vendredi 27 avril 2018

Je n'ai pas d'endroit pour vivre


Je n'ai pas d'endroit pour vivre. Depuis toujours. Je n'ai pas d'endroit pour vivre. Je n'ai pas d'endroit pour vivre. Depuis toujours. Je dois. Me déplacer. D'un endroit. A l'autre. D'un endroit. Dysfonctionnel. A l'autre. D'un bruit. A l'autre. D'un inconfort. A l'autre. Je n'ai pas d'endroit pour vivre, je n'ai jamais eu d'endroit pour vivre, j'ai toujours dû, me déplacer, d'un mal, à un autre, d'un problème, à un autre, d'un inconfort, à un autre, d'un manque de sommeil, à un autre, d'un voisin chiant, à un autre, je n'ai jamais eu d'endroit pour vivre, je n'en ai pas, je cherche, je cherche toujours, je me promène dans le monde, je regarde autour de moi, il y a des logements partout, des maisons, des immeubles, des propriétés, mais aucune, n'est pour moi, n'est à moi, je n'ai pas d'endroit pour vivre, je n'en ai jamais eu, je vais d'un endroit à l'autre, je vais d'un endroit, dysfonctionnel, à un autre. Je continue. En déséquilibre.

Pas d'endroit pour vivre, n'en ai jamais eu. N'ai eu que des endroits. Pour survivre. Je cherche, je continue à chercher. En déséquilibre. Sans illusion. En dynamisme. En désespoir. En errance. En tourment. En exploration. En quête. En tâtonnement. En poursuite. En lutte. En recherche. Entre. En déséquilibre.

dimanche 22 avril 2018

Anti-Eros


Αντι-Ερος is on the beach
      paski faut pas confondre
jelly fish & plastic bag                                                              


sur la plage graveleuse
des milliers de galets     prennent leur pied
               épousent la forme des légumineuses                                  
       étendues grassement en splash

revOlting

et dans le temps qui s’étire goulûment
la fin de la rôtissoire s’annonce
lorsque la boule de feu bascule

au loin

très loin derrière les hautes-bandes grises signalant une civilisation certaine

Pendant ce temps, of course, l’imperturbable turquoise bat des cils et de l’écume, fait rougir les baigneurs tant sa température évoque celle d’une citerne en surchauffe ou d’une piscine jolie où les voiliers et vedettes de riches côtoient hors-bords et sportives grisées d'extrême vitesse nautique.

Il faut le chercher profond, mais Αντι-Ερος est là.
Tapi dans la quarantième déferlante à gauche, juste après la bouée imaginaire.
Vautré entre deux sillons sableux, il attend son moment pour sortir, dégainer sa flèche puissante et dégommer des sentiments à la noix qui ne vont que dans un sens. Il aimerait aider le malheureux épris de la damzelle aux seins nus (héliothérapie oblige) et qu'elle ne le repousse plus si rudement.

V'la-t-y pas d'ailleurs que la damzelle se dirige vers le fluide réparateur afin de calmer ses ardeurs déclenchées par un crabe endiablé qui dansait sous sa serviette - et massait sa poitrine à travers la gravelle irrégulière remuant comme un tétard tête en bas tête en l’air.

  Or à peine lessivée par la cinquième vague à droite, un morceau plastifié vint lui caresser le mollet. Et là ! damzelle s’en amouracha sur le champ. Il s’imprima sur sa peau à la moindre impulsion des gambettes. Sa présence se faisait pénétrance... Ce morcelet pétroleux, c'est écrit, fera un bon bout de chemin à ses basques, choiera ses pores une à une et la menera à la jouissance intégrale tandis que le malheureux épris n’aura plus que ses larmes à offrir à la mer, sa salinité aux vaguelettes rieuses qui – en échange de bons procédés – lui livreront des méduses fort mignonnes.

Tiens, en voici une qui s’agrippe à son membre pendant. Elle l’enserre joyeusement, astiquant bien la peau lisse de sa membrane élastifiée, gluante, 100 % bio et pas même parfumée à la fraise and

all is well that ends nearly as well

but

Αντι-Ερος peuple nos plages
et il faut s’en méfier comme de la braise
car plastic bag & jelly fish
n’ont rien à fricoter ensemble
si ce n’est l’anéantissement
dudela touriste infernal·e
sur les côtes sacrées par les dieux grecs
et les décadent·e·s noircissiques                      

vendredi 20 avril 2018

la triazolokosbeviensohainezodiazépines



/ pardon/ je persiste/ je peux créer le néant si facilement/ là/ action/  turfu/ feu d’artifice/je suis en train de créer une image/ arc en ciel/ produit/je suis en train de regarder mes yeux/ le mouvement des veines/ à l’intérieur/ le cœur/ c’est-à-dire/ le visage/ nul/ comme un animal/ j’ignore la question/ je suis curieux/ la triazolokosbeviensohainezodiazépines/ la haine dans l’oreille/ habite le corps/ j’appuie sur mon visage/ la tête rasée comme/ derrière les cheveux/ une plante/ et derrière la mâchoire/ j’insiste quand je mâche un insecte/ la tête/ je parle/ qui n’est pas vraiment la mienne/ le rouge/ qui est logiquement/ absurde/  

Khalid EL Morabethi

mardi 17 avril 2018

Rien ne nous empêchera d'être joyeux. Mathias Richard


Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les suicides, les morts, les dangers.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas le cancer, pas la guerre, pas les emmerdeurs, pas les emmerdeuses, pas les bombes, pas les tombes, pas les huissiers, les PV.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les impôts, le manque de fric, la faim, le sommeil, le froid, la canicule.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les meurtres, pas les viols, pas la torture, pas la brutalité, pas la perversion, pas l'injustice.
Je te le promets. Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les connasses ni les salopards, les fâcheux, les gros cons, les langues de pute, les lèche-culs, les traîtres, les jaloux, les médisants, les manipulateurs.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas la pollution, le triomphe de la bêtise, la disparition de la solidarité, l'effondrement de la culture.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas la mort, la maladie, (je te le dis), pas la souffrance, la violence, les foireux, les rageux en nage, les carambolages, les avions qui s'écrasent, tout ce qui s'effondre et ronge.
Rien 
ne nous empêchera 
d'être joyeux.

Les tueries, les massacres, les génocides.

Rien ne nous empêchera d'être joyeux.

Les tsunamis, les tremblements de terre, la comète qui détruira la planète.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux, tu comprends, tu entends.
La mélancolie, les regrets, la tristesse, les amours perdus, et ceux jamais advenus, les amis disparus, ceux qui te disent pas salut.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La dépression, la folie, la schizophrénie, l'apathie, la haine, le désespoir.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Toutes les impossibilités accumulées, les murs, les portes fermées, les salauds, l'incompréhension, le chômage, les boulots chiants, l'aliénation, l'exploitation, l'oppression, l'injustice, l'esclavage.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.

La joie
est un muscle.
Il faut
le travailler.
Ce qui vit
hors de la joie
n'est pas la vie.

Rien ne nous empêchera d'être joyeux.

Pas les dettes impayables, les loyers en retard, les amendes, ni les comptes en banque bloqués, les choses que les autres ont et que tu n'auras jamais.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les agressions, pas les catastrophes, pas les accidents, pas les destructions, pas les décès, pas les enterrements.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les tyrans, les politiques, pas les Présidents, pas les menteurs, les hypocrites, les tricheurs, les arnaqueurs, les brutes, les lâches, les méprisants, les négligents, les mal intentionnés, ceux qui s'amusent à te contrôler.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les obligations, pas la honte, pas la culpabilisation, pas les critiques, pas les y a qu'à, les tu devrais, les ferme-ta-gueule.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les mauvaises nouvelles, les problèmes techniques, les bugs, les trucs qui marchent pas quand il faudrait.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les projets avortés, les pertes, les drames, les larmes, les familles éclatées.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les coups de marteau, les coups bas, les coups sur la gueule, les coups de latte, les coups de pute, les coups de pression, les voisins chiants.       
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Pas les embouteillages, pas le rhume, pas les soucis, pas les crashes mentaux, les quiproquos, les paranoïas, les bad trips, la psychose.

Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Rien !

Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Rien ne nous empêchera d'être heureux.
Rien ne t'empêchera d'être joyeuse.
Rien ne t'empêchera d'être joyeux.
Rien ne vous empêchera d'être joyeux.

La malbouffe, le réchauffement climatique, les prix trop chers, l'empoisonnement généralisé, la proche fin de la Terre.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Les Nazis, les terroristes, les fascistes, les va-t'en guerre, les racistes.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le sadisme, les turpitudes, la faiblesse, les tromperies, les trahisons.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le triomphe des imposteurs, le triomphe de la connerie sur Terre, la domination de quelques-uns sur tous, la télévision, l'uniformisation, le suivisme, les foules passives et bêlantes et conformistes.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Les gens de merde, les radios de merde, les films de merde, la société de merde, les médias de merde, les musiques de merde, les films de merde, les séries de merde, les jeux de merde, les personnes de merde.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le passé cauchemardesque, le présent qui pue, le futur apocalyptique.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Le néant, le vide, l'ennui, le malheur, la malédiction.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La vieillesse, le manque de bol, le manque de pot, le manque de cul, le manque de chance, la mauvaise étoile, le destin foutu.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
La nature martyrisée, les animaux martyrisés, les humains martyrisés, la Terre martyrisée.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Une vie sans but, dans un univers infiniment froid et vide et cruel et sans possibilité.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
L'enfer de vies mornes dans la solitude, la pauvreté, et la douleur.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
Tout ce qui est inatteignable, la destruction de tout espoir, la disparition de tout ce en quoi nous aurions pu croire, l'impossibilité de toute amélioration, de toute utopie, de tout idéal, les rêves piétinés.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux.
L'échec, le manque d'amour, le désamour. Le gros manque de joie palpable, partout. Le flagrant, le profond, manque de joie palpable, partout.

Rien ne nous empêchera d'être joyeux.

La joie 
est un muscle.
Il faut 
le travailler.
Ce qui vit 
hors de la joie 
n'est pas la vie.
La joie 
est un muscle, il faut le travailler.
Ce qui vit 
hors de la joie n'est pas la vie.
Rien ne nous empêchera d'être joyeux
Rien ne nous empêchera d'être heureux
Rien ne nous empêchera de célébrer.
Rien ne nous empêchera.





lundi 16 avril 2018

Parution de "AdolescenZ" de Aurélien Marion et "Le salariat pue" de Beurk



Les éditions  présentent 

Le salariat pue
de Beurk

et

AdolescenZ
de Aurélien Marion




Les éditions Caméras Animales ont le plaisir de faire paraître deux livres simultanément, Le salariat pue et AdolescenZ. Deux singularités extrémistes chacune à sa manière.


"C'est brutal. Sauvage. Neuf. Vif. Vivant. Ces deux textes sont comme deux « TRACTS » qui pourraient provenir d'un syndicat Acéphale dont les membres les plus actifs seraient Antonin Artaud, Sarah Kane, Joyce, H.D. Thoreau, François Richard, Guy Debord, Onuma Nemon, Mehdi Belhaj Kacem, Pierre Guyotat etc."
(Régis Nivelle, Lithoral.fr)




Le salariat pue
de Beurk

"accoutumés à la servilité. dès votre naissance comme nous tous. on vous on nous forme. lentement. en profondeur. famille patrie école écrans produits obéir aux maîtres."

Avec des mots simples, forts et violents, Beurk exprime l'insupportable du monde du travail vécu comme une forme de séquestration, de déchéance quotidienne et d'aliénation. Une violence, acceptée et légitimée par le corps social (pour lequel le travail salarié est une des choses les plus désirables), faite aux corps et aux vies : un emprisonnement.
Le salariat pue est un texte-catharsis, un cri en texte, souvent noté lors de moments volés sur le lieu de travail, et dans les tunnels de publicités des rames de transport bondées prises mécaniquement pendant des années, pour aller au travail et pour en repartir.

"Beurk n'arrive plus à sourire. Ses rêves n'existent plus. Il est broyé par la Machine (pensons au premier volet de Matrix), sans doute destiné comme d'autres à être un jour recyclés. Le contenu est donc noir, très déprimant. On a connu des employés mal en point. Là, on dépasse la jauge." (Sylvain Nicolino, Obskuremag.net)

"Making of" de son livre par Beurk, sur le site D-Fiction :

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AdolescenZ
de Aurélien Marion

Si un extraterrestre découvrait la sexualité humaine par la pornographie sur internet, et tentait d'exprimer ce qu'il en avait compris, peut-être cela donnerait ça, AdolescenZ.
AdolescenZ a tout pour (dé)plaire : pornographique, lettriste, franglais, geek-internet, obsédé, théorique, politique, masturbateur, autiste, provocateur, poétique, excessif. Plus outré, on meurt.
Mais il se dégage de cette œuvre, aux soubassements plus subtils qu'ils n'en ont l'air, quelque chose d'absolument dionysiaque et souverain.
C'est de la pornographie transformée en lettres, des lettres transformées en pornographie, un borborygme dans lequel le langage n'est plus qu'une trace lointaine du plaisir.

"Une écritrure triturée de jeux de mots qui dévalisent et salivent les solives noires des maux-valises. Bringue brinquebalante de râles de sonorités sororales accumulés de culs mêlés. L'on s'amuse beaucoup. Une pormotgraphie ! Porn-poésie jouissive."
(André Murcie, PIAI!)

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Présentation du livre Le salariat pue : http://www.camerasanimales.com/livre09.html
Présentation de l'auteur (Beurk) : http://www.camerasanimales.com/auteurs08.html

Présentation du livre AdolescenZ http://www.camerasanimales.com/livre10.html
Présentation de l'auteur (Aurélien Marion) : http://www.camerasanimales.com/auteurs09.html

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Se procurer le livre

Le plus simple et rapide est de commander directement par notre site éditeur :
Les livres sont envoyés immédiatement, le port est offert pour la France.

Ces livres sont également commandables dans toutes les librairies.

Ils sont de plus déjà en rayons dans les librairies suivantes :
Histoire de l’œil - 25 rue Fontange - 13006 Marseille

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Ceci est un message des éditions Caméras Animales : http://www.camerasanimales.com/

samedi 7 avril 2018

We can't find him, he knows it



/we.
/can't.
/find.
/him.
/he.
/knows.

/it.

khalid el morabethi

https://secicrexe.tumblr.com

mardi 3 avril 2018

Performance collective à L'Oriel (Marseille) : vidéos

Le 9 septembre 2017, une performance collective "Ungemütlich" (= "incomfortable" en allemand) fut organisée par le performeur berlinois Frederic Krauke à L'Oriel (Marseille), chez Samuel Wahl.

La vidéaste américaine Laura J. Lukitsch a filmé cette performance. En voici ci-dessous quelques extraits.

Les performeurs sont ici : Marko 1katharsix (son), Nora Neko (texte, son, objets), Anaïs Poulet (danse), et Mathias Richard (texte).

Résumé vidéo, par Laura J. Lukitsch


Extrait 1 : "En transformation (1)"

Extrait 2 : "En transformation (2)"

Extrait 3 : "Ta respiration"

Extrait 4 : "La vie c'est du gâteau"

Playlist (in progress) des performances collectives Ungemütlich : https://tinyurl.com/yae3m5p8












Marko 1katharsix (vidéo)


Vidéo de Laura J. Lukitsch en hommage à l'artiste Marko 1katharsix, décédé en novembre 2017.