mardi 4 mars 2014
Slint - Spiderland
Attendre 2014 pour découvrir un album de 1991 au gré d’une suggestion google est un plaisir de maître. On passe à table. J’enlève ma peau. Je met la nappe. Je passe à la trappe. J’avais emporté un livre avec moi. Le festin nu. Tout le monde (sauf les cadavres) s’accorde à dire que ce livre relève du génie. Je dis OK. Tout le monde prétend (toi aussi) avoir un avis sur le titre. Je dis NON. Cela doit bien faire 10 ans que je cherche le sens de ce titre. Je n’ai jamais voulu chercher une définition sur Google (je fais semblant d’avoir un avis en société) et pourtant à chaque fois que je jette un coup d’oeil à ma bibliothèque il y a la tranche de ce livre qui me regarde. William S. Burroughs se marre avec sa voix caverneuse - wah wah wah wah - planqué entre deux pages - rire filtré pédale wah wah bloquée - le fusil en main et vise entre mes deux yeux. Son cri perçant ricoche dans mon crâne : LE FESTIN NU. Nu ? oui mais dépiauté, desossé, decharné, en douceur, en silence, en délicatesssssse. On met ma peau sur la table ? Oui mais la douce chaleur d’une drogue interlope coule dans mes veines. Chaque nerf est offert en corde de guitare à des invités aux pas feutrés. Ils ont mis ma peau sur la table mais ils ne veulent pas me faire souffrir. Ils veulent me faire pleurer mais sans goûter mes larmes. Ils ne me regardent pas tout cherchant la lueur derrière le masque. Ils n’ont pas de visage. Ce sont des souvenirs que j’avais caché bien loin sous le tapis. Piqué nexus après nexus sur ma peau la réunion d’une nouvelle configuration polymorphique de mon système nerveux forme un écrin de câbles tendus aux extrêmes. Mon coeur se glisse dans la boîte. Ils parlent à la troisième personne du pluriel. Ils partent sans laisser le moindre indice de leur passage. Je reste seul avec ma faim.
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