mercredi 31 décembre 2014

samedi 27 décembre 2014

prenssée d (- Je suis OK pour tripler ma vitesse de lecture.


- Je suis OK pour tripler ma vitesse de lecture.

ENTRACTE
reprise du film dans
00:03

On est forcé d’agir à l'intérieur d’une personne. | La tête est libre de droits. | je suis piraté donc je suis | compressez les codes militaires extraterrestres | Le corps, comme une pieuvre, absorbe tout ce qu'il rencontre. | chaque seconde goutte en souffle | je bois dans les pas des cafards | je m'étonne en moi-même le courage que j'ai | D'après des études anatomiques, un corps debout est capable de plus de violence. |

Je pense beaucoup.
Toute la journée.
Du matin au soir.
“Tu penses beaucoup, tu penses trop” on m'a dit parfois.
Je produis 30000 pensées par jour. J'exsude plutôt, c'est une sécrétion, c'est comme de la transpiration, de la vie qui pousse.
Avec le temps je développe des moyens temporaires de ne pas penser : s'abrutir, se saouler, faire du sport, baiser si l'on peut, se plonger dans la musique (mais ça en suscite aussi), regarder des séries à la chaîne pour arrêter toute activité mentale personnelle.
Je suis quelqu'un de très présent. Je suis quelqu'un d'extrêmement présent.
Ma qualité principale est la présence. 
Je ne suis pas absent.
J'ai envie de parler à personne alors je t'appelle.
Dur constat avec le temps : personne n'est à la recherche de ce que je recherche.
La vie parmi les humains est un long racket.
Tout le monde rêve d'être mort.
C'est une réalité qui existe, mais de justesse.
Ce que je considère comme de l'espoir, tu le considères comme du désespoir.

Quand je te vois, je ne comprends pas que tu es beau. C'est en regardant les photos que je m'en rends compte.
Je ne comprends pas ce que me disent mes yeux. Je suis obligé de prendre des photos pour comprendre ce qui m'entoure.
Je ne sais pas ce que je vois avec mes yeux. Je suis obligé de prendre des photos pour comprendre ce que je vois.
Je ne comprends pas ce que je vois. c'est pour quoi je prends tout le temps des photos : elles sont un périscope, des caméras remplaçant mes yeux, et ce sont les seules informations visuelles sur ce qui m'entoure, que je comprends.

Chaque jour sera un nouveau jour, jusqu'à épuisement. | son visage énorme, aux yeux globuleux, suant, alcoolisé, m'assène fiévreusement, en très gros plan, répétant plusieurs fois yeux dans les yeux : "LES MARSEILLAISES, SI TU LES BAISES PAS, ELLES T'ENCULENT !" | j'aime aussi faut dire, faut pas croire faut dire faut faire quoi elle a dit?!!! | j'ai failli, j'ai pu faillir mais j'ai pas fait | j'écricacajouis, chère Suzy | C'est simple : soit ça marche, soit ça marche pas (ça serait plus simple si c'était plus simple) | faites le signe « cœur avec les mains », puis les guillemets avec les doigts | J'aime la lumière. Mais le problème c'est qu'avec la lumière, y a des gens aussi. | 
Aujourd'hui c'est la Journée de la Nuit | On va voir les arbres
jouer dans le parc.
créer langage qui rend :: l'impossibilité de toute communication :: encore plus palpable | : pour une poésie sonore intérieure | Mélanie
aime la nuit. | C'est une fille pleine de vide. | Elle est inquiète car sa vie est trop grande. | Elle est triste même quand elle rit. Elle est triste de ne pas être assez triste. | "Ne t'inquiète pas, c'est pas chargé" furent ses dernières paroles.

"je dois... 
parler...
aux extraterrestres..."

des pigeons jouent au ping pong | La ville est une mère. La pièce est un vagin, une matrice. Les murs sont du placenta. La foule est une matière, un décor, une notion intégrée. | L'intérieur de mes chaussures est tapissé d'insectes vivants et morts. Je les écrase lentement tandis qu'ils m'infusent leur venin et crochets. | L’objet que vous avez aimé ne peut plus être aimé. | Le numéro que vous avez composé n'est plus en service, et il n'y a pas de nouveau numéro. | Laissez-moi faire de vous un lecteur rapide. | En cas d'urgence, cassez tout.



mardi 23 décembre 2014

ULTRAVORTEX Saison 1


Compilation des cinq épisodes de la saison 1 d'ULTRAVORTEX, la série littéraire sans point final, polar contemplatif, manuel de rituel magique, catalogue de meurtres de masse, journal intime d'une psychose hallucinatoire, confession d'une intelligence artificielle d'un jeu de télé réalité géant, frankentexte, surscénario, cryptosyntexte, toutes les définitions se recoupent et se valident.

http://fr.feedbooks.com/userbook/34912/ultravortex-saison-1


Texte disponible en PDF, EPUB et MOBI

Interview de Mathias Richard sur le site Asile 404


Entretien paru sur le site de l'Asile 404 (19 décembre 2014)
Propos recueillis par Roxane Olivier en avril 2014 pour Isopter-art



samedi 20 décembre 2014

#camfiction SECTEUR 2 : Utilisateur(s) connecté(s) : Erik


#camfiction SECTEUR 2
Utilisateur(s) connecté(s) : Erik

Ce à quoi Erik devait s’attendre une fois la brèche ouverte : les sacrifices en direct, où se croisent sans entraves oracles et fidèles, dans un circuit cloisonné, presque en circuit fermé (bien que paradoxalement ouvert à tous). La première d’une série de shows où se mélangent à nouveau le sexe et la mort. Ce qui était au cœur du dispositif depuis son invention. L’image en direct ; l’imprévu ; l’attente ; la frustration ; le désir ; la jouissance ; et pourquoi pas la mort ? Et pourquoi pas ne pas penser à la place de la mort face aux sexes à portée de mains ? Suicide ou meurtre en direct, ou encore accident. Réel ou symbolique. Sacrilège ou simulacre. La technique avait métamorphosé corps et idées bien plus qu’Erik et ses amis virtuels ne l’auraient cru. Les âmes étaient prêtes depuis le départ. Ceci dit, il n’était pas question de détraquer l’engrenage. Pas plus vite que la musique, en accord avec le rythme, en plein dans le tempo des sonneries des annonces d’oboles sur l’autel. Rassasiée pour un soir, Alice ne manquera pas d’annoncer la prophétie. Elle ne réclame à ses fidèles que du temps, celui pour Erik de comprendre l’ampleur de son potentiel, là où se joue l’histoire en direct, sans rupture du contrat, sans filtre de la morale, des “attentes du public” ou d’un médiateur chargé de corrompre le sens du message. L’évènement avait ouvert la brèche, Alice ne faisait pas que se dévêtir devant des inconnus, ni se frotter des objets vibrants sur les zones érogènes, ni s’enfoncer les doigts dans tous les orifices, quand ce n’était pas la boule en laiton de sa tête de lit qui passait par là. Erik en voulait plus. La tentative de suicide loupée lui avait ouvert les yeux, sur la nature religieuse de la célébration, sur le précipice qui se tenait devant lui, lorsqu’il admit ce qu’il n’avait jamais voulu entendre au sujet de la Technique, sur une rumeur tenace en littérature, un mal que l’on n’arrive jamais à extraire du cœur des Hommes, le murmure d’un pacte que nous aurions tous conclu avec le Diable.

Pertubé par le flux continu d’images défilant sous ses yeux du matin jusqu’au soir, Erik vit pleinement l’époque (vivre pleinement, ce Graal moderne). Du plus loin qu’il se souvienne, il y a toujours eu un écran. Un écran le matin avant d’aller à l’école. Un écran dans la classe pour faciliter le travail du Professeur. Un écran le soir pour recevoir sa dose d’information, de l’entrée au dessert. Un écran pour la nuit où rayonnent les gestes imprécis d’une déesse à demi-visible, la tête coupée par défi, une résistance au reste du monde. Quand bien même sa tête érupte dans le cadre, nous n’en retenons qu’une imposante crinière brune arrimée sur un corps pris de convulsions, aux membres commandés par les vapeurs toute droite sortie de la grotte d’une pythie. Fait implacable de notre lente histoire d’extraction du monde sensible, Erik passe aujourd’hui plus de temps les yeux sur un écran que hors de l’écran. Le reste du temps, il cherche le sommeil en repassant les mains sur elle. Elle est en vie, vit en lui, lui donne une consistance, celle de l’irrémédiable béance de la chair. Il y aurait de quoi rester sur faim, quand les images nous prennent sous leur emprise, à demi-conscients, toujours une attention compulsive sur un fragment d’information à se planter dans l’œil - un téléphone ou une publicité. Que le lecteur ne se trompe pas de cible, l’addiction d’Erik aux écrans n’est pas un problème - si tant est que la véracité scientifique d’une telle dépendance soit prouvée - ses inattentions multiples et répétées n’étant qu’un symptôme de son incapacité idiosyncratique à traiter la masse d’information révélée. Là où des informations contradictoires se confrontent, s’évitent, se court-circuitent, dans un large éventail de domaines, de la mécanique quantique au choc des civilisations, du vrai au faux et dans toutes ses demi-mesures, jusqu’à ce qu’il soit impossible de suivre un événement sans prêter autre chose que la foi à la parole, bien incapables que nous sommes d’en vérifier le fondement par l’expérience. Ici, la raison n’a plus son mot à dire. Et les prêtresses entrent en jeu. Le jeu du direct, là où le mystère demeure.

Ce soir-là, il était très exactement vingt-deux heures quand Ellinor brancha sa webcam afin de montrer de quel bois l’on se chauffe dans la banlieue d’Helsinki. Ange ou démon ? C’était la question posée aux visiteurs de sa chaîne de show sexy, l’une des plus populaires du site, où cette Finlandaise de 25 ans s’exhibe plusieurs fois par semaine. A eux de décider de la réponse, s’il en ont encore la capacité, une fois leurs yeux posés les courbes plastiques du mannequin. (Voilà pour le décor) Si les visiteurs s’attendaient à tout, qu’elle grimpe au ciel ou qu’elle joue de son emprise pour faire durer le plaisir, c’est une surprise de taille qu’attendait ce soir-là un des spectateurs caché derrière un pseudonyme anodin. Après quelques secondes de flou où se dessinaient les contours d’une pièce vide, le buste d’une jeune femme apparut dans la vidéo diffusée en direct. En dépit du trouble de l’image, les habitués constatèrent rapidement qu’il ne s’agissait pas de la maîtresse des lieux. Si les esprits s’échauffaient sur la messagerie en direct qui accompagne les diffusions, ce sont des sueurs froides qui durent secouer la peau d’Erik en voyant son prénom apparaître à l’écran quand l’image retrouva de sa précision. Si le prénom était lisible de tous, écrit au marqueur sur le ventre de la jeune femme, il fallut qu’un Finlandais traduise la phrase entière pour que l’assistance saisisse le sens du message : « ERIK JE TE QUITTE ». Comme pour ôter toute forme de doute, Maaria, la petite copine, descendit la tête dans le cadre. Son visage masqua en partie son corps à demi-nu. Un ange à la peau laiteuse tout juste vêtu d’une culotte et d’un soutien-gorge venait d’envoyer son ex petit ami côtoyer les flammes de l’enfer. Erik ne pouvait plus croire à une hallucination lorsque elle prit possession du clavier pour s’adresser directement à lui, devant un nombre de visiteurs qui ne cessait de grimper. Sans réclamer son reste, le garçon se déconnecta. Maaria rendit son trône à Ellinor (qui n’était autre qu’une de ses anciennes camarades de lycée), non sans oublier d’attiser le feu en gratifiant les trois mille et quelque connectés d’un petit bisou soufflé.

Courte anecdote : enfant, Erik suivait des cours de catéchisme, comme tout enfant de la classe moyenne rurale. Les traditions familiales étant ce qu’elles sont, le jeune Erik n’eut d’autre choix que de se rendre une fois par semaine à l'Église où le curé de la paroisse présentait les coulisses de la messe - de la même manière que l’on aurait présenté l’envers du décor à des comédiens improvisés. Comme le prête ne semblait s’intéresser qu’à des détails d’ordre cosmétique (la couleur des écharpes, le choix des chants, l’inventaire de ses sachets d’hosties), se concentrant sur l’accessoire plus que sur l’indicible, oubliant d’évoquer au passage le caractère sacrificiel de l’Eucharistie, Erik posa une question embarrassante au religieux (que contient le Tabernacle ?), il ne reçut qu’un sophisme en guise de réponse (il est vide). C’est là le mystère. Comment le tout peut naître du néant ? Comment le vide peut tout contenir ? À l’image, la boîte est infiniment explicite. Cadrée, plate, sans échappatoire. En dehors, c’est l’inconnu, l’espace infini. Le direct s’arroge ce droit à la destruction. La prêtresse de la cam est la maîtresse du Temps et de l’Espace. Rien de ce qui existe au-dehors de son faisceau ne peut exister pour les spectateurs, et c’est là où j’aurais voulu en venir bien plus vite, aux spectateurs biens trop habitués aux distorsions de temps volontairement entretenues par les médias de masse, bien heureux de trouver un ancrage dans le cadre. Présent-futur, direct monté, temporalités superposées, tout est en direct, rien n’est vraiment vrai. Le présent est rendu à l’état d’échantillon, mixé dans un flux continu. L’homme, en ce qu’il se croit Homme, n’a pas vu, les yeux par trop occupés, que cet état de sample est avant tout le sien. En pièces. Un robot aux garanties mal imprimées sur la notice.

Culotte rose bonbon. Sourire bleu néon. Son prénom tracé au rouge à lèvres sur sa gorge. Et quelques lignes d’aphrodisiaques paniques. Son côté « j’attends le prince charmant dans ma chambre de jeune fille avec des posters de stars générationnelles ». Une journée à Disneyland, c’est deux heures dans les bouchons et trois de plus dans les files d’attente. Une nuit devant l’écran, c’est au minimum un orgasme visuel assuré. D’un point de vue purement statistique, la chanson Yesterday est diffusée à la radio assez souvent pour que l’on puisse l’entendre toute la journée, chaque jour de l’année, jusqu’à ce que l’anglais ne soit plus qu’une langue morte. Ce n’est qu’une statistique, répondit Erik, difficile de tomber sur la bonne radio au bon moment. D’un point de vue de l’expérience, il y a toujours une fille branchée sur sa webcam à tout moment de votre existence - Erik ne pouvait le nier - si l’une d’elle vient à se déconnecter dans la banlieue de Barcelone, une autre allume son ordinateur entre Berlin et Copenhague. L’exclusivité est un dilemme : s’il est facile d’écouter la même chanson au moment avec d’autres personnes à l’autre bout du globe, ou de regarder la même fille dans la même chambre, un véritable esthète cherchera l’exclusivité face à l’impasse de l’écran. La non-exclusivité est l’impasse des prétendants : même une session privative sera bien enregistrée dans quelque recoin d’un disque dur ou d’un serveur informatique pour une rediffusion ultérieure, c’est là où la chair et la parole se manifestent par leur absence, le dilemme, quand l’imagination entre en compte, l’histoire change, tout comme il serait difficile de lire le même livre qu’une autre personne, les mêmes mots au même moment, en synchronisation parfaite, sans lire la même histoire. C’est pourquoi Erik coupa le son. Les conditions d’observation étaient celles d’un scaphandrier bloqué dans la soute d’une sonde d’exploration du système solaire. Il n’en fallait pas moins pour supporter un coup de foudre sur Venus, porter le fer contre les orages aux quatre coins de l’univers, réveiller le démon de Maxwell dans les instruments de contrôle, jouer contre son propre camp avec les couleurs de l’arbitre. Noir. Blanc. Noir et blanc. La violence de l’instant.

INTÉRIEUR JOUR : La lumière clinique des centres commerciaux dont le but est de rehausser la réalité. Ce qui marche à merveille sur la surface des objets manufacturés en supprimant toute zone d’ombre marche aussi bien sur les êtres humains. Voir son reflet dans le miroir d’une armoire ou d’un élément de salle de bains s’apparente à un examen chez un spécialiste d’une médecine expérimentale. Toutes vos stratégies de camouflage et de déni s’effondrent. La corruption de la chair apparaît sous sa forme la plus crue. La peau grésille rose-verte-grise cadavre, les cernes gonflent, chaque bouton est un impact de la Mort en devenir, le début de votre calvitie prend des proportions inattendues. La vision d’un cutter au rayon quincaillerie est l’occasion d’hésiter entre se scalper le crâne et se trancher la carotide en esquissant des petits pas de danse. La radio diffuse le dernier tube des Daft Punk entre deux appels à la promo - le saviez-vous ? L’album dure exactement le temps de la durée moyenne d’une visite dans un magasin de bricolage un samedi après-midi en Europe du Nord. Le son est juste assez fort pour écraser le murmure de la foule, masquant les blancs pétrifiants entre les pas. Il ne faudrait pas qu’un ange ait l’occasion de passer entre deux sorties de secours. L’enfer venait d’envoyer un avant-goût de son service d’accueil par la bouche d’une hôtesse de rayon : « Bonjour ! En quoi puis-je vous aider ? ». Erik quitta cette lumière sans percevoir ce que disait la petite voix dans sa tête : « Une force qui révèle l’évidence à ce point possède un pouvoir plus diabolique que divin ». Le purgatoire est un supermarché. La bidoche humaine, sa marchandise sur les étals. Au sortir du magasin, Erik se prosterna sur le bitume. Les autres clients ne voyaient qu’un homme à la recherche d’une clé de voiture ou d’un jeton de caddie. Ce fut une salutation au soleil. Le témoignage de son adoration au pouvoir total de destruction de la Nature.

De retour au SECTEUR 1, Erik comprit que l’image et le son ne peuvent palier l’absence d’odeur, celle de la décomposition : d’un stère de bois abandonné sur un trottoir rappelant à ces sens la vie, l’infinie transmutation des atomes et des recombinaisons des formes, au cœur de la ville embaumée, parfumée de pollution. Une autre odeur, celle de la mort : les entrailles faisandées d’un animal écrasé. Retour à une réalité à laquelle il cherchait à échapper pour atteindre l’éternité. Sacrifiant son humanité (se délivrant de son enveloppe charnelle tel le Christ sur la croix), Erik devint à son tour cam model, d’un nouveau genre, d’un nouveau modèle de série, se contentant d’apparaître à l’écran, jusqu’à traverser l’image un jour prochain et devenir un échantillon de lui-même / Erik, Erika ou un(e) autre. Comment devient-on une icône ? Quelle est la part de simulacre et de chimère dans cet entre-deux mondes perdus entres les câbles sous-marins et les satellites géostationnaires ? Dans l’expectative, à l’instant zéro de sa nouvelle vie, l’utilisateur se contentera de prendre ses marques, de jouer l’assurance, torse nu sur son canapé, une clope à la main, visiblement androgyne, continuellement absent, trouvant le réconfort dans l’observation de son reflet sur son propre écran d’ordinateur, ne répondant à aucune des sollicitations du public, comme un Dieu-objet qui éprouverait une peur panique à la vue de ses sujets.

vendredi 19 décembre 2014

mardi 16 décembre 2014

r.o.s.e.


J'aime une rose. Elle mange des roses, elle fume des roses, elle se lave avec des roses, sa peau est couverte de roses, ses cheveux sentent différentes roses, elle chante des roses, quand elle chante des roses sortent de sa bouche, sa voix caresse le monde de roses.
Avec elle on fait l'amour parmi les roses, on se baigne de roses, on rit rose, on broie du rose, on brûle des roses, on éternue des roses, on a des roses dans les yeux, dans le blanc de l’œil, et dans le dos, et sous les pieds, et dans les mains, les lits explosent de roses, et les rues, les édredons, les enfants sont roses, ou presque, les paupières se closent, on sourit avec des langues roses derrières les bouches closes, tout se surexpose, la Terre est blanche comme une rose, sur tout le corps on a des pétales que l'on effeuille et que l'on sent, respire, renifle, partage, toute la peau est composée de pétales blancs, rouges, roses, même noirs, on les partage, on les lèche, on les mordille, partout sont des roses qui sont des sexes, la Terre est un sexe, la Terre est rouge comme une rose.
Faire l'amour avec une rose, parmi les roses, qui se lave avec des roses, parmi des cascades de roses, qui rit des roses, qui chante des roses. Des roses sortent de sa bouche et de sa voix. Avec elle on se met au rose, on crie des roses, on brûle des roses, on broie du rose, on parle de roses, on écrit des livres sur les roses, on élève des roses, on réfléchit rose, on caca rose, on voit la rose en vie, on a des sexes roses qui écrivent des mots roses, on rosit, on s'enrose, on ose, on a des rêves-sexes, des réflexes roses. 
Je connais une rose. Avec elle, on rit rose, on jouit rose, on brûle des roses, on broie du rose, on voit la rose en vie. Avec elle, la Terre est rouge comme une rose.

avec elle
on se rase rose, on se rise rose, on se rouge rose,
avec elle on saute de pétale en pétale, on s'effeuille, on se file,
on s'enfile, on s'affole, s'essouffle, se souffle, se caresse,
on se baise, s'arrose, se love, s'enlève, s'olive, s'
on s'
on ssssssssss'
on sent
on sexe
on sixe
on soze
on saoûl
on sou
on sou
on suze
on sensasose
on sensachose
on sent ces choses
partout 
de la mose
de la mouse
de louse
de milouse
de l'ose
de l'expose
de la sexpose
de la susurexpose
close n'ose se la chose

et

je vois rose

et

on crie rose
(on se câline de roses
on se chatouille avec des roses)

et

on boit des vins roses
on file rose
on panthère rose
on barbe rose

et

on chie rose
on voit rose
on crie rose

Avec elle on marche dans la rue, et la ville est une rose. On se fait des clins de rose. Même, on pleure rose.
Avec elle on crie des roses, on pleure plein de roses, on frit des roses, on grille des roses, on fait des pots aux roses, on croque des roses. On en crache, on en souffle, on les vaporise, on les déglutit ; le vent nous caresse de pétales, on les boit, avec joie ;
On désire, avec plaisir ; on sirote, des roses. On les mâche, on les digère, on les chie ; on les jouit, on les prie, on les crisse,

Je connais une fille, elle s'appelle Rose.
Dans un monde on l'on écorche des roses, où l'on étripe des roses, où l'on pend des roses, moi j'oseaime une rose dont je me couvre et que je couvre, qui m'arrose et que j'arrose, qui me boit et que je bois, qui me mâche et que je mâche, qui me mâchouille et que je mâchouille, on se terre, se terreau, on se roule, on s'engraisse, on se soleille, et ça brûle et ça pique et ça rit et ça sent bon : ça chose...

dimanche 14 décembre 2014

Mathias Richard à la ZAL Montpellier (quelques photos)



Lecture-performance "Vokal_01"
par Mathias Richard

dans le cadre de la ZAL
(Zone  d'Autonomie Littéraire)
à la salle Pétrarque
Montpellier








Photographies : Fred Trobrillant


 

Photo : NatTYoT

***

même jour même lieu de 14h à 23h
(stand partagé avec Christophe Siébert / Konsstrukt) :






samedi 13 décembre 2014

Yuri Kane Simulator 2 - 8 - Panoptik Homme

Mon fils reposa son bol de lait sur la table de la cuisine, renifla, et me demanda de son air le plus malicieux quel était mon rôle dans cette histoire. J’avais déserté le grand cirque pour écrire des romans noirs torpillant les lunettes roses. Mon voisin d‘en face choisit ce même jour pour me saluer. En deux ans de face à face, c’était bien la première fois qu’il daignait m’honorer de son attention. Il tenait dans ses mains mon dernier roman, « Plaisirs Nocturnes », et me confessa que mes mots avaient remplacé les siens. Quelle surprise de découvrir le son de sa voix. Dédicace en poche, il s’empressa de regagner son domicile, sans me perdre des yeux. 
Je relevais une déformation sur son visage, la bouche nerveuse, du genre à se bouffer secrètement les dents des nuits durant, et toujours ce chapeau en désaccord total avec sa ligne vestimentaire. Exactement le style d’homme d’un autre temps qui venait d’atterrir dans l’intrigue de mon prochain livre, au moment où l’histoire prenait une tournure inattendue. Il portait un de ces chapeaux des années cinquante dont la coupe me fascinait, sûr qu’à l’époque de la démocratisation de la robotique et des intelligences artificielles, il gardait une sorte de machine à écrire old school dans son grenier et s’amusait parfois à jouer aux écrivains de roman de gare, à l’ancienne, clope au bec, et mauvais bourbon dans les circuits quand sa femme le lâchait pour quelque visite hebdomadaire à son club de gymnastique ou une réunion sextoys avec les copines. 
Sur le chemin de l’école, une forme assez suspecte de synchronicité m’épingla sur ces traces. Je ne puis que lui emboîter le pas. L’absurdité de la situation ne me sauta aux yeux que bien plus tard. Cette filature avait la saveur d’une scène de polar en noir et blanc. Le réservoir était plein, l’autoradio alimenté en classiques rock du vingtième siècle, j’avais le temps de voir venir les choses, loin d’imaginer qu’il allait rouler en boucle tout au long de la journée, jusqu’à ce qu’il s’arrête sur le parking d’un hypermarché. L’ordinateur de bord de ma voiture afficha alors le tracé récapitulatif du parcours, la description d’une spirale, une forme de tourbillon à la précision presque malsaine.
Un manque d’audace me contraint à rester planté sur le parking au lieu de le suivre dans les rayons pour voir avec quel genre de produits il remplirait son caddie, examiner les livres qu’il soupèserait au rayon Culture, détailler les boutiques qu’il visiterait dans la galerie marchande, celles à laquelle il jetterait un regard intéressé et celles auxquelles il ne prêterait pas attention, ces paramètres auxquelles les intelligences artificielles du lieu sont si sensibles, des interactions sociales à classifier dans les répertoires adéquats, métasignes faciaux, stases comportementales, profilage extensif du vocable, la gamme complète de signes qui définissent sa singularité.
L’agitation du parking accélérait ma perception du temps. J’imaginais quels liens pouvaient se tisser entre les badauds, les familles, les pousseurs de caddies et mon voisin qui tardait à reprendre place dans sa Ford Focus. 
Un homme sorti du Centre, sans achat - l’erreur dans le programme - personne ne sort jamais d’ici les mains vides ; et si j’avais manqué l’essentiel ? Mon voisin rencontrant un espion. Je n’avais pas saisi l’opportunité, le trajet en boucle avait pour objectif de dérouter n’importe quel flic ou barbouze, sauf qu’il ne pouvait pas s’attendre à être suivi par une sorte d’écrivain enfermé à longueur de journée dans une petite maison bourgeoise réaménagée en centre de commandement opérationnel. 
Il fallut attendre la mise en marche de l’éclairage pour me sortir de la transe dans laquelle je nageais. Le temps se matérialisa par la vision d’un parking déserté. Ce n’est que lorsque le Centre ferma ses portes pour la nuit que l’homme au chapeau réintégra mon champ de vision, traînant une valise bruyante que l’on aurait pu suivre à l’oreille sur des kilomètres à la ronde. L’homme s'assit sur une poubelle, se désespérant du temps froid qui repoussait la faune habituelle des parkings nocturnes. Personne pour briser le silence par quelques dérapages ou bouteilles de mélanges vodka-Monster-Energy liquidées au cul d'une voiture tuning. Le fil Twitter de l’hypermarché affichait 23H57 en lettres vertes radioactives. L'immense logo de néon trônant sur la zone éclairait les pages de mon livre, il en lut quelques lignes à voix haute, de bien trop loin pour que le son porte jusqu’à mes oreilles, mais ce sont bel et bien mes mots que j’entendis vibrer dans mes neurones. Il déchira une feuille, deux, trois, par poignées, toutes, les arracha comme une bête que l’on dépouille de sa fourrure, s’agenouilla pour mettre le feu au manuscrit. Le monde en profita pour se dissoudre plan par plan dans le décor d’un jeu vidéo qui se déchargerait faute de mémoire. Le livre s’évapora en millions de milliards de molécules de carbone. Il ne garda qu’une seule page, découpée avec le soin d’un chirurgien, qu’il me força à lire : « Vivre cent vies sans mourir, c’est n’avoir rien compris. Mourir sans avoir aimé, autant vivre sans vie ». Mon autographe, transmuté en épitaphe. Effet immédiat : je disparus atome par atome sous mes propres yeux dans une douleur indicible. « C’est pourtant le seul moyen de te libérer, Yuri », me lança-t-il. 
Je réapparaîtrais dans une salle d'hôpital.
Livre à la main. Pages blanches. Fondu au gris. Mur sud. Nouvelle interface. 
L’homme au chapeau patienterait sur le bord de mon lit, ne se ferait remarquer que pour s’enquérir du sujet de mon prochain livre ; sous le chapeau, un Docteur.

vendredi 12 décembre 2014

On faisait pousser des plantes qu'il taillait.


On faisait pousser des plantes qu'il taillait. Chaque jour, il voulait qu'elles lui ressemblent, les plantes s'appauvrissaient. Une feuille porteuse s'est détachée, est tombée. Elle a colonisé sans tête et dans le vide. Des bourgeons sont apparus. Un seul a survécu. Le gêne sans fondateur grandit.

lundi 8 décembre 2014

samedi 6 décembre 2014

ULTRAVORTEX SAISON 1 Épisode 5 (FINAL) : Voir Bucarest, sa piscine, son camping et mourir d’un vidéo gag dans une adaptation 3D d'Hélène et les garçons bouchers de Cracovie


ULTRAVORTEX SAISON 1 Épisode 5 (FINAL)
Voir Bucarest, sa piscine, son camping et mourir d’un vidéo gag dans une adaptation 3D d'Hélène et les garçons bouchers de Cracovie


« Dieu est mort, enfin je crois bien, j’ai lu ça dans le programme télé. »
Jason Poison

Jason Poison : l’acteur porno triple sensation. L’arrogance du Tigre, l’élégance du chibre, porte les marques de son passé de dresseur d’ours brun comme un blason. Une branche souterraine de l’Organisation spécialisée dans la Nostalgie et les CAR (comportements à risques) l’avait chargé de retrouver les acteurs d’une sitcom du vingtième siècle pour les faire tourner dans une production triple X. Pour cette mission, il fallait quelqu’un de fiable, quelqu’un de dur, de bien dur, vraiment bien dur, il fallait un mec qui vienne du plus profond des montagnes eurasiennes. Un véritable fauve camouflé sous la peau d’un homme.

Deux heures de route qui passent à vitesse grand V comme vodka, à toutes les sauces - tomate - orange - fraise - coca - frappée - double - triple, puis whisky, aussi, tequila, pourquoi pas, jusqu'à ce que le groupe décolle pour la Méga Boîte De Nuit De La Mort. Aucune chance d’apercevoir les paysages déprimants d’usines en friches et de zones commerciales entamant leur phase de décrépitude.
Le voile tordu des caprices de la Singularité Technologique.
La zone grise par dessus la Zone Grise.
Les infinitives électriques.
Le thème de la soirée : KILL ME I’M FAMOUS. Ouais ouais, il était grand temps de remplir à nouveau le réservoir. Un verre, deux verres, trois verres, la machine infernale des addictions remise sur ses rails : ZOMBIE, I’M A FUCKIN’ ZOMBIE. Rencontre une déesse au coin de la piste de danse. Ses mouvements aériens. Une chorégraphie panthéiste. Ses lèvres bougent toutes seules. Récitent une prière. KILL ME I’M FAMOUS / NAMASTE MOTHEFUCK€R$ / KILL ME I’M FAMOUS / Sa petite sœur distribue des sucettes. Un show sexy avec des arlequins taillés au couteau. Portent des masques de tueurs en série façon Zombie. L’alcool et les drogues multipliant les opportunités de turbulences, sur la route du cimetière, les langues se délièrent. L’agent infiltré Jason Poison finit par obtenir un peu plus d’informations sur la légende de la part d’Hélène, la petite Princesse de la bande : « Avant, j'habitais dans cette maison à la sortie de la ville et puis j'ai déménagé il y a trois ans parce que le problème de mon ancienne maison c'est qu'elle est hantée. »
Poursuivez c’est vital.
« Avant que mes parents l'achètent il y avait une vieille femme morte de vieillesse mais cette femme était aussi triste parce que ses deux enfants étaient morts dans le même accident de voiture et son mari s’est barré avec une autre femme et il est décédé tôt vers l'âge de cinquante ans d’un cancer des poumons. »
Ça fait cher le paquet de clopes.
« Mes parents au début ils dormaient dans le garage qui était aménagé et mon père un matin s'est retrouvé enfermé alors qu'il ne touchait jamais à la clé. »
Cas typique de synchronicité abusive.
« Le truc le plus bizarre c’est que la télé elle s'allumait toute seule dans la nuit et même une fois pendant un repas. »
Un point pour l’au-delà.
« Après les travaux mes parents ils dormaient sous le grenier et ils entendaient des craquements de parquet. »
Se décrire une pièce noire les yeux fermés pour mieux la connaître de l’intérieur.
« Dans ma chambre y’avait des jouets de déplacés et la nuit les portes se fermaient toutes seules comme les robinets aussi sans personne en bas mais le pire c’est les hurlements dans le salon ça fait comme un cri de peur que l’on a tous entendu et il n'y avait personne dans la maison à part nous mais on sentait qu’il y avait quelqu’un. »
Comme ce voisin qui vous évite tous les matins.
« Après ça mes parents ont revendu la maison et depuis il m’est plus rien arrivé de paranormal dans ma vie. »
La procession nocturne tenait toutes ses promesses, à l’approche de la maison, Alphonse l'Haïtien vendait des pilules chelous dans les chiottes du dancing. Un rail un mot un front-kick une marre de sang aux pieds du DJ. Fabriquer une bombe artisanale dans une maison hantée et se faire surprendre par un noctambule du quartier. L'homme au plafond, imprenable, Calvin Dark (bras droit de Steven Stevenson - une tête d’acteur connu - costume sombre - sourire factice - un habitué de la série) aperçut de la lumière au travers d’une fenêtre. Le scepticisme n’eut aucun effet sur l’organisme de Jason, qui s’empressa de diffuser de l’adrénaline en quantité dans son système circulatoire.
Jason attendit le générique de fin.

Programme suivant : Space Crash Opera sans lendemain ni sursis. Levé de rideau sur une Lady Di Impériale qui ouvre les yeux une dernière fois avant de rejoindre la morgue. Un flash de furie embrase l’Europe de Paris à Cracovie. Un mur qui fonce dans le mur dans une sale guerre de toutes les sales manies contre les faces salies. Et l'interminable attente de la grâce.

Selon Wikipedia, une sitcom ou comédie de situation est une série télévisée à dominante humoristique, caractérisée au départ par une unité de lieu (décor récurrent) permettant des moyens de tournage limités et des coûts de production réduits (nombre très restreint de décors, peu ou pas d'extérieurs), avec des épisodes durant généralement moins d'une demi-heure. Le numéro de cirque finirait par lasser le Tigre. La production reprit le contrôle de la réalité et ouvrit une porte : « Bonjour, je suis Xxxx, restez en contact, nous avons un message pour vous, un message important, restez en contact, une ligne va se libérer d’un instant à l’autre ».
Et BOOM ! Un vigile de trois mètres de haut traversa le mur en carton et embarqua Jason sur le parking pour le déposer sur le bord d'une route de campagne dans un brouillard à couper au sabre japonais. Seul souvenir de ce voyage : le vigile (revenu à une taille plus élégante, quelque chose comme autour du mètre quatre-vingt dix) s'excusait de ne pas pouvoir l’emmener plus loin. Et l’homme portait un chapeau (un détail important - un signe détonateur, en langage éclair). Un habitant du village voisin. Sûrement un chic type, un peu paumé, dépassé par les évènements, lui aussi, comme tous ceux qui gisent dans le fossé. Jason posa son cul sur une borne kilométrique n°111, sortit une clope de son étui d’une main tremblante, repensa à toute cette histoire.
Les brumes émanant du bocage métaphorisaient parfaitement son état mental.
— Tout ceci est-il réel ?
Depuis des kilomètres, il entendait un claquement, et les paroles d'une chanson tournant en boucle dans son crâne.
Yeah, we pay our debt sometime
- Guess it's over now,  
(en boucle mantra refrain rock)
- just wait and do your time mmm mmmmmm mmm
Un vieux truc dont il ne saurait se rappeler ni le titre, ni l'interprète. Les claquements se firent de plus en plus présent. La tête en l’air. Soleil invisible. Un vieil homme coiffé d’un chapeau le toisait du haut de son cheval.
— Vous voilà bien mal embarqué ?
— Être embarqué (pause) c'est au moins être sur une voie.

Building caméra vue panoramique sur le monde entier. Steven Stevenson se demandait ce qu'il pourrait faire pour orienter le futur de son Agent Spécial. Au bord de la piscine, à poil, le Frankenstein de la Finance (comme la presse aime à le surnommer, suite à la constitution de son Empire, basé sur la résurrection d’entreprises à l’article de la mort) se jeta à l'eau. En glissant, il oublia tout. En remontant, si le monde n'existait plus, ou s’il en avait oublié toute la signification, il hurlerait, comme au premier jour.

L’attaque du pompier roumain dans une pompe funèbre non stop se termina par un gang bang à la vie à la mort à la sauce chef samouraï. Sextoy à chaque bras. Fix dans chaque membre. Café coupé MDMA en intraveineuse. Vivre sur le grill d’un restoroute à l’abandon (rires d’approbation dans le public !). Un scénario improvisé par Jason Poison, déguisé en adolescent obèse de douze ou treize ans, qui, comme de bien entendu, par un jeu de miroir toxique, s’était mis en tête de tomber amoureux d’une fille qui sortait avec un autre garçon (un joueur de poker à lunettes, ou un guitariste à bouclettes, paraît-il). Enragé par la folie, Jason/Robi plongea dans une piscine gonflable. Effet immédiat : il tua son personnage sur le coup. Pour s’assurer de l’impact, le saut de l’ange était retransmis en direct sur écran géant. La voix-off d’un présentateur célèbre (le Jean-Pierre Foucault Roumain) commentait la mort du garçon. D’un point de vue scientifique, le garçon obèse avait été emporté par le vortex qu'il avait lui-même provoqué en traversant la surface de l’eau à la vitesse de la lumière. La suite du spectacle montrait l’homme qu’il serait devenu dans d’autres circonstances, sa courte idylle dans les bras d’Hélène en 3D et ses garçons papiers peints de moindre résolutions, s’il ne nous avait pas quitté dans un sacrifice déguisé en gag mortel, s’il n’avait pas servi de médiateur à Jason Poison, désormais libéré de l’étreinte de la chair, aux avant-postes de la contre-réforme des anges déchus.

Ricky Maniac, profitant de sa qualité d’observateur extérieur, déclara être né sans crier, sans pleurer, sans un mot ; des complications, oui, inconnues, aussi, toutes inscrites dans son carnet de santé, sa notice d'utilisation personnelle.

Le silence de la scène fit place aux chants des oiseaux. Une clairière. Lumineuse. Protégée par la cime des grands arbres. C’est une forêt. Une de ces forêts sauvages de la fin du printemps. Elle respirait.
Une table. Jason se souvint des directives. Il grava au couteau : . DÉPART
Une biche. Se montra. Se cacha. Elle annonçait la venue du cerf. Ils voyageront ensemble. Derrière lui. Il se cambra, souffla et frotta ses longs bois poisseux contre l’épaule de l’humain. Il le caressa en retour. Ils s’adressèrent mutuellement sympathie et confiance. Au sommet des collines, se trouve l’une des portes. Il grimpa sur son dos. Ils dévalèrent la forêt en direction d’un cours d’eau avant de rejoindre les cimes. Hors sentier. Sur la ligne de crête. Le bunker dominait la vallée. Pas de porte visible, une ouverture sombre lorsqu’il s’avança. Il en salua le gardien. En vol stationnaire. Il répondit par quelques battements d’ailes. Le cerf, déjà, reprit sa course folle vers le coeur de la forêt. Laissant l’homme seul face à son esprit, entra dans d’autres profondeurs.

La gare. Le kiosque à journaux. Un message crypté. Ouverture du SAS : un oiseau sortit de l’ascenseur. « il ne faut pas utiliser cette voie, nous n’en revenons jamais vivants, je peux te l’assurer, j’ai déjà testé ».
Regards croisés. Regard sur le chemin, les arbres, gris, crochus, la falaise, juste derrière la Maison de la Terreur et de l’Abandon, quand soudain, sa jeune amie sauta de la falaise, et les autres aussi. Il ne restait plus qu’une issue tout indiquée, avant que son ventre ne commence à gonfler, qu’il ne pose un genou à terre, et se mette à saigner d’en bas.
Déjà des larmes de sang coulaient de ses yeux.
Rien de tel pour attirer un boucher en manque d’histoire d’amour avec sa fille.
Ils étaient une bonne dizaine. En contrebas. Jason attendra. Jusqu’au lever du jour. Rester invisible. Surtout la nuit. S’il le repèrent. Ils s’enfuiront. Ils se retrancheront dans les sous-sols ou dans les débris d’un immeuble dès les premiers rayons du soleil.
Classique, ils ne se supportent plus.
Nous ne nous supportons plus.

Le rituel du Corbeau,
par Jason Poison

Improviser une ballade en forêt avec un groupe de personnes faciles à convaincre qu’ils étaient des amis d’enfance par un tour de passe-passe hypnotique. Lancer un ballon d’or vers le bord du chemin, où se trouve la falaise. Descendre le premier et renvoyer la balle sans jamais la lancer assez fort. A.chaque essai, la balle retombe sur les rochers. Quand tout le monde est bien avancé au bord de la falaise, lancer un doigt vers un grand corbeau noir au bec blanc coincé dans la rocaille. Tirer sur cette corde accrochée à son cou, jusqu’à ce qu’il meurt, pour faire croire à un accident.
Tombées à vos pieds, les deux ailes ouvertes révèlent le signe.
Hélène, débarquée en Sainte Vierge mexicaine, ses yeux pleurent des larmes de sang en regardant vers l'éclipse de Soleil, lance ses questions sans attendre vos réponses.
Dernière sortie avant les ténèbres : Dites OUI à l'apocalypse !
Tout ceci va s'arranger en désastre : En attendant la catastrophe !
Détruisons nos intérieurs bourgeois : Avant que d'autres s'en chargent !
Puisque coudre les lèvres ne suffira pas : Prendre l’ascenseur pour les profondeurs !
Pour faire disparaître cet homme : Tapez sur la touche entrée !
Pour faire disparaître ce monde : Tapez !
L’enfer dure une éternité : Jusqu’au moment où l’on accepte d’en sortir !
Se détruire : pour survivre !
J'étais né pour : (au choix) - Détruire ! - Me détruire ! - Me sauver !
Le ground zero, c'est moi, c’est vous. Brûlez vos icônes, détruisez vos idoles, chargez vos bagnoles.
J'ai besoin d'un accident.