samedi 28 février 2015

ULTRAVORTEX SAISON 2 Épisode 5 (FINAL) : Autodafé au supermarché des mauvais garçons


ULTRAVORTEX SAISON 2
Épisode 5 (FINAL)
Autodafé au supermarché des mauvais garçons

« J'adore créer quelque chose de magique et si inattendu que les gens en ont la tête qui éclate. »
Michael Jackson


L’élu involontaire (une transcription de Al Zimmer, enquêteur officiel de la série)
Reçu un courrier. Une lettre. Une vraie lettre. Pas un email.
Et - je suis reçu au programme.
Élu : le terme exact.
« Les membres du programme en ont décidé ainsi après une longue nuit de délibération. »
Seule autre information : prié de me rendre dans un lieu bien précis, à une date bien précise et à une heure bien précise. Sont tous présents, cercle autour d’une table d’émeraude. À ma grande surprise, ils m’attendent sans empressement. Sans presque aucune considération.
Le temps n’est pas encore venu, de déchiffrer la source. La résolution de l’équation se révèle d’une facilité déconcertante. Ouvre de nombreuses portes, voiles se soulèvent, voiles se succèdent, craignant de les déchirer, de me fendre par inadvertance et m’ouvre juste à temps pour le cérémonial. Je suis livre, suis lumière, suis ouvert. Le cercle déchiffre quelques archaïques vérités à nouveaux découvertes.


Cercle / Chemin / Retour


Zimmer attendit la suite du spectacle, qui ne tarda pas à venir. Zacharie était dans son élément : « D’un point de vue strictement magique, pour vulgariser la chose, cette histoire de rituel ne tient pas la route une seule seconde. Un meurtre, une momie, un tremblement de terre et pourquoi pas une pyramide égyptienne qui sortirait de terre comme ça d’un coup d’un seul avec un Michael Jackson revenu d’entre les morts avec un remède contre le SIDA et un nouvel album studio ? Tenez appelez vos collègues de la scientifique pour vous assurer qu’il n’y a pas un Temple antique sous ce tas de pierres. »


Roches / Magie / Maladie


L’humour de l’apprenti magicien avait au moins le mérite de détendre l’atmosphère de l’interrogatoire. Le dernier d’une journée qui s’était transformé en nuit et qui allait se transformer en une nouvelle journée sans passer par la case sommeil. Le flic avait compris qu’il ne tirerait rien de son jeune visiteur, pas même un petit caillou tombé de sa hotte par mégarde. Le flic, sans détour, pour sa part, n’accordait qu’un crédit très limité à la piste du meurtre rituel.
Malgré le magnétisme de la piste.
Il voyait plutôt dans cette mise en scène la possibilité d’un accident, un maquillage de preuves, un brouillage de pistes profitant des conditions favorables de climat et de mouvements géologiques. Le fait divers était marqué du sceau du mystère. Si l’auteur des faits n’était pas un ésotériste, il s’agissait d’un pastiche, et il n’y avait qu’un spécialiste pour répondre à cette énigme.  


Arcane / Pastiche / Détour


Il ne s’agissait pour le moment que de faire connaissance, de dessiner une première réponse, même cryptée, et de donner de la matière au petit théâtre qui devait s’animer dans les consciences des membres de ces mouvements plus ou moins sectaires. Le Soleil allait commencer à poser ses griffes sur le haut de la colline. Il était temps de conclure. « Je n’ai pas grand chose à vous demander de plus, je vais vous laisser repartir, vous devez probablement avoir envie de rejoindre votre lit.
— Loin de moi l’idée de rejoindre mon lit, à moins qu’il ne s’agisse d’un intermède licencieux dans nos festivités consacrées au solstice. »
Zacharie avait effectivement encore l’air très frais pour cette heure tardive, normal, puisqu’il vivait en total décalage avec la société et devait bénéficier, dans sa lutte contre le sommeil, de l’aide salutaire d’un excitant classé à la liste des stupéfiants.


Festivité / Solstice / Rituel.


Trois mots qui se mirent soudain à clignoter en rouge alarme dans les yeux de l’enquêteur. Il n’avait pas encore fait le lien avec la date du solstice, ni lui, ni aucun des témoins, puisque les indices reliaient le meurtre à la date anniversaire de la chute de la comète neuf ans plus tôt, tous mis en déroute par la Vérité comme de vulgaires journalistes avides de phénoménal et de coïncidences troublantes.
— Juste une petite question avant de partir.
— Vous voulez vous joindre à nous ?
— Une fête, vous dites ?
— Rien de bien délictueux, dit-il en écarquillant un œil vif, juste une petite fête entre amis, en l’honneur du Soleil, de sa paradoxale nature bienfaitrice et destructrice.


Bienfait / Destruction / Renaissance


La possession implique des rituels animés par des créateurs : réalisateurs de films cultes, artistes publicitaires, chanteurs pop, designers de fétiches, coachs en cosmétique, architectes de vie, animateurs de web TV. Un accès illimité à l’ensemble du réseau pour les pratiquants d’une magie noire démocratisée. Les communautés virtuelles n’existent pas, parlons plutôt d’amalgames, de conglomérats d'avatars plus ou moins influents, de formules magiques précipitées en engrenages perdus, sautant d’un point d’attache à un autre, en dehors de toute notion de haut et de bas. Même un évènement de cette ampleur ne suffira pas à recréer du lien, pour satisfaire eux lubies de l’époque. Tout, au contraire, est séparé, tous derrière leur masque : policiers, citoyens, révolutionnaires, conservateurs, réfractaires, ou encore membres de cette nouvelle religion de lumière qui se répandait dans les zones grises comme la traînée d’une aurore boréale. Ils se couvrent le visage d’un linge qui courrait jusqu’aux pieds. Des hommes et des femmes se font appeler fantômes et voudraient nous faire croire que se regrouper dans des caves pour s’agglutiner en silence les uns contre les autres afin d’écouter les battements de cœur de leur voisin - pour vibrer d’une seule chair aveugle au temps - était la dernière expérience spirituelle possible dans cette nouvelle configuration de la réalité.
Pour toute réalité, en face de ses webcams et de ses écrans illusoires, Ricky Maniac avait peur d’avoir déclenché tout ce bazar.
Élu pourquoi ?
La fin pour quand ?
Des flingues, oui, mais pour qui ?


De : Ricky Maniac
A : Base_email_Totale
Sujet : Que se passe-t-il derrière votre écran ?
Chers amis, chères amies,
Vous êtes vous déjà demandé ce qu'il se passe derrière votre écran ?
Vous avez sûrement vu, comme tous vos congénères, ces images, elles font le tour de l'internet depuis quelques heures. Elles s'apprêtent à tourner en boucle sur toutes les chaînes encore disponibles de votre bouquet télévisuel, mais ce sera déjà trop tard, vous aurez déjà ressenti cette sensation. À coté, le 11 septembre en direct ne vous évoquera plus que le souvenir d’un mauvais bizutage. Les plus attentifs d'entre vous savent de quoi je parle. D’ailleurs, ils sont occupés à barricader toutes les entrées de leur logement.
Je parle de cette foule qui s'entre-tue sans raison. Des femmes, des enfants, des hommes qui s'étripent, s’immolent en pleine rue, se jettent des immeubles, se frayent un passage dans des charniers improvisés grâce au pare-buffle de leur 4x4. Ils sont incapables d'expliquer pourquoi.
C’est une histoire drôle : les journalistes ont perdu leur langue.
Vous avez vu ou verrez tous ces gens courir dans tous les sens, effrayés en croisant votre regard. Des scènes de liesses psychotiques. Vous avez sûrement vu cette vidéo amateur sur Youtube captant le visage de cette femme ne reconnaissant plus son enfant. Touchant n’est-ce pas ? Si vous aviez eu le son, vous auriez entendu les os se briser lorsqu'elle l'a secoué dans tous les sens avant de l'emporter sous le bras, visiblement rassurée, apaisée, prête à accueillir la lame d'une machette dans l’épaule.
On ne vous a rien dit ? Vous voulez qu’on vous explique ? Vous croyez que tout cela n'a pas de sens ? Qu’il s’agit d’une forme d’hallucination collective ? Vous avez partiellement raison.
Vous êtes malin.
Vous n'avez qu'un seul tort.
Vous croire à l'abri, là, derrière votre écran. Alors que pour vous, l’aventure ne démarre qu’à partir du blackout.
Amicalement.
Ricky Maniac, votre chargé de Propagation.


Vision alternative des événements : une chaussure rouge sur le bord de la route. Comment une chaussure esseulée peut-elle rester sur le bord d'une route sans que son propriétaire ne mette tout en œuvre pour la récupérer ? Vous pourriez croire qu'il s'agit d'un plaisantin ? Le genre de mec qui a fait une blague en larguant la chaussure d’un pote par la fenêtre d’une voiture ?
Vous avez beaucoup d'humour.
Ces chaussures appartiennent à des morts. Ou alors, personne n'a jamais perdu une seule chaussure sur le bord de la route. Des fétichistes collectionneraient des chaussures dépareillées dans l’unique but de les larguer, une par une, sur le bord des routes, avec patience et méthode, pour lancer les bases d’une nouvelle unité de mesure en gestation. Que vous le vouliez ou non, au bout d’un certain temps, toutes ces chaussures appartiennent à des morts.
La mort est partout.
Il y a un mec, là, allongé sur le sol, planté lui aussi sur le bord de la route. Quand on crève sous le soleil, ce sont les yeux qui pourrissent le plus vite. L’inconnu n'avait plus de regard. Il était libéré de la possession. Il n'avait plus à affronter la vision d'un monde à l'agonie.


De retour au supermarché : rayon gentils garçons. La voix dans le haut-parleur nous parle. Langoureuse, elle nous aime et nous sommes uniques. J'ai peur qu’un intrus n’ose affirmer le contraire. Il briserait le charme. La voix dans le haut-parleur rappelle aux parents du petit Ricky de venir le récupérer à l'accueil. Au troisième appel, il comprend qu’il a été abandonné et qu’il ne bougera plus jamais de là avant la prochaine catastrophe, fidèle à l’enseignement de ses parents. Rester au même endroit quand vous êtes perdu devient une règle de survie que l’on applique à toutes les situations de la vie. Un jour, il quittera le stand d'accueil et ses hôtesses souriantes, pour brûler les rayonnages.
« Bienvenue au supermarché des mauvais garçons. »
Le monde des grands, c'est quand vous perdez vos illusions pour la première fois. Ce n'est pas grave, il y en aura d’autres. Dans votre théâtre personnel aux allées débordantes de lumière artificielle, vos divinités domestiques se substituent à un Chef de Rayon bienveillant, vous continuez à croire, toujours, au bonheur, à l’amour, à la vie. Mon reflet dans la vitrine d’une boutique abandonnée. Je me revois, déguisé en père noël, et me dis que j’étais un mauvais garçon. J'aimerais pouvoir changer le cours des choses et conforter cette femme dans son rôle de mère. Elle entretenait la magie, elle transmettait ce goût du secret à ses enfants, pour qu’ils développent leur imaginaire, c'était de notre devoir de les protéger du monde des grands ; elle aurait pu être ma mère. Je l’avais lu sur internet. J’étais si proche d’elle à présent.
Le monde des grands, c'est quand vous continuez, malgré votre héritage, à vivre comme des enfants qui attendent la livraison du cargo du bonheur, une dose pour chacun, une dose tous les jours, une dose au fond de l’armoire de vos petits lutins. Soyez fier de vos enfants. Ils ont placé toutes les chances de leur côté : ils veulent devenir médecins. Offrez-leur une pharmacopée reliure cuir sur papier bouffant répertoriant l'ensemble des molécules utiles au bonheur de toute la famille. Malheureusement, ils ne guériront pas notre monde. Il est trop faible pour être sauvé. L’année suivant la mort de mes parents, je comprends que personne ne m’oblige à ouvrir tous ces paquets, surtout pas ce vieux clochard puant aux yeux d’hépatiques qui se faisait passer pour le Père Noël, j’avais toute liberté pour me transformer, c’était mon seul héritage.
Et pourtant, j’ai dû attendre une seconde catastrophe pour le comprendre.
Des pans de rayons en friches, parfum de charogne, ce qu’il reste du rayon spiritueux me tend les bras, l’abondance était une fable. Ces entrepôts ne contenaient pas plus de deux jours de stock. Des barricades abandonnées, du sang séché sur les murs, ils sont passés par là. L’un d’eux a repris figure humaine sur un lit de barquettes de viande en décomposition. Les produits défilent, couleurs insensées et pochade d’un édifice sans nom, sans fonction, sans but. Le divertissement et le désir ont laissé la place à des sensations d’une brutalité originelle. Nouveau monde ne subsistant que par la volonté de quelques créature en lutte contre la vie et la mort.
C’est une île déserte, avec un oasis de livres en sa périphérie. Une rasade de vodka, un livre jeté en l’air, une autre rasade, des pavés lancés aux quatre coins du rayon Culture et Divertissement. Quel est le livre que je n’emporterai pas sur mon île déserte ? Cette encyclopédie ? Ce dictionnaire ? Me rappelle de vagues souvenirs. Des mots défilent. Des lettres défilent. Des images. N’affichent aucune définition à cette nouvelle configuration de la réalité. Aucun manuel n’est disponible quand il s’agit d’évoluer dans l’inconnu. L’univers reste en écriture.
J'ai envie de vomir, et les volutes éthyliques n'y sont pour rien, il s'agit des vapeurs générées par la dislocation d’un autel de papier, elles réveillent dans mes entrailles des désirs de meurtres, de bûchers, de destruction, et d'autres festivités. Seul le sang saurait laver définitivement ce qu’il reste des ruines ; pour l’instant, je me régale d’un autodafé. Cautériser les plaies d’une hémorragie en cours, s’arrêter au milieu des flammes, la route barrée par un livre, en tirer une page en feu, au hasard et recevoir son message comme la prophétie d’un oracle.
« Personne n’en échappera. »

vendredi 27 février 2015

Vive le nightcore !


"QUAND J'ECOUTE DU NIGHTCORE CA ME DONNE ENVIE DE FAIRE DES SURSYNTEXTES VOCAUX DE LA POESIE EN ACCELERE QUI CHANGE TOUT LE TEMPS DE RYTHME ET D'IDEE." (M. Richards)


Nightcore

Genre that originated from trance and/or techno, and eventually got a life on its own.

Pure Nightcore: VERY fast beats (sometimes so extremely fast, that you cannot count them), and very high pitch (almost chipmunks). Song usually lasts about 2 to 3 minutes. Often described as "cute". 
Example: Kiss me by Schule321

Bass Nightcore: fast beats, the main melody (and voice) are pitched up, but there's very low bass added; so the contrast between very high and very low is created. 
Example: Kiss me by GrizzNightcore

Trance Nightcore: fast beats, high pitch, but less signing and more melody; filled with repetition; very often there is only one verse or a sentence that is repeated throughout the song. Usually it lasts at least 5 minutes, often more. 
Example: Kiss me by Nightcoremania

mercredi 25 février 2015

samedi 21 février 2015

ULTRAVORTEX SAISON 2 Épisode 4 : 999 SHADES OF DESTRUCTION


ULTRAVORTEX SAISON 2
Épisode 4
999 SHADES OF DESTRUCTION

« Peut-être même que nous allons commencer une rébellion ou une révolution, et foutre la merde autant que nous le pouvons. Je veux laisser une impression durable sur le monde. » 
Eric Harris

L’histoire vraie de cette blogueuse Modes & Techniques  aux 132.516 visites journalières. 132.516 nuances d’éclats de sperme et d’éjaculations spectrales. Odile (pseudo-crypto-crocodile) vingt-trois ans de carrière dans la mécanique de pointe. C’est un fantasme qui l’amena ici. Les lois de la thermodynamique, elles seules, étaient inviolables


Bloc opératoire post mortem. Implantation sous cutané de longs poils noirs, crin de cheval synthétique, par  la technique dites des trous désuppurants. Le long du cou, le collier de joie, le ventre ouvert comme un manteau, les entrailles sur le sol, la vie ne tient qu’à un fil, à recoudre, à défendre, à défense, à la manière d’un cadavre qui rêverait d’un bonus de fin de niveau.


Une clé vous permet d’ouvrir la boîte à souvenirs, sauf qu’aucun des objets ne vous parle, qu’ils n’appartiennent ni à votre enfance ni votre vie d’adulte, que la boîte est minuscule et les objets sont trop imposants pour être vrai. La clé et la bonne boîte étaient réunis au bon endroit, non la bonne personne. Malgré l’émotion de l’ouverture, à votre tour de distribuer les rôles.


Avec un pc et une connexion internet. Un caméscope et une clé 3G. Dans une voiture. A contre sens. En pleine nuit. Pleins phares. Pour se rabattre au dernier moment. Quand vient l’autre voiture. En face. Diffusion en direct. Montage en direct. Destruction de biens publics. Casses de véhicules. Alcool sans limite. Drogues sans origines. Débats métaphysiques avec des inconnus dans les bars avant d’enchaîner sur une série d’agressions verbales dans les stations essences des aires d’autoroute.Sans compter sur des lectures de poésies éthyliques dans des friches industrielles. Les réveils sauvages de quartiers résidentiels à la corne de brume. L’annonce de l’aurore. Petit matin sur un champ à l’aspect d’un astre déserté par l’hiver, ou la mer déchaînée du haut d’une falaise, ou devant une usine incendiée aux ruines encore fumantes. C’est fun. C’est du vandalisme. C’est de l’art. C’est en direct. Du pur plaisir. Pour nos centaines de spectateurs.


Un autre jeu : deux filles doivent rester deux semaines dans une pièce de dix mètres carré. Sans fenêtre. Sans sortie. Sans aliments. Sans toilettes. Le reste n’est pas précisé. Elles se connaissent mais ne peuvent se voir, « le défi de la mort », comme le disait la voix-off. Les jours s'accélèrent. Assis. Debout. Couché. Sur le ventre. Sur le dos. Compter les jours avec des ongles. Au point qu’elles ne puissent plus se lever. le plafond était devenu trop bas, et la caméra, infrarouge. Et l’on compte les minutes avec elles, sans chercher à décrocher de l’écran.


« J’observe moi aussi une saturation du phénomène, des choses gardées depuis trop longtemps dans l’obscurité. Une connaissance ignorée qui tend au ravage. Nos ancêtres sont en passe de réclamer le solde de notre dette. Je parle ici d’un holocauste qui ferait passer n’importe quelle guerre ou génocide pour un test sur un panel de consommateur. »


Un cadeau pour l’anniversaire de Jason Poison (super idée de dernière minute) : une explosion ! Noir total dans sa maison. Un technicien rallume. Le pied arraché, la viande sanglante, la chair perdue, le sourire aux lèvres - sacré Jason ! - allongé sur le toit de son immeuble particulier, inconscient, et mutilé. Toute sa famille le soutient, chacun porte son tuyau de sang, un nouveau rituel domestique, c’est tout ce qu’il avait réclamé.


Percuté de plein fouet par l’avalanche d’informations reçue dans ses boîtes noires éparpillées à la surface du globe, Al Zimmer n’avait pas besoin d’écran pour se prendre l’impact en face interne - dans son état de fatigue, l’information filtra depuis le fond de son âme jusque sur le mur blanc de la Cellule Gargantua, sans demander la politesse à sa conscience. Il tomba raide sur le dos, percutant la moquette poisseuse dans le craquement microscopique de la frontière du Royaume des ombres, c’est tout juste s’il eut le temps de se rendre compte de sa futile contribution au lent et nécessaire travail de pourrissement à l’oeuvre dans l’univers. Même un flic de la trempe de Zimmer ne pourrait se jouer de la redoutable souveraineté de l’entropie.


Votre fils est en retard pour aller à l’école. La routine. Il uploade un clip sur youtube. Le scénario de son clip amateur est d’une simplicité enfantine :
1 - Il prépare ses affaires de cours. Tout simplement.
2 - Il nous présente son pistolet fétiche. Celui du jeu vidéo qui était vendu dans le pack avec la console Pack Warrior à 399 euros. Un Glock 18. Chambré pour des munitions de 9 mm Parabellum, avec un chargeur de 30 munitions, proposant tir semi-automatique ou automatique. En choisissant le mode automatique, ce pistolet offre une cadence de tir de 1.100 coups minutes. C'est le plus petit pistolet mitrailleur de la planète. Votre fils à un goût certain pour les armes à feu.
3 - Il vide son chargeur trente secondes pile poil après la première sonnerie du matin. Quand tous ses petits camarades sont en rang par deux pour attendre le professeur qui viendra leur donner leur dose de poison quotidien.
Tout le monde est prêt ?
(silence)
Action !
(le petit oiseau va sortir)
Faites le bien face à la caméra ! Ne coupez pas ! Ne montez pas ! Ne mentez pas ! Une seule prise suffit, soyez naturel, soyez décomplexé, soyez fier de vos actions. Faites le plan fixe. N'oubliez rien. N’y revenez plus. Surtout : ne laissez aucune zone d'ombre qui puisse permettre une liberté d’interprétation au spectateur. Le propos doit être total.
30 balles / 25 victimes.
Papa, maman, ne soyez pas désolé. Vous n’êtes pas responsable - vous pouvez même vous satisfaire d’avoir mis tout en œuvre pour le développement personnel de votre fils chéri.
30 balles / 25 morts.
C'est un pourcentage de réussite formidable pour un débutant. Félicitations ! Passez au second niveau, soyez fier de votre fils. Il a réussi quelque chose dans sa vie.
Et vous ?
Et votre fille ?
Elle attache l'une de ses petites amies à un lit - ici, peu importe le décor - en voyage de classe à la neige ou à l'internat ou dans le lit conjugal. Peu importe le modèle de l’appareil filmant la scène. Ce qui compte c'est que votre fille alignera tous les objets de sa vanity case sur la table. Déodorant, laque, shampoing, après-shampoing, crème adoucissante, crème amincissante, baume pour les lèvres, crème pour les mains, tube de dentifrice, crème de jour, crème de nuit, crème dépilation, tube de rouge à lèvre, tube de mascara, lotion démaquillante, bombe de laque aérosol, tube de gel, bouteilles de parfum, tampons hygiéniques. Votre fille est devenue présentatrice de télé achat.  Elle nous conseille des produits miracles qui voilent les vérités de notre chair : rides, odeurs, poils, cheveux gras, lèvres gercées, boutons, peau sèche, mauvaise haleine. Votre fille s'improvise guérisseuse, option design et marketing. Soyez fière d'elle. Elle suit tous vos conseils : elle compte réussir dans la vie. Regardez comme elle est rigoureuse et appliquée. Ses outils de travail, un alignement parfait de phallus synthétiques et luisants, du plus petit au plus large. Bien rangées, comme sa chambre. La fille idéale. Elle est décidée à les réintroduire uns à uns dans le vagin de sa victime. En gros plan. Sous toutes les coutures. Court circuit. Maman n'était pas là. Dîner entre amies ou vernissage. Papa rentre tard ; travail, maîtresse ou réunion. A ce stade, je vous permets de parler de l'endroit où vous étiez l’instant où vous avez découvert ces vidéos. En avant première. Ca fait du bien de parler. C’est écrit dans les pages « psycho » du programme télé ou de votre revue préférée, votre manuel de vie hebdomadaire. À ce stade, l'enfer, c'est votre couple, assis sur le canapé du salon regardant en boucle les dernières productions audiovisuelles de vos bâtards. Et vous pouvez restez là une éternité, en refusant d'admettre la vérité qui se reflète dans l’écran géant du salon. L'ordre des choses aujourd'hui, c'est votre fils qui a oublié de vous informer qu'il connaissait le maniement d'une centaine d'armes à feu. Pistolet, fusil à pompe, pistolet mitrailleur, fusil d'assaut, fusil de sniper, mitrailleuse, qu'il connaît quasiment par cœur le descriptif technique de toutes ces armes. Le calibre, la capacité de tir, la force de perforation, le poids, la maniabilité, le temps de recharge, la cadence de tir, le recul et la précision. Pour certaines d'entre elles, il est en mesure de vous donner le prix au marché noir. Vous trouverez ce genre de réponse en feuilletant les manuels d'utilisation des jeux vidéo que votre fils a commandé au père noël. L'ordre des choses aujourd'hui, c'est votre fille qui a parfaitement sentie que le design des produits cosmétiques qu'elle utilise donne le sentiment d'avoir été moulé sur des pénis plus difformes les uns que les autres. Votre fille qui manipule quotidiennement, depuis sa plus tendre enfance, des sexes mutants alors que vous éprouvez les plus grandes difficultés à lui parler sans réserve des « choses de la vie ».
Cherchez des réponses dans des manuels d'utilisation de vos produits cosmétiques.
Elles ne s’y trouvent pas.
L'ordre des choses, c’est une absence manifeste de destin, le monde était sclérosé. L’impression fatale sur les esprits que plus rien n’était possible. Nous attendions tous un signe pour relancer l’histoire ou tout arrêter pour de bon. Que tout s’effondre ou que tout recommence. certains avaient compris avant tout le monde la nécessité de déclencher l’impensable, et les cibles étaient nombreuses : papa, maman, professeurs, policiers, état, multinationales, peoples, tout ce qui fait le monde. Et ça tombe plutôt bien, le monde entier est à portée de clic.

Mathias Richard @ DATA (Marseille) ce samedi (19h-22h)


Lecture de Mathias Richard
au sein du vernissage de l’exposition de Klara Gai et Manu Morvan
Avec aussi Nora Neko (performance sonore) et Infrarouge (noise ambient)

19h-22h
Data : 44 rue des bons enfants
13006 Marseille

Urbex mélancolie

Bande-son de "Jeu décalé" de See Real & Zaäk A.
Jeu décalé

dimanche 15 février 2015

VOUS AVEZ LE CHOIX, par BRK


L'ami Beurk Laid (BRK) a tendance à supprimer régulièrement ce qu'il fait, alors en accord avec lui nous remettons aujourd'hui en ligne son excellente vidéo "VOUS AVEZ LE CHOIX"

avec en bonus une autre version :


samedi 14 février 2015

ULTRAVORTEX SAISON 2 Épisode 3 : Les diagonales du fou, de Venus à la Chute


ULTRAVORTEX SAISON 2
Épisode 3
Les diagonales du fou, de Venus à la Chute


« Je ne crois pas en la psychologie, je crois aux bons coups. »
Bobby Fisher

Zacharie se présentait comme un aristocrate quelque peu fantasque. Costume framboise, talons rouges et parapluie assorti, avec un nom de famille sorti de l'Armorial général de France. Son arbre généalogique, en partie épargné par les guillotines, remontait presque aussi loin que pouvaient se souvenir les archives. Ce qui intéressait avant tout Zimmer était l’affiliation de son patronyme au registre des membres de la Société du Cercle, bien en haut de la liste, de ses lettres dorées toutes en évidences. Son élégance anachronique, très fin de siècle, et aussi décadente que pouvait l’être une région se fissurant de toutes parts, déparait dans l’ambiance blafarde du poste de Police, une interzone terne où défilaient les suspects aux histoires les plus farfelues les unes que les autres, les prédicateurs punk-chrétiens avec leurs chiens de berger, des médiums soixante-huitardes défraîchies, des pseudo-sorcières tirées de leurs fermes et des vieux garçons déguisés en ésotéristes.

Photographies de contrées désertées.
Tout ce qui ressemble de loin à Venus, d’un échangeur d’autoroute en flammes à des enfants qu'on damne.
Des hommes condamnés à partager plus de peines avec une machine qu’avec des inconnus.
Séparer les cadavres des vivants deviendra le défi du siècle en gestation.

Zimmer ne lui laissa que le temps d’éteindre son iPhone avant d’engager la discussion :
— Où étiez-vous, il y a neuf ans jours pour jour ?
Le sourire bienveillant du magicien se tendit en une ligne qui vous aurez coupé la gorge. Et pourtant, la demande de l’enquêteur n’avait rien d’une question piège. La chute de la comète, neuf ans plus tôt, s’approchait d’un « Onze Septembre » à la française. La catastrophe diffusée en direct sur toutes les télévisions du monde. Quelque soit votre nationalité, votre fuseau horaire ou votre langue maternelle, chaque habitant de la planète se souvenait précisément de son emploi du temps du vingt juin aux alentours de 8h00 (UTC/GMT +2 heures).

Dans les espaces abstraits de Hong Kong, tout comme dans les ruines médiévales d’un musée à ciel ouvert, la pression des lignes de force écrasait les hommes, les armes, les abris, encore mieux qu’une vérité. Carte postale des territoires éthériques - Au dos : la signature de considérations fantasmatoplastiques, dystoxiques et dystorgraphiques.
Mot de passe impossible.
Commentaire incorrect.
Compression illimité.
Ne jamais sentir le fond du web sous ses mains. Glissé, déposé, déplié.
L’un des suspect affiché au tableau, un dénommé Henri, persistait à écrire ses courriers électroniques avec une police de couleur bleue. Catalogué « Manque de confiance en soi ». Bon à compacter.

Une réaction étrange. Une réflexion chancelante. Une bulle de doute percée par le sens de l'à-propos du flic :
— Non, ne me dites quand même pas que vous êtes à l’origine de la Chute ?
Les deux hommes rigolèrent sans se lâcher des yeux, avec sincérité toutefois. Un rire de bon coeur. Une nécessité après les épreuves traversées.
Zacharie n’avait bien entendu rien à voir avec l’événement, l’on n’attirait pas les comètes à coup d’incantations ténébreuses et d’orgies païennes, c’était en tout cas le point de vue d’Al Zimmer. Par contre, s’il devait bien y avoir sur cette planète une poignée d’occidentaux qui ne pouvait répondre à cette question, ce drôle de témoin en faisait partie. Zimmer, cachant les fulgurances de ses réflexions derrière les vibrations d’un ordinateur au bord de la surchauffe, insista encore une fois sans recevoir la réponse escomptée. Une fantaisie de plus dans le profil du jeune homme dont le look and feel ne présentait aucune connexion avec l’idée que l’on peut se faire d’un magicien.

Quand John Wayne met quatre jours à expliquer qu'il n'est pas nécessaire de se perdre en circonvolutions hermétiques pour tracer un cercle. Une nouvelle façon d’envisager la conquête de l’univers vient de naître.
Quand un chauve refait apparaître ses cheveux à la télévision. Une nouvelle esthétique média est née. Annule et remplace des années de sérendipité. Quand fuir est un combat perdu d'avance, l’exotisme au bord de la route, aimer, souffrir, aimer souffrir, pour l'exemple, vouloir crever à deux. La caméra se poserait si près de leur chair que les scènes se chargeraient d’abstraction, amplifiée par le fond blanc en lumière surnaturelle.

Inlassable noceur, fêtard invétéré, amateur de drogues et de performances provocatrices, son casier judiciaire en était une brillante illustration : infractions aux lois sur l’usage et la détention de stupéfiants, exhibition sexuelle (auquel il préférait le terme d’atteinte aux bonnes moeurs), conduite en état d’ivresse, outrage à agent public et diffamation publique. Malgré cette étonnante liste de faits d’armes, le jeune homme se détachait du lot par un caractère des plus avenants. Il répondit par une boutade :
— Je ne peux pas vous répondre car je n’en ai aucune idée, pas plus moi que mes compagnons d’aventure.
Ce qui n’était pas complètement faux puisqu’il naviguait ce jour-là entre réalités et hallucinations, dans les profondeurs d’une forêt du Massif central, pendant neuf jours, et autant de nuits hors du temps, durant lesquels il reçu l’Initiation.

Je vis une vie de rêve *
l’image d’une tempête de sable
qui avance doucement sur le sol plat
du désert comme une montagne que personne
n’arrivera jamais
à
gravir
au sommet
une cage
propre geôlier
de ma zone
de tranquillité
joue au OUIJA
sur les lieux de l’accident
en attendant - (suite indéchiffrable - recomposition analytique impossible)

* Note de Al Zimmer : première phrase qui m’accrocha l’oeil - m’écorcha l’oeil (rectificatif) - dans le magma de feuilles pilonnées par les intempéries)

— Bon, passons aux choses sérieuses, voulez-vous ? mon temps est précieux.
— Je suis entièrement à vous.
— Vous avez du entendre, j’imagine, tous les détails de l’affaire à la télévision. Qu’en pensez-vous ? Comme ça, de but en blanc.
Zacharie tapota son coeur, pour lui signifier la présence de son téléphone.
— J’ai tout suivi. Minute par minute.
— Et ?
— Ce que je vais vous dire va peut être vous surprendre. D’une certaine manière, j’aurais aimé être à votre place.
Marquant un instant de silence sans attendre de réponse, il reprit sa petite démonstration d’un air enjôleur.
— Voyez-vous, l’une de mes grandes passions dans la vie réside dans la lecture de textes anciens, textes sacrés, récits apocryphes, phalanges aux origines discutables, et d’en analyser le sens profond, à travers les diverses strates d’interprétation.
— Le rapport avec notre affaire ?
— Il y a que ce loisir, réservé, je l’avoue, à des oisifs de mon acabit, rentiers ou bénéficiaires de prestations sociales, possède de nombreux points communs avec votre métier.
Al Zimmer sentait la fatigue le prendre au piège. Il ne voyait pas du tout où voulait en venir son interlocuteur.
— Ce loisir, disais-je, se rapproche en tout point de la conduite d’une enquête criminelle. Nous avons une scène. Des acteurs. Une temporalité. Bref, un théâtre. Nous avons des actes et des conséquences, qui nous dépassent, rentrent dans le cadre d’une causalité divine ou pour le moins cosmique. Nous avons tout, ou presque, sous les yeux et pourtant le commun des mortels se comportera comme une foule d’aveugles en face d’une théophanie, acteurs somnambules du tragique, et voila le prêtre ! Le prêtre, le barde, le sorcier, le magicien, appelez-le comme vous le voulez, mais vous ne pouvez vous empêcher de voir en lui le fou, le fou qui cherche à voir en se brûlant les yeux à l’épreuve de la vérité, il cherche à donner un sens à l’immuable, sans véritablement donner de sens à ses propres actes, cédant l’exercice de sa volonté à des forces qui le dépassent.
Zacharie s’était retenu de se lever pour théâtraliser sa réplique, il s’était contenté d’un jeu minimaliste, ouvrant grands les yeux au fil de la montée dramatique.
— Et le fou dans cette histoire, c’est qui ?
— C’est vous ! Le fou.
— Heureusement que vous avez un alibi en béton parce que je ne saurais pas quoi faire de vous dans le cas inverse. Dites-moi ce que vous pensez de tout cela, au fond ?
— Je pense que l’on cherche tous à donner du sens à l’immuable, sans véritablement comprendre l’importance de ses propres actes.
— La version décodée ?
— Le monde est une énigme cryptée, et très peu d’hommes comprennent que le décodeur vous ait fourni à la naissance, bien qu’à leur décharge, il faut avouer que la boite crânienne est fournie sans notice.