jeudi 1 avril 2010

LA DERNIERE SEDUCTION

Monsieur Henri Edwards, 40 ans, est un agriculteur du Val-de-Marne. Ses terres lui ont été léguées par son père, et il compte transmettre à son tour ce précieux héritage à son fils unique, Paul, de 14 ans.
Depuis un an, pour préparer Paul au métier qui l'attend, Henri l'emmène chaque week-end faire les travaux agricoles. Paul a appris à conduire une moissonneuse-batteuse, et Henri compte bien se servir de cet attrait infantile pour motiver Paul à persévérer dans son apprentissage.
Pendant cinq mois, Paul se lève aux aurores, le samedi et le dimanche, pour aller travailler dans les champs. Une réelle complicité père-fils s'installe entre Henri et Paul ; ce dernier ne parle que d'agriculture durant les repas familiaux, à tel point que Henri envisage de le rediriger en classe agronomique spécialisée.
Mais cette réorientation scolaire a aussi d'autres motifs, bien moins joyeux. En effet, les résultats de Paul baissent considérablement depuis que son père l'a entraîné dans la passion de l'agriculture.
Lors d'une réunion parents-professeurs, la mère de Paul apprend de son professeur principal que ses notes en français, anglais et maths sont très médiocres. C'est uniquement en éducation physique que Paul arrive à se démarquer.
En rentrant à la maison, la femme de Henri informe son mari des piètres performances de son fils. En apprenant la nouvelle, Henri ordonne à Paul de monter dans sa chambre et d'en ressortir uniquement pour dîner. Paul s'y précipite en sanglotant.
Trois heures plus tard, Henri va chercher Paul pour qu'il vienne à table. Mais, en essayant de tourner la poignée, Henri s'aperçoit que la porte est bloquée de l'intérieur. Il appelle son fils, mais cela reste sans réponse. Il réussit finalement à entrer et s'aperçoit qu'une chaise coinçait la poignée. De l'autre côté de la pièce, la fenêtre est grande ouverte. Henri redescend en courant avertir sa femme que leur enfant a fugué. Ils sortent alors tout deux dehors, et après avoir crié le nom du jeune garçon dans tous les coins de leur jardin pendant un bon quart d'heure, ils décident de prendre chacun une voiture pour partir à sa recherche à travers champs.
Monsieur Edwards, tout au bout du champ de betteraves, trouve son fils, assis, en train de récolter des petits cailloux dans sa main puis de les jeter devant lui, un à un.
Monsieur Edwards arrête la voiture, sort et prend son fils par le bras pour l'emmener chez eux. Durant le trajet de retour, l'enfant est silencieux. Dès qu'ils sont rentrés, Monsieur Edwards dîne avec son enfant en attendant sa mère.
Durant le dîner, l'enfant ne fait que parler de sa mère, sans interruption. A 22h, Monsieur Edwards lui dit d'aller se coucher pendant que lui veille pour attendre le retour de sa femme.
Le lendemain, Paul se réveille et va prendre son petit déjeuner. Il trouve son père assis sur le canapé, les traits tirés par la nuit blanche qu'il vient de passer. Monsieur Edwards est tiré de son état somnolent par son enfant qui le pousse dans la cuisine pour qu'il lui prépare son petit déjeuner.
Puis, Paul s'habille et demande à son père l'autorisation d'aller se balader dans les champs avant de partir à l'école. Enthousiasmé que son enfant ait repris goût pour la campagne, Monsieur Edwards accepte. Paul part alors en courant. Pendant ce temps-là, Monsieur Edwards appelle la police pour signaler la disparition de sa femme. Paul rentre pour l'heure de l'école. Son père va le poser, puis va au commissariat du village pour proposer son aide concernant les démarches faites pour trouver sa femme. Monsieur Edwards passe sa journée au commissariat. En fin d'après-midi, il retourne chez lui et fait un crochet par l'école pour récupérer son fils. Pendant la soirée, Monsieur Edwards se tient près du téléphone, prêt à recevoir la moindre nouvelle de sa femme. Paul va se coucher pendant que son père reste pour veiller.
Le lendemain matin, Paul, en descendant petit-déjeuner, aperçoit son père endormi sur le canapé. Ce dernier se réveille en sursaut pour accueillir son fils. Puis, Paul s'habille et demande à son père l'autorisation d'aller se balader dans les champs avant de partir à l'école. Enthousiasmé que son enfant ait repris goût pour la campagne, Monsieur Edwards accepte.
Paul tarde à rentrer. Alors, tandis que l'heure de l'école approche, Monsieur Edwards sort dans les champs en voiture pour aller récupérer Paul. Celui-ci est l'autre bout du même champ de betterave en train de parler à une forme féminine. En voyant cela Monsieur Edwards appuie sur l'accélérateur, mais la fille l'a aperçu de loin et saute dans les fourrés.
Paul va dans la voiture de son père. Ce dernier, affolé, lui demande qui était cette personne. Paul lui dit avoir cru que c'était « maman ». Henri emmène son fils à l'école sans lui poser plus de questions. Puis il va au commissariat pour parler aux représentants de l'ordre de l'apparition mystérieuse avec laquelle son fils a discuté. Les gendarmes mettent en garde Monsieur Edwards contre les vagabonds qui rôdent dans le coin et lui suggère d'éviter que son fils sorte seul dans les champs.
Une journée passe. Monsieur Edwards fait des réparations sur les machines servant aux travaux agricoles, puis va chercher son fils et l'emmène dîner dans un petit bistrot, pensant que cela lui fera oublier, l'espace d'un moment, les déboires des derniers jours. Le repas se passe agréablement, agrémenté de conversations sur la date des récoltes, et de nouvelles de l'école. Au moment de payer, des gendarmes font irruption dans le troquet, paient à la place de Monsieur Edwards et lui demandent de les suivre. Ils disent avoir retrouvé sa femme, elle attend Monsieur Edwards et son garçon au commissariat. Père et fils suivent les gendarmes en voiture.
La femme de Monsieur Edwards est assise à une table, dans la pièce principale. Monsieur Edwards et Paul se précipitent vers elle et l'embrassent en pleurant.
Elle leur raconte alors que, pendant ses recherches, la voiture était tombée en panne. Elle est alors sortie pour voir ce qui n'allait pas sous le capot. Là, on l'a frappée à la tête et elle est tombée évanouie. Elle s'est réveillée en rase campagne, à la tombée du jour, et a ensuite marché pendant trois heures à peu près, espérant tomber sur une personne pouvant lui indiquer la route à suivre pour rentrer au village. Vers 11h du soir, raconte-t-elle, elle rencontre une fille d'à peu près 18 ans au bord d'une route déserte. Elle a une allure négligée, ses vêtements sont déchirés et elle n'arrive pas à se tenir droite. Intimidée, la fille à l'allure vagabonde lui demande ce qu'elle fait ici. La femme de Monsieur Edwards lui raconte l'histoire, et lui demande son nom. La fille à l'allure vagabonde s'appelle Julia. Elle lui dit qu'elle est partie de là où elle vivait pour faire de la route. La femme de Monsieur Edwards demande la direction du plus proche village à Julia. Julia pointe le doigt vers sa droite, puis serre la main de Madame Edwards en lui souhaitant bonne chance. Reprenant courage, elle marche d'un pas résolu vers la direction que lui a montrée Julia. Mais, après une bonne demi-heure de marche, elle s'aperçoit qu'elle s'éloigne complètement de tout signe de civilisation. Il n'y a plus que la campagne qui s'étend à perte de vue. Elle décide alors de rebrousser chemin. Elle repasse là où elle a rencontrée Julia, mais cette dernière n'est plus là. Madame Edwards dit à sa famille qu'elle a encore marché pendant quelques heures avant de tomber sur les premières habitations. Alors elle a toqué à la première porte, et racontée au habitants ses déboires. Eux ont jugés bons de la laisser dormir dans une chambre, puis, après son sommeil, de l'emmener au commissariat de son village.
Monsieur Edwards, ne voulant pas importuner sa femme plus que ça, l'emmène à la maison sans lui poser plus de questions. Ils dînent silencieusement puis vont se coucher.
Le lendemain matin, premier jour du week-end, Monsieur Edwards et son fils vont dans les champs pour labourer. Un grand soleil perdure pendant toute la journée.
En fin d'après-midi, les deux hommes de la maison s'arrêtent de travailler et proposent à Madame Edwards de venir boire une limonade à l'ombre des arbres, dans le jardin. Henri dit à son fils d'aller jouer plus loin, et en profite pour questionner sa femme sur l'aventure qui lui est arrivée. Dès qu'il aborde le sujet, elle devient tremblante, a du mal à rester assise sur sa chaise et finit chacune de ses phrases en bredouillant. Ne voulant pas mettre mal à l'aise sa femme, il abandonne le sujet.
Au dîner, Monsieur Edwards aborde de nouveau la question, cette fois en présence de leur fils. On peut voir s'inscrire sur le visage de Madame Edwards le même malaise que lors de leur dernière conversation. Elle avoue que ses souvenirs sont assez confus. En fin de soirée, lorsque Paul est couché, Monsieur Edwards propose à sa femme de l'emmener le lendemain voir un psychiatre pour l'aider à se débarrasser du traumatisme causé par l'incident. Elle accepte.
Le lendemain, Monsieur Edwards trouve le numéro d'un psychiatre dans le bottin et l'appelle avant de partir au travail. Il convient d'une consultation pour 15h. Madame Edwards part seule au rendez-vous. Elle revient chez les Edwards quatre heures après. Le père vient juste de rentrer des champs et Paul est revenu de l'école avec le bus scolaire. Durant le dîner, Madame Edwards reste prostrée dans un mutisme catatonique et ne répond ni à son fils ni à son mari. Très inquiet, ce dernier va la conduire dans son lit, pensant qu'elle a besoin de repos.
Au beau milieu de la nuit, celle-ci sort de son lit en hurlant, puis court jusqu'au rez-de-chaussée. Elle s'assoit alors sur le canapé, et se rendort presque instantanément. Monsieur Edwards, bien que surpris au début, conclut à une simple crise de somnambulisme.
Les jours suivants, Madame Edwards paraît de plus en plus stressée. Elle ne parle plus à son fils et lui lance, quelque fois, des regards de défis. A son mari, elle porte beaucoup de regards enamourés, mais sans jamais lui adresser la parole si ce n'est pour dire « bonjour » et « bonsoir ». La veille du week-end, son mari la conjure de retourner pour quelques séances chez le psychiatre. Madame Edwards agrée en maugréant.
Elle quitte la maison le vendredi après-midi, disant qu'elle a un rendez-vous avec le psychiatre, et rentre en début de soirée. La soirée se passe sans incidents.
Le lendemain matin, Monsieur Edwards se réveille et ne trouve pas sa femme à côté de lui, dans le lit. Il s'habille et fait le tour de la maison en l'appelant. Il va même jusqu'à sortir de la propriété. Il fait quelques pas sur la route voisine, et aperçoit sa femme allongé en plein milieu. Elle est ensanglantée. Il se précipite et s'accroupit devant elle pour lui prendre son pouls. Au même moment, il entend derrière lui le gueulement d'une voiture qui démarre en trombe.

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