En associant de manière très fine les facteurs de répétition, de matériel acoustique et de volume sonore ce disque permet d’aller jusqu’au bout de l’expérience des sensations binaires. Approcher le saint des saints de l’univers matériel illusoire. La transe provoquée par l’accumulation implacable de riffs et des roulements de tambours ne laissant de place qu’à l'étouffement devrait finir par vous fendre le crâne et mettre votre cerveau à l’air libre dans une pluie de sang. La pratique de la plus haute magie ne consiste pas à se déguiser en Harry Potter et transformer des PS3 en PS4. Le vrai mage, à force d’ascèse, d’expérimentation narcotiques et de répétition de mantra, cherche à régresser dans la perception de l’univers analytique jusqu’à revenir à l’âge mental d’un nourrisson et rouvrir ainsi sa fontanelle, ce petit trou au sommet du crâne des nourrissons qui ne se résorbe qu’au bout de quelques semaines de vie. Le magicien passe sa main sur son crâne en souriant comme un handicapé mental sous traitement anxiolytique. A ce moment là : le troisième oeil voit la lumière. Sachez que votre cerveau ne voit jamais la lumière. L’épaisseur de la boîte crânienne l’en empêche. Tout ce que vous voyez passe par les globes orbitaux. C’est le principe de la caverne de Platon. Le crâne gerbant des cadavres sur la pochette de Season in the abyss est une bonne illustration de la finalité du travail magique. Faire fit de toutes ses préconceptions, faire feu de tout préjugé non expérimenté, vomir la multitude de ses personnalités conformistes, régurgiter l’ensemble jusqu’à ce qu’il n’y ai plus rien à cracher qu’une pépite aux allures de pomme de pin miniature. La petite perle lumineuse qui vous guide dans l’ombre et que l’on confond si souvent avec l’ego. Le monde est un jeu de lumière et la conscience est pilotée par un singe schizophrène. Dans ces conditions, l’ouverture du troisième oeil est vécue comme une extase (= une sortie du corps). Il est possible qu’un album de metal tel que celui ci, qui vous ballade au pas de charge dans les recoins les plus sombres de ce parc à thèmes pour psychopathes que l’on appelle le monde civilisé soit la méthode la plus radicale de transmutation qu’ai trouvé l’humanité à l’ère de l'Électricité.
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