vendredi 18 avril 2014
Slayer 1/3 (God hates us all)
Ma mère collectionne les chats. Les petits chats en bibelots. Moi je collectionne les gif animés. Je vous vois déjà hurler à la mort qu’il ne s’agit pas d’une collection, ce n’est pas physique, ce n’est pas {blablablablablablablablabla} et je vous laisse parler parce que le disque est déjà lancé et que vos paroles se perdent dans le bruit du générique d’introduction. Ma mère collectionne des chats alors qu’elle n’a jamais eu de chat : what else ? Dans ma petite collection de petites vignettes animées j’ai un dossier “Gore” lui même classé en plusieurs sous dossiers dont un porte le doux nom de “Chirurgie expérimentale du dimanche”. Je chérie l’idée que des hommes s’initient à la chirurgie dans leur garage le week-end comme d’autres s’essayent au bricolage, au jardinage, à la pâtisserie ou à la couture. Dans un film inconnu : un type se fait exploser le cerveau dans un micro onde (pas la peine de jouer au cinéphile en me donnant le titre du film je ne vous entends toujours pas). La qualité dégradé du plan, l’explosion de douleur, le feu d’artifice sanglant, le rythme qui semble s’accélérer à chaque passage, à chaque fois que l’on cherche à capter un détail et que l’image redémarre à zéro - la destruction méthodique répétée à l’infini serait une bonne approche pour formuler une allégorie de ce disque que la zone de mon cerveau dépositaire de la gestion des mes accès de nihilisme me force à écouter. C’est une façon comme une autre pour mon néo cortex de se dédouaner de l’existence de mon cerveau reptilien. Un jour il existera des programmes de réalité virtuelle où l’on pourra frôler la mort, simuler l’impact d’une balle traversant votre crâne. Ce jour là Slayer arrêtera de sortir des albums studio pour créer des programmes en 4D. Le groupe jouera dans ton salon avec un avatar de Jeff Hanneman pendant 45 minutes en tirant des balles synchronisées à une vitesse oscillant aux alentours de 250 BPM avec des guitares mitrailleuses. Une sécurité bloquera toute tentative de déconnexion. Obligation contractuelle de servir de cobaye jusqu’au bout. Les veines de ton salon IKEA/CONFORFORAMA se vident de leur sang. A 5 contre 1 dans un utérus artificiel carbokevlar acceptant chaque impact de balle comme une offrande. En plus de te voir percer de toute part / la chair repoussant vitesse réelle façon salamandre / c’est là que le chirurgien du dimanche intervient : chaque cri du chanteur s’inscrit sur ta peau avec des coups de scalpels vengeurs. Tu peux toujours crier. Je ne t’entends pas. Je suis le voisin sympa qui te torture dans son garage le dimanche après midi à l’heure du café. Je suis la victime consentante et le bourreau désolé. Quand rien ne va je deviens mon propre bouc émissaire. Pas le temps de réfléchir entre les balles. C’est comme cela que l’on croit prier DIEU et que l’on fait ami ami avec des entités démoniaques. Nous nous voyons éjecté dans ce monde de la pire des manières. Dans les larmes. Dans les cris. Dans les sangs. Le sien. Et celui de sa mère. DIEU nous hait tous et DIEU a tout mis en place pour qu’on lui le rende bien.
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