs, à côté de cet obus qui n'a toujours pas explosé. Et je m'éclipse discrètement, sous l'herbe et dans le sol. Tandis que lui reste là, entre le ciel et moi.
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