Fermez
Fermez les fenêtres.
Fermez les yeux.
Fermez les cheminées.
Fermez les conduits.
Fermez les nuages, fermez le soleil.
Fermez tout.
Fermez les devantures, les portails.
Fermez les entrées et les sorties.
Fermez les routes, fermez les chemins. Fermez les terminus, les fonds, les sas, les courants les axes, tous les territoires.
Fermez les magasins, les épiceries, tout ce qui contient de la lumière.
Ouvrez la nuit, ouvrez les écrans, ouvrez les ténèbres, ouvrez le sommeil.
Fermez les vitres, fermez les respirations, fermez les bouches, les nez.
Fermez les parkings, fermez les salles, fermez les centres, fermez les accès, fermez chez vous, et même à l'intérieur de chez vous, et même à côté, fermez chaque chose, et même à l'intérieur de vous-même, fermez bien tout. Fermez les vannes, tous les tuyaux. Fermez les fermes, fermez les farmes, fermez les fourmes, fermez les firmes, fermez les familles, fermez les voitures, fermez les visages, fermez les vues, fermez l'eau, fermez la mer, fermez l'océan, fermez les quais, fermez la terre, fermez le feu, fermez l'air, oui surtout fermez l'air, surtout fermez l'air, fermez l'air.
Fermez les ronds, fermez les pupilles, fermez les iris, fermez les ronds-points, fermez les stops, fermez les voies, fermez les berges, fermez les églises, fermez les stades, fermez les marchés, fermez les marches, les rassemblements, dispersez les cendres, annulez les enterrements, et tous les mariages, fermez les cimetières, fermez les maternités, fermez les promenades, les balades, fermez les cagibis, les cabanes, les placards, les hasards, les maisons, les immeubles, les manoirs, les métros, les couloirs, les souterrains, fermez, fermez les trous, fermez les tous, fermez, toutes les ouvertures, toutes les respirations, fermez, fermez le futur, fermez le présent, fermez la mort, fermez la vie, fermez les possibilités, séparez, isolez, plus de toucher plus de peau plus de sexe, fermez, fermez les sexes fermez, enfermez les vivants, enfermez-vous les vivants, enfer, enfer vivant, enfermez les vivants, enfermez-les, tous, jusqu'au bout, jusqu’au dernier, fermez les avions, fermez les volets, fermez les cockpits, annulez les hélicoptères, fermez les ports, les aéroports, les transports, les bateaux, les stations, les ondes, les sex-shops, les concerts, les expositions, les théâtres, les cinémas, les cafés, les restaurants, fermez les lieux, fermez les endroits, fermez les envers, fermez les places, fermez les impasses, fermez les vasistas, fermez les paupières, les lèvres, serrez les dents, verrouillez les véhicules, les habits, ne respirez plus, fermez, fermez, fermez tout, fermez les formes, fermez les forces, jusqu'au néant, jusqu'à ce que tout devienne strictement immobile, jusqu'à ce que tout soit strictement séparé, jusqu'à ce que tout soit bien rangé et plongé dans des ténèbres complètes, jusqu'à ce que tout soit rien, calme, que cela ne respire plus, que rien ne passe ni dans un sens ni dans un autre, que rien, que rien ne se passe, que plus rien ne se passe, et tout cela, et tout cela, Au Nom de la Vie.
Fermez les dernières postes, fermez les guérites.
Fermez les cercueils. Fermez les cerceaux.
Fermez les cirques.
Fermez les clubs.
Fermez les zoos.
Fermez les festivals, les champs, les clairières. Fermez les falaises, les navires.
Fermez les rues, fermez les égouts, fermez les passerelles, les pontons.
Fermez la Terre, fermez l'Univers, fermez tout.
Fermez bien. Fermez tout. Fermez.