mardi 30 septembre 2014
Le modèle de la boîte noire
Pourquoi la foi va remplacer le savoir
(...)
Notre monde devient de plus en plus compliqué. Noir et blanc, bien et mal, faux et vrai ont été remplacés par des structures compliquées où tout le monde se perd.
(...)
Plus le temps passe, plus nous sommes entourés de boîtes noires, de structures complexes que nous ne comprenons pas, même quand on nous explique.
(...)
La part qui comprend ce que nous devons tout simplement croire sans en connaître l’explication grandit de plus en plus. Ainsi, nous tendons à accorder plus d’importance aux personnes qui nous expliquent quelque chose plutôt qu’aux explications elles-mêmes. A l’avenir, la norme sera donc de faire davantage appel à des images et des émotions pour étayer nos propos qu’à des arguments.
Extrait du livre des décisions
lundi 29 septembre 2014
vendredi 26 septembre 2014
Grandes Manœuvres @ Asile 404 (Marseille) samedi 27 septembre
"GRANDES MANŒUVRES"
Poésie, lecture, performance, musique, projection...
Avec
Antoine Boute
(lecture-performance, projection film)
Mathias Richard
(lecture-performance)
Stéphane Nowak Papantoniou
(lecture-performance)
Alex Riva
(solo flûte à bec hardcore)
Samedi 27 septembre 2014
21h
135 rue d'Aubagne (Marseille 6e)
Prix libre
Événement sur Facebook :
mercredi 24 septembre 2014
Mathias Richard @ Hors-lits Marseille (1 & 2 octobre 2014)
HORS LITS 14 MARSEILLE
"...nous exerçons nos désirs là où nous sommes..."
Depuis 2005, les soirées du réseau "Hors Lits" s'inscrivent dans une démarche sensible de réécrire l'intime en ouvrant des espaces alternatifs entre artistes, habitants et spectateurs. Ces événements, proposés en appartements se développent et s'exportent dans plusieurs villes (Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Rennes, Vevey, Barcelone, Béziers, Aix en Provence, Nantes, Nîmes, Paris, Bruxelles...) sous formes de "rhizomes d'artistes" rassemblés autour d'un concept commun :
un parcours citadin guidé durant lequel les participants visitent 4 lieux de vies habités chacun par un acte artistique de 20 minutes.
mercredi 1er et jeudi 2 octobre 2014
RDV à 19H30 ou 19h45 dans le quartier Longchamp (lieu de RDV à préciser)
Pour cette 14e édition des Hors Lits Marseille, nous invitons les organisateurs du réseau Hors Lits et organisons un double parcours !
Choisissez entre le parcours A ou B lors de la réservation, ou ne choisissez pas et venez les deux soirs :
Parcours A (mercredi 1er et jeudi 2 octobre, 19h30)
1. Aliette Cosset + Trio Haïku (Lionel Espagne, Vincent Lajus, Martha Polcaro) (photographie/musique, HL Aix en Provence)
2. Leonardo Montecchia/Lolita Morales (danse, HL Paris / HL Montpellier)
3. Mathias Richard (poésie performance, Marseille)
4. Lisa Reboulleau (vidéo, Marseille)
Parcours B (mercredi 1er et jeudi 2 octobre, 19h45)
1. Détachement international du Muerto Coco (Raphaëlle Bouvier et Maxime Potard) (poésie/performance, HL Marseille / HL Aix)
2. Elodie Rougeot (clown, HL Barcelone)
3. Elsa Decaudin (performance, HL Sète)
4. Laurent Rodriguez (performance audio visuelle, Montpellier)
Frais de participation : 10 euros pour les 4 performances (parcours A ou B, 1er ou 2 octobre). Ou 15 euros pour les deux soirs (parcours A et B, 1er et 2 octobre).
Réservation obligatoire : horslits.marseille@gmail.com (attention jauge très limitée)
Mode de réservation : envoyer par mail votre nom et votre numéro de téléphone, en précisant le jour et le nombre de personnes ainsi que le parcours choisi merci!
L'événement sur Facebook :
https://www.facebook.com/events/376459739173821/
L'événement sur Facebook :
https://www.facebook.com/events/376459739173821/
Hors Lits n'est soutenu que par vos participations.
Hors Lits est un événement labellisé, créé par Léonardo Montecchia-Cie La Mentira, à Montpellier.
Hors Lits a été importé à Marseille à l'initiative d'Emma Loriaut et est organisé par Maud Pizon, Antonella Fiori et Raphaëlle Bouvier.
Historique des Hors Lits et informations : www.horslits.com
lundi 22 septembre 2014
samedi 20 septembre 2014
jeudi 18 septembre 2014
#999microscripts / 081 - 090
090/ John Edgar Hoover décontracté en dédicace FNAC pour son livre La conspiration des chemisettes à carreau et des chaussettes de sport blanches
089/ Qui a planqué le saucisson sec dans le frigo ? - Première réplique de "Panique en Nissan", un roadtrip sanglant sur l'Autoroute des Anglais.
088/ Zihong Chen, chinois infécond devenu américain sans le savoir, viendrait de trouver un job de prêtre dans la chapelle du Complexe Commercial
087/ A force de subversions, Mickey Mouse était devenu chroniqueur à Télédrama, le crâne décoré de coulures ornementales et dorées, invasives, nu
086/ Karlheinz Kettlebell s’enferma il y a cinquante ans dans un HLM pour résoudre le mystère des nombres premiers. Nouveau printemps à Göttingen
085/ Un architecte spécialisé dans la destruction de villes sans objet. Il enchaîne les pompes de bon matin devant un portrait street art de Mao
084/ La Gibson SG du fils d'un urbaniste communiste marche sur les traces de Marco Polo. Encore une de ces sales affaires de dynasties décadentes
083/ Sort de l'expo d'Art avec l'envie de voir Transformers au ciné. Plan coupé sur la commissaire prise de crampes à force d'écarter les cuisses
082/ Incultes de la Lune. Incubes sur les rayons tristes de la hune. Avis de détresse. Foncer vers ses sombres auras où tout le monde se presse.
081/ 11 premiers jours de septembre. Un groupe secret (global et mystique) s’apprête à ouvrir les portes de l’enfer. Il/ça pousse son premier cri
https://twitter.com/doubles_v
mardi 16 septembre 2014
lundi 15 septembre 2014
chanson
L’État veut faire des économies
L'Unédic veut faire des économies
EDF veut faire des économies
Les entreprises veulent faire des économies
Mon épicier veut faire des économies
Pôle Emploi veut faire des économies
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
Agence immo veut faire des économies
Le ministère veut faire des économies
Quick Assurance veut faire des économies
Optic Center veut faire des économies
GDF, Auchan et la Mairie veulent faire des économies
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
L'Unédic veut faire des économies
EDF veut faire des économies
Les entreprises veulent faire des économies
Mon épicier veut faire des économies
Pôle Emploi veut faire des économies
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI
Agence immo veut faire des économies
Le ministère veut faire des économies
Quick Assurance veut faire des économies
Optic Center veut faire des économies
GDF, Auchan et la Mairie veulent faire des économies
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI
MOI AUSSI, JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI, JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
NOUS AUSSI
ON VEUT FAIRE DES ECONOMIES
JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI
MOI AUSSI, JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
MOI AUSSI, JE VEUX FAIRE DES ECONOMIES
NOUS AUSSI
ON VEUT FAIRE DES ECONOMIES
ON VEUT FAIRE DES ECONOMIES
ON VEUT FAIRE DES ECONOMIES
NOUS AUSSI
(nous aussi...)
samedi 13 septembre 2014
vendredi 12 septembre 2014
ZAM #10 - Un grand mécanisme bouge à l’intérieur. La simulation d’une simulation d’une simulation d’une ... [Machine mutantiste Espaces libérés]
[Plugin] ZAM (Zone Mutantiste Autonome)
Machine mère : Espaces libérés
Plugin ZAM
:
http://mutantisme.blogspot.com/2014/03/machine-mutantiste-espaces-liberes-zam.html
Espaces libérés :
Le gardien (Yuri Kane Simulator 2)
Messe tous les mardis et samedis à 18h15
Lecture du livre des morts tous les soirs à 19h30.
Une affichette annonçait sobrement le programme devant un pavillon type du lotissement. Ce genre d‘églises fleurissaient avec les vagues de migrations et l’évolution de la maladie. Les camps dans lesquels nous vivions ne portaient plus les noms des lieux-dits ou des villages de l’ancien temps. Nous étions des communautés suburbaines migrantes attachées à d’autres conglomérats urbains aux frontières définies par le front de la peste. Le culte se déroulait partout dans les sous-sols, sans exception.
23H53 - les adeptes tapent encore dans leurs mains sans ressentir les effets de la fatigue, dansent autour d’une cascade de cire grimpant jusqu’au plafond où une forme prenait vie à force de prières, d’incantations et de transes climatisées. C’est un enfant qui se matérialisait et s’échappait dans le réseau de couloirs et de galeries, notre poursuite n’était qu’un grondement de tambours et de crécelles conglomérés en une ombre bien plus maladroite que dangereuse. Capturé et apprivoisé, le petit allait nous livrer ses secrets. Encore fallait-il que le sorcier soit à la hauteur.
Au retour de son séjour, Yuri n’était plus le même. Son accident l’avait déjà sacrement abîmé, mais là, ce n’était pas la même chose.
Il nous parlait les mains posées sur le béton noir.
— Je suis ici depuis toujours… je vous ferai perdre toute illusion… je vous ferai affronter la mort en face, le suicide du monde n’est qu’une première étape, car la vie et la mort n’existent pas… je porte au cou le chapelet des points passés et des futurs...
Sa bouche claqua une nouvelle fois, il passa sa patte sur ma main, oui, une patte, comme le pelage rêche d’un renard ou les plumes d’un jeune corbeau. Il se leva et serra la main de cet enfant qu’il semblait déjà connaître sans jamais l’avoir vu. Toute sa vie, il fût connecté, il avait reçu un message dans le futur ; c’est ce qu’il nous répétait régulièrement.
— J’ai toujours été ici… et pour y revenir je dois lâcher prise, totalement, comprenez bien que nous devons tous lâcher prise… d’ailleurs… tout ce à quoi vous vous attachez est déjà détaché de l’arbre de Vie et ce ne sont pas vos possessions matérielles qui vous sauveront de la chute... comprenez bien que vos morales, vos valeurs, vos lois, vos outils et votre fuite devant la maladie ne sont pas des parachutes. De l’autre côté de la frontière... la zone… c’est une prison à ciel ouvert qui n’offre comme seule évasion que des camps de réfugiés, une prison qui possède toutes les caractéristiques antithétiques d’une prison. C’est une réserve. Le dispositif le plus perfectionné d’un camp en total liberté, sans gardien, sans surveillance, sans aucun système de coercition… et tout de même la possibilité de s’échapper. Pas de tache à accomplir, pas d’horaires, pas de travaux, un camp hors du temps, retourné à l’état de nature, sans loi ni ordre dont la seule issue est une mort certaine… oubliez les mensonges… de là où je suis... il vous est impossible de me contredire… si vous tenez à en avoir la preuve, écouter moi attentivement… ce monde n’est pas une prison, mon corps n’est pas une cage, mon corps est mon sanctuaire, un microcosme pour communier avec le macrocosme…
Aucun des adeptes n’aurait remis en cause sa parole bien que la plupart prenaient ces cérémonies pour un divertissement ou une forme de folklore dissident. Si le message n’était pas pris à la lettre, l’effet de catharsis, lui, tournait à plein régime
— Il n'y aura pas de sauveur… c'est faux… vous êtes vos propres bourreaux ou vos propres sauveurs, c'est selon… vous avez le choix de rester gentiment dans le camp ou alors de saisir la chance de vous envoler...
Moi, je cherchais à oublier.
La journée, je me baladais dans les maisons, un chapeau d’aventurier sur la tête. Je ne quittais jamais mon journal intime. Je le partageais avec un jeune homme d’un autre âge dont je ne connaissais que les souvenirs, ses petites joies, ses peines. Il contenait des émotions perdues et des scènes de la vie quotidienne que je m’amusais à répliquer chaque jour dans un décor différent.
Le petit déjeuner, le repas du midi, du soir, le papa, la maman, le fils, les copains… et l’amoureuse secrète qui habitait à quelques pas d’ici dans le quartier voisin. Je rejouais sa vie en changeant chaque jour un détail, ajoutant un personnage ou un accessoire, révisant l’ambiance selon les vibrations du lieu. Les plus belles pièces étaient celles encore vierges de tout relogement, totalement baignées de poussière où chaque objet déplacé avait le pouvoir de transmettre un souvenir vivant de ces familles qui changèrent de zone en n’emportant que l’essentiel, c’est à dire à peine plus que le contenu d’un sac à dos.
Je cherchais à oublier ma vie et à redevenir ce garçon qui rêvait encore de pouvoir noircir les pages de son carnet et de sa destiné.
— Quand vous aurez écris votre passé et que vous l'aurez réduit en cendres vous pourrez peut être concevoir le futur… mais dépêchez-vous… le futur est déjà là… le temps d’écouter cette phrase et j'ai déjà choisi le possible. Et il ne sera pas forcement du goût de tous… je l'ai assez répété, vous ne trouverez pas de solutions à vos problèmes dans des notices d’utilisation… les problèmes sont des cellules de prison, tout ce qui est perceptible peut être placé dans une boite… l’illusion que vous nommez réalité physique est un savant assemblage de boîtes les unes dans les autres… on passe d’une cellule à une autre… et passé la nouveauté, on rumine, on gâche, on fait des tours dans la cour pour se changer les idées, parfois on reçoit des paroles qui nous libèrent, et parfois… quand on croit pouvoir s’affranchir des règles du jeu, un gardien se manifeste pour vous remettre dans les rangs avec toute la violence nécessaire. Votre cellule… il faut la vider de son contenu… n’en garder laisser que le matelas… une couverture à la limite… y dormir les volets ouverts en attendant le lever du soleil. Ne quittez pas votre cellule... et demandez-vous ce que vous voulez… ce que vous voulez vraiment… point barre. Cette seule pensée doit vous occuper… alors… à la tombée de la nuit… vous pourrez quittez la zone. Sortez. Et dévoilez votre nouvel être. Rejoignez moi dans la forêt.
Quand je suis revenu pour en parler à Yuri, les horaires n’avaient pas changé. Le portail en fer forgé n’avait pas bougé de place, mais il ne restait de la maison que des poutres carbonisées surnageant d’un tas de cendres. Une grosse dame sortie. Elle criait en bougeant les bras dans toutes les directions. Elle logeait dans la maison voisine, sans doute, et je compris qu’il fallait que je parte sans attendre, qu’il n’y avait rien à trouver dans les ruines, qu’ils en avaient assez des rituels et de tout ce tralala mystique, et qu’à force de jouer avec le feu ça finit toujours par mal finir. Le vent lui aussi me poussait vers le retour, dans une brume de cendre se lovant dans tous les interstices de mes affaires.
Je ne devançais le désert que d’un pas.
Lecture du livre des morts tous les soirs à 19h30.
Une affichette annonçait sobrement le programme devant un pavillon type du lotissement. Ce genre d‘églises fleurissaient avec les vagues de migrations et l’évolution de la maladie. Les camps dans lesquels nous vivions ne portaient plus les noms des lieux-dits ou des villages de l’ancien temps. Nous étions des communautés suburbaines migrantes attachées à d’autres conglomérats urbains aux frontières définies par le front de la peste. Le culte se déroulait partout dans les sous-sols, sans exception.
23H53 - les adeptes tapent encore dans leurs mains sans ressentir les effets de la fatigue, dansent autour d’une cascade de cire grimpant jusqu’au plafond où une forme prenait vie à force de prières, d’incantations et de transes climatisées. C’est un enfant qui se matérialisait et s’échappait dans le réseau de couloirs et de galeries, notre poursuite n’était qu’un grondement de tambours et de crécelles conglomérés en une ombre bien plus maladroite que dangereuse. Capturé et apprivoisé, le petit allait nous livrer ses secrets. Encore fallait-il que le sorcier soit à la hauteur.
Au retour de son séjour, Yuri n’était plus le même. Son accident l’avait déjà sacrement abîmé, mais là, ce n’était pas la même chose.
Il nous parlait les mains posées sur le béton noir.
— Je suis ici depuis toujours… je vous ferai perdre toute illusion… je vous ferai affronter la mort en face, le suicide du monde n’est qu’une première étape, car la vie et la mort n’existent pas… je porte au cou le chapelet des points passés et des futurs...
Sa bouche claqua une nouvelle fois, il passa sa patte sur ma main, oui, une patte, comme le pelage rêche d’un renard ou les plumes d’un jeune corbeau. Il se leva et serra la main de cet enfant qu’il semblait déjà connaître sans jamais l’avoir vu. Toute sa vie, il fût connecté, il avait reçu un message dans le futur ; c’est ce qu’il nous répétait régulièrement.
— J’ai toujours été ici… et pour y revenir je dois lâcher prise, totalement, comprenez bien que nous devons tous lâcher prise… d’ailleurs… tout ce à quoi vous vous attachez est déjà détaché de l’arbre de Vie et ce ne sont pas vos possessions matérielles qui vous sauveront de la chute... comprenez bien que vos morales, vos valeurs, vos lois, vos outils et votre fuite devant la maladie ne sont pas des parachutes. De l’autre côté de la frontière... la zone… c’est une prison à ciel ouvert qui n’offre comme seule évasion que des camps de réfugiés, une prison qui possède toutes les caractéristiques antithétiques d’une prison. C’est une réserve. Le dispositif le plus perfectionné d’un camp en total liberté, sans gardien, sans surveillance, sans aucun système de coercition… et tout de même la possibilité de s’échapper. Pas de tache à accomplir, pas d’horaires, pas de travaux, un camp hors du temps, retourné à l’état de nature, sans loi ni ordre dont la seule issue est une mort certaine… oubliez les mensonges… de là où je suis... il vous est impossible de me contredire… si vous tenez à en avoir la preuve, écouter moi attentivement… ce monde n’est pas une prison, mon corps n’est pas une cage, mon corps est mon sanctuaire, un microcosme pour communier avec le macrocosme…
Aucun des adeptes n’aurait remis en cause sa parole bien que la plupart prenaient ces cérémonies pour un divertissement ou une forme de folklore dissident. Si le message n’était pas pris à la lettre, l’effet de catharsis, lui, tournait à plein régime
— Il n'y aura pas de sauveur… c'est faux… vous êtes vos propres bourreaux ou vos propres sauveurs, c'est selon… vous avez le choix de rester gentiment dans le camp ou alors de saisir la chance de vous envoler...
Moi, je cherchais à oublier.
La journée, je me baladais dans les maisons, un chapeau d’aventurier sur la tête. Je ne quittais jamais mon journal intime. Je le partageais avec un jeune homme d’un autre âge dont je ne connaissais que les souvenirs, ses petites joies, ses peines. Il contenait des émotions perdues et des scènes de la vie quotidienne que je m’amusais à répliquer chaque jour dans un décor différent.
Le petit déjeuner, le repas du midi, du soir, le papa, la maman, le fils, les copains… et l’amoureuse secrète qui habitait à quelques pas d’ici dans le quartier voisin. Je rejouais sa vie en changeant chaque jour un détail, ajoutant un personnage ou un accessoire, révisant l’ambiance selon les vibrations du lieu. Les plus belles pièces étaient celles encore vierges de tout relogement, totalement baignées de poussière où chaque objet déplacé avait le pouvoir de transmettre un souvenir vivant de ces familles qui changèrent de zone en n’emportant que l’essentiel, c’est à dire à peine plus que le contenu d’un sac à dos.
Je cherchais à oublier ma vie et à redevenir ce garçon qui rêvait encore de pouvoir noircir les pages de son carnet et de sa destiné.
— Quand vous aurez écris votre passé et que vous l'aurez réduit en cendres vous pourrez peut être concevoir le futur… mais dépêchez-vous… le futur est déjà là… le temps d’écouter cette phrase et j'ai déjà choisi le possible. Et il ne sera pas forcement du goût de tous… je l'ai assez répété, vous ne trouverez pas de solutions à vos problèmes dans des notices d’utilisation… les problèmes sont des cellules de prison, tout ce qui est perceptible peut être placé dans une boite… l’illusion que vous nommez réalité physique est un savant assemblage de boîtes les unes dans les autres… on passe d’une cellule à une autre… et passé la nouveauté, on rumine, on gâche, on fait des tours dans la cour pour se changer les idées, parfois on reçoit des paroles qui nous libèrent, et parfois… quand on croit pouvoir s’affranchir des règles du jeu, un gardien se manifeste pour vous remettre dans les rangs avec toute la violence nécessaire. Votre cellule… il faut la vider de son contenu… n’en garder laisser que le matelas… une couverture à la limite… y dormir les volets ouverts en attendant le lever du soleil. Ne quittez pas votre cellule... et demandez-vous ce que vous voulez… ce que vous voulez vraiment… point barre. Cette seule pensée doit vous occuper… alors… à la tombée de la nuit… vous pourrez quittez la zone. Sortez. Et dévoilez votre nouvel être. Rejoignez moi dans la forêt.
Quand je suis revenu pour en parler à Yuri, les horaires n’avaient pas changé. Le portail en fer forgé n’avait pas bougé de place, mais il ne restait de la maison que des poutres carbonisées surnageant d’un tas de cendres. Une grosse dame sortie. Elle criait en bougeant les bras dans toutes les directions. Elle logeait dans la maison voisine, sans doute, et je compris qu’il fallait que je parte sans attendre, qu’il n’y avait rien à trouver dans les ruines, qu’ils en avaient assez des rituels et de tout ce tralala mystique, et qu’à force de jouer avec le feu ça finit toujours par mal finir. Le vent lui aussi me poussait vers le retour, dans une brume de cendre se lovant dans tous les interstices de mes affaires.
Je ne devançais le désert que d’un pas.
jeudi 11 septembre 2014
dimanche 7 septembre 2014
samedi 6 septembre 2014
jeudi 4 septembre 2014
La Centrale - Chapitre 3 - Elliott
La Centrale - Chapitre 3 - Elliott
Moi. Elliott. Chauffeur du président. Attente hors de vue. Réunion genre haute sécurité comme ils disent. Comme si ce monde n’était pas déjà haute sécurité. Le genre où même les repliflics dans mon genre n’ont pas le droit d’assister. Alors je me grille une blonde. Privilège section 1.
Parking aérien. Dernier étage. Plein air. Pas autre surveillance que la mienne. Assez rare pour être noté. S’il n’y avait cette fuckin’ histoire de psychovirus tout irait comme dans le meilleur des mondes surtout de ce coté ci de la frontière. Attente sortie du président. Caresse mon arme. De là-haut : le réseau suburbain révèle la férocité de son découpage arbitraire et sécurisé. Les conditions climatiques changent. Lueur pourpre prend possession du ciel. Lumière verte - elle - annonce l’ouverture de la porte. Le voila qui arrive avec son directeur de cabinet ce gros lard de Roger-Louis. Cent kilos sur la balance.
— Direction la Capitale, et que ça saute nous sommes déjà en retard.
— On va où au juste ?
— Roger-Louis est au courant, veuillez donc aider ce pauvre à porter cette caisse et ne me dérangez plus, voulez-vous.
— Qu'il se démerde, Ro-ger-Lou-is.
— Ménagez-vous mon cher Elliott. Une longue soirée nous attend.
— Genre tournée des grands ducs ?
— D'une certaine manière vous aurez la possibilité de laissez libre court à votre programmation naturelle à la violence. Maintenant. Mettez là en veille.
— On va où au juste ?
— Roger-Louis est au courant, veuillez donc aider ce pauvre à porter cette caisse et ne me dérangez plus, voulez-vous.
— Qu'il se démerde, Ro-ger-Lou-is.
— Ménagez-vous mon cher Elliott. Une longue soirée nous attend.
— Genre tournée des grands ducs ?
— D'une certaine manière vous aurez la possibilité de laissez libre court à votre programmation naturelle à la violence. Maintenant. Mettez là en veille.
Sur la route. Ciel éteint. Plus une seule lueur ici-bas. Si ce n’est le spectre phosphorescent de l’éclairage suburbain. Il persiste jour et nuit une forme d’énergie dans l’atmosphère. Je romps le silence.
Demande si réservation OK. Si destination précise. Quel protocole ? Si toutes les checkpoints sont avisés de notre virée nocturne ?
Demande si réservation OK. Si destination précise. Quel protocole ? Si toutes les checkpoints sont avisés de notre virée nocturne ?
Pas de réponse.
J’attrape le regard de Roger-Louis dans le rétroviseur. Détourne la tête pour réponse.
— Dis donc gros lard. Je rentre sur le ring dans moins de 2 minutes 40 secondes. T'as intérêt d’avoir une idée précise du trajet.
— Hum, j'y réfléchie.
— Tu m’entends bordel ?
— Laisse couler… pour le moment.
— Hum, j'y réfléchie.
— Tu m’entends bordel ?
— Laisse couler… pour le moment.
Je stoppe la bagnole. Net. Sur bande d’arrêt d’urgence. Il n’a pas le temps de broncher que je l’ai déjà sorti de la caisse. Je le claque aussi sec devant. A la place du mort. Un papier annoté au stylo bic. C’est quoi ce bordel. Surprise. Visite quartier rouge. Remets col de chemise en place. Clin d’œil à Roger-Louis.
— Ce soir ça va être chaud.
J’ai parfois ce genre de poussée de violence avec mes clients. C’est aussi pour cela qu’ils me payent. C’est ma programmation. Je ne suis ni médecin ni majordome - configuration Conduite Agressive. Garé dans une petite ruelle. Sombre et rougeâtre. De sorte d’entrer par l’un des axes les moins animés. Aucune enseigne. Quelques clochards. Une paire de festifs déjà bien entamés. Lueur rouge diffuse. Dans les moindres recoins de cette ville dans la ville.
— Nous sommes attendus.
Première phrase prononcée par le président depuis notre départ. S’en suit un ordre. Porter cette putain de malle. Elle pèse une tonne. Vraiment. Une rue à traverser. Voila ce qui nous attend. Pas plus. Seule chose à l’esprit : danger permanent. A peine traversé la route que l’un des marginaux se rue sur le président. Je lâche la malle. Le bras levé du clochard s’arrête net quand je lui explose la tronche avec la crosse de mon flingue. Ce con me fait trébucher. Flingue reste plantée dans la bouche. Ressors l’engin. Des dents. De la bave odeur d’alcools. Du sang. Ombre blafarde passe au loin. Autre clochard fixé. Remets un dernier coup. Pour l'exemple. Dans la purée qui servait de figure à ce pauvre type.
— Ce n’est pas le moment de vous adonner à vos loisirs, me rappelle le président, nous avons une mission à remplir.
Reprendre mallette en main. Porche du numéro 2012. Long corridor. Toujours éclairé par la radiation rougeâtre émanant du sol. Type assit sur une chaise. Scan corporel en cours. Seul ? Le président me fait un signe de la main. Invitation à poser la mallette. Le type me fait non-non de la tête. Désigne ma veste. C’est le flingue qu’il veut voir à terre. Le président me fait oui-oui. Ne suis alors plus qu’un porteur. Cela en dit long sur l’espèce d’interlocuteur qui nous attend derrière les murs de cette friche. M’exécute avant que le gardien ne prenne la parole.
— Bienvenue par ici. C’est un tableau, tu crois que c'est un tableau, mais tu veux faire quelques retouches sur ton œuvre et là tu t'aperçois que le tableau est vide, rien ne tient… les mecs ? vous ne comprenez pas ? Ca ne m'étonne pas.
Je laisse le gardien divaguer. Se lève. N’avais pas vu son visage. Ne le vois toujours pas. Est masqué. Se remet les couilles en place. Se levant avant de nous interpeller à nouveau.
— Est ce que l'on peut me considérer comme vide ? Prenez-moi et lancez-moi dans une cage sombre et fétide, au fond d'un puit sans fin, aux entrailles de la terre…et voyons ce quel genre de monstre en sortirait.
Observe mes acolytes. Ne crois pas qu’ils s’attendaient à ce genre de comité d’accueil. Président prend l’initiative d’arrêter le délire du fêlé. Qu’est ce l’on peut bien foutre ici dans ce trou à rat au lieu d’écumer les bars et les bordels de ce maudit quartier ? Question qui tourne en boucle dans mon cervo.
— Des perturbations sont à prévoir, des fractales, un langage, sort de mes yeux, ce serait perturbant comme situation, si je ne connaissais pas la raison pour laquelle tout cela agit en moi.
— Nous avons rendez-vous avec un certain Yuri Kane… Nous sommes les...
— …les émissaires, précise Roger-Louis.
— Parfait. Alors portez cette malle au milieu de la route. Ouvrez là et rejoignez-moi.
— Nous avons rendez-vous avec un certain Yuri Kane… Nous sommes les...
— …les émissaires, précise Roger-Louis.
— Parfait. Alors portez cette malle au milieu de la route. Ouvrez là et rejoignez-moi.
Marche arrière avec la malle. Roger-Louis et le président sont pris d'un doute. Comme pétrifiés. Comprends la situation à l'ouverture de caisse pleine d’armes scalaires au milieu de ce quartier blindé de tarés en tous genres. Il ôte son masque grossier. Se retourne en haut de l’escalier. Yuri Kane. Impossible de louper son visage de chairs brûlées reproduit sur tous les supports possibles et imaginables depuis 48 heures. N'a pas perdu de temps pour se faire remarquer. Pourquoi nous ? Pourquoi nous installons-nous dans cette pièce ? Pourquoi ce monologue ? Connexions en cours.
— Je vais renaître. Je serai un ange. J'agite mes ailes profanées au milieu de vos lumières.
Il nous invite à regarder par la fenêtre. Explosion ténébreuse. Rouge comme la nuit. Rouge cauchemar.
Une vision à travers la vitre : une face. Le visage de la mort. Se forme dans la fumée d’un champignon de nature atomique. Otages de nos illusions incapables de déterminer s’il s’agit d’une véritable déflagration. D’un mirage. Ou d’une épiphanie. Impossible de bouger. Ne serait-ce qu’un seul membre.
Zéro négociation à l’ordre du jour.
— Je resterai à vos cotés. Le fantôme du monde marchera à jamais dans vos pas. La fin c'est maintenant.
Sur ces mots - seuls que j’ai pu saisir - Yuri Kane s’éclipse. En reprenant le contrôle de ma main je cherche mon flingue réflexe au creux de mon bras. Eclair traverse cortex. Forte intuition que cette arme est inutile. Certitude d’être déjà contaminée. Prendre le choix en mode autopilote. Prendre l’une de ces armes. Dehors. Me battre comme un être humain. A coté d’autres êtres humains. Pour une cause d’êtres humains. Aussi mutants soient-ils ?
Accepter ce don ?
La lumière parcourt ma peau réclame à révéler mon essence. Mon point dans le cœur. J’accepte et chute. Les particules de mon corps se détachent dans le ballet électrique de la spirale. Elle irradie tout sur son passage sans aucune forme de distinction. Perception totale de l’univers. Autant avouer qu’il n’y a aucune chance d’échapper à cette vague.
A cet instant précis. C’est ce qui en fait toute sa beauté.
Fin provisoire de transmission des données.
La fin c’est maintenant.
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