jeudi 21 janvier 2010

Désobéissance civile

NOTE AUX RESIDENTS
RENOVATION SEXUELLE

Madame, Monsieur,

La rénovation technique de vos pénis ainsi que de l’habillage de vos cabines vaginales vient d’être réalisée.

Nous tenons à vous informer qu’en cas de rapports sexuels ou introduction d’objets volumineux, un habillage spécial (bâche matelassée) pour vos sexes, est à votre disposition à la loge, qu’il conviendra de demander 48 h à l’avance, aux heures ouvrables de ladite loge.

Les frais de remise en état de toutes dégradations occasionnées du fait d’un rapport sexuel ou d’introduction d’objets volumineux, seront à la charge de la personne responsable desdites dégradations.

Nous profitons de la présente, pour vous rappeler que le transport à vélo, en motocyclette ou à cheval est strictement interdit.

Comptant sur votre bienveillance,

LE SYNDIC

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Il n’est pas rare que je me trahisse, les globes oculaires comme tirés à l’horizontale par une voiture qui passe.

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Je colle mon pénis à la soupape d’admission : lorsqu’elle descend elle m’aspire avec le mélange d’air et de carburant vaporisé dans le moteur. Puis je me sens comprimé par le piston, jusqu’à ce qu’il atteigne son point culminant : la déflagration repousse le piston et les gaz chauds ont leur expansion avant d’être vidés par l’ouverture de la soupape d’échappement. Un nouveau cycle du moteur peut alors commencer.
Bien sûr du fait de mon pénis les mécanismes subissent des contraintes différentes et importantes, usant le cylindre anormalement dans ces zones. Sans compter que le sexe brûle mal, donc produit des composés imbrûlés, qui ont tendance à se déposer au lieu d’être évacués par l’échappement.
Donc comment expliquer ? Normalement c’est une déflagration qui se produit au sein du moteur, mais le feu qui progresse de proche en proche, mon pénis l’obstrue. Seul dans le conduit de l’urètre l’air brûle en formant des vagues que je peux compter. Une, deux, trois, quatre, … Je ne me reconnais plus, propageant son onde, la vague courbe le faisceau de veines autour d’elle, il s’étrangle et s’écarte pour la laisser passer puis converge vers un point situé en amont, avec une attraction déchirante qui semble se creuser de plus loin que le cylindre, déformant ainsi l’image que je reçois de moi : de gland qui boule à angle qui desserre et s’intensifie.
La présence de ces rouleaux de flammes m’annonce le temps d’arrêt. Réduire la tolérance de diffusion. Pendant ce temps la partie de mon sexe qui entre dans la soupape reste parfaitement droite et inébranlée, je ressens au contraire celle qui pointe dans le moteur déviée et déplacée, comme lorsque l’on regarde une paille dans un verre : celle-ci paraît brisée ; mais entre l’air libre et l’intérieur du moteur la différence de réfraction vacillant de manière continue, j’ai des changements de consistance qui varient brutalement ma vascularisation, ma pression artérielle pouvant grandir jusqu’à m’assourdir, s’inverser et s’amenuir en entraînant des troubles de vision, sursauter à volonté avec des difficultés respiratoires, ou bien valdinguer (mais c’est là une fréquence de très faible durée, presque instantanée) auquel cas j’ai une pyrolyse de ma toison pubienne.
Les mouvements alors me pèsent comme si une grande partie de mon corps était immergée, instinctivement j’enchevêtre mes doigts aux soupapes point d’appui qui m’amène à me balancer d’avant en arrière. Quand ma densité est insupportable aux réajustements de la déflagration, et que le moteur tend à me vomir, mon sang parcourt mon corps de la même façon qu’une portion de veine. Maintenir.
Jusqu’à ce que, puisque le feu ne peut progresser, le pénis lui-même se porte à une résistance telle qu’il se met à brûler dans son intégralité : la peau explose, tandis que les veines s’effondrent sous leur propre poids pour se contracter en son centre. L’idéal, c’est-à-dire sans frottement.

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8440 AS 93
Voiture de fonction
Entrée 4


Monsieur le Procureur de la Résidence,


Je souhaite vous exposer que le 29/07/09 à quatre heures six minutes du matin, j’ai été victime des faits suivants :

-alors que j’avais été garée comme toutes les nuits à mon emplacement devant l’entrée 4, un homme en cagoule de cuir noir, pantalon et blouson (cuir noir), a brisé ma fenêtre avant gauche pour forcer ma serrure, puis s’est introduit en arrachant ma ligne de contact satellitaire (LCS).
-Quatre heures sept. Il défonce ma boîte de guidage optique (BGO). L’homme a manipulé en moi des fils jusqu’à enclencher le démarreur, sur quoi j’ai dû rouler une trentaine de kilomètres (sans pouvoir me repérer, mes systèmes d’autosurveillance sectionnés).
-Quatre heures vingt-trois minutes. Lorsqu’il m’a stationnée, il m’a ouvert le capot, desserré du joint une soupape de mon moteur, avant de le pénétrer sexuellement. (Quatre heures vingt-sept)

Aussi je dépose plainte contre X.

Je vous prie de croire, Monsieur le Procureur de la Résidence, à l’expression de ma considération distinguée.


Le 30/07/09
8440 AS 93


Pièces jointes : un certificat technique.




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Les nouveaux modèles. Hermétiquement clos. Même à la barre de fer, si le métal cède un instant sous les coups les plus puissants, les plus épuisants, la barre ne fait que s’enfoncer et émet des ondes qui parcourent la carrosserie, avant que celle-ci ne se referme si fort qu’elle me jette au sol. Sans y laisser un pli résiduel, ni détacher un léger fragment de peinture. Mais j’atteindrai le moteur. Mais je ne lâcherai pas.

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