jeudi 23 août 2018

nanolesbiennes


il y a des petites lesbiennes partout
nano-lesbiennes
on ne les voit pas mais on les entend crier dans les murs et dans la peau
nano-lesbiennes
il y a des petites lesbiennes invisibles partout sur la peau, dans les parois, elles se caressent se lèchent, il y a des mini-lesbiennes partout, on ne les voit pas mais on les entend crier, on les entend jouir partout, tu entends ?
nano-lesbiennes
nana, nanana
nano-lesbiennes
je marche dans la rue je les entends, je suis chez moi je les entends, j'entends des aaaah, j'entends des mmmmmmh, j'entends des ah!oui!, il y a des nano-lesbiennes en folie furie qui font l'amour partout, ça baise, ça baise, et moi
j'essaie de me concentrer au milieu des cris de jouissance 
c'est pénible
nano-lesbiennes
c'est pénible pour travailler
pour mener sa vie tranquillement
nano-lesbiennes
qu'est-ce que je dois faire docteur ?
nano-lesbiennes
il y a des petites boules de lesbiennes emmêlées là sur votre bureau, j'entends mille nano-halètements dans mon oreille, j'entends des petites bouches partout qui font mmmmmh, aaaaah, qu'est-ce que je dois faire docteur, c'est un acouphène, un acouphène de sexe, un acouphène permanent de sexe, jusqu'à ma mort ? au secours
nano-lesbiennes
elles sont tellement propres que ça sert à rien de se laver pour s'en débarrasser, oui
nanolesbo
nana, nanolesbo, bo
boa, koala, arche de noé je suis, de
nano-nanas... nanana
je me bouche les oreilles, je lis des livres de mathématiques, je regarde des documentaire sur la guerre, rien n'y fait
nano-lesbiennes
partout
partout 
en dessous
au dessus
sur ma peau, sur ta peau, j'entends les cris, les guili-guilis, les discussions susurrées, les baisers sucés, les doigts les chatouilles les cheveux froufrous, ah
ah
ah...
c'est comme ça
nano-lesbiennes
pour toi pour moi c'est toi c'est moi
nano-lesb
iennes
han han, yeah, ouh
c'est comme ça, pas le choix, nana nanah, ouh
yeah
han han



mercredi 15 août 2018

Suicide




Quand j'étais petit, j'étais mythomane.

Je me souviens avoir raconté à mes camarades d'école la tentative de suicide de Frédéric.

Frédéric était le fils d'un boulanger, et l'aidait au magasin après l'école.
Il m'a appelé - je ne sais pas pourquoi.

Le tranchant de son couteau était posé sur sa carotide.

Il était seul et il pleurait. Tous les yeux étaient braqués sur moi.

C'était à cause d'une fille. Il en souffrait trop.
Plus d'échappatoire.
Enfin l'oubli.

Le lendemain, Frédéric est revenu à l'école.
Tous les yeux étaient braqués sur lui, et personne ne m'a vu de la journée.

Il n'y a pas de différence entre la fiction et la réalité. Leurs rôles peuvent s'inverser le temps d'une seconde ou le temps d'une vie.

En grandissant, j'ai appris à ne plus mentir.

Et comme l'ancien fumeur songeant avec mélancolie aux somptueuses volutes de fumée qu'il pouvait former aux temps jadis, je regrette chaque jour de ne plus pouvoir faire surgir des ombres de mon brouillard.