Ça finira un jour par arriver. Tony le répétait à qui voulait bien l'entendre. Même sa grand-mère de 93 ans, confortablement installée dans un centre Alzheimer, écoutait d'une oreille attentive les théories de Tony. Un jour, les terroristes comprendront l'inefficacité de leur démarche. Le spectacle de l'explosion de buildings ou de bouddha géants n'était pas suffisant pour sublimer les instincts de violence latents en chacun de nous. Il en fallait davantage pour toucher un public drogué à la publicité, bien plus que la destruction d'une cité antique ou d'une raffinerie. Pour Tony, l'attaque du centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013, ou plus récemment, celle de l'hyper casher de Paris en janvier 2015 n'étaient que la répétition générale d'une grande performance terroriste à venir. Tony n'en doutait pas. Au fond de son cœur, il avait la conviction qu'un groupe armé prendrait bientôt le contrôle simultané d'un réseau de centres commerciaux à l'échelle du continent. Chaque matin, au moment d'enfiler son costume d'agent de sécurité, juste avant de prendre poste à l'entrée de la galerie marchande, il portait ce grand sourire inoxydable, celui des stars de cinéma sûres de tenir le rôle de leur vie.
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