lundi 31 juillet 2017

Murphy & Julia

« Je n'en peux plus de ce miracle qui est de ne rien savoir dans ce monde et n'avoir rien appris qu'à
aimer les choses et les manger vivantes ...»

Pablo Picasso


PROLOGUE DIALOGUE

    Bonjour, ceci est l'histoire de deux enfants enfermés dans une chambre de 8m³. Ces deux enfants s’appellent Murphy et Julia. Dans leurs chambres il y a une table basse, une télévision et une gélule bleue de Benzodrozépine. Murphy restait dans cette chambre, observé par la ville et drug-addict à la Benzodrozépine. Julia se trouva, un soir, sur le toit du bloc D... Saut de l'ange face au béton et sa lumière-lampadaire. Le cerveau de Julia est toujours branché à une alimentation, entre la vie et la mort numérique. Murphy accompagne la ville et la Benzodrozépine fondante sous la langue. C'est une histoire qui se passe à Agbogbloshie, ville africaine. C'est une histoire qui se passe 12 ans après l'intelligence artificielle forte. 
    Merci. A bientôt.
    -Fin du message-
    Dr Mbarushimana
JULIA

21 ans – Ancien enfant du bloc D. – Née en Incubateur –
Introuvable depuis sa fuite du bloc D. – Les rêves de Murphy nous permets de savoir que Julia est toujours en vie.
Fin de la VisioCam

1.

La nuit, quand je dors, je fais des petits points dans la ville. Cirage noir sur de la taule froissée. Une
voix pixelisée. Des petits points. Rien d’extraordinaire. Des points de suspensions et cette volonté
de connaître la suite de la phrase. Trois points a l’épiderme colonie d'Agbogbloshie. Noirs. Carrés. 2
cm d’espace entre eux. Bords épais. Corps semi-transparents. 3 cm de largeur et cette inscription au
cirage noir et indélébile : « Welcome To Agbogbloshie ». Cirage noir sur les nanorobots d’un mur
froid à l’exacte réplique des outrages du temps. Façade ouest d’une chambre d’hôtel. Hôtel perdu à
Agbogbloshie. La nuit, quand je dors, je fais des petits points au cirage noir. Rien d’extraordinaire.
L’épiderme onde liquide de ma joue transmet aussitôt une fréquence blanche avant que les
nanorobots prennent la fuite devant les fréquences doublant d'une octave à l'autre, devant 3db par
octave, laissant, derrière eux, une traînée noire à l’odeur de cuir mal ciré. Laissant trois petits points
trônant sur le mur d’entrée de mon hôtel. La nuit, quand je dors, je vois des photographies. Images, polaroids d’une époque que j’ai du connaître. Un peu comme le goût du sucre. Ou la chaleur d’un
corps, même biomécanique. Ce genre de sensation gravé au burin dans la chair. Coups de marteaux.
Empruntes mémoriels. Je connaissais ce jeune homme assis à coté de moi. Je connaissais cette carte

postale du passé. Le mur ou nous étions perché. Les grattes ciels enracinés dans la banlieue ouest d'Agbogbloshie. Le vent. L’odeur ou plutôt l’absence d’odeur. Je connaissais tous cela. Comme face à une personne familière, vous vous surprenez à poser votre votre main sur la sienne. Échanger un souffle, deux, et puis rien. Le vide. Comme si je n’existais que l’espace d’un rêve. Dans ce rêve je fermais les yeux devant le baiser d’un jeune adulte de Silicium. Il s’appelait Murphy. Je crois que je l’aime. Je ne sais pas. On verra demain soir.

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