mercredi 20 septembre 2017

prenssée x [Je suis juliu, perclus.]


Tu es surcouché. Toutes lumières allumées. Au centre de la ville. Dors bien avec tes maladies. Plus au centre, tu meurs. Écrasé par le chaos. Ici on a l'impression que le monde n'est constitué que d'ivrognes et de cinglés. T'as entendu toutes les blagues, pris toutes les drogues, tes amis sont morts. Ça fait des années que t'as pas eu une discussion. T'es incapable de te créer de nouveaux souvenirs. Elle te parle mais tu ne comprends pas ce qu'elle pense. Cette personne dans ta tête. Ta bouche a le goût d'autres bouches. Ton nom est un pseudonyme comme un autre. Ton corps est arrivé à péremption. Ton corps est périmé. Ça fait un quart d'heure que tu cherches un truc... qui est dans ta poche. Sans être sûr d'être habillé. Tu veux tuer tous ces mots. Tu sais, une de ces humeurs où l'on n'a rien envie de dire d'important.

Je suis juliu, perclus.

Perdons-nous ensemble. Toutes les clés sont emmêlées. Entrée définitive. 

On peut se dire je ? 
On peut se jejoyer ? 
On peut se dire je ? 
On peut se joyer ?
On peut se dire je ? 
On peut se jeter ?
On peut se dire je ? 
On peut se jouir ? 
On peut se dire je ? 
On peut se jouer ?
On peut se dire nous ? 
On peut se nounoyer ?
On peut se dire nous ? 
On peut se noyer ?

T'es le lieu d'un problème : maladie/énergie – tristesse/joie – mélancolie/hystérie – souffrance/extase – solitaire/social – normal/bizarre. Tout est si fragile... ça demande tellement d'énergie de maintenir toutes ces choses ensemble, non cassées, non séparées. 
Tu es intense. Quand cette intensité va dans une mauvaise direction, ça fait très mal. Ne pouvant plus faire semblant de vivre, tu fais semblant de continuer à vivre. Sachant très peu et en se trompant aussi sur ce peu. Ton courage emmerde ta peur. L'illusion soigne l'illusion.

Les sentiments, ça fait éjaculer. De la foudre qui pense. Des univers ne demandent qu'à sortir. Tu aimes te mettre en vibration, et transmettre cette vibration, et que cela devienne une vibration partagée et complètement folle. Crier pour rendre sourds les oiseaux. 

Lieu sexigu. Point de chatte habituel. Thérapute. Gros nibards au minibar, bonjour. Un sein excité tel un gonflement de pénis (ou l'inverse). Elle a deux trous du cul. J'ai envie de te baiser comme je respire. Ton prénom se mange. Ma peau se détache presque de moi tellement elle a envie d'aller vers toi. C'est dur de faire n'importe quoi d'autre que d'être avec toi. T'es la plus belle sculpture vue par les yeux. Une falamme. Tu es née en moi dans tous les pays où je suis allé. Mes vertiges sont pornifiés, m'endors en érection. Je désire, délire, lèche le vide, t'attends au centre de ma longue journée. Nos paroles te déçoivent, mais tu aimes nos silences. C'est en s'approchant au plus près de quelqu'un que l'on constate la distance qui nous en sépare. Qui nous sépare tous.

J'essaie de contourner ma connerie par mon intelligence. Je me déclare mon propre avocat. Pourrais-je parler à mon avocat ? Les phrases courtes sont fausses. La misérable vie humaine s'écrit avec des mots trop beaux. Tu parles avec tes pas. Tu parles en pas. Les piles dans les pas, les piles dans les pas, les piles dans les pas. Les pas, palpables. Les pas, palpables. Les pas, palpables. (Quand on danse, y a pas d'heure. Des moines et nonnes de chaos-lignes. Accouchent de pas.) Ta tête va bien avec ton corps. Au centre d'un trou blanc, qui vomit les objets plutôt que de les attirer en son sein. Tant que tu ne craches pas, tu ne sais pas ce qu'il y a dans ta bouche.

Y a des gens qui donnent pas. Ils sont toujours en train de calculer, de soupeser, d'évaluer, de se réserver. Y a des gens qui donnent pas. Ils sont en train de réfléchir à leur intérêt, de penser à eux, ça leur ferait mal de faire quelque chose pour quelqu'un pour rien, ce serait un mauvais calcul, une opération absurde. Y a des gens qui donnent pas. Et je parle pas d'argent, mais d'eux-mêmes, en général, en tout ils mesurent leurs moments sympathiques par petites doses, comme des privilèges. Y a des gens qui ne donnent pas, on sait jamais ce qu'ils pensent vraiment, ils ont l'habitude de garder pour eux, l'ouverture leur est une faiblesse, une erreur. Y a des gens qui donnent pas, sauf éventuellement avec parcimonie, pour avoir quelque chose en retour, ils sont dans la rétention d'eux-mêmes, du moindre petit pouvoir qu'ils peuvent avoir, y a des gens comme ça, y en a pas mal. Incapables d'observer une différence sans établir une hiérarchie. Ils créent des lieux. Pour exclure. Le monde est grand, le monde est immense, mais que tu es en contact avec ces gens-là, t'as l'impression qu'il est tout petit.

(Petite voix, grande voix, voix forte, voix douce, voix apaisante, voix aimante, voix expressive, voix vivante.)

Tu te rases, tu te coupes. T'ouvres la fenêtre, la vitre tombe, tu la rattrapes au vol, tu te coupes. T'ouvres une boîte de conserve, tu te coupes. Tu saignes. Cicatrice sur l'empreinte digitale. Tu caresses une plaie avec une autre plaie. Ton corps garde trace du nœud de possibilités qu'il fut. Tu fermes les yeux. Tu regardes pas autour. Tu te coupes. Tu sens des espaces s'ouvrir en toi. Comme des salles qui seraient encore inexplorées. Chacun de nous porte 170 000 fonctions inconnues. Tu crées des oiseaux avec tes yeux. Des oizyeux. Tes yeux se transforment en oiseaux qui s'envolent. Plusieurs cœurs battent à l'intérieur de toi. À la nuissance, la naissance de la nuit, t'écoutes du freedeath. Verse un peu d'énergie dans mon oreille s'il te plaît. Aural sex. Ce son est un mélange de générosité et de vampirisme, du dark enveloppé de sucre, 100% pure mort, on éclate et on se vide de sang comme un porc. T'arracher les yeux, les mettre dans mon crâne, et regarder avec : seule au monde avec des choix impossibles à faire, tu cherches un gode en forme de bébé. C'est le moi de mouvantbre, t'es une cougar de 15 ans, t'as des genoux partout, tu pousses, tu pousses. T'accouches ton père dans la mort. 

- C'est mon rapport médical ? Que dit-il ?
- Que vous êtes complètement givrée.
- Complètement ?
- Il y a peut-être encore deux neurones qui s'allument. Le reste, c'est juste... courts-circuits et étincelles. 
- Je me sers de mes derniers neurones, pour tenter de détruire mes derniers neurones !
- Pourquoi vous criez comme ça ?
- J'aime pas le silence !

Ton œil est filmé par l'intérieur et diffusé dans des centres d'écoute et correction. Zone pénitentiaire - Autostop interdit. Tu as X ans + Y jours. Fin du jeu. Début d'une nouvelle vie.








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