mercredi 15 août 2018

Suicide




Quand j'étais petit, j'étais mythomane.

Je me souviens avoir raconté à mes camarades d'école la tentative de suicide de Frédéric.

Frédéric était le fils d'un boulanger, et l'aidait au magasin après l'école.
Il m'a appelé - je ne sais pas pourquoi.

Le tranchant de son couteau était posé sur sa carotide.

Il était seul et il pleurait. Tous les yeux étaient braqués sur moi.

C'était à cause d'une fille. Il en souffrait trop.
Plus d'échappatoire.
Enfin l'oubli.

Le lendemain, Frédéric est revenu à l'école.
Tous les yeux étaient braqués sur lui, et personne ne m'a vu de la journée.

Il n'y a pas de différence entre la fiction et la réalité. Leurs rôles peuvent s'inverser le temps d'une seconde ou le temps d'une vie.

En grandissant, j'ai appris à ne plus mentir.

Et comme l'ancien fumeur songeant avec mélancolie aux somptueuses volutes de fumée qu'il pouvait former aux temps jadis, je regrette chaque jour de ne plus pouvoir faire surgir des ombres de mon brouillard.

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