Avec beaucoup de délai, je vous réponds aujourd'hui. Je me souviens que recevoir votre courrier m'avait plongé dans la rêverie. En effet, cela m'a fait réaliser qu'en l'espace de quelques courtes années, j'ai complètement perdu l'habitude de la correspondance par voie postale, alors que cela avait été central dans ma façon d'échanger pendant la plupart de ma vie avant 2001 ou 2002. Je me souviens du rituel d'aller à la boîte à lettres, d'espérer un courrier, de la joie ou de la déception selon les jours, et le soin, un peu perdu aujourd'hui (je ne dis pas que c'est bien ou mal), apporté aux lettres et autres choses mises dans les enveloppes. Tout a changé très vite, et aujourd'hui nous recevons 50 mails par jour, et pouvons envoyer, recevoir de façon immédiate, avec nos amis ou de parfaits inconnus, ce qui est plus immédiatement "jouissif", mais peut-être mettons nous souvent un peu moins de nous-même dans ces innombrables missives immédiates que nous oublions au fur et à mesure que nous les envoyons avec facilité. Internet a diminué une part de solitude, d'angoisse, de macération. Internet a un peu pris la place du disque ou de la K7 que l'on se passait dans la solitude d'une chambre. C'est pour cela que l'importance sociale, fédératrice, de la musique a soudainement chuté dans les années 2000. Une crise d'angoisse, un sentiment de solitude, pas d'amis qui répondent au téléphone : aujourd'hui nous y répondrons, cherchant à échapper à l'angoisse, plus souvent en allumant un ordinateur, qu'en mettant un disque sur une platine. Internet nous a apporté beaucoup, mais nous a fait perdre une certaine qualité d'angoisse, une certaine expérience de la solitude essentielle. Et a bizarrement remplacé l'importance des musiques populaires et undergrounds comme fédératrices de générations successives (enfin, c'est mon sentiment...).
vendredi 26 mars 2010
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