mardi 18 février 2020

Page blanche


Une chanson chante dans une tête, qui la passe à une autre tête. C'est tout. Ça part loin, près, partout. Ça parle partout. Je pense à la chatte de Julie. Et à celle de Lydia. Et à. Léa. Béate. Benoîte. Bandante. Bandite. Ne me parle pas trop fort, je suis simple.

Nager dans une surface de reflets miroitants.
Chaque angle d'eau est un miroir différent, mouvant, mobile, éphémère, un angle de lumière et de mer, un angle de lumière liquide. Nage dedans.


Page blanche, je suis une page blanche qui parle, je suis une page blanche qui écrit, une chose qui blanchit tout, qui déparole, qui fond, indifférencie, neutralise, mélange, aveugle. Je suis une page blanche qui écrit pour se venger de tous les livres, de toutes les significations. Je suis une page blanche qui écrit : je n'ai aucune idée de rien et je compte contaminer le monde entier pour que tout le monde n'ait aucune idée de rien. Je suis un lieu de débuts infinis. Je suis un lieu de débuts détruits. Le sang ne me dit rien, la nuit ne me dit rien, je suis la blancheur c'est-à-dire tout mélangé jusqu'à l'aveuglement, la neige, l'indifférenciation, je suis la totalité immanente tentant de se fractionner en morceaux de sens précis.


Je n'ai plus vraiment de souvenirs, ils ont fondu les uns dans les autres au point d'être indistincts. Je ne suis plus personne. Par un défaut de registres mentaux, je ne sais plus qui je suis, et cela ne me dérange pas. Cela m'aurait dérangé, mais je ne suis plus. Je vois ma personnalité comme quelque chose d'un peu attachant qui s'est fondu dans le monde, dissout, éparpillé dans l'air jusqu'à devenir imperceptible. Tous mes fichiers sont mélangés, inaccessibles. Du coup je dois regarder ailleurs. En avant, autour. 
Allons répandre notre sperme dans le monde, notre sperme qui ne comprend rien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire