rêves nuit du 17 au 18 juillet 2005


rêves nuit du 17 au 18 juillet 2005


rêve 1

pendant une demi-heure un lieu entre la librairie et la bibliothèque est mis à notre disposition dans un objectif scolaire et promotionnel. nous pouvons nous emparer gratuitement de tous les ouvrages qui nous intéressent dans le délai de cette demi-heure, ce semble être une politique mise en place par les éditeurs pour que les étudiants prennent l’habitude d’être lecteurs et consommateurs de leurs livres.
j’erre dans le lieu, saisis quelques livres, entre autres de D., d'E., en anglais. très rapidement le plan change, le lieu s’agrandit de façon géométrique jusqu'à atteindre la taille d’une petite ville. ce ne sont plus simplement des livres qui sont mis à la disposition d’un public surgissant de partout, mais absolument tout ce qui est consommable, achetable : habits, aliments (je prends un steak), accessoires, œuvres d’art (je prends des petites sculptures extrêmement vicieuses faites par un vieux à lunettes à l’air concupiscent), tout, tout, tout, une église, etc. des putes (l’on voit un homme se faire sucer par une pute) MAIS au bout de 30 minutes (les lieux sont séparés de façon thématique par des cloisons et sont sur des socles différents), au bout de 30 minutes chaque lieu thématique s'autodétruit, il subit une sorte de tremblement de terre qui tue, engloutit ceux qui y sont restés trop longtemps : le rêve est une longue course-poursuite entre repérer et ramasser des objets d’intérêt ou de valeur (j’en trouve très peu, ma vue est comme floutée par la précipitation, et les objets intéressants ont déjà été en partie pris par des rapaces plus rapides, je jalouse des petites Japonaises qui ont trouvé de superbes combinaisons et casques et mini-dragsters argentés, je passe mon temps à courir poursuivi par ce tremblement de terre qui engloutit ceux qui ne sont pas assez rapides ou trop cupides, tout en regardant à la volée tous ces objets infinis offerts gratuitement mais pour si peu de temps. fin floue, courir hors du bâtiment dans une forêt clairsemée au-dessus de laquelle patrouillent des hélicoptères de police. / réveil.



rêve 2

A. : je la rencontre dans une brasserie qui pourrait être à montmartre. elle refuse formellement de signer le manifeste surréaliste, et se condamne elle-même à vivre dans un quartier parallèle, invisible, de Paris, où les gens ne meurent pas : elle se condamne à l’immortalité. retour d’affection fort entre nous (après une entrevue toute aussi forte avec son dernier copain, alors que se présageait un affrontement : partage avec lui du côté inquiétant de la folie d’A., il semble jeter l’éponge), j’essaie de l’en sortir mais une fois entré dans ce lieu d’immortalité, il semble impossible d’en sortir. (petites rues et appartements sans fenêtres ou avec vue plongeante sur Paris). 
sans transition, affrontement gore entre moi et des « immortels » extrêmement mauvais et mal intentionnés. contre toute attente j’en triomphe et arrive à les couper en morceaux, mais ce n’est pas suffisant, ils continuent à vivre, se reformer petit à petit, je suis contraint d’en affronter les morceaux, de les attacher, les passer au mixer et les réduire en poudre que je mets au feu. je pense enfin en avoir triomphé –en regardant Paris du haut d’une fenêtre d’où je laisse tomber la poudre de leurs cadavres de ma main. sans transition je suis en fait vaincu, coupé en morceaux, rien ne pouvant les tuer, ils se sont reformés et ont dû triompher de moi pendant mon sommeil, je suis réduit à une sorte de lego ridicule volant au milieu (entre la libellule en plastique, avec un effroyable smiley figeant l’expression de la face, et le vaisseau spatial miniature) et croissant en taille au milieu d’eux, je suis leur risée, et ils hésitent en se caressant la barbe à me couper en plus petits morceaux encore. / réveil : conclusion : les morts ne meurent jamais.



rêve 3

rêve extrêmement long et complexe, que je n’arriverai pas à raconter. affrontement à géométrie variable entre deux groupes de personnages (chacun a une personnalité très forte et différente). les uns et les autres changent de camp plusieurs fois. manoir, tour d’un château. P. par ruse sauve deux personnes des griffes de la bande adverse, moins nombreux mais plus forts et sanguinaires. long flash érotique sur une chatte prise par derrière (levrette debout) tout en discutant avec les autres de la stratégie à suivre (attaque, faire le guet, fuite) pour se protéger des autres. mais la troupe est trop dissipée en discussions, rhizomes érotiques, etc. les deux ennemis restants s’échappent dans des cercueils vers la ville où ils deviennent des ogres baisant et tuant et mangeant des dizaines de victimes, souvent féminines : vision macabre de leur antre et de leur harem avec des dizaines de cadavres de filles nues, désirables mais sanglantes, souvent mortes : sentiment de toute-puissance du mal, les deux monstres font ce qu’ils veulent, s’ennuient et deviennent de plus en plus vicieux, ainsi l’un d’eux accostent un type et lui offrent de lui acheter des gâteaux parfumés, afin de manger sa chair parfumée à ce type de gâteau, d’arôme. mais pour ce faire il va dans un grand magasin et est repéré par l’un des vétérans du premier affrontement de la première partie du rêve (celui-ci voit en indice par la caméra de surveillance une sorte d’énorme tête de mort invisible, un corps-squelette invisible et scintillant). les anciens combattants se retrouvent tous un par un, ils ont tous beaucoup changé, c’est un peu comme le début d’un film, on se dit qu’ils vont allier leurs singularités et surmonter leurs désaccords et affronter les deux psychopathes-monstres malfaisants et tout-puissants. réveil à ce moment-là, sensation très frustrante que le rêve ne peut continuer alors que le mal triomphe toujours. sensation extrêmement morbide du triomphe de la mort, du sadisme et de la violence, car le rêve s’interrompt avant que les deux bouchers aient été attaqués par la bande dont je fais partie. sensation malaisante des scènes gores des deux malfaiteurs violant, tuant et mangeant leurs victimes sans être inquiétés, dans un sentiment de toute-puissance.



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Notes à chaud :
- 2 rêves sur 3 : triomphe de la mort, de la pulsion de mort. rêves en deux parties.
- resurgissement étonnamment proche de figures féminines du passé (X) ou assez distante (Y).

Note à froid (publication blog) :
- remplacé tous les noms de personnes réelles par des lettres.

vendredi 30 août 2013

Clip de "Maman Hiroshima (Ichtyor Tides Actiniided Mix)" (R3PLYc4N) par Franck H Perrot

Clip du morceau "Maman Hiroshima" (R3PLYc4N, 2011)
remixé ("Actiniided Mix", 2011) par Ichtyor Tides

Une création vidéo de
franck H perrot
août 2013

Une aube d'équations et de symétries [Mathias Richard presque oldies - 5]

Une aube d'équations et de symétries

Quand une musique rend l'espace-temps plus vrai, on ne l'entend plus, elle s'efface, elle a réussi son équation, son sortilège, elle n'est qu'un moyen pour nous faire passer ailleurs. Certaines musiques, si nous les accueillons, nous ouvrent à une vérité plus palpable pendant quelques instants, réveillant nos antennes endormies, nos capteurs sensitifs inutilisés à force de craindre la douleur : une aube d'équations et de symétries dévoilant de nouveaux angles, réveillant des figures, créant des cérémonies mentales, regonflant les veines de sentiments craints et délaissés, sentiments se révélant non pas nocifs mais puissants, animaux, psychédéliques et vitaux, comme une rouille et une pourriture émergeant en sculptures au cœur d'une forêt, comme des peintures tatouant des montagnes jusqu'à se matérialiser en dimensions d'où se lèvent des créatures, des végétaux, des plasticités, des creux, des chemins, un réseau de veines inconnues soudainement rendu visible par l'afflux d'un sang de pétrole miroitant s'épanouissant en virages, loopings, courbes, ruisseaux, angles durs et montées coupées à 90°, 180°, 270° : une récréation du sentiment de toutes les possibilités de la matière par les ondes, n'hésitant pas à passer par les douceurs et les coups de poignards, les guérisons et les réouvertures de blessures comme dans l'une de ces casses de voitures où métal, terre et plastique s'épanouissent en fleurs jamais vues et jamais pensées, parmi la pluie, les reptiles, les arcs-en-ciel d'essence, les insectes et les canettes de sodas multicolores se déversant de machines et distributeurs éventrés.

(Votre nouvelle drogue sera l'album "..." de X : fermez les portes, fermez les yeux, éteignez la lumière et surtout mettez le son bien fort.)


[respost modifié de camerasanimales 29.09.09]

il a volé mes cauchemars pour les réaliser [Mathias Richard oldies - 5]

il a volé mes cauchemars pour les réaliser

j'entends les couleurs
des arcs-en-ciel noirs

tous ces films qu'il a faits
ce sont MES cauchemars
pas les siens

toutes les nuits je rêve et je ne sais pas comment
je ne sais pas comment
IL LIT MES PENSEES !!!

il VOLE mes pensées
il MET mes pensées en FILM
pour les MONTRER à tout le MONDE et en retirer toute la GLOIRE



[repost modifié de iinviidatiion 26.04.2008]

Témoignage de la fin du monde #10 - Age d'or et bain de sang


Pluie de sang, armes dorées, coeurs arrachés, 
enfants indigos ridiculisent théoriciens des cordes,
body art modification artisanale sur animaux de compagnie,
escadrons de la mort en voiture tuning aux péages d’autoroutes,
femmes aux foyer nymphomanes jouent les sibylles dans films pornos amateurs,
paumés chomeurs longue durée se prenant pour justicier se déguisent en super héros,
les jumeaux siamois nazis de Thomas Hugues s'incrustent chez toi le soir du réveillon,
autobus de retraités en pantacourts quechua tombe en panne un 21 décembre à Bugarrach,
singes savants se révoltent et s'échappent des zoos et prennent le controle DNS de l’Internet,

CRASH TEST géant !
Des torrents de lave coulant du ciel sur vos âmes !!!
AGE D’OR ET BAIN DE SANG !!!!!!

vivons l’époque la plus excitante qu’aie jamais connue planète Terre,

SIMULACRES !
BONNE REPONSE !!!
AGE D’OR ET BAIN DE SANG !!!!!!

[txt Yuri Kane img Doubles V]

Connaissance des terminus [Mathias Richard oldies - 4]

Connaissance des terminus

Habiter dans le centre ou la périphérie, cela change souvent beaucoup de choses. L'habitant de la périphérie a une conscience plus nette de l'ensemble de la ville. L'habitant du centre a une conscience floue et imprécise de l'extérieur de son périmètre vital. Il est souvent frappant de constater qu'il ne cherche pas à explorer, découvrir, visiter les zones urbaines qui l'entourent, et dont une forte proportion des passants qu'il croise est originaire (son manque de curiosité finit par créer chez lui une crainte sacrée, irraisonnée, basée sur les fantasmes nés de l'ignorance, de ces zones, ces quartiers, qui sont pour lui des forêts vagues, touffues, inexistantes, impénétrables, dehors, dangereuses, sans intérêt). Cette opposition binaire évidemment simplifie atrocement la multiplicité des couches, des cercles urbains : il y a différents degrés de périphérie, différents degrés de centre. L'individu faisant partie du tout tout en étant le plus périphérique est théoriquement censé être le plus conscient de l'ensemble, car, à moins de sombrer ou de refuser la logique dans laquelle il est présent, il devra faire le plus de traversées et connaître donc le plus de zones, et se situera clairement par rapport à l'ensemble ; l'idée de base étant que chaque habitant est plus attiré vers le centre dans ses déplacements que vers sa périphérie. Celui qui prend un transport en son terminus connaît toute la ligne !


(Et, par extension chamanique : quand on connaît la mort, on connaît toute la vie).

[écrit en 2000]

L'oubli de tous par tous [Mathias Richard oldies - 3]

L'oubli de tous par tous

Derrière la fenêtre, les feuillages et les branchages se superposent, s’interconnectent, se mélangent, se croisent de mille façons, comme des vies.

Comment ai-je fait pour me retrouver là. Les gens vieillissent à toute vitesse, à une année d’intervalle ils sont complètement marqués, transformés, ils ont perdu la mémoire et ne se reconnaissent plus. Il n’y a plus de logique, tout est transformé, je reviens au point de départ mais tout le monde a changé, quelque chose échappe. Les visages ont de subtiles différences, disent la même chose qu’avant mais sont contredits par une foultitude de tics, de déviations de sens. Les visages ne sont plus que des masques sur des êtres qui n’existent plus. Qui suis-je, où êtes-vous mes amis ? Mes amoureuses ? Je ne vous reconnais plus, ou plutôt si, je vous reconnais mais vous me reconnaissez tellement peu que ce n’est pas possible que ce soit vous dans cette enveloppe, vous devez être morte. Tel ami a subi une telle transformation physique, c’est un autre homme, ensemble parfois on discute de son être passé ainsi que d’une autre personne. Pourquoi est-ce que je ne change pas comme eux, je les sens qui s’éloignent et je reste à la même place, je ne vieillis pas et ressasse nos aventures communes, alors qu’ils en ont perdu le souvenir, je me retrouve seul avec notre passé commun, si seul que je me demande si j’ai rêvé, je sais que non mais il est étrange de raconter à un ancien ami ou une ancienne compagne qu’on a fait ensemble ci ou ça et qu’ils n’en trouvent dans leur tête l’ombre d’un souvenir et écoutent le récit comme un récit de vies imaginaires ou de personnes inconnues. Pour ces anciens compagnons, tout est effacé, l’origine est floue, ils savent que l’on se connaît et saluent sympathiquement mais tout est oublié, enfermés dans un quotidien éternel qui leur tient lieu de nouvel absolu et de filtre d’oubli, tant ils ne peuvent survivre, et je les comprends lointainement, qu’en évitant de penser, en empêchant par tous les moyens la pensée de se développer comme un incendie, ils bloquent toutes les issues, se calfeutrent dans des pièces, des linges sous les portes, l’aération coupée, ont rempli leurs placards de conserves, ont bloqué leurs volets et leurs fenêtres, et pour rester calmes laissent une ou plusieurs télévision(s) allumées en permanence, car laisser se répandre la pensée serait trop douloureux et trop terrible, et ils préfèrent atrophier à petit feu la source même de leurs nerfs, bouturer patiemment les bonsaïs de leurs émotions, non pas seulement par égoïsme mais parce que c’est le seul moyen qu’ils ont trouvé pour survivre. Si peu laissent leur fenêtre ouverte, dans le fond je n’en connais pas. Dès l’âge de vingt-cinq ou trente ans, les gens perdent la mémoire par pans entiers, cela rend plus simple leur survie comme leur mort, ils vivent sur leur mémoire immédiate qui fuit par tous les côtés, poissons qui font le tour de leur bocal sans se lasser. C’est ça la sagesse se déclarent secrètement certains. Ne rien chercher, ne rien connaître, ne rien faire, ne pas penser, ne jamais réagir.

Les feuillages et les branchages sont maintenant confondus et noyés dans une nuit sans lune et sans étoile, après s’être lentement aplatis en ombres chinoises, toutes leurs interconnections se sont progressivement simplifiées et faussées en perdant leur troisième dimension, la profondeur de leur perspective, l’épaisseur de leur matière, jusqu'à devenir une dentelle noire aspirée par l’oubli.



[écrit en 2001 - pré-Anaérobiose - non retenu dans le livre, sauf trois phrases : 
"Les visages ne sont plus que des masques sur des êtres qui n’existent plus. Qui suis-je, où êtes-vous mes amis ? Mes amoureuses ? Ne rien chercher, ne rien connaître, ne rien faire, ne pas penser, ne jamais réagir."]

lundi 26 août 2013

"Ce qui me tient lieu de pensée n'est pas un labyrinthe..." [Mathias Richard oldies - 2]

Ce qui me tient lieu de pensée n'est pas un labyrinthe, mais un court couloir de 2m sur 6, que je parcours de long en large en fulminant, enfermé dans cette coquille de cœlacanthe avec ce masque d'ornithorynque, dont le bec n'est même pas assez utile pour creuser un tunnel ou des trous permettant de convoiter d'autres galeries similaires, voire de 2m sur 7.
Encore quelques dizaines d'années pour apprendre par cœur chaque centimètre de ce sol tanné exhalant les senteurs de pied de tous ceux qui m'ont lâchement précédé, je suis au sommet de la pyramide des lâches que l'on peut apercevoir d'un petit satellite de Jupiter, encore quelques dizaines d'années pour apprendre par cœur toutes les entailles toutes les griffures sur les parois du court couloir dans le crâne passé de main en main d'une génération à l'autre, encore quelques dizaines d'années pour frotter la peau de mon corps non-provisoire aux encoches pratiquées par les précédents prisonniers sur les muqueuses de cette galerie terreuse et mal éclairée. 

J'extrais ma souffrance même pas justifiée même pas justifiable en concepts, je l'extrais les yeux fixes comme l'on tire des cadavres de sables mouvants particulièrement marécageux, avec une corde lancée au hasard sur les sols où pulse la souffrance, brûlante et rouge, mais vague aussi comme le picotis du sel marin qui me dépasse je me sens fondre dans la mer sucre dans café je sens mes doigts devenir eau, devenir toute l'eau du monde, et mes doigts ne sont plus mes doigts, mais des ramifications tactiles aqueuses et très sensibles qui me communiquent le doux velouté ralenti du velours des bas-fonds et le front rêche des falaises, la chaleur des volcans sous-marin, et le picotis des coups de bec des goélands sur la surface plane de l'écorce de l'océan en ses lagunes les plus claires et ses iris les plus noirs, plus noirs que le regard sans tain de l'espace quand il daigne ouvrir ses paupières le soir ; cet élargissement planétaire de mes perceptions m'indique des corps noyés flottant entre deux eaux, des corps qui n'attendent plus d'être sauvés, aux visages lissés par l'océan, dépouillés de toute identité, des visages bouffis comme des éponges à essorer, des réceptacles prêts à accueillir et absorber cette ondée de souffrance dont je cherche à me débarrasser ; cette souffrance bête, incoercible, se fraie un chemin de ses pattes griffues dans les poumons de l'océan pour sortir par mon cœur, coccinelle par le pistil d'une fleur.


[Ecrit en 95 (?) - publié dans la revue Décharge n°89, septembre 1996, p.27]

"Infirme des vieilles théories..." [Mathias Richard oldies - 1]

Infirme des vieilles théories. Infirme des pensées et contre-pensées, des soupèsements et contrebalanciers. Infirme des génies passés, infirme de leur perfection, du reproche de leur perfection. Fort de leur reproche, car l'ayant écouté, mais constamment à la limite d'en être broyé ; leur souffle pousse en avant, sur d'étroits chemins de falaise, au bord de beautés difficiles à soutenir des sens, des beautés déjà décrites par d'autres expressions, d'autres mots, d'autres formes, des beautés étouffantes, sur lesquelles il faudrait apprendre à marcher, car le petit chemin trouve sa fin, et les souffles ne s'effilochent pas d'une bouche, et le doute serre le cœur, alors qu'il faut poser le premier pas sur l'invisible, sa propre force apprise et récitée comme une formule magique, mais il y a d'autres forces, d'autres tourbillons, des souffles contraires, des vides, et ce ventre qui a faim, et les pieds qui souffrent, et la tête vertigineuse, n'est jamais préparée au précipice, et le cœur tremble, car il ne sait plus si c'est une question de force ou de hasard, tout l'être tremble, car il est vierge de lui-même, il ne s'est pas pénétré assez profondément, il ne s'est pas arraché cette cuillerée exceptionnelle, il n'en sait rien en fait, et ce pas à faire, quelques dizaines de mètres au-dessus de l'eau, et des pierres qu'elle couve, ce pas à faire se marine se condense se controverse, ce pas à faire n'est pas encore fait. 


[Ecrit en 95 (?) - publié dans la revue Décharge n°89, septembre 1996, p.26]

samedi 24 août 2013

jeudi 22 août 2013

Seizième histoire anéantie

La première fois que Romain l’avait aperçue, le soleil commençait à décliner. Peut-être était-ce les rayons rasants d’un après-midi qui finit, donnant à chaque être son ombre et sa lumière, mais son regard avait été tout de suite happé par les plis de sa robe bleu pâle. Habillé de terre et d’herbes par les jeux printaniers et enfantins de sa propriétaire, son vêtement ondulait comme celui d’une naïade toute prête à se dévêtir, pour aller se couvrir de l’eau d’une cascade.
Après avoir savouré, puis évacué les fantasmes que cette apparition faisait naître dans son esprit, Romain fit quelques pas en direction d’elle, sur le terrain de jeux, pour mieux apercevoir son visage, et pour, sans doute, qu’elle remarquât le sien. Les enfants bruyants et pathétiques, qui couraient ça et là sur le terrain de jeux à la recherche de quelque chose oublié la seconde d’après, clairsemaient son champ de vision, comme auraient pu le faire des moustiques un soir d’été. Et, d’ordinaire, il aurait essayé de les forcer à s’en aller, d’un revers de la main, comme si c’était des nuisibles. Mais, depuis que ce geste avait fait de lui la risée de ses camarades quand il l’avait exécuté dans la cour de son école, il n’osait plus le faire, et s’en trouvait frustré. Alors, pour suivre les us de la société – us dont il n’avait qu’une envie : se défaire, il décida de passer au travers de cette assemblée de roseaux, tous aussi identiques que cassants, pour aller lui demander son nom.
Au fur et à mesure que Romain s’approchait du banc où était assise sa naïade, il apercevait les plis de son visage se dévoilant progressivement. Sa bouche, d’abord, façonnée par l’eau claire et le feu appelait à la joie qui précède la disparition de toute innocence. Le regard fuyant vers la commissure de ses lèvres parfaites, on aurait pu croire avec tristesse que c’est là que finissait son sourire. Mais ce serait une faute impardonnable de ne pas oser s’aventurer plus loin, car, débordant de son visage, ses joues puis ses pommettes étaient des fruits rouges et mûrs, prêts à être croqués, embrassés, puis croqués encore ! Et Romain s’aventura sur ses yeux bleus, et dans ses cheveux blancs, et cela lui rappela la maison où habitaient ses grands-parents, ce coin de campagne dans lequel il allait, quand l’hiver sonnait là-haut dans le ciel. Et la chaleur et la bonté de sa grand-mère se trouvaient au fond de ses yeux, et un sentiment reposant de sécurité reposait dans la neige de ses cheveux…
Tout d’un coup, un gamin malodorant, un doigt dans le nez et un autre ailleurs, fonça brutalement sur Romain. Celui-ci voltigea sous le choc et atterrit sur le sable à côté de la jeune fille. Pendant ce bref instant que dura sa chute, son coude avait réussi à percuter le nez de son aimée, et à le lui briser net. Un flot de sang jaillit avec violence sur la robe bleu pâle, crottée de jeux d’été. Puis les pleurs montèrent à la gorge, aux lèvres et enfin aux yeux. Devant cette vision d’horreur, Romain eut honte, comme jamais. Son amour était bien mort, à la place naissait une furie, geignant, pleurant, appelant Maman ; vulgaire, grotesque, simiesque, pas féminine pour un sou. Romain remarqua un liquide jaune qui se répandait en serpentant dans le sable tout autour de lui. Il le suivit des yeux jusqu’à sa source : son entrejambe.
L’illusion fuyait à tire d’ailes, la fille aussi. 

mardi 20 août 2013

Témoignage de la fin du monde #9 - Le gardien

J'étais au boulot, comme d'habitude, tous les jours je prends place, et je glande. Voila ma seule occupation. Pour me distraire ils m’ont mis devant une grande baie vitrée. Je travaille dans une boutique - ou plus précisément : j’effectue des taches, attablé devant un ordinateur, sur un bureau qui, faute de place, est situé dans un espace boutique, lequel ressemble à un entrepôt. Le dit entrepôt est habillé d’une ingénieuse signalétique colorée visant à faire croire qu’il ne s’agit pas d’un entrepôt. Des gens finissent dont par rentrer dans cette fausse-boutique vrai-entrepôt. Des gens rentrent et me demandent des renseignements. J’ai beau occulter leur présence en fixant mon écran pour leurs signifier leur non présence à mes yeux ; ils viennent quand même me demander le renseignement. Je leur réponds, plusieurs fois par jour, qu’il y a un guichet - oui le guichet devant lequel vous venez de passer - et que quelqu’un viendra vous répondre : au guichet. Certains insistent. Généralement ils parlent mal la langue ou je ne parle pas leur langue. Ils ne sont pas présentables, ils éructent, ils vomissent les mots. Je ne suis pas là pour leur donner le renseignement dont je ne connais pas la teneur. Je n’ai aucune envie de supporter leur vibration, mais parfois c’est impossible d’y échapper.

Exemple.
Un SDF vient d'entrer, il boite. Sa vibration est chaotique, ses chaussettes sont couleur caca, il sent l’urine. Que dois-je faire ?
Existe-t-il un numéro vert à appeler dans ce genre de situation ? Et maintenant c'est une vielle algérienne avec sa fille qui toc toc toc, elle veut passer un coup de téléphone, dit-elle. Quel coup de téléphone ? Ici c'est pas les PTT que je lui répond c'est un bureau. Elle comprend pas et me redemande le téléphone, elle veut téléphoner.

Téléphone, téléphone.
… Le téléphone.
Mais ici on a un téléphone - le téléphone - mais il ne sert pas pour les étrangers que je lui réponds. Du coup, elle est parti. Je voulais parler des étrangers à l'entreprise pas des étrangers étrangers, mais j'espère qu'elle ne l'a pas mal pris et qu'elle n'ira pas raconter au voisinage que je suis raciste. J'ai jamais voté Le Pen. Je suis la mauvaise personne, au mauvais endroit, avec la mauvaise information.

Alors je remets mes écouteurs : WRONG Depeche Mode

Il y a donc cette grande baie, donnant sur un boulevard. Ma fenêtre sur le monde où passe tout un tas de gens, un défilé de cas sociaux et de freaks du terroir. Post scriptum : j’habite en picardie, terre de contrastes. Le décor est celui de la fin d’un boulevard bétonné avec des HLM. Il y a aussi un petit jardin mal entretenu où pointe un rosier chétif qui retente de fleurir printemps après printemps. Je me dis que si le monde brûlait comme l'enfer ça me ferait ni chaud ni froid, si j'ose m'exprimer ainsi. Alors des fois j'imagine que le monde à travers ma fenêtre explose dans un gigantesque feu d'artifice, qu'il brûle et qu'il finisse par se consumer doucement jusqu'à ce qu'aucune particule de vie n'en survive. Quand je suis derrière ma fenêtre j'ai le sentiment d'être dans un vivarium, l'objet d'une expérience, je cherche qui joue avec nous, et j’aimerais lui dire que je suis prêt.


[txt Yuri Kane img Doubles V]

jeudi 15 août 2013

Les Emoticônes de Duchenne - Partie 2


Les Emoticônes de Duchenne
(ou Anthropologie de la frimousse) - Partie 2




mercredi 14 août 2013

Les Emoticônes de Duchenne (ou Anthropologie de la frimousse) - Part 1



Les Emoticônes de Duchenne
(ou Anthropologie de la frimousse) -
Partie 1

))) En 1862, le neurologue Duchenne de Boulogne réalisait une expérience sur les expressions faciales des émotions.
On lui a même attribué le nom du sourire "sincère" : le sourire de Duchenne, qui est marqué par un froncement du muscle encerclant les yeux. 

))) En 1839, naît le premier symbole qui revêt une fonction d'émoticône, inventé par M. Jobard. S. Fahlman invente en 1982 les émoticônes tels que nous les connaissons aujourd'hui.
L'émoticône permet de communiquer à l'écrit des expressions faciales, vocales ou gestuelles. 

De nouvelles sciences et machines créeront-elles de nouvelles émotions ? 
Et donc de nouvelles mimiques ? Il faudra alors créer de nouvelles émoticônes …




ARCHILUX 2013

Veille mutantiste 130814


Ils paient grâce à leur visage
Une startup va tester le paiement par reconnaissance faciale  



A Londres, une publicité n'est visible que par les femmes
Le principe repose simplement sur un système de reconnaissance faciale. Dans le panneau, sur l'écran qui diffuse le spot, des capteurs reconnaissent les femmes en mesurant l'écart pupillaire, la largeur du nez et la taille de la machoire. Développé par la société Clear Channel UK, cet écran constitue le sommet du high tech actuel, il intègre la technologie multitouche, une caméra haute définition à grand angle et des capteurs 3D, le tout permettant donc la reconnaissance faciale.
Source :  http://acta-diurna.over-blog.com/...

Comment la reconnaissance de visage combinée à Facebook peut permettre de retrouver le numéro de sécurité sociale d’une personne ?

Facedeals
Une camera Facebook pour bénéficier de réductions
Source :  http://www.maxigadget.com/...


Google Glass : la firme temporise sur la reconnaissance faciale
Elle demande désormais aux développeurs de : « ne pas utiliser la caméra ou le microphone afin de recouper des informations et de présenter immédiatement des informations d'identification personnelle sur une personne d'autre que l'utilisateur, cela concerne des cas d'utilisation comme la reconnaissance faciale et les empreintes vocales. Les applications qui font cela ne seront pas approuvées pour le moment ».

La RATP abandonne son projet de péage par reconnaissance faciale
Des caméras partout dans le métro, des voyageurs identifiés par caméra à la volée, puis facturés automatiquement après reconnaissance faciale. C'est ce petit projet fou qui a été repéré dans un appel à compétences lancé par la RATP. La question des flux et des barrières de péages est une problématique réelle au sein de la régie. Mais pour le coup, la RATP nous révèle que son projet de péage par reconnaissance faciale est finalement abandonné. Elle évoque un raté, un bug, un déraillement.

Hacker Installs Face-Recognition Device on Google Glass
A hacker has managed to install a facial recognition program on Google Glass, allowing the device to identify people's faces, despite Google's insistence that Google Glass could not be used to violate people's privacy.


Depuis Ice Cream Sandwich (Android 4.0), Google a introduit une nouvelle méthode pour déverrouiller son téléphone : utiliser le visage du propriétaire. Cette sécurité qualifiée de faible comparativement à un mot de passe ou pin a vite été contournée par les bidouilleurs. En effet une simple photo permet d’outrepasser cette vérification et ainsi avoir accès au téléphone (il faut toutefois avoir une photo du propriétaire avec soi).  


Des lunettes pour empêcher la reconnaissance faciale
Les lunettes anti reconnaissance faciale peuvent tenir leur promesse à l'air de 11 LED infrarouges installées dans leur monture. La lumière émise est invisible à l'œil nu mais, pour un capteur, la parade est telle qu'il est impossible de reconnaitre un visage, car le regard et le nez sont non-identifiables. 

Une forme de mode destinée à échapper à la reconnaissance faciale




LE MASQUE ANTI-FACEBOOK ET RECONNAISSANCE FACIALE


Si vous voyez des personnes cagoulées s'en prendre aux caméras de surveillance dans le métro berlinois, n'ayez crainte, ils ne vous veulent aucun mal, ils ne s'attaquent qu'aux caméras. Le jeu "Camover" lancé par des activistes luttant contre les caméras de surveillance consiste à détruire un maximum de caméras