mercredi 27 mai 2015

Une de ces histoires avec des monstres de série B qui se terminent toujours dans un bain de sang - Episode pilote (Chapitres 6 & épilogue)

/ Une de ces histoires avec des monstres de série B qui se terminent toujours dans un bain de sang 
/ Épisode Pilote : Et l’inauguration du pédiluve Diego Maradona tourna au drame 
/ Chapitres 6 & épilogue



Chapitre 6
La prophétie du Mangeur d’âme


Un homme se faisait discret dans la nef de l'Église Notre-Dame du dernier jour avant l’Apocalypse, déguisé comme à son habitude entre la parodie de philosophe antique et la tunique de clochard céleste, avec pour seul vêtement un drap qu’il utilisait tantôt comme tunique, tantôt comme robe de bure. 
L’inconnu fut surpris alors qu’il vidait un tronc en guise de salaire. 
Le type en face de lui ne voyait même pas les pièces qui dégringolaient sur le sol comme si l’inconnu avait gagné aux machines à sous. L’inconnu se disait que le type avait des faux airs de Tony Parker mais qu’il fallait se méfier, on avait déjà vu des flics déguisés en curés et des curés déguisés en cowboys, et ainsi de suite, et un jour, on découvrirait que Mystère Formen était un mec, et ce jour là, un vortex magique pourrait s’ouvrir, et la région pourrait enfin s’abîmer dans un trou sans fond.
Tony Parker tenait un discours désordonné, il conjurait l’homme de se rendre à la piscine municipale sur le champ, avant que cela ne tourne au drame. David, c’était le prénom de l’inconnu aux allures de prêtre exorciste, esquissa deux pas vers Tony et le bénit d’un signe de croix très solennel.
Il fallait vraiment être à la ramasse pour piquer du fric dans les églises, qu’il en avait eu du bol, de tomber sur un de ces tarés chrétiens fondus de fin du monde, se dit l’inconnu qui avait désormais un prénom (David). 
Avec des types dans le genre de Tony, la moindre alarme de voiture prenait des airs de trompette de l'Apocalypse, autant dire qu’une vieille rombière fan de Jésus n’eut pas été aussi conciliante et aurait appelé les gendarmes sur le champ. 
Qu’aurait-il fait du cadavre sir le cas s’était présenté ? Puisqu’il n’aurait pas pu s’empêcher d’abattre la malencontreuse représentante de l’Église Catholique Apostolique et Romaine d’un coup de crucifix habillement planté dans le crâne. Hein ? lui aurait-il planté les crocs dans la gorge pour que les flics suspectent ces putains de vampires qui traînent dans la région ? l’aurait-il enveloppé dans sa tunique pour la caché dans une cave et la revendre sur Ebay à un amateur d’artisanat local ? 
(Réponse au prochain épisode)
Juste au moment de sortir, Tony Parker rattrapa David et lui colla une bible format familial et un crucifix en argent dans les mains, bien décidé à lui tenir compagnie dans cette croisade anti-vampire. Le basketeur, lui, portait une énorme croix en bois exotique de trois mètres de haut et un tableau expressionniste de la Sainte Vierge décroché d’un coin de l’église dans les bras. 
Tony le suivra tout au long de la route qui menait à la piscine municipale, dans une lente parade rituelle contre le Mal, une procession en plan traveling impeccable sur l'architecture désopilante de la ville, entre l’esthétique du bunker et la maison de paille des contes des frères Grimm. 
Tony savait très bien ce qu’il faisait, il avait reconnu l’homme, David, David Koresh, le célèbre prêcheur, un authentique chrétien portant les stigmates de son martyr. Diogène sublime revenu de l’abîme, son visage de grand brûlé témoignait de l’intensité du carnage et du lourd secret qui le suivait comme son ombre. Peu de monde le savait, mais David Koresh avait échappé aux flammes de l’enfer, au napalm du Shéol, lorsque le FBI avait décidé de réduire en cendre sa petite communauté de croyants dans son ranch de Waco, Texas, USA, le 19 avril de l’an de grâce 1993.
David Koresh était l’homme de la situation. Celui par qui la prophétie du Mangeur d’âme se réaliserait.


Epilogue
Le grand bain de sang tant attendu

La bande de chasseurs menée par Jean Dujardin arriva à son tour sur les lieux du tournage. En retard sur le planning prévu au scénario, ils eurent plus que leur lot de vampires à tuer et comptaient bien se faire plaisir sur des cibles de choix. 
Une pluie de plomb s’abattit sur le complexe nautique et les grappes de partouzeurs qui s’était formées sur les banquettes. 
À la vue du Préfet, plus rien ne retiendra la folie destructrice de Jean Dujardin. Les quatre hommes devinrent totalement hors de contrôle et tirèrent des dizaines, des centaines, des milliers de balles et de cartouches sur ce visage bien connu dont il était toujours difficile de mettre un nom. 
Jean laissa la fumée se disperser et se rappela avec quelle arrogance ce Préfet s’était joué des chasseurs de la région en reportant d’une semaine la date d’ouverture de la saison de chasse à la hutte.
Pednant ce temps, Jean-Claude Van Damme avait suivi la trace les chasseurs. 
Un nuage sombre poursuivait le mutant, l’annonce d’une catastrophe comme il en arrive une fois par millénaire - le moment d’agir pour Jean Reno. 
Comme tout le monde était dans l’eau, Jean Reno ralluma le courant de la sono pour y aller de son petit discours et avertir la population sur les risques de contraction de maladie sexuellement transmissible avec les vampires ; c’était sûr, cette épidémie d’herpès trouvait bien sa source quelque part entre la Picardie et le sud de la Transylvanie. 
Résultat positif : la piscine bouillonna d’un magma rouge jusqu’à ce que chaque corps se disloque sans possibilité de remettre un nom sur une signature ADN, le tout dans des cris affreux (AHHAHAHAHHAHAH), des dégazages intempestifs (PPFFOUFFFOUPPPHHH) et une drôle d’odeur de barbecue au chlore (BRRREUUIIUURKKKK).
On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs : en voila un bon titre pour la presse régionale, se dit Jean-Pierre Mocky, tout en se servant une nouvelle bière pression. Mais il fallait dégager le terrain avant qu’un mutant énervé n’atomise le pays d’un clin d’œi vengeurl.
Jean et Léa s’échappèrent juste assez tôt pour voir la piscine exploser. S’il n’était plus possible de profiter des dimanches matins dans le petit bassin, alors autant se mettre au footing avec des dingues du runing. Le couple partit alors à la recherche d’un petit pavillon tranquille, avec un petit potager, dans un lotissement anonyme, pour vivre leur amour sur de nouvelles bases. 
Leurs exigences n’étaient pas si élevées, un agent immobilier digne de ce nom réussirait bien à les faire craquer pour un achat coup de cœur : une maison aux volets bleus, dans un coin de forêt, avec l’ADSL et le chauffage central. 
Après tant de rebondissements, il n’était pas surprenant que le jeune couple aspire à une petite vie tranquille, un foyer heureux, un canapé moelleux, une vie à deux, sinon rien.
Sur la route de la piscine, Tony Parker explosa à son tour (c’était devenu la mode !), dans un nuage de paillettes arc-en-ciel radioactives. Sauf qu’il s’agissait une blague (Ah Ah Ah !). Une mauvaise blague de sorcier (AH AH AH !!!...). 
Revenu à son apparence normale - un sosie de Morgan Freeman en début de carrière - il narra à David Koresh la prophétie du Mangeur d’âmes sur le ton d’une réplique de cinéma : 
« Les hommes sont des âmes damnées, 
l’univers est le ventre sans cesse gonflant du Démiurge, 
et quand les vampires descelleront le pacte, 
sur les flots d’un sang profane un vortex s’ouvrira, 
seul moyen de retrouver l’Eden pour de justes indigestes ». 
Koresh découvrait sur le tard sa vocation de prophète, lui qui pensait n’être qu’un meneur d’hommes, tout au plus un capitaine sans armée, voire un anti-héros de l’Amérique déchue.
La prophétie annonçait surtout un second souffle dans sa carrière d’acteur télé.
La piscine finit de s’effondrer sur elle-même sous les effets conjugués d’une prière et de la révélation de prophétie. Les vampires avaient tout fait pour s’intégrer, jusqu’à investir dans l’immobilier de lotissement et rouler en 406, jusqu’à jouer le jeux de la démocratie participative, jusqu’à se désintégrer dans une grande communion fraternelle. 
Mais aujourd’hui, par fureur aveugle et orgueil mal placé, ils avaient dérogé au pacte républicain d’intégration, ce qui voulait dire que les portes de l’enfer (ou du Paradis, personne ne le savait vraiment) allaient s’ouvrir. 
CHAMPAGNE !
Les ruines fumantes de la piscine s’engloutirent dans la terre, avec un bruit de succion qui retourna les tripes des rares spectateurs encore conscients. Des hectolitres de sang pasteurisés se déversèrent sur les terres désolées de la Picardie. La ville fut engloutie à son tour sans autre forme de procès, comme si la nature de cette mixture démoniaque était capable de réduire à néant toute forme d’existence à la surface de cette planète. 
Ce fut sur le dos d’un dragon aux plumes d’or que le sorcier et le prophète contemplaient le désastre, reconnaissant à l’odorat chaque infime nuance de chair brûlée et de trouille mal dissimulée. 
Le trou noir ralentit peu à peu son appétit, faisait la bouche fine au moment du dessert, et posa les contours de ses frontières aux abords du Vortex ; la discothèque locale réputée pour ses shows hors du communs. 
David Koresh savait déjà ce qu’il ferait de ce lieu stratégique. Il le savait aussi bien qu’un prophète savait de quoi il parlait. Les deux hommes ne pourraient sauver la population locale. Ils n’en avaient pas l’intention, enfin pas au sens où vous l’entendez, puisqu’il fallait désormais affronter le Mal Absolu pour entrevoir un quelconque espoir de Salut. 
Le générique de fin de partie se lança sur les yeux révulsés de Jean-Claude Van Damme et sa vision de flic inversée sur le monde inverti. Il avait échappé au drame en flottant lui aussi dans les airs, arrivant un moment trop tard pour sauver le monde.
Autant dire qu’il était prêt à en découdre avec la révélation de ce Pandémonium insondable.

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