dimanche 22 avril 2018

Anti-Eros


Αντι-Ερος is on the beach
      paski faut pas confondre
jelly fish & plastic bag                                                              


sur la plage graveleuse
des milliers de galets     prennent leur pied
               épousent la forme des légumineuses                                  
       étendues grassement en splash

revOlting

et dans le temps qui s’étire goulûment
la fin de la rôtissoire s’annonce
lorsque la boule de feu bascule

au loin

très loin derrière les hautes-bandes grises signalant une civilisation certaine

Pendant ce temps, of course, l’imperturbable turquoise bat des cils et de l’écume, fait rougir les baigneurs tant sa température évoque celle d’une citerne en surchauffe ou d’une piscine jolie où les voiliers et vedettes de riches côtoient hors-bords et sportives grisées d'extrême vitesse nautique.

Il faut le chercher profond, mais Αντι-Ερος est là.
Tapi dans la quarantième déferlante à gauche, juste après la bouée imaginaire.
Vautré entre deux sillons sableux, il attend son moment pour sortir, dégainer sa flèche puissante et dégommer des sentiments à la noix qui ne vont que dans un sens. Il aimerait aider le malheureux épris de la damzelle aux seins nus (héliothérapie oblige) et qu'elle ne le repousse plus si rudement.

V'la-t-y pas d'ailleurs que la damzelle se dirige vers le fluide réparateur afin de calmer ses ardeurs déclenchées par un crabe endiablé qui dansait sous sa serviette - et massait sa poitrine à travers la gravelle irrégulière remuant comme un tétard tête en bas tête en l’air.

  Or à peine lessivée par la cinquième vague à droite, un morceau plastifié vint lui caresser le mollet. Et là ! damzelle s’en amouracha sur le champ. Il s’imprima sur sa peau à la moindre impulsion des gambettes. Sa présence se faisait pénétrance... Ce morcelet pétroleux, c'est écrit, fera un bon bout de chemin à ses basques, choiera ses pores une à une et la menera à la jouissance intégrale tandis que le malheureux épris n’aura plus que ses larmes à offrir à la mer, sa salinité aux vaguelettes rieuses qui – en échange de bons procédés – lui livreront des méduses fort mignonnes.

Tiens, en voici une qui s’agrippe à son membre pendant. Elle l’enserre joyeusement, astiquant bien la peau lisse de sa membrane élastifiée, gluante, 100 % bio et pas même parfumée à la fraise and

all is well that ends nearly as well

but

Αντι-Ερος peuple nos plages
et il faut s’en méfier comme de la braise
car plastic bag & jelly fish
n’ont rien à fricoter ensemble
si ce n’est l’anéantissement
dudela touriste infernal·e
sur les côtes sacrées par les dieux grecs
et les décadent·e·s noircissiques                      

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